Promenade en Nomen's land

BÊTA PUBLIQUE

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Mille questions harcèlent mon entendement et se heurtent à un mur comme les vagues se heurtent à la digue.

Des questions qui reviennent exactement comme les vagues et chaque fois s'en retournent comme la houle rejetée par le mur et se heurtent aux vagues montantes en créant des murs d'eau. J'ai cette image en tête pour l'avoir contemplé souvent au bord de la mer.

Tout en marchant j'essaie de mettre mes idées en place mais je me heurte à l'image de la biche au milieu du chemin.

Le temps a bien changé depuis mon départ en promenade, il faisait beau quand j'ai quitté la maison, maintenant le temps est gris et crois bien que la pluie va commencer à tomber. Tiens voila les première gouttes. J'ai été bien inconscient de partir ainsi sans vêtement de pluie, mais franchement, qui aurait pu prévoir! Le temps était si beau.

Je lève les yeux sur les arbres, il me semble bien que le vert des feuilles est plus sombre, peut être est-ce le temps qui assombrit tout?

Je m'inquiète de ne pas retrouver mon chemin, et plus encore de ne voir âme qui vive. Pour le coup, je ne reconnais plus rien dans ce bois. J'arrive à un carrefour et je reste perplexe au milieu de la croisée des chemins, bien en peine de choisir l'une ou l'autre direction. Je suis pensif, il faut bien que je prenne une décision, je ne vais pas tourner indéfiniment entre les arbres du bois. Je tente de réfléchir, voyons, je viens d'ici, de l'ouest donc, ma voiture est vers l'est, peut être suis-je allé trop vers le nord? Je vais tenter à droite.

Sans plus de conviction et vaguement inquiet je prends l'allée de droite. Toujours aucun repaire, je m'avance entre des arbres que je ne connais pas. Je ne vois personne et cela fini par m'inquiéter. De plus, l'heure tourne et je sens bien que le jour décline. Quelle heure est il? Je regarde ma montre, bien sur elle est arrêtée, l'aiguille des secondes ne tourne plus et elle indique quinze heures trente cinq. Je hausse les épaules et je continue mon chemin vers un lieu improbable.

Je marche depuis des heures sans rien reconnaître de mon lieu de prédilection, je commence à être hanté par la peur de me retrouver seul, la nuit, dans cette forêt. Un début de panique me prend, en plus je commence sérieusement à avoir faim. Je presse le pas, je fatigue, vers où aller? Où demander mon chemin? J'ai le souffle de plus en plus court, j'ai soif aussi.

Je perçois un trou d'eau un peu en retrait de la route, je vais aller un boire un peu et tant pis pour les microbes. Je me penche au dessus de l'eau et je suspends mon geste. Je reste là, je regarde mon image dans l'eau de la marre, je suis très pale, toute couleur a quitté mon visage. Pourtant je marche depuis des heures, je devrais être plutôt rougeaud à l'heure qu'il est! En me penchant à nouveau je vois une marque rouge au milieu de mon front, je regarde sans comprendre, approchant encore mon visage de la surface de l'eau, j'en oublie de boire et je reste à contempler cette forme vaguement carrée au milieu de mon front.

Je reviens pourtant à mes préoccupations et mes mains plongent dans l'eau troublant par la même occasion mon image à la surface. Je bois entre mes mains réunies en coupe plusieurs fois, étanchant une soif plus grande que je ne la ressentais.

Quand j'ai fini de boire, je reste accroupi au bord de l'eau, attendant que le calme revienne et je regarde encore ma tête dans l'eau de la marre. Une marque rouge de forme carrée est bien visible au milieu de mon front.

J'ai du mal à m'extraire de cette contemplation, péniblement je me remets debout, je perçois alors toute ma fatigue et je comprends que je n'irai pas beaucoup plus loin. Il faut que je me repose un instant, et pourtant le soir va tomber vite. Je regarde tout autour, cette situation est ridicule! Je ne vais quand même pas passer la nuit au bois de Verrières à cinq kilomètres de chez moi!

La colère me redonne un peu d'énergie et je me remets en route, mais je me rends bien compte que je titube de fatigue. Non, décidément je ne pourrais pas aller bien loin. Je m'arrête au milieu du chemin et j'écoute, à la recherche du moindre bruit qui serait un indice de civilisation. Au bois on entend toujours une rumeur, impossible d'oublier l'activité humaine, alors écoutons.

Mais rien, pas un bruit, mis à part les branches des arbres et les feuilles agitées par le vent frais du soir. Je frissonne, décidément, je ne reconnais plus rien à rien.

