L'un dans L'autre

BÊTA PUBLIQUE

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D'ailleurs je ne tire pas ça de mon chapeau.

C'est Matthieu, mon chef, qui est venu m'en parler.

Rien n'est acté pour le moment, donc il préfère que je sois le seul dans la confidence, pour ne pas que l'équipe se démotive.

Il m'a par ailleurs aussi parlé d'un potentiel poste définitif à Bordeaux pour un autre projet, mais sinon ça sera retour sur Paris pour moi.

Du coup, j'en ai quand même déjà parlé à Sophie, mais clairement, déménager tous ensemble sur Bordeaux, ça ne l'enchante guère.

J'ai hésité à en parler à Marielle aussi, mais je ne l'ai pas fait.

Je me sens de plus en plus comme qui dirait, piégé par la situation.

Enfin bref, tout ça est encore flou de toute façon.

Le projet est toujours bien vivant, et je continue de descendre sur Bordeaux.

Les semaines continuent de s'écouler.

Je vois Marielle deux à trois soirs par semaine, parfois on dort ensemble.

On baise, on discute.

On discute, on baise.

Pourtant, le destin finit toujours par nous rattraper. Je ne sais pas si c'est un véritable proverbe, mais ça résume bien la situation.

Comme une épée de damoclès pendant au-dessus de ma tête depuis trop longtemps, seulement suspendue par une corde en train rompre.

« Je suis enceinte... »

Ce sont ces trois mots que Marielle m'envoie par Teams.

Un samedi après-midi, alors que je suis en famille et qu'on reçoit mes parents.

Clairement pas le meilleur moment, ni le meilleur endroit pour apprendre ce genre de nouvelle.

Sur le coup, je deviens blême.

Je fixe mon téléphone, et me lève.

Sophie a tout de suite remarqué que quelque chose n'allait pas.

« Ça ne va pas? »

Je mets quelques secondes à lever les yeux de mon écran et à lui répondre.

« Euh, si ça va t'inquiète pas, juste encore une galère pour le boulot. »

Je pars vite m'isoler à l'étage dans la chambre, et là j'essaie d'appeler Marielle. Mais elle ne décroche pas.

Je réessaie plus tard dans la soirée.

Toujours pas de réponse.

Je finis par lui envoyer un message : « Décroche STP ».

Mais en guise de réponse, j'obtiens juste un « vu » automatique.

Le dimanche soir, dans le train, j'essaie de la rappeler de nouveau.

Je me sens mal depuis la veille, j'ai cogité toute la nuit.

Sur les coups de 22h, elle finit par m'écrire finalement.

« Je peux pas décrocher. »

« Marielle, c'est sérieux ce que tu m'a dis là? »

«?? Pourquoi tu voudrais que ça ne soit pas sérieux? »

« Non mais arrête, t'es vraiment enceinte? Depuis quand? Et t'es sûr que c'est de moi? »

J'attends sa réponse quelques minutes, qui s'égrainent alors horriblement lentement.

« Euuuuh bah oui en fait, je n'ai couché qu'avec toi ces derniers mois, à moins que je sois la réincarnation de la vierge Marie. »

Je trouve le ton sarcastique de sa réponse assez déplacé, surtout au vu de la situation actuelle.

J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure.

J'aurais largement préféré qu'elle me dise qu'en fait, c'était encore un test pour voir « à quel point je tiens à elle ».

Là c'est sûr, si c'est avéré, j'ai grave, grave déconné.

Se faire choper en train de se branler au travail, à côté, c'est presque dérisoire.

« On peut se parler ce soir? »

De nouveau, j'attends sa réponse quelques minutes.

« Ok. Ma voisine passe garder Énora et je te rejoins. Quel hôtel? »

Je lui donne l'adresse, puis rejoins mon hôtel une fois arrivé, cloîtré dans le silence, le regard hagard.

Sur place, j'attends une bonne heure avant de voir Marielle débarquer.

Cette fois-ci, elle entre d'un pas rapide dans la chambre.

Pas d'attention particulière, pas d'embrassade, pas même un bonsoir.

De toute façon, je ne m'attendais pas à retrouver la tension sexuelle habituellement présente dans l'air quand elle passe me voir à l'hôtel.

Et de toute façon moi aussi, là tout de suite, ce n'est clairement pas ce qui occupe mes pensées.

Elle enlève son manteau, et s'assied sur la chaise du petit bureau, face à moi.

