Le Boucher

BÊTA PUBLIQUE

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Khadaj
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Mais ce n'était pas pour apprécier le décor que Déborah s'était redressée.

Elle scruta le sol avec espoir, et remarqua le détail qui tranchait avec la banalité morne de la scène, petite touche d'incongruïté, plus qu'anodine si l'on songeait à l'horreur de l'arrière boutique: un sac renversé, dont le contenu gisait au milieu de l'espace client, juste devant la porte de sortie.

Et là, au milieu du fatras de cartes, crèmes de beauté, emballages de fast-food et brochures d'hôtel, là chose qui lui rendait espoir: une clef de voiture.

Dans l'arrière salle, son absence n'était toujours pas découverte, les sons à peine étouffés de brutalité et de terreur s'élevant sans discontinuer, allant même crescendo.

Il fallait qu'elle attrape la clef, et qu'elle sorte sans attirer l'attention sur elle.

Comment procéder, alors que le carillon de la porte allait teinter.

Elle regarda rapidement comment celui-ci était fait.

Si c'était un carillon électrique, il devait y avoir un interrupteur.

S'il était mécanique, il devait être possible de l'étouffer.

Mécanique.

Une petite cloche avec un heurtoir, le tout fait de cuivre.

Si le battant ne souvrait pas au deux-tiers de l'arc, elle ne tinterait pas.

Prudement, lentement, elle s'approcha du sac.

Avec précaution elle leva la clef du sol, la saisissant dans sa paume moite et suintante pour en étouffer le minuscule tintement, au cas où d'une manière ou d'une autre, l'autre puisse l'entendre.

D'une façon malsaine cependant, les hurlements dans l'autre pièce la rassurèrent.

Si son tour revenait, ce ne serait pas pour tout de suite.

Un bruit épais et mouillé qu'elle reconnût et qui lui donna le frisson malgré elle lui parvînt de l'autre côté du montant entrebaillé de la porte de la chambre froide, suivit presque immédiatement, ou alors était-ce simultannément, par un "Non!" hurlé et pleuré.

Cela lui donna un aiguillon supplémentaire, pour surpasser sa douleur, et quitter cet endroit le plus vite possible.

Elle se remis au sol, sur trois pattes, sa main gauche pressant contre sa poitrine croûtée et badigeonnée de son propre sang séché, le sésame salvateur.

Lentement, doucement, elle tira le battant au minimum de ce qu'elle pouvait espérer passer sans l'entrouvrir d'avantage.

C'était plus qu'elle n'aurait aimé, et pourtant moins qu'elle l'avais imaginé.

Alors que des sanglots de plus en plus forts, réprimés de plus en plus rapidement par des coups de plus en plus sourds, s'élevaient toujours de l'autre pièce, elle inséra son buste entre le battant et le mur, priant silencieusement pour passer, tout en fustigeant au fond d'elle-même, un dieu qui lui aurait, en un jour, infligé autant d'ignominies.

C'est pourtant la prière au lèvre qu'elle franchît tout à fait le battant, qui se referma dans un silence relatif, et elle remercia son sauveur d'une rapide prière mentale, les lèvres tremblantes et les yeux embuées de larmes sous la pression de la simple tension nerveuse.

Elle s'éloigna, rampant, courant, marchant à demi, cherchant à atteindre le plus vite possible le véhicule se trouvant sur le bas côté, un douzaine de mètres plus loin, là ou s'était trouvé le sien quelques heures plus tôt, et qui mystérieusement ne s'y trouvait plus.

Elle n'y réfléchit cependant pas, cette question pouvant bien rester sans réponse, quelques instants ou pour toujours, pour ce que ça changerait si elle se faisait reprendre.

Après quelques mètres franchis de sa posture bancale, elle tenta de se redresser, ne voulant pas pousser sa chance plus longtemps, et atteindre le véhicule le plus vite possible.

C'est à cet instant précis qu'elle se rendit compte à quel point son corps était endommagé.

Ses jambes cédèrent presque sous elle lorsqu'elle se redrêssat, et ce n'est qu'avec un effort suprême de volonté, et une douleur atroce, qu'elle redressa ses cuisses raidies par des crampes terribles, et à peine assurées sur ses hanches, frottant contre l'os, pinçant et déchirant des choses en soutenant son poids.

Elle sentit quelque-chose descendre en elle, comme si une partie d'elle-même devenait quelque diarhée de viande cherchant à suivre le chemin le plus court dicté par la gravité pour rejoindre le sol.

Sauf que ce n'était pas derrière: c'était devant.

Du sang coulait sur ses jambes, et une sensation inquiétante d'engourdissement rayonnait de son bas ventre pour se répandre lentement au reste de son abdomen.

Il fallait outrepasser cela.

Il fallait survivre.

Il fallait courir.

Au moment ou elle s'élençait enfin, un éclair de douleur inouïe l'aveuglant presque sous la violence acide du choc, un cri guttural s'élevait dans son dos depuis la boutique.

Le pot aux roses était découvert.

Il s'avait qu'elle s'était enfuie.

Et merde.