La fatigue et le découragement font naître une espèce de désespoir. J'avise un tronc sur le bord du sentier et je m'y affale plus que je m'y assoie. La tête baissée j'essaie de rassembler ce qui me reste de force mentale pour tenter une réflexion sur mon sort, mais j'abandonne vite car il commence à faire froid maintenant. Il faut sérieusement que j'envisage de passer la nuit dans le bois. Je n'ai rien, pas de vêtement de rechange, mon pantalon est boueux et ma veste à bien regarder ne vaut guère mieux. Il va falloir que j'envisage un abri. Je tourne la tête à droite et à gauche, il y a des branchages par là, je me lève lourdement et je rassemble mes branches pour en faire une hutte sous laquelle je trouverai un peu de repos. Je rassemble de la mousse, des feuilles sèches dessous pour adoucir mon repos et quand je m'installe dans mon abri de fortune, il fait quasiment nuit.

Trop fatigué pour analyser quoi que ce soit, je m'endors sous les arbres, abandonnant la partie.

C'est la lumière du jour qui m'a réveillée. Etonné, je regarde autour de moi : qu'est ce que je fous là? La question récurrente!

Je relève la tête, je frissonne, décidément le temps est frais. Au dessus le ciel est éclairci par rapport à hier. Je vois défiler des flocons blancs entre de grands moments de bleu. Je me sens courbaturé et affaibli. Pourtant il va falloir marcher encore, trouver la sortie, arrêter ce jeu ridicule et pour finir, rassurer au plus vite celle qui doit être aux cent coups!

Je rampe hors de mon abri à quatre pattes, la lumière me harcèle mais je finis par m'y faire, regardant tout autour de moi pour n'y voir que des lieux inconnus.

Je me mets debout et je perçois alors toute ma fatigue. Des douleurs se font jour au niveau de mes reins ou de mes genoux. Il faudra bien pourtant passer outre. Je me rends à la marre où j'ai bu la veille, cette eau représentant pour moi ma seule alimentation possible, et puis, je suis bien curieux de voir si j'ai toujours cette marque au milieu du front.

Hé oui! Elle est toujours présente au milieu de mon front et je me demande bien où j'ai pu chopper cette cochonnerie!

Je ne m'attarde pas à la marre, je bois son eau entre mes mains et je me remets péniblement en route, tentant de me repérer au moindre indice, mais sans succès.

Le découragement a fini par avoir raison de mon corps. Après trois ou quatre heures de marche pénible, je me laisse tomber sur un tronc d'arbre, la fatigue a eu raison de moi. Une rage impuissante me submerge en même temps qu'elle m'anéantit.

Seul dans la forêt, affamé et épuisé je suis bien incapable de raisonner. Je vais rester là un moment, il le faut, je ne peux pas aller plus loin, et quand bien même, à quoi bon puisque je ne sais plus où je suis!

Ma stratégie va désormais être une stratégie de survie!

Voila ce que je me dis, affalé sur le tronc d'arbre, aussi abattu que le tronc lui-même.

J'ai la tête aussi vide que basse, je ne vois aucune solution immédiate pour me tirer de ce lieu devenu soudain si hostile.

Combien de temps suis-je resté ainsi? Peut être une heure et demie ou deux heures, qu'importe le temps désormais? Je n'ai dans l'oreille que le murmure tranquille des branches agitées au vent frais qui courre entre les troncs. Ce bruit me berce et finit par m'apaiser, il est reposant aussi et me permet de refaire quelques forces, si ce n'était cette faim qui commence à me tenailler sévère, ma situation serait acceptable. Mais la marre est bien loin maintenant, et là où je me trouve il n'y a pas d'eau. D'ailleurs le sol est très sablonneux par ici, un sable fin et blanc, je ne savais pas qu'il y en avait autant dans le bois de Verrières.

J'en suis là de mes réflexions lorsque j'entends autre chose que le vent dans les branches. Au début c'est presque imperceptible, je n'y prête pas attention avant de prendre conscience que ce que j'entends c'est le pas d'un cheval. Je me redresse, le souffle suspendu et l'oreille plus que jamais attentive. Oui c'est bien un cheval, mais je ne le situe pas. Je me lève de mon tronc d'arbre et je scrute autour de moi, tentant de découvrir d'où provient le bruit des sabots, mais ils sont trop éloignés. Je n'ai pourtant pas rêvé, j'ai bien entendu un cheval!