« Bon écoute, Marielle, je pense qu'il faut se parler franchement. Clairement, ces derniers mois, ça a vraiment été l'extase entre nous. Je t'adore, tu es vraiment super, le sexe avec toi, c'est top. Tu m'as redonné la pêche, tu m'as fait découvrir plein de trucs, et je suis très heureux de t'avoir rencontrer. Mais je suis toujours resté sur notre promesse du début. J'ai essayé de ne pas m'attacher. Et je t'apprécie énormément, j'te kiffe, mais j'ai pas de sentiment pour toi. J'en suis vraiment désolé, j'm'en veux, mais j'ai pas envie de remettre en cause toute ma vie parisienne. »

Et là, le blanc.

J'avoue que comme entrée à la matière, j'ai fait rude.

Le teint de Marielle devient pâle, et je vois ses yeux devenir humides.

Merde, je l'avais bien senti venir quand même.

Elle a fini par s'attacher, là c'est sûr.

Quelques secondes plus tard, elle éclate en sanglots, sans rien dire.

Je m'empresse d'aller vers elle, et de la serrer dans mes bras.

« Allez, allez... Marielle, parle moi je t'en supplie... »

Elle relève alors la tête, et alors que ses larmes coulent à flot, emportant avec elles son mascara, elle me dit : « Franchement, vous êtes vraiment tous des bâtards. On a bien baisé ouais d'accord, tu disais que je comptais pour toi et maintenant tu vas me demander quoi, d'avorter c'est ça? Puis tu vas m'dégager? ».

« Mais enfin, Marielle, arrête de dire n'importe quoi. Bien sûr que tu comptes beaucoup pour moi. Mais avoir un enfant ensemble, putain mais réflechis, c'est insensé. Et d'ailleurs t'as pensé à ton mari, t'imagines, comment il va le prendre? »

« Mais pourquoi tu parles tout le temps de lui? Je m'en fous, t'entends, je vais le quitter de toute façon, aucun rapport avec toi ou le fait que je sois en cloque. »

« Marielle, arrête de dire n'importe quoi... Puis merde, mais ça faisait partie du deal quoi. Tu m'avais toi-même dit que tu préférerais mille fois être seule que de te remettre en couple. Et j't'ai jamais rien promis non plus. »

« Putain, mais tu crois que j'le fais exprès? Oui, je me suis attachée, oui j'ai des sentiments pour toi, qu'est ce que j'y peux? »

« J'sais pas, tu aurais dû m'en parler. On aurait mis les choses au clair. Et c'qui est sûr, c'est qu'on aurait pas baiser sans protection. »

« Ouais, comme ça t'aurais pris peur, et tu m'aurais sorti le classique « vaut mieux qu'on s'arrête là »... Tu sais, t'aurais pas été le premier à me le dire. Mais tu peux pas comprendre, toi t'es beau, t'as d'l'argent, t'as une famille qui t'aime. Moi j'suis rien. J'ai épousé un mec que j'aime pas, qui m'aime pas, avec qui j'ai fait quand même fait un gosse parce qu'on m'foutait la pression. J'ai une mère qui me rend service de temps en temps quand j'insiste, j'ai pas de contact avec mon père depuis des années, j'ai pas de famille, j'ai pas grandi dans l'amour. Tu sais combien j'gagne en plus. Je survis, tu comprends? »

« Marielle, s'il te plait... »

« Mais en fait, tu sais quoi, ouais t'as raison. Tu ne m'aimes pas de toute façon, donc reste avec ta famille, sois heureux. T'en as rien à foutre de moi, j'le savais depuis le départ, t'es juste content de m'avoir trouver là pour te vider les couilles. Maintenant, je vais me retrouver maman solo une deuxième fois, ça changera pas ma vie hein. »

« Marielle, putain mais non comment tu peux dire ça. On a fait une grosse connerie, maintenant tu es enceinte, clairement on est allés trop loin. Je me suis laissé emporter et j'assume mes torts, mais je t'en prie, tu peux pas garder cet enfant, c'est de la folie. »

« Ouais, j'avais bien compris que t'en voudrais pas hein. « C'est ça qu'tu veux, que j'te crache dans la chatte puis que j'me casse », c'est pas ça que tu m'as balancé l'autre soir? »

« Marielle, mais putain enfin, le sexe, tout ça, depuis le début ça a toujours été un jeu entre nous. Moi j'ai toujours ressenti ça comme ça. Donc tu te doutes bien que j'pensais pas ce que je disais, et tu sais que c'est pas, mais alors pas du tout ce dont j'ai envie. Me dis pas que tu penses le contraire. »

Marielle me fixe droit dans les yeux. Ce n'est plus de la colère, mais de la détresse que je perçois dans son regard.

