Modern Swingers

Informations sur Récit
1953, vintage porn...
3.1k mots
4.11
1.6k
2
0
Partagez cette Récit

Taille de Police

Taille de Police par Défaut

Espacement des Polices

Espacement des Polices par Défaut

Face de Police

Face de Police par Défaut

Thème de Lecture

Thème par Défaut (Blanc)
Tu dois Connectez-Vous ou Inscrivez-Vous pour enregistrer votre personnalisation dans votre profil Literotica.
BÊTA PUBLIQUE

Remarque : Vous pouvez modifier la taille de la police, la police et activer le mode sombre en cliquant sur l'onglet de l'icône "A" dans la boîte d'informations sur l'histoire.

Vous pouvez temporairement revenir à une expérience Classic Literotica® pendant nos tests bêta publics en cours. Veuillez envisager de laisser des commentaires sur les problèmes que vous rencontrez ou de suggérer des améliorations.

Cliquez ici

Allongée le menton dans les paumes face à la mer cristallisée par le soleil matinal, Sofia chantonne, sa poitrine encore pâle aux mamelons érigés par le contact rêche du drap de bain se balance en liberté. Elle n'a conservé que le bas de son maillot noir. Enfin bon, Philippe l'a tellement échancré à l'intérieur des fesses qu'elle pourrait tout aussi bien le retirer. Luisante d'huile solaire ointe avec sollicitude par son mari, le pubis de la femme exerce maintenant de discrètes contractions contre le sable souple et tiède. Suffisamment suggestives pour encourager ces palpations furtives qu'on lui prodigue à travers le tissu du slip de bain. Retirés du rivage dans le creux de la dune, dissimulés par ce bosquet marin, à dix heures il commence à faire chaud sous leur grand parasol bleu. Assis sur son côté droit Philippe converse avec l'homme en short rouge à quelques pas, en plein soleil à même le sable. Sûrement pas un baigneur celui là, même pas de serviette. Parfois son mari l'énerve à parler de tout et de rien comme ça avec n'importe qui. C'est plutôt sa timidité qui jalousait cette facilité, surtout avec les hommes Sofia s'en sentait incapable. Philippe lui épargnait cette corvée quand la situation l'exigeait, une tacite reconduction de l'accord qui prévalait lors des dérives psycho-érotiques de ce ménage, pour ainsi dire, situationniste...

Le septuagénaire courtaud et musculeux, sur son torse en broussaille une grosse chaine en or avec son médaillon, la reluque en souriant. Certes pas son idéal masculin et pourtant une sorte de magnétisme puissant sourdait de ce faune ventru qui la convoitait. Et ses yeux mon dieu, on dirait qu'ils détaillent chaque centimètre carré de sa peau qui en ressent presque un attouchement. Bercée par le bruit rassurant de la plage et le bavardage des hommes, Sofia, le regard planqué derrière ses lunettes observe la déformation obscène du short de l'homme, elle y devine comme une bête vigoureuse retenue prisonnière, prête à libérer sa colère. Bah, pouffe-t-elle intérieurement, elle en a apprivoisé d'autres... Sofia aimait les animaux. Qu'il en soit ainsi, car d'une manière ou d'une autre elle ira avec le vieux buffle.

La question étant moins de savoir si les choses allaient dégénérer que d'évaluer le moment du déclenchement, le mari promène une main négligente à l'intérieur des cuisses de sa femme, une main de propriétaire qui fait tressaillir le fessier de soubresauts involontaires. La bouche entrouverte, la respiration de Sofia se fait haletante, elle courbe la nuque et entrecroise les jambes pour accueillir l'onde de plaisir humide qui se propage depuis le centre de sa matrice, ainsi que le frisson qui lui parcourt l'échine.

« Elle a l'air d'aimer ça la petite dame, pas vrai? » fait l'homme goguenard. Elle put maintenant identifier son accent espagnol prononcé, il avait dit qu'il s'appelait Paco ou quelque chose comme ça. Ne sachant pas trop s'il s'adresse à elle, Sofia lui sourit un peu bêtement et fait jouer sa langue sur les lèvres. Ça plaisait en général. Fixant l'inconnu sans qu'il puisse s'en apercevoir, la houle de son bassin s'accentue, ample et désormais régulière — lubrique. La petite dame en rajoute, provoquer c'est exister. Ouille! Philippe lui pince une fesse.

