L'un dans L'autre

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Accepter une promotion peut être un jeu dangereux…
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Mars 2018. Le printemps est de retour, et je m'apprête à quitter la région parisienne. Enfin, seulement quelques jours par semaine.

En effet, il y a deux mois, j'ai pris du galon au sein de ma société. Après plusieurs années à faire mes preuves, j'officierai désormais en qualité de directeur de projet.

Et ce nouveau poste, pour lequel j'ai ardemment travaillé, vient avec toutes les options : reconnaissance, gros salaire, mais aussi obligation de me déplacer plusieurs jours par semaine.

Pour ma grande première, les dirigeants ont voulu me mettre à l'épreuve. Il me confie un projet structurant pour l'un des clients historiques de l'entreprise, situé à Bordeaux.

Bordeaux, c'est pas si mal. Et c'est vrai qu'en TGV, c'est rapide.

Mais j'avoue avoir tout de même un peu hésité avant d'accepter.

Pourquoi? Parce que ma famille, elle, reste en région parisienne.

Je m'apprête donc à vivre séparé quelques jours par semaine de mes deux garçons, Marceau 6 ans et Victor 3 ans, ainsi que de ma femme, Sophie.

Nous en avons d'ailleurs longuement discuté, afin de savoir si ça valait le coup de partir tous ensemble à Bordeaux. Mais nous avons fini par conclure qu'il valait mieux attendre de voir comment ma nouvelle situation professionnelle se stabiliserait, ainsi que ne pas changer les enfants d'école prématurément en cours d'année.

De toute façon, dès que l'on m'a proposé cette opportunité en Janvier dernier, j'ai tout de suite senti que ma femme n'était pas emballée. Après tout, c'est compréhensible, elle mène elle aussi une belle carrière en tant que directrice marketing d'une société de parfums, et elle a surtout compris que c'est elle qui allait devoir tout gérer à la maison une bonne partie de la semaine.

Et même si la décision a été dure à prendre, Sophie s'est finalement résolue à me soutenir dans cette belle progression de carrière.

Ce poste, sous d'autres aspects, me tient également très à cœur. Notamment car à la maison, depuis la naissance de mon second fils, la situation s'est quelque peu tendue avec ma femme. On travaille tellement tous les deux, que la routine et la fatigue ont fini par faire leurs œuvres, nous éloignant progressivement l'un de l'autre.

Et j'aime à penser que justement, avec ce nouveau poste venant comme « casser » la monotonie du quotidien, cela nous permettra de mieux repartir de l'avant, de mieux nous relancer dans la vie Sophie et moi.

Car il faut dire que du haut de mes 33 ans, j'ai déjà vécu pas mal de choses avec elle.

J'ai rencontré Sophie au début de ma deuxième année d'école de commerce, alors que je venais tout juste d'avoir 20 ans. Je m'en souviens très bien, elle avait été choisie au hasard pour travailler sur un projet collectif. Je me rappelle même avoir été particulièrement heureux de voir débarquer une fille super mignonne dans mon groupe de travail, que je partageais alors avec trois autres camarades boutonneux et vraiment inintéressants.

À l'époque, je venais de Sologne, et mes parents me payaient un studio en plein Paris, près de la rue Mouffetard. Je ne manquais de rien, je n'avais pas à me soucier de l'argent, je faisais la fête tous les soirs.

Par chance, la nature m'avait également plutôt gâté. 1m83, des cheveux bruns, le regard un peu ténébreux, un corps plutôt musclé naturellement, des épaules larges. Plaire aux filles n'était pas un souci pour moi.

C'était vraiment la belle vie.

Rapidement, nous avions super bien accrochés avec Sophie, et un soir après la fin des cours, je lui avais proposé de sortir avec un groupe d'amis. Puis ce qui devait arriver arriva, l'ambiance festive et l'alcool ayant fait leurs œuvres, la soirée s'était terminée en roulage de pelles.

Sophie me plaisait beaucoup physiquement. Elle avait le même âge que moi, les cheveux blonds, des yeux verts en forme d'amande, peut-être déjà quelques kilos en trop, mais très largement compensés par un air espiègle et charmeur, ainsi qu'un bon 95D. Et puis de toute façon, je me souviens que déjà à l'époque, alors que mes compères masculins fantasmaient sur Keira Knightley, j'étais plutôt team Christina Hendricks.