Une grande détresse.

Le sentiment d'être dans une impasse.

« Ha très bien, parce que tu trouves que ça a toujours l'air de ressembler à un jeu maintenant là, super quoi. »

Que faire?

Je me mets à faire les cent pas dans la chambre.

« Mais Marielle, merde quoi, tu veux que j'te dise quoi d'autre. C'est toi qui m'a poussé à baiser sans capote. Oui, clairement, le jeu était super dangereux, j'aurais dû garder mon sang froid et dire non dès la première fois, j'l'ai pas fait. Maintenant, il faut qu'on retrouve tous les deux la raison. »

Sur ces mots, Marielle se lève d'un air fermement décidé, et remet son blouson.

« Marielle, je t'en prie, écoute moi. Je t'accompagne à l'hôpital pour l'avortement. J'te fais passer des jours de CP en arrêt maladie si tu veux. Mais je t'en supplie, on est allés trop loin là. »

« Ouais, merci pour ta clémence, monsieur le chef ! »

Elle part en claquant la porte violemment.

J'espérais vraiment qu'on pourrait trouver un terrain d'entente, qu'elle entendrait raison. Je trouve ça insensé qu'elle compte garder l'enfant alors qu'elle connaît ma position. Ça me dépasse complètement.

Putain de merde.

Elle avait vraiment l'air triste, furieuse, dépassée par la situation. Nos jeux sexuels, comme j'aime à les appeler, sont allés beaucoup, beaucoup trop loin.

Quel con j'ai été, mais quel con !

Pourquoi on se rend toujours compte de ça trop tard, bordel?

Le lendemain, j'ai vraiment les idées noires.

J'ai très mal dormi et je suis extrêmement fatigué.

En arrivant sur mon lieu de travail, on me dit que Marielle n'est pas au bureau.

Dans la journée, la RH vient m'annoncer qu'elle est arrêtée pour toute la semaine.

J'essaie de la joindre par Teams, et aussi directement par téléphone cette fois, mais elle est hors connexion, et mes messages restent sans réponse.

Le lendemain matin, alors que j'arrive au bureau et que je m'avance dans le hall, je croise un homme qui part de l'accueil, et qui jure un peu avec l'ambiance costume cravate qui règne ici.

Je m'approche de Chelsea, qui m'accueille toujours aussi chaleureusement.

Elle ignore tout de la situation dans laquelle je suis.

Et dire qu'en y repensant, Marielle, qu'elle croise aussi tous les matins, m'a branlé sur ses photos Instagram. Si jamais elle savait ça !

Je me penche vers Chelsea et lui demande : « C'était qui? ».

« C'est le mari de Marielle, il est passé déposer son certificat médical. »

Donc ce mec là, que j'ai croisé, c'était le mari de Marielle???

On aurait dit un beauf, sérieux.

Je sais que c'est extrêmement pédant de ma part de penser ça, mais sérieux.

La coupe de cheveux avec le crâne rasé sur les côtés, le dessus des cheveux teints en blonds, un maillot des Girondins trop grand et une paire de tongs au pied.

Mais putain, pourquoi elle est allée épouser un mec comme ça?

D'autant plus vu tout ce qu'elle m'en a dit.

Serais-je jaloux? Clairement pas.

Je crois simplement que ça me chagrine vraiment.

Je suis triste d'imaginer Marielle, malheureuse avec cet homme.

Tu m'étonnes qu'elle se soit attachée à quelqu'un comme moi.

Je rentre finalement le mercredi soir, sans avoir pu échanger avec Marielle.

Tout le reste de la semaine, la situation me hante.

J'essaie de faire bonne figure, comme je peux.

Sophie sent bien que quelque chose ne va pas, mais quoi lui dire?

Je prétexte le boulot, toujours le boulot.

Il a bon dos, ce boulot.

La potentielle fin du projet, un sentiment d'inachevé, une remise en cause sur mon leadership.

Il faut à tout prix que je me change les idées.

Le soir, je me rapproche de Sophie, on échange quelques câlins, puis on fait l'amour.