« Oui, Sofia est très sensible, son maillot est déjà trempé, c'est amusant, venez voir Pablo, Vénus est sacrément malicieuse ce matin... » s'exclame Philippe comme un gamin émerveillé par une étoile de mer échouée sur la grève.

Le sourire de l'homme se fige et l'expression de ses traits se mue en quelque chose de bestial. Vénus... plus qu'un signe pour lui : un augure. Laborieusement il se redresse pour s'approcher d'eux, elle entend ses genoux craquer lorsqu'il s'accroupit au niveau de son derrière, en face de son mari.

Ce dernier, la force de l'habitude, maitrise parfaitement ce qui va suivre, elle est en confiance ce n'est plus son problème, tant que chacun y trouve son plaisir qu'ils se débrouillent entre hommes. Irisée par le verre de ses lunettes la mer a cette couleur lapis-lazuli qu'elle aime tant, les doigts curieux d'elle ne sait qui tiraillent l'élastique de son maillot de bain, écartent, fouillent l'entrejambe. Que ma fête commence, pense Sofia de bonne humeur.

« Enlève la culotte chérie, Pablo va s'occuper de toi, sois gentille avec lui, d'accord...? » lui glisse Philippe à l'oreille, avec un gentil bisou de mari amoureux. Il tient à la montrer, il est fier d'elle, la requête l'électrise. Elle s'exécute, debout toute nue et splendide, Sofia l'embrasse à son tour inquiète comme si elle partait en voyage. Loin.

Là, tout de suite, elle n'a pas vraiment envie d'être gentille avec ce type mais bon, maintenant c'est Philippe qui règle la dramaturgie et il faut bien reconnaître qu'elle n'a jamais eu à le regretter. Depuis quelques temps il prête volontiers sa femme qui elle se prête volontiers au jeu : qui sommes nous pour juger? La mère de Philippe racontait que tout petit déjà, il aimait faire son commandant avec ses camarades. << C'est un cul de femme esplendide, Sofia. >> dit la voix rocailleuse du vieux. Son prénom dans sa bouche lui fait l'effet d'une gifle. << Pablo sait voir toute la beauté de ces choses, elles l'inspirent, croyez moi, c'est un cul que tu pourrai faire la putain avec, continue la voix songeuse. Naturellement, vous, vous êtes une dame mais tu vas quand même faire la cochonne avec Pablo, n'est-ce pas, Sofia? >> Le dénommé Pablo -il se tient contre elle, un doigt joueur fiché à l'orée de son anus, sa sueur a des relents d'huile d'olive, peut-être de cumin- se voit gratifié d'un de ses sourires indéchiffrables qu'il tient pour acceptation de son projet.

En revanche, la reddition sans condition de Sofia se fera en silence. Un silence attentif.

Putain! Cochonne! Avec des mines de chatte gourmande, Sofia savoure les épithètes tellement appropriées dans les ténèbres de ses ressentis inavouables, claquant comme les fessées qu'elle implore parfois.

Dans un coin de son esprit encore disponible, Sofia-la-putain note qu'il s'agissait d'une sorte de ces compliments avilissants dont les hommes la gratifient volontiers en pareille occurrence -probable que leur érection en dépend- à vrai dire la plupart de ces insultes l'excitent. Tout autant - elle le savait- que Philippe qui ne pouvait se résoudre toutefois à en user malgré les requêtes de Sofia. Le vernis tenace de son éducation catholique-bourgeoise, sans doute associé à sa dévotion pour la figure maternelle le lui interdisaient, les mots refusaient de sonner juste dans sa bouche, c'était pathétique et risible à la fois, ils abandonnèrent. Les "autres" s'en chargeraient.

Affichant la résignation d'une reine captive vendue sur un Marché aux Esclaves, Sofia se tient immobile les mains jointes dans le dos, ses solaires et son alliance — Phillipe y tient beaucoup — pour seuls accessoires, les tétons glorieux et l'entrecuisse qui perle à travers sa toison dorée, et laisse son mari flanqué de son nouveau copain examiner sa marchandise, à se demander s'ils iraient jusqu'à inspecter sa dentition. Ils l'effleurent, soupèsent un sein, pétrissent chaque fesse, explorent la vulve pour lui donner en riant leurs doigts huilés à lécher. Le clitoris dardé à plaisir Sofia rétribue leurs outrages de sa docilité, se laisser "faire", d'aussi loin que Sofia s'en souvienne cette simple idée l'a toujours échauffée au spirituel comme à l'intime. Souvent, on l'entendait proférer, mi-sérieuse et un peu hors de propos qu'elle était là pour apprendre. Pour les mêmes raisons, au club Art Dramatique de l'université elle adora s'accaparer ses rôles, être dirigée, mise en scène, pour enfin s'adonner au plaisir du jeu. Inerte, passive bien que coopérante c'est également ce qui caractérisait le mieux son comportement sexuel.