Je me force au calme, retenant mon souffle encore j'écoute de tout mon être. Oui, je perçois le bruit du cheval, je pense même qu'il se situe dans cette direction, plus loin sur le chemin.

Je me mets en marche, je cours presque à la rencontre de ce qui pourrait être ma délivrance, je fais cent mètres, deux cents mètres, je m'arrête au milieu de la route, j'écoute encore. Je crois bien que le bruit est plus proche, j'ai moins de mal à le percevoir. Je reprends mon chemin, je cours le long du sentier sur plusieurs centaines de mètres, je suis hors d'haleine puis je me fige et me force à respirer lentement. Pas de doute, je l'entends plus nettement et j'arrive à orienter le bruit, il vient légèrement de ma gauche en avant de moi.

Je reprends ma route en courant à foulées modérées, toute fatigue et fringale ayant momentanément disparues. A cinq cents mètres devant, je perçois un carrefour, sans doute le cheval y apparaîtra bientôt.

Je ne me suis pas trompé, alors que je suis encore à environ trois cents mètres, le cavalier apparaît avec sa monture, et puis un second. Je suis sauvé, je cours, je crie, enfin quelqu'un qui va pouvoir me renseigner.

Ils ne m'ont pas encore vu, ils continuent leur chemin et traversent le carrefour, je pique un sprint pour les atteindre, je crie en même temps, je manque de souffle et mes poumons commencent à me brûler. J'atteins le carrefour à mon tour, ils sont là à cinquante mètres et je me mets à crier plus fort. Ils se retournent, enfin, ils m'ont vu et ils arrêtent leurs chevaux.

Je me presse vers eux comme un dératé, j'arrive enfin à leur hauteur, ce sont des gardes forestiers tout de vert vêtus.

Comme je suis hors d'haleine je reste là incapable de proférer un son, essayant du geste de leur faire part de ma détresse.

Ils descendent de cheval et me regardent comme une bête curieuse, ils s'approchent, j'arrive enfin à retrouver un peu de souffle.

S'il vous plait, pourriez vous me dire où je me trouve, je me suis perdu?

Vous êtes dans la Forêt de Fontainebleau.

Hein!

Vous êtes à Fontainebleau!

Où ça??

A Fontainebleau!

Je regarde mon interlocuteur, j'ai toujours le souffle bruyant. Puis je regarde le second garde qui s'est approché. Je répète dans un souffle « à Fontainebleau » comme si je n'avais pas compris les mots qu'ils viennent de me dire.

Qu'est ce que je fous là!

Les deux hommes me regardent sous le nez.

Ca ne va pas monsieur?

Je secoue négativement la tête.

Non, je suis dans le bois de Verrières!

Ils se regardent puis ils me regardent, ils me scrutent de la tête aux pieds, ils ont vu mon jean sale, ma veste tâchée de boue, mon teint cadavérique et sans doute aussi ma tâche rouge sur mon front. Ils ouvrent de grands yeux et me regardent d'un air inquiet.

Non monsieur, me dit celui qui semble être le chef de patrouille, je vous assure vous êtes bien à Fontainebleau.

J'ai un malaise, mes jambes se dérobent et fléchissent, je titube et je suis rattrapé sous les bras par les gardes qui me soutiennent.

On va vous appeler du secours.

Il sort un téléphone cellulaire et compose un numéro. Après une brève discussion, il se tourne vers moi et me parle.

On va vous emmener à la maison forestière et la on viendra vous chercher. En attendant on vous ramène à cheval.

Il s'en est suivi une séance épique, car il a bien fallu me hisser sur le dos d'un des chevaux, juste derrière le second du garde, et m'y tenir en équilibre.

Une fois là haut, les chose se passent mieux finalement et je fais le reste de la route dans un confort relatif, en tout cas, dans des conditions de fatigue bien moindre.

Il a quand même duré un certain temps ce voyage, ne me demandez pas combien de temps, je suis trop abasourdi pour avoir une notion claire du temps.

Juché sur le cheval j'essaie de mettre de l'ordre dans ma tête pour savoir comment j'ai pu passer du bois de Verrières à la forêt de fontainebleau.

Enfin une clairière et en son centre la maison forestière. Plusieurs routes y convergent dont plusieurs asphaltées. Nous descendons de cheval et les gardes m'amènent à l'intérieur, ils me font asseoir et me demandent si ça va mieux.

J'ai faim, j'ai soif.

Oui bien sur, on va vous donner ce qu'il faut.