Le sexe avec Marielle, c'est vrai que c'est divin.

Mais depuis que ça va mieux avec Sophie, je me surprends à reprendre énormément de plaisir lors de nos ébats. Surtout qu'elle ne prend plus la pilule non plus. Même si je n'ose pas me l'avouer, ça me fait penser à Marielle.

Et malgré la situation désastreuse dans laquelle je suis actuellement, ça m'excite.

Je jouis bien profond dans Sophie.

Pourtant, pas sûr qu'avoir un troisième enfant, là maintenant, ce soit le meilleur truc à faire. Mais bon, pendant qu'on y est, elle n'a qu'à tomber en cloque elle aussi, tiens.

Quand les pulsions se mettent à dépasser la raison, vraiment, que c'est dûr de garder la tête froide.

La semaine suivante, Marielle est encore absente.

Toujours aucune nouvelle.

Je suis vraiment inquiet.

J'ai bien l'adresse de son domicile, mais j'ai peur de m'y risquer et de tomber sur son mari.

Le dimanche soir suivant, alors que je suis sur le chemin de Bordeaux confortablement assis dans le TGV, et que pour une fois je ne suis pas en train de travailler, je reçois une notification sur mon téléphone.

Un mail.

C'est Matthieu, mon chef.

« Hello, comment ça va? Dis, j'ai eu un écho du comité de direction, mauvaise nouvelle, ton projet n'a pas été reconduit 🙁. Je l'annoncerai à l'équipe demain matin. T'as fait du bon boulot pourtant mais bon, réorg tout ça, tu connais. Du coup le poste à Bordeaux t'intéresse vraiment pas? C'est une opportunité en or 😉. »

Pour moi, tout ce que ça signifie, c'est retour à plein temps sur Paris.

Ça, pour avoir fait du bon boulot, on peut dire que j'ai fait du bon boulot.

J'ai engrossé une de mes collaboratrices, et maintenant je vais la laisser en plan.

Je décide d'envoyer un message sur Teams à Marielle.

Pas la peine de cacher la nouvelle plus longtemps, et en vérité j'espère que cela la forcera à réagir.

« Hello Marielle, plus de nouvelles de toi 😢. Je viens d'avoir une info importante, notre projet s'arrête, je vais devoir retourner à TP sur Paris ☹️☹️. Est-ce qu'on pourrait se voir?? »

Quelques minutes plus tard, je reçois juste un message en retour : « Quel hôtel? »

Je lui donne l'adresse. Quand le taxi me dépose sur les coups de 22h, Marielle est déjà là à m'attendre sur le parking, devant sa voiture.

Et alors que je m'approche d'elle, tout en craignant sa réaction, elle s'avance à son tour d'un pas rapide et décidé.

Elle me repousse une fois, deux fois, trois fois. Je n'essaie pas de lutter, et je recule. J'entends au son de sa voix qu'elle pleure à chaudes larmes.

« Alors voilà, c'est comme ça que ça va finir? Tu te barres, tu vas rentrer tranquillement sur Paris, tu vas me laisser en plan? »

« Marielle, je t'en prie... »

Comme je déteste la voir comme ça...

Marielle reprend son souffle.

Elle finit par craquer, et m'enserre dans ses bras.

« Reste s'il te plait, j'ai pas envie que tu partes... »

Sa petite voix, empreinte de colère et de désespoir, m'affecte au plus au point.

« Marielle, on en a déjà discuté. Je peux pas. On le savait tous les deux depuis le début... »

Elle attrape mes mains.

Je devine aisément ce qu'elle va essayer de faire.

Elle va me prendre par les sentiments.

J'essaie d'esquiver sans véritable volonté, mais elle insiste un peu, et place mes mains sur son ventre. Elle me regarde, désespérée, son mascara coulant le long de ses joues.

« Marielle, Marielle, s'il te plait... »

« Mais merde quoi, c'est ton enfant. Comment tu peux être aussi insensible? »

Là, je me sens complètement perdu.

Oui, j'ai merdé.

J'ai bien merdé.

J'ai pris du bon temps ces derniers mois.

Du trop bon temps.

Si je n'étais pas un fervent cartésien, je serais presque tenté de croire au karma, au fameux retour de flammes qui finit tôt ou tard par survenir.

Que faire?

Tout avouer à ma femme, briser mon couple, ma famille, et partir avec Marielle que je ne connais finalement qu'à peine?

