Le Club - Partie 24

BÊTA PUBLIQUE

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-Quelque chose vous apparaît? lui demanda Pantkin.

-Je ne sais pas si c'est un schéma évident, avança Thomas, mais il y a un nombre impressionnant de ces femmes qui sont liées à des notables. Il y a la femme et la fille de Blenon, les filles d'Orso, l'ex-femme de Durant, la fille de Veron et tout cela sans compter que John Laroquette par son statut de directeur de l'institution Oscar Bono a autorité sur toutes les jeunes filles de la haute société de Lilleland.

-Les notables, répéta Pantkin. Diomandé avait remarqué ce fait aussi. Cette espèce d'aristocratie bourgeoise qui semble avoir tout pouvoir sur la ville depuis plus d'un siècle et demi ; son autorité semble s'affaiblir ces derniers temps. Blenon a disparu après avoir été impliqué dans de sales affaires, Orso a été ruiné et s'est suicidé, Durant semble lui aussi en mauvaise posture. Veron est mort laissant sa fortune à sa fille et nous savons qu'elle est désormais soumise à un des membres du « Club ».

-Oui le « Club » est en train de réduire les notables en miettes.

-C'est logique, s'ils veulent prendre le pouvoir, ils doivent détruire les notables.

-Mais je sens qu'il y a autre chose. Blenon était détruit, pourquoi s'en prendre à sa famille, pareil pour Orso qui était déjà ruiné quand Uron a asservi ses filles. Non, j'ai l'impression que c'est personnel.

Thomas serra les poings de rage.

-Il y a plus, assura-t-il. J'en suis sûr. Il y a un schéma derrière tout ça mais je n'ai pas assez d'information. Je ne suis pas Corentin, lui aurait été capable de lire ces données et d'en tirer des conclusions, le génie c'était lui.

-Corentin Lopes, bien entendu, confirma Pantkin.

Thomas se retourna vers le numéro 2 de l'unité TCD, surpris qu'il connaisse aussi bien son ami défunt.

-Vous avez étudié son profil? Présuma-t-il.

-Pas dernièrement si c'est ce que vous pensez, dénia Pantkin, mais je connais bien l'homme qu'il était voici une vingtaine d'années. Un petit génie de 20 ans se destinant à une carrière policière ne pouvait qu'intéresser la police interrégionale et je suis celui qui a été chargé d'étudier son dossier.

-Et vous l'avez rejeté?

-Bien au contraire, j'avais estimé qu'il était le candidat idéal pour intégrer une de nos unités opérationnelles ; c'est Corentin qui a refusé notre proposition en dépit des belles perspectives que nous lui offrions.

Thomas ne trouva rien à répondre à cette nouvelle qui le surprenait ; il avait toujours cru que Corentin avait choisi d'intégrer la police municipale de Lilleland par défaut après que toutes ses autres candidatures aient été rejetées comme ce fut le cas pour lui.

-Je vois que vous ne saisissez pas toujours pas les motivations qui ont conduit votre ami à rester à Lilleland, saisit Pantkin. Il a tout simplement décidé de rester là où était sa place.

-Je ne comprends pas que l'on veuille rester à Lilleland quand on a la chance de pouvoir la quitter.

-Pourtant vous avez fait le même choix. J'ai étudié aussi votre dossier et je sais qu'en dépit de ce que vous affirmez vous n'avez jamais voulu autre chose que rejoindre l'unité Roux à vos débuts. Vous vouliez vraiment changer les choses. Vous n'avez pas toujours été aussi cynique.

Thomas ne répondit pas, il ne voulait pas s'étendre sur son passé. A ce moment, Emily entra dans la pièce et s'approcha des deux hommes.

-Je vous accompagne, déclara-t-elle à l'intention de Thomas.

-Pardon? s'étonna-t-il.

-Vous partez pour Fortlud et d'après Diomandé vous aurez besoin de quelqu'un pour couvrir vos arrières. Fossett a accepté que je le fasse puisque certains membres de ce « Club » ont déjà vu mon visage.

Thomas comprit alors que Thierry l'avait envoyé dans la salle de réunion afin de gagner du temps pour trouver un personne qui puisse faire ce qu'il n'était pas physiquement capable de réaliser.

-Je refuse, décréta-t-il. Je serais bien plus efficace tout seul.