On avait plein de points communs, et des centres d'intérêts similaires. On s'entendait super bien, et j'aimais passer du temps avec elle. Sophie, qui vivait encore chez ses parents en région Parisienne, s'était mise à passer de plus en plus de temps dans mon petit appart, jusqu'à emménager officieusement avec moi la semaine. C'était une grande première, moi qui avait plutôt été habitué à ne pas avoir de petite amie fixe.

Par contre, qu'on se le dise franchement, se regarder dans le blanc des yeux n'était pas inscrits dans la liste nos occupations.

Et même si j'avais déjà eu plusieurs expériences sous la couette par le passé, Sophie a été la première fille avec qui j'ai véritablement découvert la sexualité. Même à 20 ans, elle savait déjà ce qu'elle voulait.

C'est facile, on était pire que deux lapins. On baisait au minimum deux fois par jour, cinq jours sur sept. Et de surcroît, absolument partout. Sur le minuscule plan de travail de la toute petite cuisine de mon 20m², sous la douche, dans les vestiaires de la piscine, dans les toilettes d'un musée, ou encore entre deux rayons pas très fréquentés de la bibliothèque universitaire tard le soir.

Et finalement, je me rappelle être rapidement tombé amoureux de Sophie. On a poursuivi ensemble notre petit bout de chemin durant la suite de nos études, et de fil en aiguille, on s'est retrouvés la bague au doigts, parents de deux enfants.

Me voilà donc, douze ans plus tard, prêt pour un nouveau départ. Le grand jour est enfin arrivé.

Nous sommes dimanche en début de soirée, et je finis de préparer ma valise en pliant soigneusement mes costumes, alors que mon taxi m'attend pour me conduire à la gare Montparnasse.

J'ai préféré assurer en arrivant la veille au soir, pour être certain d'être frais comme un gardon pour mon premier jour, plutôt que de devoir partir à 6h du matin le jour-même.

Je descends les marches quatre à quatre, et vais trouver ma famille qui prépare le repas dans la cuisine. Mes enfants sont particulièrement tristes de me voir partir, surtout Victor. La situation est inédite.

« Nous vous en faites pas, trois jours ça sera vite passé, je serais là dès mercredi soir vous verrez », j'annonce tout en serrant dans mes bras mes deux fils.

Puis j'embrasse Sophie. Je sens bien qu'elle n'est pas hyper enthousiaste de me voir partir, alors j'essaie de la rassurer tant bien que mal.

« On se promet qu'on se fait confiance, d'accord? »

« D'accord ma chérie. Je t'aime, je t'appelle en arrivant. »

« Je t'aime... »

Il est 18h pétantes, et me voilà parti.

18h45, je m'installe tout juste dans le train direction Bordeaux Saint-Jean.

Je sens déjà la pression du grand jour en approche remplir peu à peu l'entièreté de mon cerveau.

Je sors mon PC, et me repasse les slides que je présenterai le lendemain.

Je suis bien plus stressé que je ne l'aurais pensé.

Dans quelques heures, je m'apprête à rencontrer physiquement ma nouvelle équipe, celle dont je prends la direction, même si j'en connais déjà certains avec qui j'ai échangé via Microsoft Teams.

Ces dernières années, j'ai déjà été amené à gérer des petites équipes sur des missions ponctuelles, mais là, c'est la première fois que je prends vraiment un poste à responsabilité avec une forte composante de management, sur un grand projet stratégique. J'aurai en tout quasiment une vingtaine de personnes sous mes ordres.

Il faut que j'assure.

Finalement, j'arrive peu après les coups de 21h. C'est vrai que Paris-Bordeaux, avec la nouvelle ligne TGV, c'est vraiment rapide.

Je descends du train, mon taxi m'attend déjà, et me voilà parti pour l'hôtel.

Rien de très extraordinaire, je récupère ma chambre dans un établissement 3 étoiles très classique, je pose mes valises, je sors mon costume pour éviter qu'il ne soit froissé.

J'appelle ma femme pour lui dire que je suis bien arrivé, je pars prendre une bonne douche bien chaude pour décompresser, puis descends manger au restaurant de l'hôtel.

