Lila

Je me réveillai alors que l'on caressait doucement mes cheveux. J'avais mal partout, c'était horrible. Mais cette douce caresse avec une voix chargée de chagrin qui se lamentait « oh ma pauvre fille, je suis désolé... je suis une mauvaise mère... J'aurai dû faire plus attention à toi... me pardonneras-tu un jour... » me calma.

Pendant quelques jours j'alternai entre sommeil et conscience. Plus tard, je sus que ma mère était restée constamment avec moi, me surveillant, me parlant, s'occupant avec amour de moi.

J'étais à l'hôpital, un conducteur m'avait trouvé nue et en mauvais état dans un fossé. Il faut croire que ces salauds n'avaient pas voulu finir le boulot. En tout cas j'étais mal en point : traumatisme crânien, deux côtes cassées, la lèvre fendue, des contusions sur tout le corps, et je ne parle pas de mes parties intimes.

Bien sûr, la gendarmerie est venue m'interroger et me pousser à porter plainte, mais qu'aurais-je pu dire ? Que je les avais incités à me frapper ? qu'au début j'avais aimé ça ? Je décidai donc de rester vague au sujet de mes agresseurs.

Il me fallut un bon mois d'hôpital pour me remettre. Je compris alors que ma mère était la seule personne sur laquelle je pouvais compter. Elle est devenue tout pour moi et j'espère ne plus jamais la décevoir. Elle décida de nous faire quitter la province et nous sommes montées à paris pour vivre chez sa sœur qui nous a accueilli chaleureusement.

J'ai alors repris mes études et je suis actuellement chef de service dans un grand ministère.

Vous vous demandez peut-être ce qu'il advient de ma sexualité. D'être passée à deux doigts de la mort aurait dû apaiser mes pulsions. Il n'en est rien, j'aime toujours que l'on me maltraite, que l'on m'humilie. Mais il y a cinq-six ans, j'ai rencontré Monsieur. Je lui suis entièrement soumise et il fait en sorte que je sois satisfaite sexuellement en toute sécurité. C'est un vieux Monsieur (il va me gronder) de vingt ans mon aîné, mais il est la deuxième personne après ma mère à qui je fais entièrement confiance. Je vous raconterai peut-être un jour comment j'ai fait sa connaissance.