-Mais vous n'avez pas le choix, réfuta la policière. Je ne vous laisserais pas partir sans moi. Vous m'avez sauvé la vie pas moins de deux fois ; j'ai une dette envers et je compte bien l'honorer.

Il sentit une vibration dans sa voix qu'il ne reconnut que trop bien. « Ne vous liez pas à moi Emily Proctor » songea-t-il « les deux seules femmes qui ont été assez folles pour le faire l'ont chèrement payé dans leur chair et leur âme ».

Cependant, il savait aussi qu'elle avait raison et que Fortlud serait bien trop dangereuse pour lui s'il montait seul.

-Très bien, concéda-t-il. Mais une fois que nous serons là-haut, vous devrez vous méfier de tout le monde... y compris de moi.

CHAPITRE 9

Les jours qui avaient suivi la mort d'Armand s'était déroulé comme dans un rêve pour Gwendoline... un très mauvais rêve. Les policiers l'avaient d'abord interrogée comme un témoin mais rapidement elle s'était retrouvée au banc des accusés après que l'on ait retrouvé un second cadavre sur le quai 7 ainsi que l'arme qui avait servi à le tuer couverte des empreintes de la jeune fille sur le parking du même quai.

Gwendoline s'était défendu et avait expliqué le déroulement de la soirée mais les flics l'avait mise devant ce qu'ils considéraient être des contradictions. La première était qu'Armand et l'autre victime avait été tués avec la même arme et la seconde étant que les mains et les vêtements de Gwendoline portait des traces de poudre qui témoignaient qu'elle avait utilisé une arme à feu peu de temps auparavant.

Elle s'était donc retrouvée mise en examen pour meurtre et son avocat semblait affolé de la tournure des événements.

-Je vais être franc, lui avait-il dit, les preuves s'accumulent contre vous et nous allons devoir nous battre. Heureusement, pour l'instant, ils n'ont aucun mobile qui justifierait votre acte alors je pense que nous avons encore de bonnes chances. Nous allons voir devant le juge mais c'est le juge de Saint Servier, l'un des plus coriaces de la cour.

Gwendoline ne connaissait pas ce juge mais tout ce qu'elle savait c'était que tout cela sentait de plus en plus mauvais et qu'elle tombait de charybde en scylla.

Elle passa une nuit dans une cellule du commissariat et comprit qu'il y avait bien pire que les chambres sombre du foyer pour mineur. Le lendemain, elle fut conduite sous bonne escorte au palais de justice.

Elle connaissait ce grand bâtiment pour avoir fréquenté la justice pour mineurs quand elle avait été placée au foyer mais c'était la première fois qu'elle montait au 3e étage celui de la justice pénale et elle en pesait bien toute les conséquences : les crimes dont on l'accusait étaient passibles de la peine de mort.

Le bureau du juge froid et impersonnel : juste une petite table et quelques chaises posées au milieu d'une pièce aux murs blancs.

-Veuillez excusez l'allure spartiate de ces lieux, expliqua le juge comme si cela avait une quelconque importance, mais mon bureau a connu un terrible accident suite à une fuite de gaz et il y en a pour plusieurs mois de travaux.

Ils prirent donc place dans cet endroit sans vie. Gwendoline était accompagnée de son avocat, du juge et de sa greffière, une vieille femme aux cheveux blancs et aux lunettes rondes.

-L'affaire est très grave, estima le juge. Mademoiselle Blouse, vous êtes accusée d'un double meurtre sur les personnes de messieurs Armand Solon et Bonaventure Touré.

-Monsieur le juge, intervient la jeune fille, je ne connais pas ce monsieur Touré...

-Mais un certain Antoine Pontoni dit le gros Tony, la coupa le juge visiblement irrité par son intervention, vous le connaissez, non?

-Oui, concéda-t-elle consciente que cet aveu contraint la desservait. Mais je ne le fréquente pas vraiment.

-Ah bon? Alors expliquez-moi pour quelles raisons quelqu'un que vous ne fréquentez pas vraiment a fait virer sur un compte à votre nom la modique somme de 250 000 dollars?

Elle se liquéfia à cette annonce et pensa que le juge bluffait comme les policiers l'avait fait durant toute la durée de son interrogatoire mais ce dernier tendit à son avocat un document qu'il s'empressa de lire avant de devenir blanc comme un linge. Elle lui arracha le document des mains et reconnut le numéro de compte qu'on lui avait ouvert dans le but d'y verser l'argent qu'elle comptait soutirer à Christine Veron et effectivement quelqu'un y avait viré une forte somme d'argent.