Le mélange de stress et d'adrénaline me noue quelque peu l'estomac, et j'essaie tant bien que mal de ne pas repartir le ventre vide, moi qui ai habituellement bon appétit.

22h sonne déjà. J'ai prévu de ne pas me coucher trop tard.

Je relis encore une fois mes slides, allongé sur mon lit, je fais deux trois changements qui dans le fond n'apportent rien à la présentation mais me permettent de me rassurer.

Des pensées négatives s'immiscent lentement dans mon esprit, sans que je ne sois capable de m'en distraire. Et si je n'en étais pas capable? Si tout le monde se disait en me voyant demain « C'est un imposteur »?

Objectivement, sur le papier pas de raison que tout ne passe pas comme sur des roulettes. Je maîtrise mon sujet, je sais gérer la pression, et j'ai toujours eu des capacités naturelles à diriger.

Je suis quelqu'un de calme, conciliant, à l'écoute, j'essaie toujours de résoudre les conflits et d'éteindre les incendies en devenir.

S'ils sont tous motivés, il n'y a pas de raison que je ne m'entende pas avec les collaborateurs de ma nouvelle équipe, et que le projet ne soit pas un succès.

23h, j'ai du mal à trouver le sommeil. Je me tourne sans cesse dans mon lit, j'ai le cœur qui bat trop vite. Je décide de me mettre un film porno sur mon téléphone. Hanna Hilton en train se sucer deux hommes au bord d'une piscine, ça fera l'affaire. Je sors ma queue, fais ma petite affaire en évitant d'en mettre partout, essuie le tout avec un mouchoir, et me voilà enfin parti pour le pays des rêves.

7h30, le lendemain matin. Il est bientôt l'heure pour moi de quitter mon hôtel.

La nuit a été courte, et dès 5h du matin j'étais déjà bien réveillé.

Je suis allé prendre une douche, je me suis de nouveau masturbé en pensant à Sophie. Comme je n'avais pas de risque de tout salir, j'y suis bien allé à fond cette fois et j'en ai balancé partout, ce qui m'a grandement à faire redescendre la pression.

Il faut dire aussi qu'avec Sophie, ça a été relativement très calme niveau sexe ces derniers mois. Je suis un peu nostalgique de nos premières années, sans jamais lui en avoir parlé pour autant, et j'ai simplement pris l'habitude de me satisfaire seul assez souvent, parfois en fantasmant sur d'autres femmes.

Mais bon, quel homme ne le fait pas?

Malgré le stress, je me sens tout de même en forme, prêt à affronter la journée.

Je me fais un café bien serré, enfile mon costume et prend mes affaires. J'ai opté pour un style « boss décontracté » : chemise et veste cintrées, pantalon à mi chemin entre le costume et le jean, et des sneakers aux pieds. L'accoutrement parfait du chef de projet parisien qui débarque en province. Enfin bref, on verra bien ce que ça donne.

8h17, mon taxi me dépose devant mes nouveaux locaux. L'endroit est un peu moins chic que ce que j'avais pu entrevoir sur Google Maps, et j'ai aussi pu constater qu'il est plus excentré que ce j'avais appréhendé, tout au bout d'une zone d'activités.

Mais pour tout dire, je m'en fous, ça ira.

Pas le temps de penser à ça de toute façon, dans quelques minutes, je vais être plongé dans le grand bain.

J'entre, me dirige vers l'accueil, et me présente.

Le hall d'entrée m'apparaît vraiment très austère, style années 70 qui aurait besoin d'un bon rafraîchissement, et je me dis que j'aurais du mal à inviter le client ici.

Mais cette ambiance, qui laisse à désirer, quitte vite mes pensées au fur et à mesure que je me rapproche de l'hôtesse assise au comptoir d'accueil, et qui est, disons, très charmante.

Blonde, la vingtaine bien entamée, habillée d'un tailleur bien cintrée qui lui sied parfaitement bien, faisant ressortir deux beaux atouts. Elle me rappelle Sophie, en plus jeune, et un peu plus fine.

En tout cas, elle me fait un grand sourire, et c'est vraiment très agréable d'être reçu par quelqu'un d'accueillant comme ça.

Finalement, je ferais quand même peut-être venir le client ici, après tout !

Elle me demande ma carte d'identité, puis me remet mon badge.