Marie-France, sa meilleure amie à la fac, lui serinait qu'elle était coincée et qu'avec un corps pareil elle ne savait pas s'y prendre avec les garçons. Sofia peinait à y discerner un compliment. Un après midi dans sa piscine, elles s'étaient léché mutuellement la poitrine.

Pour de rire... Ce souvenir continuait de la troubler, à compter de ce jour seulement, et grâce à une femme, Sofia sut qu'elle était désirable. Marie-France, apprit-elle quelques années plus tard, avait fini sur le trottoir. Pour de vrai...

Le vieux siffle vulgairement : bonne fille, Sofia-la-cochonne positionne sa croupe avec spontanéité pour un accouplement éventuel. Levrette ou fellation, la décision appartient à son Candaule moderne qui d'un signe de tête distrait donne son assentiment. Vague.

Par derrière elle aime ça bien sur, même si de cette façon elle atteint rarement l'orgasme. Mais si toutefois on en est déjà là, elle aurait préféré dire bonjour avec sa bouche au phallus inconnu qui allait la sonder. On se présente avant de s'introduire, question de préséance. La brise taquinait la béance impatiente de son postérieur — mais qu'est-ce qu'il fiche ce vieux salaud? Le short rouge vole à côté d'elle, une main large l'empoigne au gras de la hanche, puis en guise de préliminaires on lui administre une fessée inaugurale qui lui arrache des jappements rageurs et ravis à la fois, son cul ne mérite rien d'autre après tout, elle le sait trop bien. Ultime coup d'œil en quête de l'approbation conjugale, tarif validé mais c'est elle qui régale.

En charge pour un rut implacable, l'intromission très directe du membre tendu lui coupe le souffle. Première saillie d'une vingtaine de coups vigoureux et vifs dans toute sa profondeur lubrifiée. Une adversité aveugle qui la malmène sans raison ni but, Sofia s'astreint à compter mentalement la salve. Vingt- sept.

Le périple débute agréablement et l'image de Philippe assis en tailleur en recul à quelques mètres lui parait lointaine en effet. Elle le trouve beau et malgré la tourmente qui ravage ses reins, tache de lui sourire bravement. Elle commence à gémir puis à crier. De la joie pure et sauvage. Sans émotion apparente son mari allume une cigarette, se lève et l'insère avec délicatesse entre les lèvres de son épouse bruyamment besognée par l'inconnu. Ce dernier marque une pause et tandis qu'elle exhale quelques bouffées, elle sent le mandrin plombé de désirs coulisser le long de sa raie qu'il écartèle d'une main de charcutier.

Probable que l'assaillant mettait à profit ce cessez-le-feu pour se repaitre du point de vue sur l'abondante chair blanche à sa disposition, conquise sans lutter. Un cul moelleux de femme mature élargi par les maternités, son ventre que prolonge un torse gracile, lesté des seins pendants avec la grâce alanguie des fruits d'un Eden mythologique. Lyrique et victorieux Pablo sourit, les mains pleines de la vie qui une nouvelle fois s'offre à lui sans limites.