Haletante, pliée en deux par la douleur, elle se projeta de quelques pas en avant, son objectif ayant soudainement changé.

Elle devait se cacher. Vite.

Sans y réfléchir, elle bondit et plongea dans les buissons sur le bas côté de la route, comme un plongeur olympique dans une piscine.

Les buis et ronces lui lacérèrent la peau, l'écorchant et la mutilant un peu plus.

Elle atterit avec brusquerie sur le sol poussiéreux en dessous, enserrées par les ronciers et muriers comme par autant de lianes barbelées et douloureuses.

Mais elle était presque sûre d'être invisible depuis la route, à condition qu'on n'y regarde pas de trop près.

Vociférant, hurlant, le monstre franchit la porte, qui claqua avec une telle violence qu'elle pensât que le panneau de verre allait se briser.

Mais seul le tintement entêtant du carillon accompagna le choc, s'éternisant sans fin alors que le panneau vibrait sur ses gonds et cognait le déclencheur à répétition.

L'autre s'époumonnait en Français, hurlant des injures et des menaces, du moins lui semblait-il.

Grelottante, affammée, terrifiée, et souffrant de toutes ses plaies, echymoses et blessures internes, chichement dissimulée à la vue et au nez d'une créature capable de la repérer à l'odeur, par le maigre rempart d'une haie de mûriers à points, embaumant ses peines, ses douleurs, et sa peur de leur aura verdoyante et sucrée, elle serrait les dents et retenait son souffle, espérant contre toute probabilité qu'elle en réchapperait.

"Je vais t'éventrer, sale connasse! Je vais t'éventrer et baiser tes entrailles fumantes! Je te ferais couiner de douleur, au point qu'avant de crever, je te ferais regretter de pas être resté sur ton putain de crochet! Tu regretteras de pas t'être laissé baisée comme une pute regrette les caresses de sa salope de mère! Je vais te crever! Te crever!"

Mais il ne venait pas.

Debout, nu, devant sa boutique, au milieu de la rue, il ne venait pas dans sa direction.

Elle le distinguait à peine du coin de l'oeil, les trois quarts de son champ visuels occuppés par quelques branches, des feuilles, et de la terre, mais elle voyait sa grosse silhouette obstruer la lumière du magasin dans la rue entennébrée.

Elle le vît faire demi-tour, retourner dans la boutique, et elle eu un instant le fol espoir qu'il abandonnait, qu'il la laissait partir.

Mais elle n'osât pas bouger.

Bien lui en pris.

Elle le vît revenir, son tablier de nouveau en place, un énorme couperet fourré dans son colossal poing.

"Prête ou pas, j'arrive Salope! J'espère que t'es bien cachée, parce que je vais pas te louper!"

Et il s'éloigna à grand pas de l'entrée de la boutique.

Pendant une seconde terrifiante, elle ne sût dire dans quelle direction.

Mais après cet instant de flottement terrible, elle remarqua qu'il s'éloignait, qu'il faisait le tour du bâtiment à l'opposé de là ou elle était cachée.

Après qu'il eût tourné au coin, elle attendis une poignées de secondes, juste assez pour s'assurer qu'il était assez loin sans risquer qu'il n'ai fait le tour, elle s'arracha du sol en poussant brutalement sur ses bras et jambes, hurlant de douleur pour de bon cette fois, s'extirpant des ronces comme un animal marin fend la surface des flots pour s'élancer vers le ciel.

Elle entendis le rugissement animal de l'autre s'élever, alors qu'elle se précipitait hors du buisson qui l'avait dissimulé dans un maelstrom de douleurs qu'elle s'efforcerait d'énumérer plus tard, si jamais elle en avait le temps.

Se jetant sur la portière plus que s'en approchant, elle s'engouffra à l'intérieur du véhicule, s'effondrant en travers des sièges telle une avalanche.

Dans le même élan, elle se retourna pour claquer la portière derrière elle, et chercha à tâtons le loquet de fermeture du véhicule.

C'est alors seulement qu'elle remarqua de quel genre d'engin il s'agissait.

Une vieille jeep, aux loquets mécaniques.

Elle s'empressa de vérouiller la porte, et s'installa aussi vite qu'elle pût sur le siège conducteur pour insérer la clef dans le contact.

Du coin de l'oeil, elle surveillait les alentours du véhicule.

Surgissant de l'arrière du magasin, le boucher apparu, commencer à couvrir la distance entre le bâtiment et le véhicule avec une célérité effrayante.

Elle parvînt à insérer la clef, et au moment ou la silhouette du monstre semblait avoir atteint le véhicule, le contact se fît.

Elle passa directement la troisième et écrâsat brusquement l'accélérateur.

Le véhicule protesta, mais il bondît littéralement en avant, passant brutalement de l'arrêt à une vitesse de soixante kilomètres à l'heure.

La caricature d'homme qui l'avait presque atteinte un instant avant, se trouvait une dizaine de mètres derrière.

Le moteur toussa.

Déborah était terrifié à l'idée qu'il puisse caler, mais ne parvenais pas à enlever son pieds de l'accélérateur.

Un coup sourd à l'arrière l'encouragea dans cette idée.

