De Masques Et De Sang 05

" Le premier lien... Est en place... Mais... Incontrolable... "

Evie sentit la main d'un des jumeaux se poser sur son front. Toutes ses pensées semblèrenr comme aspirées, puis, plongeant dans les ténèbres elle s'endormit.

Quand elle se réveilla elle était toujours dans le lit, nue et moite. On avait rabattu les draps de soie pour la couvrir. Ses sens décuplés lors de sa première prise de sang avec Zachariah avaient atteint un autre niveau cette fois ci. Elle pouvait sentir chaque centimètre carré de tissu sur sa peau et dés qu'un de ses mouvements provoquait un frottement, elle pouvait sentit son désir de la veille menacer de se réveiller. Elle prit une profonde inspiration et s'assit dans le lit, les draps glissant jusqu'à ses hanches. Un léger courant d'air frais traversait la pièce, elle pouvait le sentir caresser sa nuque et ses seins nus qui pointaient encore fièrement vers le haut. Elle rabattit le drap sur sa poitrine et la maintint avec son bras, s'efforçant de calmer sa respiration qui s'accélerait.

Elle se concentrait sur son souffle et tachait de faire abstraction du reste. Ses sens se calmèrent sensiblement, suffisamment pour que tout ne lui donne pas envie de sauter sur le premier venu.

Elle sursauta quand on frappa à sa porte. Merik entra sans attendre qu'elle réponde. Il semblait de mauvaise humeur et portait une pile de vêtements. Elle serra les draps un peu plus fortement contre elle, rougissant.

Le jeune servant de grande taille à la peau fonçée était torse nu, simplement vêtu d'un pantalon de tissu beige particulièrement ample. Il alla poser les vêtements dans un coin de la pièce, l'ignorant presque.

Elle pouvait sentir l'air frais sur son dos et la naissance de ses fesses, lui faisant prendre conscience d'à quel point elle était nue.

Elle le suivait des yeux, embarassée.

" Bon... Jour... "

Il se tourna vers elle, lui jetant un regard noir. Il détailla les courbes de son corps au travers du drap et ricana.

" J'ai déjà vu tout ce qu'il y avait à voir... "

S'empourprant elle se mordit la lèvre.

"... Vous avez un problème avec moi? "

Il s'approcha du lit, croisant les bras. Elle recula instinctivement, gardant les draps serrés contre elle, méfiante.

Il lui adressa un sourire narquois.

" Ton tour viendra. "

Elle déglutit, nerveuse.

" Mon tour? "

Il s'approcha encore un peu plus jusqu'à rejoindre le bord du lit.

" Chaque fois que les maitres ramènent un nouveau jouet, il est bichonné et le précédent rejoint les autres pour briquer, nettoyer, servir et aider pour leurs expériences... (Elle pouvait sentir son odeur, du parfum de fleurs, probablement un savon. Elle entendait aussi les battements de son coeur, calmes et contrôlés.) Il n'y a pas assez de sang pour tous... Alors les serviteurs les plus anciens... Ceux qui servent depuis des centaines d'années... Ceux là sont simplement... (Il marqua une pause, la fixant intensément.) Sevrés. Ils se décomposent, jour après jour, dévorés par la soif... Jusqu'à ce qu'ils meurent simplement, abandonnés par les maitres... Ca peut prendre des semaines, parfois des mois... Voilà le sort que vous nous avez réservé. Voilà ce qui attend plusieurs des nôtres..."

Elle blêmit, sentant son coeur se serrer dans sa poitrine. L'idée de ne plus jamais boire du précieux nectar et d'être simplement abandonnée lui semblait un bien pire sort que la mort.

Elle déglutit et secoua la tête.

" Je n'ai pas choisi d'être ici et... "

Elle laissa échapper un cri tandis qu'il arrachait les draps d'un coup sec. La jeune femme se recroquevilla sur elle même, couvrant au mieux son intimité et sa poitrine avec ses bras et ses jambes. Elle le foudroya du regard tandis qu'il se fendait d'un sourire malveillant.

