Le Prince de Chair Ch. 02

Informations sur Récit
Arlor met en place son piège pour la Duchesse.
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Partie 2 de la série de 7 pièces

Actualisé 06/09/2023
Créé 04/08/2019
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Le prince Arlor peinait à faire taire son impatience. Assis seul dans un des fauteuils de cuir du petit salon, il accompagnait les crépitements de la cheminée des tapotements de ses bottes. Par Oldan tout puissant! Après l'anticipation de ces dernières années, ces minutes d'attente supplémentaires tenaient de la torture.

Pour la millième fois, il déshabilla la duchesse Caeda de son imagination. Il ne savait pas ce qui l'excitait le plus chez elle. Le fait qu'elle l'ait rejeté par deux fois? Ses yeux en amande capable d'autant de douceur que de fureur? Son corps intouché qu'elle tenait toujours hors de sa portée, mais jamais assez pour ne pas le frustrer sans fin?

Deux coups frappés à la porte interrompirent ses rêveries.

— Entrez, dit-il

La jeune duchesse s'avança, la tête haute et un sourire serein aux lèvres. L'éclat des flammes fit briller ses lèvres roses et ses longues boucles blondes. Elle avait placé un châle autour de ses épaules qui dissimulait l'outrageant décolleté qu'elle n'avait eu aucun scrupule à afficher quelques instants plus tôt au bal.

Une vieille femme en robe col montant noir l'accompagnait. Les bras croisés et le front plissé, elle se tenait en retrait dans son dos

— Prince Arlor, dit la duchesse en s'inclinant sans zèle. Vous souhaitiez me voir?

— En effet, mais asseyez-vous donc. Souhaitez-vous un verre de vin?

Il désigna d'un ample geste de la main la table basse ou attendait une bouteille de Lon-Arltan -- la meilleure cuvée des caves royales -- ainsi qu'un document dont le sceau de cire rouge avait été placé bien en vue à côté d'une plaque de marbre blanc.

— C'est très aimable, Monseigneur, dit-elle sans même daigner baisser le regard. Mais j'ai déjà bien assez profité des cépages de votre capitale pour une soirée. Et, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je préférerais rester debout. Je doute que notre conversation s'éternise.

Arlor sentit son sourire s'élargir. Elle le défiait encore. Cela ne rendait ce qui allait suivre que plus délectable.

— Comme il vous siéra, ma dame.

— Et donc, pourquoi souhaitiez-vous me voir?

Si j'en crois la présence de cette vieille mégère, pensa le Prince. Tu as une petite idée. Mais jouons.

— J'ai eu vent des difficultés de votre famille.

— Des difficultés? demanda-t-elle, ses bras toujours plus serrés autour de son châle. Je crains ne pas savoir à quoi vous faites référence.

Oh. Elle mentait avec autant d'aplomb qu'elle était belle. Hélas pour elle, dur de bluffer face à un adversaire qui a toutes les cartes en mains.

— Vos difficultés financières j'entends. Les saisons hivernales ont été rudes pour votre Duché, et j'ai ouï dire que le commerce de soie de votre père n'est plus si florissant.

La duchesse écarquilla les yeux un court instant avant de se ressaisir.

— Vous êtes bien renseigné, Prince Arlor. Mais si vous souhaitiez assister la maison Montval financièrement, je crains que votre générosité n'arrive trop tard. Mon père a...

— ...négocié un prêt avec le grand argentier Eldas Koris, l'interrompit Arlor. Je sais.

Il désigna du doigt le document posé sur la table. La duchesse blêmit en apercevant le sceau, une pièce de monnaie auréolée d'un soleil. Pourtant, c'est d'une voix assurée qu'elle reprit :

— C'est donc vous qui êtes derrière cette providence? (Arlor acquiesça.) Et bien, dans ce cas, je... c'est très généreux de votre part.

Cette fois, sa révérence fut plus profonde. Sans le foutu châle, le prince aurait eu une vue plongeante sur le délicieux spectacle de ses seins pressant lourdement contre les pans du fourreau fendu.

— J'imagine, dit-elle, un léger trémolo dans sa voix. Que votre générosité n'est pas désintéressée.