« Gardez-le bien tant que vous êtes ici et ne le perdez pas, car c'est compliqué d'en refaire d'autres. Vous pouvez ouvrir les salles de réunion que vous réservez directement avec. »

« On m'a attribué un bureau ici aussi, ça s'ouvre avec le badge aussi? »

« Alors, vous allez remarquer qu'ici, les bureaux n'ont pas de porte. »

Des bureaux sans porte? Première nouvelle...

Mais bon, comme pour la localisation des locaux tout à l'heure, pas le temps de tergiverser.

J'en profite pour sortir mon portable, chercher le nom de la salle de réunion et lui demander où elle se situe. Elle m'indique le chemin à suivre.

Je suis un peu en avance, et c'est tant mieux.

La réunion ne commence que dans une trentaine de minutes, et j'avais justement envie de m'approprier un peu l'environnement.

Après quelques errances dans les couloirs, pas beaucoup plus chaleureux que le hall d'entrée, j'arrive enfin devant la salle où la réunion est prévue.

Je badge, et j'entre.

Tout est éteint, j'allume la lumière, je sors mon PC, démarre le vidéoprojecteur et relis une dernière fois mes slides.

Je suis concentré, motivé à bloc, sûr de moi.

Soudain, une voix retentit alors que je suis concentré sur mon écran.

« Bonjour bonjour ! »

Deux personnes viennent d'entrer dans la salle. L'un d'eux est un homme petit au crâne légèrement dégarni, la mine guillerette, la cinquantaine approchante. Je reconnais tout de suite mon collègue Michel, car c'est le seul avec qui j'ai déjà eu l'occasion de travailler une ou deux fois.

Il vient me serrer la main.

« Michel, comment vas-tu? Ça fait longtemps ! »

« Super et toi? Ça commence à dater un peu en effet? 3 ou 4 ans non? En tout cas, dans les starting-blocks? »

« Motivé comme jamais, j'aime ce type de challenge, tu me connais un peu quand même? »

J'ai déjà fait partie de l'équipe de Michel par le passé, pendant quelques semaines. C'est un ancien directeur de projet, mais la société a dû le mettre en retrait.

Rien de grave, mais disons qu'il a toujours eu tendance à avoir le contact parfois un peu trop facile avec la gente féminine, et aussi qu'il adore propager des rumeurs en tout genre.

Le genre de personne très sympa, qui bosse très bien, mais avec qui il faut savoir garder ses distances.

Les membres qui feront partie de l'équipe rentrent les uns après les autres, je vais les saluer un par un, tout en essayant de me remémorer les visages que j'ai déjà vus via Teams. Je sens que la direction n'a pas déconné pour l'occasion, ils m'ont prévu une équipe de choc. Tout le monde a l'air compétent et très motivé.

Alors que la salle est déjà bien remplie et que chacun prend place autour de la grande table, un grand brun, en costume cravate, fait irruption.

C'est Matthieu, mon chef. Je l'attendais, et remarque par la même occasion qu'il est suivi d'une femme.

« Hello champion, alors ça y est c'est le grand jour, tu es prêt? »

« Salut Matthieu, top que tu aies pu venir. Motivé comme jamais ! »

« Tu crois vraiment que j'allais te lâcher dans un moment pareil? Halala, si je ne te connaissais pas un peu déjà je pourrais presque mal le prendre. Mais dis, je te présente Marielle. »

Il laisse place à une jeune femme, qui doit probablement avoir le même âge que moi.

Long cheveux bruns un peu bouclés, grands yeux marron, un joli visage, mais ce dernier ne me dit rien.

Je lui serre la main tout en lui lançant « Enchantée Marielle ».

Matthieu poursuit alors : « Tu sais, au départ c'est Brigitte qui devait assurer la partie back-office du projet. Mais voilà, j'ai appris ce week-end qu'en fait elle était déjà staffée ailleurs, et bref, c'est Marielle qui va la remplacer. Les deux premières semaines à mi-temps, puis ensuite à plein temps. »

« Bah écoute c'est parfait pour moi. Marielle, ravie de faire ta connaissance et sois la bienvenue dans l'équipe. »

« Merci beaucoup, j'ai hâte de commencer ! »

Si Marielle a hâte de commencer c'est vraiment top, car le boulot du back-office n'est clairement pas le plus intéressant. Et pas le mieux payé non plus. En gros, elle sera la « secrétaire » du projet, les membres de l'équipe lui transmettront les différents chiffres et métriques, et elle devra consolider tout ça dans des tableaux Excel.