" Gardez vos discours. Tôt ou tard les maîtres se lasseront. A moins que vous ne les déceviez avant ça... Ce qui pourrait arriver bien plus vite que prévu... Et alors, sans leur protection, croyez moi que chacun des servants ici vous fera passer un mauvais quart d'heure. "

Il laissa son regard couler sur le corps de la jeune femme, ses yeux brillants étrangement puis il jeta les draps vers elle avant de se diriger vers la sortie.

Evie frissonna, une boule d'angoisse lui nouant l'estomac.

Merik marqua une pause devant la porte.

" Ho et si vous comptiez en parler aux maîtres... Je le saurais... Et j'ai accés à cette chambre à toute heure... "

Evie déglutit, mesurant pleinement la menace.

" Je ne comptais pas... "

Elle soupira. Il avait déjà disparu.

Les vêtements qu'il lui avait rapporté étaient plutot minimes. Le pantacourt aux jambes bouffantes mais plutot moulant partout ailleurs et le haut composé de deux bandes de tissus couvrant ses seins et se croisant dans le dos lui donnait l'impression d'être une de ces princesses arabes de dessin animé. Le tissu était doux, soyeux et opaque mais les vêtements laissaient une grande partie de sa peau nue. Ils ne semblaient pas non plus de ceux qui croient aux sous-vêtements, il n'y en avait aucun. Elle trouva une bande de tissu bleu nuit qui contrastait avec le ton de sa tenue beige pâle et décida de nouer ses cheveux en une queue de cheval. Ça mettait en valeur sa nuque et elle sentait que ca plairait aux maitres.

Nerveuse à l'idée de s'aventurer dans les couloirs et d'y faire une rencontre déplaisante, elle prit le temps d'examiner en détail chaque recoin de la chambre.

Elle découvrit avec déplaisir que derrière certains meubles il y avait des ouvertures dans les murs, surement pour que les mains oculaires puissent aller et venir à leur guise. Le reste de la chambre se limitait à des voilures, des coussins, quelques vases décorés, encore des coussins, encore des voitures, et le grand lit central. Examinant le lit plus en détail elle remarqua des anneaux d'acier dans la structure, sans doute là pour des jeux nécessitant d'être attachée songea t'elle.

L'idée lui fit tourner la tête. Elle déglutit sentant ses sens s'éveiller, le contact du tissu sur sa peau devenant soudain beaucoup plus prononcé.

Elle se mordit la lèvre, se forçant à respirer plus calmement puis elle décida qu'un tour lui ferait le plus grand bien.

Elle quitta la chambre à pas de loup, un sentiment d'interdit venant effleurer son esprit. Passer devant la chambre des maîtres fut bien plus difficile. Elle mourrait d'envie de s'aventurer dans leurs quartiers, d'être présente si ils avaient besoin de quelque chose. Pire elle envisagea l'idée qu'elle ne soit pas là quand les maitres viendrait la chercher.

Se faisant violence, elle continua à avancer, non sans jeter un regard inquiet vers leur porte.

Le sol était froid sous ses pieds nus, mais se concentrer sur cette sensation lui rendait plus facile d'en ignorer d'autres. Elle avait eu beau prêter attention au cheminement des jumeaux, elle n'était pas certaine d'où elle allait. L'endroit était impossiblement grand et après ce qu'elle avait vécu recemment elle commençait à penser qu'il y avait peut être une forme de magie à l'oeuvre. Elle croisa d'autres servants qui semblaient tous affairés. Certains l'ignorèrent simplement, d'autres la dévisageaient avec curiosité ou méfiance, elle eut même droit à quelques sourires. Evie commençait à s'interroger sur le nombre d'occupants des lieux. Si chacun d'entre eux consommait le sang des maitres, comment pouvaient ils être aussi nombreux?

Alors que la jolie brune avançait, perdue dans ses pensées, elle faillit percuter un homme qui portait une espèce d'armure de cuir noire. Il était particulièrement pâle, ses cheveux sombre contrastant avec sa peau. Il jeta un regard noir à Evie qui se dépêcha de s'écarter pour le laisser passer, baissant les yeux, un frisson lui parcourant la nuque.

Un sourire malveillant orna le visage de l'homme, révélant des crocs effilés tandis qu'il jetait un coup d'oeil à la jolie brune. Son coeur battait la chamade, sa poitrine couverte seulement par les bandes de tissu croisées s'élevant et s'abaissant au rythme de sa respiration saccadée. L'homme sembla satisfait, ses yeux suivant le tracé de son abdomen puis il détacha son regard de la jolie brune pour reprendre son chemin.

