Prise en Main Ch. 01

Elle est assise face à moi, des lunettes de soleil très couvrantes malgré la pénombre de la pièce, Les jambes tranquillement croisées, l'assurance des personnes aisées qui ont l'habitude d'être servies, écoutées et suivies. Mais elle est ici parce qu'elle a besoin d'aide. Et je suis là pour l'aider.

Elle sait qu'elle est à la bonne porte, puisque je suis recommandé par son médecin, que je suis un psychiatre réputé dans son très petit cercle, celui des hypers riches, lui assurant ainsi une garantie d'anonymat, mais aussi de réussite, certaines étant assez frappantes. Ce milieu consulte beaucoup il est vrai, ayant tellement de problèmes à résoudre!

Elle me tend la lettre de recommandation du Docteur Moulins, qui me l'envoie. Je la lis avec une fausse attention. En effet, ce dernier m'a adressé un long mail, contenant des informations bien différentes que celles, assez creuses, de sa lettre de recommandation. Nous agissons ainsi habituellement, ce qui me fait gagner du temps puisque les patients, par définition je dirais, mentent toujours sur leurs motivations. Question de pudeur, mais aussi de précaution puisque, pour l'instant, je suis un inconnu, certes un peu connu, mais inconnu quand même.

Ainsi je sais déjà tout de la riche héritière qui est en face de moi, de sa sexualité passée (à mourir d'ennui), de ses manques et de ses failles que je ne manquerai pas d'exploiter. Car mon ami François a eu le nez creux, c'est une patiente parfaite pour ce que j'ai envie de faire depuis quelques mois : m'amuser et avilir ces puissants qui, même s'ils remplissent mon cabinet, m'écœurent par leur petitesse et leur mépris des autres. Mais parfois me touchent par leurs souffrances réelles.

Si je suis apprécié et recommandé, en toute discrétion, c'est, paradoxalement, que je ne pratique pas des tarifs exorbitants comme mes confères. Je suis sur un standard de 90 € pour 50 minutes de consultation, sauf pour celles et ceux qui n'en ont pas les moyens. Pour Neuilly sur Seine, je suis sans doute dans le bas de la fourchette, voire tout en bas. Mes confrères qui s'occupent ainsi de la jet set, multiplient ces chiffres par presque 4 ou 5, ne se rendant pas compte qu'ils tombent sous le pouvoir de ces puissants qui leur assurent ainsi un revenu déconnecté. S'ils perdaient cette clientèle c'est tout leur style de vie qui s'effondrerait. En restant à mon tarif de base, mes patients sentent qu'ils n'ont aucune prise sur moi, et je sais bien qu'ainsi je gagne leur respect. Ils ne sont entourés que par des personnes fascinées par leur puissance financière et leur incapacité à évaluer le prix de la vie réelle.

L'argent ne m'intéresse pas. Sans doute que j'en ai bien assez, mais je trouve cela tellement destructeur d'en vouloir plus. Ne jalousez pas les très riches, leur vie est un enfer de posture, superficialité, isolement, suspicion, et solitude. Et cela remplit mon cabinet de jeunes femmes comme Sabine qui me fait face et dont j'entame l'anamnèse, l'histoire pathétique de sa vie de jeune femme gâtée, mariée, divorcée, seule, héritière unique, ne sachant que faire de la vie qui lui a été donnée et de l'argent dont elle ne sait quoi faire. Certains détails m'intéressent particulièrement pour mon projet pervers. Je ne cherche pas de fausses excuses, j'ai juste envie de m'amuser, et qui sait si Sabine y prendra du plaisir.

Avec le temps j'ai découvert un cocktail de contrôle mental qui est très puissant et surtout indétectable, y compris par mes pairs. Je mets ma patiente sous un anti-dépresseur qui diminue fortement les résistances, puis je travaille avec une hypnose profonde et très répétée, et l'utilisation de la musique pendant mes séances. C'est surprenant que la musique ne soit pas plus étudiée dans le cadre de l'hypnose. Il y a de nombreuses recherches en neuroscience, en particulier chez les petits enfants, qui montre le pouvoir incroyable de la musique. Il est facile de s'en rendre compte : quelques notes suffisent à se souvenir d'une chanson, associée alors à un lieu, une personne, une époque. La musique est une vraie clé d'entrée de notre cerveau, et la puissance des comptines pour enfants reste méconnue.

Si le sujet est un minimum sensible, je suis capable de passer au-delà de ses barrières psychiques, ce que l'hypnose Ericksonnienne ne sait et ne veut pas faire! Je ne veux pas me priver, non que je me prenne pour Dieu, mais cela donne de grands résultats. Le plus souvent au bénéfice de mes patients, parfois pour moi seul!

Je n'ai aucune visée financière, mais une visée sexuelle très précise, et nous jouons ce jeu avec mon ami François depuis quelques temps, ce qui nous donne le moral pour tenir et continuer. Ce sont souvent de petits jeux très amusants, comme de suggérer à une patiente qu'elle ne rêve que de sucer François, jusqu'au jour où elle se précipite dans son bureau, pour lui arracher son pantalon et l'aspirer avec passion. J'ai le droit en retour aux photos ce qui m'excite beaucoup. Avec Sabine, j'ai envie d'aller bien plus loin. Je prendrai mon temps, mais le projet et la vision sont bien là!

