Ashram Shambala 02

Quelle fierté et quel délice d'être ainsi debout et triomphant, le sexe prêt à être dégainé, face à une femme soumise, à poil et à genoux, avec de si jolies courbes!

Je réalise que c'est plus amusant de punir une innocente, cette injuste cruauté en rajoute à la rage sexuelle. Je ne comprends pas pourquoi elle a ouvert la bouche alors que je ne lui ai pas demandé, j'aime bien cette posture de soumission mais je n'aime pas qu'elle anticipe ma volonté ou cherche à l'influencer. J'aimerais lui cracher dessus, mais je m'abstiens étant piètre cracheur, je n'arrive pas à faire de beaux crachats qui viennent de loin et je ne voudrais pas me ridiculiser en ne faisant que lui postillonner sur le visage. En guise de crachat, je lui administre un « salope de merde! » que probablement seule Ramona ici peut comprendre. Je me reprends en disant à peu près la même chose en anglais : « Fucking piece-of-shit-whore! ».

Je me demande pourquoi un homme crache sur une femme, et ça humilie la femme. Alors que les hommes semblent aimer dans les films de boule que les femmes leur crachent dessus, et que c'est encore dans ce sens-là la femme que c'est censé humilier. De même pour la pisse d'ailleurs. Quand la fille se fait pisser dessus, on dit que c'est une merde (bon, ça, ça me paraît logique!). Mais quand c'est elle qui pisse sur un homme, on dit que c'est dégradant pour elle et bonheur pour l'homme, je n'comprends pas trop les règles de ce jeu bizarre qui a l'air un peu pipé. Comme si le crachat et la pisse masculins étaient dégueulasses, mais que ceux des femmes étaient nectar. C'est vrai que la pisse des hommes est en général plus dégueu que celle des femmes, plus foncée, plus malodorante, de consistance un peu plus épaisse, et les crachats c'est un peu pareil. Mais le fait de pisser devant une caméra semble indécent et dégradant pour une femme, alors que pour un homme ça parait naturel voire valorisant. Ce qui vaut d'ailleurs pour toute l'intimité sexuelle, on dit toujours que les actrices X vendent leur intimité, s'exhibent, se salissent, mais pour un homme cela semble aller de soi. Alors que les faits prouveraient l'inverse, c'est toujours les mêmes dix mecs qu'on voit dans tous les pornos et qu'on glorifie, alors que les femmes sont des milliers totalement interchangeables. Il y a la un sexisme auto-reverse incroyable, les hommes et les femmes sont méprisés chacun à leur façon. Et je remarque dans tout ça qu'on fait toujours comme si l'homme était né vil et sale tandis qu'on érige la femme comme un monument de pureté pour mieux ensuite bander de la voir finalement brisée et souillée. C'est comme si on inventait à la femme une pureté artificielle pour ensuite la traîner dans une saleté elle aussi artificielle. Maman ou putain, deux fantasmes absurdes de l'homme qui ne veut que des saintes ou des putes et veut à tout prix ériger une frontière infranchissable entre les deux catégories, cet homme qui ne reconnaît aucune dimension naturelle à la femme, qui veut lui faire jouer des rôles comblant son narcissisme et son manque d'imagination. Drôle d'absurde comédie.