Voila du reste que cette femme providentielle se cambre davantage, comme si sa vulve désertée suppliait le retour du conquistador. Sofia redoute un instant qu'il ne la sodomise, elle n'est pas encore prête et préfère sur le coté ça rentre mieux, mais après avoir repris son son souffle Pablo se reloge en fond de vagin qu'il entreprend de longs aller-retours vicieux. Elle s'apprêtait à jouir lorsque l'homme se retire pour apparaitre dans son champ de vision, le sexe épais à la main, raide et lustré de sécrétions. Intégralement rasées ses testicules mafflues et bronzées ploient à portée de son visage. Sofia les flatte dans ses paumes en conque, un respect admiratif qui attendrit Pablo. Au boulot ma fille, s'encourage-t-elle en collectant de la salive en bout de langue. Il faut faire vite, les familles ne vont pas tarder. Leur sanctuaire est à l'écart des sentiers d'accès à la plage mais il y a toujours des explorateurs. Revigorée par sa première mise en demeure plutôt sévère, elle regroupe les talons sous ses fesses et lape à longs traits les génitoires salées de son taureau de combat. À l'ombre du ventre proéminent, Sofia effectue avec une application paisible la tâche attendue d'elle, le vieux maintenant avec fermeté ses cheveux ramassés en queue de cheval. Commode. Ses bourses brun foncé se rétractent, blanchies par l'écume délivrée par la langue de la blonde aux traits déformés par l'effort. Sofia travaille et Philippe la félicite, globalement il parait content d'elle. Tant mieux. Elle redouble d'application, après tout la verge de l'ancien, dure et obstinée mérite toute sa gratitude, autant que sa paire de couilles que Sofia tente sans succès de faire tenir dans sa bouche. Sans pouvoir se l'expliquer, il lui semble à pourlécher l'appareil génital du vétéran qu'il en émane comme un champ énergétique peu commun qu'elle se doit de révérer, un devoir sacramentel, soulager de son mieux cette virilité comprimée, prête à jaillir, résolue à délivrer son principe fertilisateur.

Sous la lumière crue de cette plage méridionale aucun élément de langage n'est plus nécessaire à l'accomplissement de leur rituel païen, seuls résonnent des interjections brèves suivies d'halètements et de râles, de clameurs plaintives ou reconnaissantes de la femme — que Pablo avait été autorisé à enculer. La profusion de visions, d'odeurs, le goût des fluides corporels variés, autant de messages chimiques qui affolent les sens des adeptes de leur sabbat diurne...

En retrait, Philippe observe Sofia déposer sa vulve à califourchon sur le visage marqué de l'homme étendu qui s'en goinfre, elle l'inonde puis se replace avec calme pour engloutir à plein gosier sa verge remarquable d'endurance, toujours d'attaque. Quand il ne fume pas, avec une adresse élégante en contraste avec la rapacité du mâle invité qui la rudoie, Philippe s'invite brièvement au coït, logeant sa queue au hasard des orifices disponibles de sa femme, puis s'en retourne soucieux d'inspecter les alentours. A vrai dire pour Philippe, le choc érotique devait moins à la vision de mains d'étrangers qui se posaient sur le corps nu de Sofia, qu'à celle des siennes à elle, parcourant, caressant ou griffant la peau de tous ceux qui la baisaient. Ses mains délicates aux phalanges effilées, avec leur paumes peu marquées, des mains d'intellectuelle, qui écrivaient souvent, expressives, avec lesquelles elle se maquillait, brossait ses cheveux ou habillait les gosses. Le revirement graduel de leur comportement le fascinait, si empruntées au début, n'osant pas toucher, différant le contact avec celui qui la soumettait à ses 4 volontés, alors qu'une fois apprivoisée par le plaisir qui lui était prodigué, les mains de sa femme s'abandonnaient, se faisant affectueuses, taquines, tour à tour implorantes, directives ou vicieuses. On demande la main de la femme qu'on aime avant de l'épouser, plus rares sont les maris qui goûtent le spectacle de cette main ornée de son alliance qui câline la quéquette d'un autre. Lorsqu'il l'avait raccompagné à l'issue de leur première soirée, Sofia l'avait masturbé dans la voiture avant même qu'ils n'échangent le moindre baiser.

A 43 ans, mère de deux enfants, d'une réserve plutôt chic, professeur agrégée d'histoire au lycée Fénelon d'Angoulême, Sofia était reconnaissante envers son second mari de l'avoir accompagnée avec intelligence dans ces profondeurs régressives et occultes du réel. Elle y trouvait chaque fois un pan inexpliqué de sa vérité. Elle se demandait parfois avec anxiété si ce territoire hors frontières, régi par ses loi propres et ses codes insolites n'était pas celui de la folie. L'emprise grandissante de sa frénésie sexuelle avec son cortège de pulsions de moins en moins avouables semblait gouverner des pans entiers de son existence psychique.

Dit autrement : maintenant elle ne pensait qu'à ça.

L'origine de cette problématique était que Philippe ne l'aimait pas comme elle aurait souhaité ou du moins imaginé au début de leur relation, et l'offrande propitiatoire que Sofia faisait de son corps prostitué à tous ces hommes était destinée à conjurer les infidélités d'Annie son ex épouse, ce mal qui avait saccagé leur mariage et qui sapait leur union récente.