Elle se mordit la lèvre, songeant que les jumeaux n'étaient peut être pas les seules cainites aux alentours, puis elle se décida à reprendre sa route, ses pas se faisant plus hésitants.

Alors qu'elle passait devant une porte, elle entendit des éclats de rire. Le fait était suffisamment rare dans les environs pour qu'elle ait envie d'y jeter un oeil.

Elle entrouvrit la porte, prudemment, son regard se posant sur le fessier et le dos musclé d'un jeune gaillard blond particulièrement athlétique qui riait à gorge déployée, nu comme un ver. La jolie brune ouvrit de grands yeux avant de remarquer le reste de la piéce. Il y avait des balances, des tubes à essai, alambics... Un gros paquet de scalpels et scie en tout genre également. Face au grand blond peu porté sur les vêtements, un jeune homme basané, de faible corpulence, aux cheveux noirs bouclés semblait mal à l'aise, une fiole dans la main, tandis que deux jeunes filles du même âge étaient écroulées de rire à ses côtés, jetant des oeillades à l'homme nu. Une d'entre elle semblait délicate, ses longs cheveux blonds ayant été soigneusement peignés, son air malicieux tranchant avec les regards qu'Evie avait croisés dans les parages pour le moment. L'autre semblait plus froide mais aussi plus garçon manqué, ses tresses rousses et ses taches de rousseur contrastant avec les cheveux blonds de son amie. Les jeunes gens portaient des blouses de laborantin mais à en voir leurs mollets et pieds nus ainsi que les décolletés des deux jeunes femmes, elle n'était pas certaines qu'ils portent plus.

" On peut vous aider ...? "

Evie sursauta tandis que la rousse la fixait avec un air méfiant.

Le grand blond se retourna pour faire face à Evie, l'air vaguement surpris mais son visage s'illumina en apercevant la jolie brune et il posa ses mains sur ses hanches, se dressant fièrement. Une partie de son anatomie était tout aussi dressée. Le jeune homme était bien pourvu et le tracé prononcé de ses muscles semblaient indiquer le chemin vers son membre vigoureux. Evie rougit et détourna le regard, mal à l'aise. Elle pouvait sentir son sang affluer dans son bas ventre.

" Relax Rose, n'effraie pas une potentielle victime du Lewissator! " Le grand blond fit un clin d'oeil à Evie avant de se tourner vers la rousse.

La jeune femme blonde plutôt délicate le bouscula presque et vint tendre la main à Evie, souriante.

" Je suis Grace. (Elle lui serra chaleureusement la main avant de désigner la rousse.) Voici Rose... Ici tu as Ahmad. (Le jeune homme basané inclina poliment la tête, visiblement gêné.) Et lui... (Elle se tourna vers le grand blond.) C'est un crétin. Mais tu peux l'appeler Lewis. "

Grace éclata de rire, suivie par Lewis. Elle reporta son attention sur Evie, souriante.

Les jeunes gens avaient l'air amicaux, mais de ce que lui avait expliqué Merik, la vérité y mettrait surement un terme. Elle arbora le sourire le plus convaincant dont elle était capable et serra doucement la main en retour.

" Je suis Clara. Mon... Maitre... M'a envoyé ici quelques jours pour... Apprendre. "

Rose, la rousse qui était la seule du groupe à ne pas s'être détendu haussa un sourcil, croisant les bras.

" Vraiment...? Ça m'étonnerait tiens, les maitres gardent activement le secret de ce qui se passe ici. C'est pour ça que nous n'avons pas le droit de sortir... Alors... "

Evie lutta pour ne pas déglutir et garder son sourire intact.

" Je ne le savais pas. C'est un ordre du prince. Je n'en sais pas plus et ce sont les histoires des maitres, pas les notres. Si? " Son coeur s'arrêta quelques instants, ses lèvres figées dans un sourire lui semblant soudainement grotesques alors qu'elle gardait les yeux rivés sur la rousse.

Rose se renfrogna, la détaillant fixement.

Elle tapa deux ou trois fois du pied sur le sol, sans la quitter des yeux.