Quoi qu'il en soit, Brigitte avait l'air sympa, mais disons qu'elle avait certainement pas loin d'avoir l'âge de ma mère. Je ne suis pas mécontent qu'ils m'aient envoyé Marielle, ça c'est sûr ! En plus, elle a l'air sacrément motivée, c'est parfait.

L'assemblée est maintenant au complet. Au total, je n'ai pas moins de 18 collaborateurs sous mes ordres pour ce projet. Je prends conscience que là, c'est parti, ça devient du sérieux.

La réunion démarre. Matthieu remercie tout le monde d'être là, s'excuse car il doit filer comme il le fait à chaque fois, et j'entre enfin en piste.

Je déroule mes slides comme je l'avais prévu.

Les questions pertinentes fusent, et je prends le temps d'y répondre.

J'essaie au maximum de me présenter non pas comme un chef, mais comme quelqu'un à l'écoute, et qui traitera tout le monde d'égal à égal.

Finalement, tout glisse parfaitement.

Cette pression accumulée durant les dernières heures finit par s'évacuer rapidement, au fur et à mesure que je développe mon discours, qui dure au final pas loin de deux heures.

Ça y est, j'ai fait mon grand plongeon.

J'ai désormais pu mettre un visage et un prénom sur les différents membres de l'équipe, et le rôle qu'ils auront à jouer si je veux que ce projet soit un succès.

Je me sens d'attaque.

Je conclus la réunion par : « On refait un point ici demain matin à 9h30, si ça va à tout le monde ».

Tout le monde acquiesce, puis l'assemblée se lève.

Chacun range ses affaires.

Michel vient me voir.

« Tu sais dans quel bureau ils t'ont mis? »

Je sors mon smartphone, et consulte mon agenda.

« Bureau Lilas, au 4ème étage. »

« Ok, c'est pas loin du mien, je vais t'y accompagner. »

« Volontiers, merci. Et dis, à l'accueil ils m'ont dit qu'ici les bureaux n'avaient pas de porte, c'est quoi ce délire? »

« Ha oui, tu verras c'est un peu conceptuel. J'trouvais ça étrange aussi au départ, mais tu vas vite t'y faire. »

C'est vrai qu'en déambulant dans les couloirs un peu plus tôt, j'avais bien remarqué qu'ici, pas de grands open spaces, ce sont des bureaux à cloison à l'ancienne. Sauf qu'en effet, ils n'ont plus de porte, à l'exception des salles de réunions.

Comme si on avait cherché à « créer du lien » entre les collaborateurs à moindre coût, simplement en dégondant les portes.

Mais bref, comme l'a dit Michel, je vais m'y faire.

Nous faisons alors un bout de chemin ensemble à travers les allées menant au quatrième étage.

J'en profite pour lui poser quelques questions sur l'équipe, s'il connaît déjà tout le monde, et s'il peut me renseigner un peu sur les personnalités de chacun.

« Tu sais ici tout le monde est motivé, d'autant plus que le projet est super important. Car tu sais déjà peut-être, mais certains craignaient pour leur poste ici à force d'être en intercontrat. En tout cas, t'as fait très bonne impression à tout le monde ce matin, j'en suis sûr. Ici, c'est bien plus détente que sur Paris tu verras, même si bien sûr ça reste le boulot et donc parfois faut savoir remotiver les troupes. »

Michel me laisse devant mon bureau.

Pas très grand, même pas de fenêtre, clairement je m'attendais à mieux.

Peu importe, je suis là pour bosser, pas pour bronzer devant PowerPoint.

La journée suit son cours, et je prends mes marques.

Michel vient me chercher à l'heure du déjeuner, il y a une cantine dans le bâtiment. Heureusement, car on est un peu loin des commerces et des restaurants ici.

Je déjeune avec trois membres de l'équipe, ils me posent des questions, et j'essaie d'y répondre avec le plus de sincérité possible, tout en leur rendant la pareille. Ils sont très sympas.