Le regard de la duchesse se fit plus dur. Un regard que peu de personnes osaient lui adresser. Cette rareté faisait tout à la fois son attrait et la preuve de sa naïveté.

— Votre vivacité d'esprit est des plus admirables. Mais si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je préfèrerais en discuter en tête à tête.

Du regard, il désigna la chaperonne. Celle-ci vint se placer devant la Duchesse, son visage ridé rendu encore plus sévère par son regard noir réduit à deux fentes.

— Vous ne pouvez... commença-t-elle.

Arlor leva un doigt en l'air. Bien habituée aux usages de la cour éternelle, la vieille femme se tut aussitôt. Venir d'une lignée modeste ne l'autorisait pas à s'adresser au prince -- et encore moins à lever le ton - sans que celui-ci ne l'ait fait en premier. S'il l'avait souhaité, il aurait pu la faire fouetter pour cela.

— Faites ce qu'il dit, trancha la Duchesse.

— Mon chambellan va vous raccompagner, ajouta Arlor.

Ou plutôt, vous tenir occupée. Il serait malheureux que le père de la duchesse se mêle de tout cela. Cet imbécile serait capable de pousser sa famille à la ruine pour protéger la prunelle de ses yeux.

Après quelques secondes durant lesquelles Arlor crut que la matrone cherchait à le larder de flèches par le seul pouvoir de ses yeux -- un acte d'un courage admirable - elle déserta la pièce.

La porte du petit salon se referma dans un claquement.

Le prince se recala dans son fauteuil. La Duchesse le regardait toujours de haut, mais les frémissements de ses mains atténuaient la dureté de son attitude. Il laissa planer le silence, se délectant du malaise palpable.

— Que souhaitez-vous? Finit-elle par demander. Je sais que votre famille a des vues sur nos demeures de Haut-Colline.

Arlor manqua d'éclater de rire. Quel magnifique élan de fausse naïveté. Comme s'il avait fait tout ça pour un manoir qui ne dépassait pas en taille sa chambre au palais.

Après le second refus de la duchesse, un refus public devant sa propre cour, le prince avait œuvré pendant plus d'un an. Son objectif : saborder le commerce de la famille de cette impertinente. Pour cela, il avait dépensé sans compter, allant jusqu'à vendre des cargaisons de soie à perte pour étouffer le petit Duché. Faisant jouer ses contacts, il avait également brisé des contrats, notamment ceux lucratifs avec la Tour. Pris à la gorge, le père de la Duchesse avait cherché des banquiers. L'argentier du Prince, sous un prête-nom, s'était fait un plaisir de lui avancer une somme mirobolante. Une somme qui le liait, lui et sa famille, plus efficacement que des chaines.

— Vous savez, dit le Prince. Si votre père ne peut rembourser sa dette, ce n'est pas uniquement Haut-Colline mais l'ensemble de ses propriété et navires qui tomberont entre mes mains. Il ne vous restera que vos titres et des terres que vous ne pourrez entretenir. Autant dire que vous n'aurez de noblesse que le sang.

La duchesse se mordit la lèvre inférieure. Ses yeux oscillaient de droite à gauche, comme pour tenter de découvrir dans le vide devant elle la réponse à l'imbroglio de sa situation.

— Mais j'y pense, dit le prince en laissant son regard parcourir lentement la silhouette de Cadea. Vous devez mourir de chaud. Pourquoi n'ôteriez-vous pas votre châle.

L'éclat qui brilla au fond des yeux de la duchesse indiqua sa répugnance face à cette demande. Mais, alors que la nasse se resserrait, elle pouvait difficilement rejeter une demande aussi bénigne. Après une hésitation, elle fit glisser le morceau de tissu d'un geste élégant. Le prince se délecta du spectacle. Être placé en contrebas de la belle sublimait encore plus la rondeur de sa poitrine. La coupe de sa robe dévoilait ses seins avec impudeur, à l'extrême frontière de laisser apparaitre la teinte d'un mamelon ou l'excitation d'un téton érigé, sans jamais la franchir.

— Je reconnais bien là le prince de Chair, cracha Caeda comme si le surnom qu'il avait acquis à force de conquêtes pouvait l'emplir de honte. Je sais ce que vous souhaitez, mais je ne peux pas vous le donner.