" Je n'y crois pas un seul instant. "

Evie cherchait une idée à toute vitesse, mal à l'aise, quand Grace alla passer son bras autour du cou de Rose et l'ébouriffa, gloussant.

" Ne fais pas attention Clara. C'est notre Rosie nationale, elle se méfie toujours de tout et de tout le monde. "

Cette dernière marmonna quelque chose avant de s'extirper des bras de son amie pour retourner se concentrer sur un cahier de notes posé sur une des tables.

Ahmad souriait poliment mais semblait toujours aussi peu à l'aise tandis que Lewis ne détachait plus ses yeux du corps d'Evie.

Elle toussota.

" Vous faites quoi ici du coup...? "

Ahmad, dont la nervosité ne semblait pas se calmer, bafouilla en montrant leur espace de travail.

" Des recherches pour euh... Les maitres... Sur le sang et... "

Rose le gifla, s'étant rapproché de lui sans crier gare.

" Je ne suis pas certaines que les maitres voudraient que tu trahisses leurs secrets, idiot! " La rousse semblait passablement furieuse et redoublait d'effort pour ignorer Evie.

Grace la foudroya du regard.

" Si c'est un ordre du prince et que nous désobeissons nous leur attirerons des problèmes, et tu sais ce qui arriveras alors... "

Rose jeta un regard dédaigneux à Evie, la toisant de bas en haut sans croiser son regard.

" Si tant est qu'elle dise vrai. Je n'en crois pas un traitre mot. "

Evie était de plus en plus mal à l'aise, d'autant que son ennemie du moment était dans le vrai.

" Excusez moi, je ne voulais pas déranger... Je vais... "

Grace secoua la tête et vint l'attraper par le bras, forçant un sourire.

" Ca va aller. Rose se calmera. (Elle jeta un regard noir à la rousse.) Ce qu'Ahmad voulait dire... (Ce dernier était rouge écarlate.) C'est que nos recherches concernent principalement le sang des maitres et son effet sur les humains... "

Evie hocha doucement la tête, songeuse.

Lewis s'était rapproché aussi près que possible sans être inconvenant, tout du moins si il avait été habillé et il se fendit d'un sourire.

" Je cherche une assistante si tu veux aider Clara. "

Grace gloussa, Ahmad pressa la paume de sa main sur son visage tandis que Rose affichait un sourire narquois. Grace ne put s'empêcher d'intervenir en voyant le regard perplexe de la jolie brune.

" Lewis est persuadé que... Hum... Sa dose de sang lui permettrait de repartir aussi vite après... Tu vois... Il l'a gardé rien que pour ça. "

Le grand blond produisit une minuscule fiole au contenu rougeâtre, l'exhibant fièrement entre ses doigts.

Evie haussa un sourcil, dubitative.

" Vous avez... Des doses? "

Rose ricana avant de reporter son attention sur ses notes tandis que Grace souriait à Evie.

" Et oui Clara, nous n'avons pas tous la chance de boire à la source comme toi avec ton maître. (Elle souriait mais ses yeux brûlaient de jalousie.) Nos maîtres ont des centaines de serviteurs, aucun autre cainite n'en est capable. (Elle semblait désormais rayonner de fierté.) Tout ça grâce aux expériences qu'on mène ici... Combien de sang est nécessaire, la fréquence... Les effets aussi... " Grace roula des yeux, rougissant légèrement.

Evie se mordit la lèvre en pensant à ce qui lui était arrivé et l'état dans lequel elle était depuis ce matin. En apprendre plus l'aiderait peut être.

" Je peux vous aider...? Tant que ca n'implique pas... " Elle désigna l'entrejambe de Lewis en rougissant, un sourire au coin des lèvres.

Grace gloussa.

" On a déjà tous couché ensemble ici, dans toutes les combinaisons possibles... (Elle gloussa à nouveau, roulant des yeux.) C'est le sang, tu sais quand... (Elle esquissa un sourire rêveur.) Mais t'inquiète on doit pouvoir te trouver un truc. "

Les heures passèrent rapidement. Evie lavait, nettoyait, inventoriait tout en écoutant les discussions et les plaisanteries du groupe. Elle ne put s'empêcher de rire la plupart du temps, même quand c'était à son insu. Tout cela avait un goût de normalité qui lui faisait beaucoup de bien. Les sujets portaient bien souvent sur le sexe, ce qui l'amena à rougir plus d'une fois mais elle passait un moment agréable.