La motorisation tînt bon, et soudain, elle était partie.

Elle s'était enfuie.

Mais épuisée et percluse de douleur, elle ne poussa pas de cri de triomphe, pas de hurlement libérateur de rage contenue.

Se concentrant sur sa conduite, elle entrepris de mettre le plus de distance entre elle et cet endroit que possible.

Ensuite elle aviserait.

Ensuite elle jubilerait.

C'est le choc qui la tira de son sommeil.

Elle s'était endormie au volant, en pleine fuite d'un monstre sadique et sanguinaire!

Quelle conne!

N'ayant pas mis sa ceinture, elle s'écrasât brutalement contre le volant, la colone de direction lui meurtisant encore plus la poitrine.

Si elle en réchappait, il faudrait probablement des mois, et sans doutes des sutures et de la chirurgie, pour que son corps retrouve un semblant de santé.

Sa tête dépassa rapidement la verticale de son torse, et pércuta le tableau de bord dans un bruit mou et humide.

Son nez était définitivement cassé.

Mais dans l'ensemble, l'accident était terminé.

Elle ne roulait pas si vite que ça.

Mais la Jeep était morte.

Sonnée, comotionnée, elle regarda autour d'elle dans la brume confuse et cotonneuse de l'état de choc.

Le moteur était dans l'habitacle, occupant l'espace passager.

Un arbre occupait son emplacement précédent dans la carosserie.

Elle avait faillit être broyée, voire coupée en deux.

C'était presque miraculeux vu les circonstances.

Dehors, une obscurité épaisse, percée ça et là par un rayon de lune dardant à travers les nuages.

Tout ça pour ça.

Elle s'extirpa avec peine du véhicule, son corps nu et tremblant exposé à l'air glacé et humide de l'atmosphère sylvestre nocturne.

Ayant survécu à un calvaire sans pareil, elle se retrouvait bêtement, connement encastré dans un arbre au moment de fuir.

Son esprit confus ne lui permettait pas de savoir à quelle distance elle se trouvait de son tortionnaire.

Mais ses tripes lui hurlaient PAS ASSEZ!

Regardant autour d'elle, elle aperçut une lueur au loin.

D'abord prise de panique à l'idée qu'il était là, que c'était lui qui venait pour elle, qu'il allait la finir en la faisant souffrir plus qu'elle ne pouvait l'imaginer, que c'était là la lueur de sa torche, elle se rassénéra en se rendant compte que la lumière était immobile.

Elle ne bougeait pas, par rapport à elle, sauf quand elle s'en éloignait ou s'en approchait.

Ce devait être une habitation.

Un maigre espoir se fît de nouveau jour en elle.

C'était peut-être encore possible de s'en sortir finalement.

C'est sur cet espoir qu'elle commençât péniblement à se diriger vers la lueur lointaine, perdue au milieu de la sombre et dense forêt.

Après un moment, elle commença à deviner les contours d'un chalet, plutôt cossu, sans doutes destiné au tourisme.

Devant, un véhicule de marque, haut de gamme.

Dedans, les ombres de personnes qui semblaient normales, parlant fort, mais ne lui parvenant d'elles que des sons étouffés.

La vie.

Normale.

Saine.

Réelle?

Il fallait tenter le coup pour le savoir.

Prudemment, après milles douleurs saupoudrées de précautions paranoïaques, de gémissements de douleurs à peine étouffés et un effort de volonté surhumain, elle parvînt à portée de main du battant.

Elle marqua un temps d'arrêt, pesant le pour et le contre, réflechissant à ce qu'impliquait sa décision.

Puis, elle frappa à la porte.

Le silence se fît à l'intérieur, puis une attente, quelques paroles échangées, et le silence encore.

Elle frappa de nouveau.

Après un silence plus court, les loquets des verrous glissèrent dans un cliquetis métallique rassurant, et la porte s'ouvrît, grinçant sur ses gonds.

Sur le seuil une femme, rousse, jeune, la plus belle qu'elle eût jamais vu.

Elle sourit à cette apparition, un sourire qui exprimait sans freins le soulagement sans bornes qu'elle ressentait.

Et elle s'évanouit.

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4 Commentaires
AnonymousAnonymeil y a presque 3 ans

Belle écriture et récit intriguant.

mefistoxxmefistoxxil y a plus de 5 ans
Excellent

Excellent récit, bien écrit et agréable à lire. Le calvaire de la victime est éprouvant et l'on est partagé entre le dégoût et la perversion. J'espère que vous continuerez ce genre de récit. Bonne écriture.

ps: J'ai bien aimé la métaphore avec la naissance de son fils.

KhadajKhadajil y a plus de 5 ansAuteur
Réponse à Lliviolheur

Il n'y aura pas de suite à proprement parler, mais une prise de relais avec la rousse à la fin.

Les deux personnages sont inclus dans la même histoire d'horreur que j'écris.

J'offre juste sur ce site une version sans filtre de ce qui leur arrive

liviolheureliviolheureil y a plus de 5 ans
Bravo.

Une histoire comme j'aime. Bravo à toi. Une de mes préférées sur ce site. J'espère que vu la fin il y aura une suite.

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