Philippe n'avait pas confiance en elle, Philippe n'avait plus confiance en lui.

Pourtant cette jalousie rétrospective mortelle (elle devinait en lui une quantité suffisante de violence contenue susceptible de se retourner contre ce qui le blessait, à commencer par lui-même) semblait se cautériser sous l'effet de leurs pratiques déviantes dont la fréquence commençait du reste à se stabiliser. C'est elle qui avait proposé ce remède à la lecture des best-sellers de Masters et Johnson, le couple de sexologues américains. Le chapitre sur les relations ante-mariage l'avait passionné, au moins autant que leurs études cliniques inédites concernant l'orgasme. Sofia tenait l'affection durable que lui témoignait Philippe après chaque "séance", pour une victoire personnelle sur l'attachement à son ex, les choses évoluant selon elle en faveur d'une réciprocité équilibrée de leur rapport amoureux. Sans compter cette débauche d'adrénaline sexuelle qui la submergeait lors de ces adultères thérapeutiques, bien en marge de la morale commune et dont elle pressentait le potentiel addictif pour lui comme pour elle.

En résumé, Sofia éprouvait la sensation un peu exaltante de mener la vie d'une femme moderne.

Les ultimes spasmes avant-coureurs du membre colonisant son palais, et le gout acre sur sa langue stoppent le cours de ses réflexions. D'une main sure Philippe interrompt la fellation de Sofia qui ouvre les yeux, ôte ses lunettes, essuie d'un revers sa bouche presque souillée et qui patiente, les mamelles présentées au Minotaure mugissant dont la queue arquée à se rompre semble hésiter avant de les éclabousser de sept giclées abondantes. Sofia les compte. A voix haute cette fois, atone, son regard neutre planté dans celui de son mari. D'une impulsion brusque, le regard halluciné Pablo s'agenouille pour exécuter d'un doigt solennel comme un dessin ou une signature dans son sperme frais. L'accalmie soudaine du ressac accuse l'impression surréelle ressentie par les protagonistes. Interdits, les deux hommes contemplent en silence le spectacle de cette femme à genoux, ses mains humblement à plat sur les cuisses, impassible telle une geisha et qui les regarde aussi, distante et scandaleusement présente.

Obéissant à une nouvelle injonction muette du mari, à gestes lents elle recueille de ses doigts le jus d'homme épandu sur son buste en filets visqueux et blanchâtres, l'applique sur son visage, ses lèvres, sa langue, elle transpire et pas uniquement à cause de la chaleur.

C'est à ce moment choisi que notre vieillard affaibli, évidé de sa substance vitale, quitte les lieux à reculons, une répulsion manifeste dans ses yeux exorbités qui dévisagent Sofia, en proie qui sait à la vision d'une incarnation maléfique de la fatalité. Le triomphe avait changé de camp, un transfert de puissance indéniable dont le corps le cœur et l'esprit de Sofia étaient désormais dépositaires.

D'ailleurs, le temps de s'installer en flexion une main en appui derrière elle et l'autre qui expose la fente de son sexe, avec une superbe scabreuse, la muse impudique projette en arc de cercle un jet d'urine énergique tandis qu'elle crache dans la direction du fuyard épouvanté.

Sa signature à elle, en quelque sorte.

Sofia s'allonge ensuite le sourire étincelant, écartée, inassouvie, la récompense conjugale qui sera aussi la vengeance de son cocu favori ne peut plus se faire attendre. En contrejour elle distingue la tâche du short rouge sur le bleu de la Méditerranée, hargneux, Pablo Picasso s'ébroue pour se rincer dans les vagues avant de rejoindre la pénombre de son atelier.

Sofia donne à nouveau de la voix et les mouettes moqueuses qui surveillent la dune, mêlent leurs cris aux siens.

Mougins, 1953...

Veuillez évaluer cet récit
L’auteur apprécierait un commentaire de votre part.
  • COMMENTAIRES
Anonymous
Our Comments Policy is available in the Lit FAQ
Publier comme:
Partagez cette Récit

Histoires SIMILAIRES

Florence Change De Vie 01 Le premier coup de canif dans le contrat.
C'est Le Plombier Une relation trouble.
Un Vieux M’emmène en Voiture C’est un vieux fantasme que je traîne.
Les Dames de Piques - Partie 01 Monsieur Ali rencontre une petite famille blanche.
La Nuit Le royaume des songes.
Plus d'histoires