Au fond de moi, je n'en ai pas du tout envie.

Mais laisser cette histoire derrière moi, retourner sur Paris et faire comme si de rien était?

M'obliger à vivre avec le lourd fardeau d'avoir laisser Marielle seule avec cet enfant qui est aussi le mien, et qui grandira privé de son père car ce dernier n'aura pas osé assumer?

Ce n'est pas possible non plus.

Ça me fend le cœur.

Ça me déchire l'âme.

Et dans cet instant comme suspendu dans le temps, j'ai envie de partir loin, loin de tout.

Marielle est là devant moi, cherchant dans mon regard une lueur d'espoir, et moi je suis ici, mes mains apposées contre son ventre qui porte la vie.

Là, tous les deux, sans dire un mot, comme encaissant d'un coup tout cette folle histoire que l'on a vécu ces derniers mois.

Si quand j'ai accepté de prendre ce poste et de partir à Bordeaux, quelqu'un m'avait conté comment cela allait se passer, je crois que je l'aurais pris pour un fou.

Et pourtant je suis là, à songer que j'aimerais remonter le temps.

La colère retombe peu à peu.

Une légère brise se lève et il commence vite à frisquet, je propose à Marielle de rentrer à l'intérieur.

Elle ravale ses quelques sanglots qui s'échappent encore : « Pas longtemps alors ».

Une fois dans la chambre, je m'allonge sur le lit, et elle se blottit contre moi.

On est bien là en vrai, tous les deux.

Rapidement, je sens sa joue se rapprocher de la mienne. J'ai envie de saisir cet instant, je tourne légèrement la tête vers elle, et elle m'embrasse.

Malgré la situation, malgré ce que je viens de lui annoncer, je sais qu'elle est bien plus attachée à moi que je n'aurais pu l'imaginer.

La passion, le désir ardent qui emplissaient nos chambres d'hôtel, laissent ici place à la tendresse.

Et de fil en aiguille, presque par réflexe sans vouloir nous l'avouer, nous finissions tous les deux nus sous les draps, à coucher ensemble.

Ça a une saveur différente de toutes les autres fois.

C'est calme, posé, tout en lenteur, mais c'est tout aussi agréable.

Et aussi très certainement, la dernière fois que ça arrive.

Car même si au fond de moi une partie de mon être hésite toujours, je pense que de son côté, même si elle continue de s'accrocher à un mince espoir de me convaincre, elle sait aussi que je ne pourrais pas la choisir elle.

Je finis par m'endormir, Marielle la tête posée contre mon torse.

Quand je me réveille un peu plus tard dans la nuit, elle n'est plus là.

Elle est partie sans un bruit, en laissant la lumière allumée.

Dans les jours qui suivent, je commence déjà à faire mes quelques cartons.

Marielle n'est toujours pas revenue au travail, et depuis qu'elle est partie au milieu de la nuit, elle ne m'a pas donné de nouvelles.

C'est donc comme ça que je rentre à Paris le mercredi suivant, sous la grisaille d'un mois de Janvier.

En y repensant, cela fait pas loin d'un an passé à écumer le TGV pendant des centaines d'heures, à faire d'incessants allers retours, et pour mon coeur de faire des montagnes russes.

Et pour quoi au final?

Détruire la vie d'autres personnes?

Devoir vivre avec un lourd secret toute sa vie?

Un soir, je finis par fondre en larmes.

Ça ne m'arrive quasiment jamais.

Trop de pression à évacuer.

Je pense tous les jours à Marielle.

Je l'ai laissée seule, là-bas, avec notre enfant.

Je n'ai pas assumé.

Mais comment pouvait-il en être autrement?

Heureusement, mes deux fils arrivent au moment opportun, m'obligeant à reprendre mes esprits et sécher rapidement mes larmes.

« Pourquoi tu pleures papa? »

« Pour rien fiston, pour rien. T'inquiète pas, papa est rentré à la maison pour de bon maintenant. »

« Je suis trop content que tu sois rentré, c'était pas facile sans toi, maman a beaucoup râlé sur nous. »

Halala, l'innocence des jeunes bambins.

Ça suffit à me redonner le sourire.

Je sais que j'ai fait le bon choix.

Ou du moins, le moins pire.

En vérité, je l'espère fortement simplement en surface, car dans mon cœur, j'en doute quand même beaucoup.

Mon autre enfant n'aura pas cette chance de grandir avec un père, lui.