-Mais monsieur le juge, osa son avocat, comment peut-on affirmer qu'il s'agisse comme par hasard de ce monsieur Pontoni?

-Vous croyez que je suis un idiot et que les officiers de police des incapables? Le secret bancaire n'est pas total dans notre pays et nous savons que cet argent vient d'un compte provisionné par ce sinistre personnage et il se trouve que le dit Bonaventure Touré était comme par hasard l'un des principaux concurrents du gros Tony dans la lutte d'influence que se livrent tous les petits caïds de la ville depuis quelques semaines depuis la disparition inexpliqué du parrain local surnommé Freddy. J'aurais cependant cru que les malfrats soient plus malins que ça et ne fassent pas appel à de petites frappes de 18 ans sans expériences pour éliminer leurs adversaires.

-Vous ne pensez pas tout de même que..., s'offusqua l'avocat.

-Je ne pense pas, je constate. Nous avons l'arme du crime portant les empreintes de votre cliente, sa présence avérée sur le lieu du crime grâce à des caméras de surveillance et au sang de monsieur Solon et la preuve qu'elle a utilisé cette arme et grâce à ce virement j'ai le mobile : l'argent. La seule question que je me pose est de savoir si Armand Solon faisait partie du contrat ou s'il vous accompagnait et qu'il s'est montré encore plus incompétent que vous.

Gwendoline ne répondit pas, elle était sous le choc. Son avocat demanda alors une interruption de l'entretien afin de reprendre ses esprits et le juge la lui accorda.

Gwendoline se retrouva alors assise sur l'un des bancs du couloir du palais de justice, attendant le bon vouloir de son avocat. Ce dernier était pendu à son téléphone et semblait discuter avec un de ses confrères.

-Il est en train de vous refiler à un de ses assistants, expliqua le garde qui se tenait à côté d'elle. Il ne croit plus en vos chances. Partie comme vous êtes partie, c'est perpet, au mieux.

Elle se tourna vers lui et le dévisagea, incrédule. Il s'agissait d'un garde officiel et il n'avait pas fonction d'officier de police judiciaire et donc aucun intérêt à la faire parler ; elle ne comprenait donc pas son intérêt à la démoraliser. Il reporta son attention vers les vitres qui se trouvaient en face d'eux afin que personne ne remarque qu'il était en train de lui parler.

-Je ne plaisante pas, rajouta-t-il. Le juge est dur s'il sent que l'on s'obstine dans ses mensonges.

-Mais je ne mens pas, assura-t-elle.

-Alors essayez d'en parler avec lui, mais seule à seul.

-Je n'ai pas le droit.

-Mais si. Récusez votre avocat et demandez une audience en privé, je suis sûr qu'il vous écoutera. De toute manière, il ne pourra pas se servir de ce que vous direz contre vous. Au pire, vous prendrez un nouvel avocat ensuite et tout repartira à zéro. Je crois que vous n'avez rien à perdre.

Le garde se tut et Gwendoline posa son regard sur son avocat qui lui tournait toujours obstinément le dos. Elle se leva pour se planter devant lui.

-Je vous récuse, déclara-t-elle sous son regard médusé.

CHAPITRE 10

Gwendoline se présenta donc seule devant le juge pour la suite de son audition. Ce dernier ne parut pas surpris du changement et elle se rendit compte que la greffière était absente elle-aussi.

-Vous avez récusé votre avocat, constata le juge, c'est parfait nous allons pouvoir discuter plus librement.

Gwendoline sentit alors un changement dans le ton employé par le magistrat et elle eut l'impression étrange qu'elle venait de se jeter dans un nouveau piège.

-Monsieur le juge, je..., commença-t-elle.

-Tais-toi! La coupa-t-il sur un ton sec. Tu n'aurais jamais dû faire chanter Christine Veron!

Elle se tut et comprit alors les raisons qui justifiaient toute cette histoire. Elle était tombée dans un piège tendu par cette salope de Veron qui voulait l'empêcher de révéler la vérité sur ce que son père lui avait fait subir. Elle se leva alors.

-Je ne me laisserais pas faire, menaça-t-elle. Je vais tout dénoncer à la presse et à la justice. Ils vont tout savoir!