Tout s'interrompit quand un jeune servant débarqua à toute allure, glissant sa tête dans l'embrasure de la porte.

" Grande salle! Maintenant! " Il repartit en courant comme un dératé sans leur donner plus d'explications. Le groupe d'amis échangea des regards inquiets sous l'oeil perplexe de la jolie brune.

Lewis avait enfilé sa blouse en un éclair et semblait déjà sur le départ.

" Ne trainons pas! "

Ahmad et Rose étaient déjà à ses trousses. Grace pris le temps de se tourner vers Evie.

" Tu peux nous accompagner Clara. Mais à ta place je retournerai auprès de mon maitre... "

Evie n'eut pas le temps de rétorquer quoique ce soit qu'elle avait déjà quitté la pièce. Son bon sens lui dictait de regagner sa chambre. Elle jugea préférable de ne pas l'écouter et s'élança à la suite du petit groupe.

La grande salle n'était pas très loin quand on en connaissait le chemin. Evie s'efforca de trouver des points de repères alors qu'elle les suivait, consciente qu'elle aurait bien du mal à retrouver sa chambre.

Quand le groupe des quatres laborantins s'arrêta soudainement de courir pour adopter un pas rapide elle sut qu'ils avaient atteint leur destination. Ils franchirent avec prudence une grande double porte, l'entrouvrant à peine pour se faufiler, et arrivèrent dans une salle d'une taille imposante, remplie de tables entourées par des chaises. L'endroit lui évoquait une cafétéria sans nourriture, remplie de servants. Elle ne doutait pas qu'ils soient une cinquantaine rien que dans la piece.

Evie eut un frisson en apercevant l'homme pâle vêtu de noir qu'elle avait croisé un peu plus tôt. Il était debout, un poignard à la main, flanqué de deux autres individus avec la même dégaine. Devant eux, à genoux, se tenait un jeune homme d'une vingtaine d'année, son visage arborant un air de défi. Il était sale, comme couvert de suie.

Tout le monde était muet comme une tombe. Evie songea un instant à interroger les autre mais les 4 avaient l'air comme hypnotisés par la scène. Elle reporta silencieusement son attention sur les hommes en noir.

Quand celui qu'elle avait croisé pris la parole, on aurait pu entendre une mouche voler.

" Vous le savez tous! Les secrets des maîtres doivent le rester! (Il marquait des pauses, marchant de gauche à droite dans un soucis de théâtralité.) Cet avorton ici... (Il le saisit par le col, le faisant bouger comme si il ne pesait rien.) Non seulement a t'il volé mais il voulait utiliser la magie des maitres. (Il toisait la foule prudemment.) Qu'il serve d'exemple à tout ceux qui trahiraient la confiance des maîtres... "

Sans plus de digressions, il souleva le jeune homme par la gorge, celui ci aggripant l'avant bras de l'homme en noir, griffant, frappant, gémissant, tentant veinement de se dégager. A en voir la facilité avec laquelle il le soulevait et le maintenait, nul doute qu'il aurait pu lui broyer la trachée ou lui briser la nuque sans effort, mais il voulait faire un exemple.

Il planta son poignard dans le bas de l'abdomen de sa victime qui hurla de douleur, puis, d'un geste lent et précis, il remonta la lame jusqu'à ce qu'elle heurte le bas du sternum, éventrant complètement le jeune homme à l'agonie dont les entrailles se déversaient sur le sol. Il laissa le mort en sursis qui hurlait de souffrance s'effondrer sur le sol. Evie du faire un effort de volonté énorme et laissa échapper un cri d'horreur. Certains autres servants semblaient tout aussi choqués. D'autres avaient l'air presque blasés.

Les hommes en noir ne prirent pas la peine de l'achever ou de s'occuper du condamné. Ils quittèrent simplement la salle tandis que les servants s'écartaient vivement sur leur passage, faisant preuve d'un respect mû par l'effroi. Le supplicié suppliait, appelait à l'aide, geignait et négociait pour retarder l'inévitable quand la voix d'une femme s'éleva, couvrant les chuchotements et les sanglots qui hantaient la foule.