La jeune femme a 35 ans, vraie blonde, teint pâle et des yeux bleus magnifiques. Sous son tailleur je suis certain de trouver un corps très entretenu, des seins sans doute trop petits car victimes d'un régime alimentaire trop stricte. Le diktat de l'apparence dans les hautes sphères est terrible. Réciproquement elle ne sait pas trop quoi faire d'autre que s'occuper d'elle.

Elle se détend en parlant d'elle, son activité préférée, alors qu'elle n'a rien à dire. Divorcée après que son mari l'a trompée avec à peu près tout le monde, dont le pilote de leur jet privé, ce qui l'a profondément humiliée et a provoqué son départ. Enfin plutôt le départ du mari volage. Seule héritière d'une large participation d'un grand groupe, son argent est géré intégralement par un family office, sa seule tâche étant de dépenser l'argent qui lui est vers mensuellement. En fait elle n'y arrive pas, et son livret d'épargne déborde. Quel souci!

Une vie sociale d'une pauvreté rare, entre les country et polo clubs, des amis très théoriques qui partagent ensemble leur ennui, une absence de famille qui est vraiment problématique, son père est décédé jeune, laissant sa mère seule héritière, puis Sabine au décès aussi prématuré de sa mère. Décès qui ne l'a pas touchée plus que cela, ayant été élevée par des nounous, changeant trop souvent pour pouvoir nouer une relation affective. Elle est clairement en manque et ce n'est pas son mari qui lui a prodigué ce dont elle a besoin. Une sexualité très pauvre, ne sait pas prendre de plaisir seule, pas tellement plus avec un autre homme.

Je lui propose mon traitement, avec trois séances par semaine, pouvant passer à cinq et parfois sept si besoin était. Je reçois en effet aussi le dimanche quand c'est nécessaire. Je suis convaincu que la densité est très importante, empêchant l'élasticité du cerveau de se mettre en place, et accentuant sa plasticité. Ce n'est pas du tout la norme en hypnose, mais plus en psychanalyse. Je sais aussi, qu'à part ses manucures et cours de stretching cela l'occupera, d'ailleurs elle ne réagit pas négativement. Elle aura aussi des travaux pratiques à faire entre les séances, mais cela je ne lui dis pas, elle le découvrira pendant les séances d'hypnose!

Je fixe l'heure en fin de journée à 20 heures, indiquant que la séance peut durer entre cinq minutes et deux heures, que dans tous les cas, les honoraires sont les mêmes. Là encore aucune réaction, elle s'en moque, elle a juste envie de commencer. Pour le médicament, elle semble soulagée que je lui donne quelque chose, pleurant tous les soirs de sa déconvenue conjugale, et n'arrivant pas à en faire le deuil. Je lui promets de l'aider, ce qui la rassure.

Pas de somnifère, c'est l'engrenage sinon. L'anti-dépresseur fait effet très rapidement, contrairement à ce que le laboratoire annonce. Je connais beaucoup de personnes le prenant comme de l'aspirine, quand ils en ont besoin, alors que le labo veut absolument imposer des cures de longue durée. Rentabilité oblige. Je me demande quand même comment ces dirigeants peuvent se regarder dans la glace, à imposer des pratiques qui sont à risque pour les patients, qui ne correspondent pas nécessairement à leur besoin, juste pour du fris, leur salaire et leur prime! Comme dans l'industrie alimentaire. L'être humain est profondément abject. Je ne vaux sans doute pas mieux avec mon projet sur Sabine cela dit!

Avant de la laisser partir, je lui propose une hypnose rapide, pour qu'elle soit bien d'ici notre prochain rendez-vous deux jours après. Là encore je la sens se détendre, ravie d'expérimenter cette pratique qu'elle ne connait pas.

Je ne suis guère surpris de la vitesse à laquelle elle plonge en état d'hypnose, j'en profite pour installer une hypnose profonde, elle réagit à toutes les stimulations. Je ne fais que des suggestions, vérifiant à chaque fois qu'elle les intègre sagement, j'installe une première ancre pour l'hypnotiser plus rapidement les autres fois, et deux suggestions simples et classiques, dont l'une est de désirer plus que tout revenir dans mon cabinet et continuer sa thérapie. Je veux avancer doucement, d'autant que je vais la voir très souvent.

Sabine revient à elle avec un grand sourire. Elle n'a rien retenu de la séance, comme je lui ai demandé. Elle se sent reposée et détendue. Sans un mot elle se lève, me dit qu'il fait trop chaud et, sans me demander, va ouvrir la fenêtre. Ma seconde suggestion s'est imposée à elle sans aucune résistance, je suis ravi. Mais je vais fermer la fenêtre car il ne fait guère chaud dans la pièce.

Sabine est surprise de devoir régler en liquide. Elle n'a jamais de liquide. Exceptionnellement j'accepte un chèque, mais je lui impose de revenir payer en liquide. C'est très important, surtout pour elle, de prendre conscience que ce travail coûte de l'argent, qu'elle doit penser à en prendre à sa banque, que c'est un fluide qui passe entre nous.

Une fois partie, je laisse un court message à mon confrère, lui promettant des nouvelles intéressantes d'ici quelques semaines. Le message est sibyllin au cas où une oreille indiscrète ne traîne. Mon sexe est dur, j'ai plein d'images, et plutôt que de me soulager, je préfère prendre des notes, de tout ce dont Sabine me fait envie! Je regrette presque de ne pas avoir été plus loin aujourd'hui, je me force à ne pas aller trop vite puisque je veux aller très loin.

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