-Et qui te croira? Lui rétorqua le juge qui n'avait même pas cillé devant sa colère. Tu es une criminelle désormais accusée par des preuves accablantes d'un double meurtre. Dans moins d'une semaine, tu seras en prison et dans un mois, je me fais fort de te faire condamner à la peine de mort. Et tu sais le mieux? Personne ne pourra trouver de lien entre Christine Veron et moi parce que nous ne nous connaissons pas.

Elle s'effondra sur son siège et elle comprit qu'elle fichue. Le juge sut alors qu'il avait gagné et profita de son avantage.

-Je peux cependant me montrer miséricordieux, proposa-t-il, et tout arrêter. J'ai deux options : soit transmettre le dossier à la cour qui te mettra en accusation soit l'orienter vers le bureau du procureur où une autre « amie » le glissera en dessous d'une pile bien conséquente où il dormira pendant des années mais pour cela tu devras faire ce que je te dis.

-Que voulez-vous? Abandonna-t-elle.

-D'abord tu vas nous remettre toutes les preuves que tu as en ta possession puis tu rédigeras une lettre dans laquelle tu reconnais que jamais Jacques Veron n'a abusé de toi. Ce sera une garantie dans le cas où tu retrouves ta langue ou qu'une autre résidente de ce foyer se souvienne de son passé avec ce directeur un peu trop « affectueux ».

Il lui tendit alors un papier et lui dicta ce qu'elle devait écrire. Chaque mot qu'elle dactylographia lui arracha le cœur et elle en finit même par pleurer. Le juge récupéra le document mais ne s'en contenta pas.

-Maintenant je veux le nom de tes complices, précisa-t-il.

Elle hésita une seconde.

-J'ai agi seule, assura-t-elle en espérant que son mensonge passerait.

-Ne te moque pas de moi, rétorqua le juge, toute cette affaire m'a montré à quel point tu étais trop idiote pour monter une telle affaire et en plus tu avais besoin d'aide pour obtenir certaines preuves comme le profil génétique de Jacques Veron. Je veux leurs noms ou je t'envoie à la chaise.

-Pitié, ne m'obligez pas à faire ça.

Le juge se leva et se dirigea vers la porte. Il l'ouvrit et appela sa greffière.

-Madame Yror, contacter le juge Porto pour le prévenir que je lui transmets le dossier d'accusation de mademoiselle Blouse : double meurtre. Je veux un procès rapide avec peine de mort.

Le cœur de Gwendoline cessa de battre une seconde et elle hurla.

-VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT!!!

-Pas de hurlement ici, répondit le juge. Ou j'appelle les gardes. Je n'ai plus rien à voir avec vous, contactez un nouvel avocat pour votre procès.

-MARINE! Lâcha alors la jeune fille. MARINE OSPINS!

Le juge eut un rictus de victoire et se tourna vers sa greffière.

-Annulez mon ordre, fit-il. Je dois encore préciser certains détails.

Il referma la porte et retourna s'assoir en face de la jeune fille qui était totalement effondrée.

Gwendoline n'en pouvait plus, elle venait de trahir la seule personne qui l'avait sauvée. Marine était l'éducatrice qui l'avait assistée au moment de son avortement à l'âge de 16 ans et c'était aussi elle qui avait osé affronter Jacques Veron pour qu'il cesse d'abuser d'elle. Ce dernier n'avait plus posé la main sur la jeune fille mais avait fait payer chèrement son audace à Marine en la cantonnant dans des fonctions humiliantes jusqu'à sa mort. Marine trouvait que faire payer sa famille était un bon remboursement pour ces années de brimades qu'il leur avait subir à toutes les deux.

-Parfait, triompha le juge. Tu vois ce n'était pas si difficile. Et les autres?

-Je ne les connais pas. S'il y en a d'autres, c'est Marine qui les connait.

-Ce n'est pas grave, nous ferons parler cette demoiselle comme nous t'avons fait parler. Je pense que c'est satisfaisant.

-Alors je peux partir? Demanda-t-elle pleine d'espoir.

-Certainement pas.

Et elle vit dans ses yeux la même lueur que celle qu'elle lisait dans ceux de Jacques Veron quand il rentrait dans sa chambre quand elle était enfant.

CHAPITRE 11

Diaz reçut un coup de téléphone d'Angel.