— Vous voulez dire que votre pureté a été altérée?

Le rouge monta aux joues de la Duchesse.

— Non, bien sûr que non. Et... et c'est tout le problème. Même si je le voulais, et je pense avoir été claire sur ce point... si je veux un mariage de qualité, je ne peux m'offrir à vous.

— Oh, mais il existe milles façons pour vous de me satisfaire sans que je ne touche à votre virginité. C'est pour cela que j'ai préparé pour vous un contrat de sang.

Le Prince indiqua le bloc de marbre disposé sur la table basse.

— Je vous invite à le lire, mais la proposition en est fort simple. Jusqu'à l'aube (il désigna les hautes fenêtres masquées de lourdes tentures), soit d'ici trois heures, vous vous plierez à tous mes ordres. Mon unique limite sera votre pureté. Si vous m'obéissez en tous points, les dettes de votre famille seront... oubliées.

Les sourcils froncés par la colère et la gêne, la belle se pencha sur le contrat. Cette fois, plus rien ne cachait le spectacle de sa poitrine comprimée contre les pans de soie. Elle lut les lignes qui détaillaient l'offre.

Le Prince n'avait jamais compris quels mystères permettaient aux contrats de sang de fonctionner. Pour certains, ces documents tiraient leur magie directement de la puissance des vœux de fées, comme dans les contes pour enfants. D'autres que ces contrats étaient des nœuds tissés dans le grand écheveau du destin lui-même. Une chose était certaine, lier des conditions à un tel objet, c'était lier le respect de ses conditions à sa vie elle-même. Un terme de travers et les conséquences pouvaient s'avérer désastreuses.

— Et si je refuse purement et simplement? demanda la duchesse, le feu de son regard ravivé.

— C'est votre droit. Mais je sais que vous n'êtes pas idiote. Vous savez ce que coute un contrat de sang. Vous savez également que, tout prince que je suis, ce type de document causera ma mort si je n'en respecte pas les termes. Des termes qui ne vous placent pas dans un danger similaire. Le seul risque encouru à votre désobéissance, et bien, ce serait de ne pas voir la dette de votre famille disparaitre. Alors, pensez-vous vraiment que, si je suis prêt à aller aussi loin pour vous, un refus me ferait abandonner mon ardente poursuite? Êtes-vous prête à courir le risque de mener votre lignée à la ruine? Tout cela pour trois heures en ma compagnie?

La duchesse se mordit une nouvelle fois la lèvre inférieure. Par les dieux, ce geste lui donnait envie de la mordre à pleine bouche à son tour.

— Est-il possible d'y ajouter des clauses? demanda-t-elle après un long moment de silence.

— Bien sûr, il y a de la place pour l'ajout de vos conditions. Vous pouvez prendre la plume d'airain pour cela.

La Duchesse saisit le long objet, le seul capable de graver dans le marbre comme dans une motte de beurre chaud.

— Dans ce cas, nous ne quitterons pas cette pièce et personne d'autre que nous ne peut y entrer jusqu'à l'aube. Et bien sûr, vous ne pourrez parler de ce qui s'y déroulera à personne. (Elle le fusilla du regard.) Ou vous mourrez.

Arlor retint son sourire. Par Oldan. Il s'était attendu à ce qu'elle mette plus de limites et de conditions. Cela dit, son acceptation finale n'avait jamais fait aucun doute. Il s'était renseigné. La Duchesse plaçait les intérêts de sa famille par-dessus tout le reste, et son éducation dans le cocon surprotecteur de son père ne la laissait qu'à peine entrevoir ce qu'il allait exiger d'elle.

Vraiment parfait!

— Cela va de soi. Je déteste partager.

A ces mots, le prince s'entailla le pouce contre l'arête vive du contrat et y déposa une goutte de son sang. La Duchesse fit de même à l'aide de la plume.

Cette fois, Arlor lui sourit franchement. La pauvre naïve. Le piège se refermait. Avant l'aube, sa pureté et bien d'autres choses seraient siennes.

Mais d'abord, il comptait s'amuser tout son saoul.

(Suite au chapitre 3)

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1 Commentaires
AnonymousAnonymeil y a environ 5 ans
c'est long a commencer

bonjour

c'est long a debuter

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