-Angel? fit-il. Attendez une seconde.

Il quitta alors son salon pour rejoindre la terrasse de sa tour.

-Vous êtes toujours là?

-Oui, répondit Angel dans le combiné. Que se passe-t-il?

-Rien de terrible mais ma maison est envahie par des fonctionnaires de la région qui vérifient le réseau électrique à ce que j'ai compris. C'est l'inconvénient de vivre dans un monument historique. Alors que puis-je pour vous?

-Je ne sais pas si vous êtes au courant mais nous avons eu un petit problème récemment concernant Christine Veron.

-Le juge m'en a parlé. Vous l'avez réglé?

-Le principal mais il nous reste quelques détails et nous voudrions que vous vous occupiez de l'un d'entre eux, il s'appelle Marine Ospins.

CHAPITRE 12

Gwendoline était restée encore trois jours dans les cellules du palais de justice puis son nouvel avocat, un inconnu payé spécialement par le juge de Saint Servier, était venu lui expliquer la situation. Elle restait accusée de meurtre mais son dossier avait été transmis au bureau du procureur et confié à une certaine Serena Southerlyn qui suivrait scrupuleusement les consignes du juge. Même dans son état, elle comprit le sens caché de ses paroles : le vieillard continuait de faire peser une épée de Damoclès sur sa tête. Mais le pire était à venir quand il lui annonça qu'elle avait été placée sous le régime de la tutelle judiciaire. Elle était désormais la pupille du juge ce qui voulait dire qu'aux yeux de la loi, elle était redevenue une mineure qui devait obéir aux ordres de de Saint Servier. Son avocat lui expliqua aussi qu'elle devait aller habiter chez son nouveau « père » dès ce soir et que cette condition n'était pas négociable sous peine de rester en prison (sous entendu de se voir immédiatement accusée de meurtre à nouveau).

Ce fut ainsi que le soir même, elle fut extraite de sa cellule et contrainte à monter dans une grosse voiture noire où le juge de Saint Servier l'attendait. La voiture démarra immédiatement et elle partit vers une nouvelle existence qu'elle savait par avance désagréable. Durant le trajet le juge la détailla avec un regard concupiscent qui lui rappela de nouveau le comportement de cette pourriture de Jacques Veron et elle se maudit alors d'avoir accepté de suivre le plan imaginé par Marine pour se venger de ce vieux salopard par l'intermédiaire de sa fille.

-Tu es belle, la complimenta le vieillard en passant sa main dans ses cheveux bouclés. Jusqu'à présent je n'avais que des blondes, pas de rousse.

Elle ne comprenait pas le sens réel de ses paroles mais elle ne cherchait pas non plus à les saisir tant elle était perdue dans son désespoir intérieur.

La voiture chemina dans les rues de la ville pour finalement se garer devant un grand immeuble bourgeoise totalement différent du HLM pourri où Gwendoline vivait auparavant. Elle avait toujours rêvé habiter dans un tel endroit mais, à l'heure actuelle, elle avait plutôt l'impression de vivre un cauchemar.

La porte s'ouvrit et un noir à la carrure impressionnante et vêtu d'un costume sombre lui tendit la main pour lui indiquer de sortir. Elle prit sa main et, en quittant la voiture, jeta un coup d'œil circulaire sur la rue pour envisager la possibilité d'une fuite. Elle sentit alors la pression de la main du noir sur la sienne. Il avait parfaitement saisi ses intentions et lui faisait comprendre qu'il ne lui laisserait aucune latitude : elle était leur prisonnière et le resterait.

Le juge descendit de la voiture à son tour et la main de Gwendoline passa de celle du noir à la sienne. Le vieillard la serra avec la même force que son chauffeur auparavant et la jeune fille dut se rendre à l'évidence : elle était bel et bien prise au piège. Si elle tentait de fuir, elle pourrait sans doute échapper au juge qui devait avoir plus de 60 ans mais le géant qui l'accompagnait était parfaitement capable de la rattraper en quelques mètres et elle ne pouvait pas compter sur l'aide de la police. Elle se laissa donc conduire jusqu'à l'ascenseur de ce grand immeuble puis jusqu'à l'entrée d'un grand appartement. Le juge glissa la clé dans la serrure et la fit entrer chez lui pour lui faire découvrir un spectacle qui lui glaça les sangs.