Ils me préparent un petit déjeuner (ou un goûté!) qui est le bienvenu. Je l'apprécie comme un festin, il me semble ne pas avoir mangé depuis des lustres, la sensation des aliments descendant mon œsophage m'est presque nouvelle et surprenante. Je mange d'abord timidement la tranche de pain, l'accompagnant d'une gorgée de café. Toutes ces sensations, ces goûts me paraissent nouveaux, il me semble les redécouvrir et à la façon dont je regarde le bol de café puis la tranche de pain, mes interlocuteurs, assis en face de moi, se rendent bien compte que je ne suis pas un citoyen ordinaire.

Ils m'observent avec la plus grande attention, se demandant qui je peux être.

Ils finissent par me le demander et je décline mon identité. En fouillant mes poches, je retrouve mon portefeuille et je le leur tends. A l'intérieur, ma carte d'identité confirme ce que je viens de leur dire. Ils me demandent alors ce qu'il m'est arrivé et je leur explique qu'hier, je suis allé me promener dans le bois de Verrières et que j'ai fait un malaise.

Ils se regardent, incrédules, et me répètent que je suis bien à Fontainebleau. Pour me le prouver, le second se lève et me désigne la carte murale de la forêt de fontainebleau en pointant son doigt sur le lieu où nous sommes.

Je secoue la tête, je n'y comprends plus rien et je répète sans arrêt « Qu'est ce que je fous là »

J'ai du dévorer le reste de leur pain en même temps qu'un plein bol de café. Après quoi les deux hommes se concertent pour savoir qu'elle attitude tenir envers moi. Ils finissent par contacter la gendarmerie et peu de temps plus tard une camionnette bleue s'arrête devant la maison forestière.

Les deux gendarmes saluent les gardes et viennent vers moi.

Nous nous saluons.

Alors que vous arrive t il?

Je ne sais pas!

Les gardes expliquent la situation, je répète ce que j'ai déclaré aux gardes, les gendarmes me regardent, ils me posent des questions sur ma tâche frontale, je réponds que j'ignore tout de sa provenance. Ils me demandent si je suis tombé, je réponds que non. Ils me trouvent mauvaise mine et décident de me prendre avec eux pour m'emmener à la gendarmerie et me faire examiner par un médecin.

Je prends congé des gardes forestiers, je les remercie pour leur aide et nous partons.

Encore quelques kilomètres et nous voici dans un village, j'ai eu le temps de lire le panneau à l'entrée de la bourgade, « Recloses »... Connais pas!

A la gendarmerie, nouveaux conciliabules entre gendarmes qui me considèrent comme une bête curieuse avant de m'inviter à répondre à leurs questions. J'ai le sentiment d'être un suspect qu'ils viennent d'arrêter. Je suis mal à l'aise dans ces locaux.

Assis sur le bout de ma chaise je fais face au gendarme qui tape son rapport sur son ordi. Il me pose des questions auxquelles je tente de répondre de mon mieux. Je sens bien que ce que je peux lui dire ne le satisfait pas mais ce n'est pas de ma faute. Même si je ne le sens pas franchement hostile, je sens bien une méfiance dans son attitude et cela ne contribue pas à me mettre à l'aise. Je me sens gauche dans mes réponses, parfois même contradictoire, je me reprends, me contredis, je bafouille. L'homme en face de moi me regarde avec patience, les sourcils froncés il essaie de me suivre dans les méandres de mon cerveau perturbé.

Cela dure, encore des heures qui passent, je ne saurais les décompter. En définitive, avec un grand soupir, le gendarme met fin à notre entretien. C'est alors que, levant les yeux, mon regard se pose sur le calendrier mural.

Il s'agit d'un calendrier que l'on effeuille chaque jour, laissant apparaître une date quotidienne, souvent agrémentée d'ailleurs, d'un petite blague pour chaque jour de l'année.

Le gendarme a vu mon attitude changer, ma bouche s'arrondir, puis ma mâchoire pendre tandis que mes yeux s'arrondissent, enfin mon doigt pointe le calendrier.

Le gendarme regarde alternativement mon doigt et le calendrier sans comprendre.

Ce.... C'est la date d'aujourd'hui?

Oui.

Mon regard va du gendarme au calendrier.

Ce n'est pas possible!

Pourquoi?

Hier nous étions de douze Mai!

Le gendarme me regarde comme si j'étais un dément.

Non! Hier nous étions le vingt Septembre!

Je sens le sang refluer de mon visage, ma tête se met à tourner, le gendarme danse devant mes yeux qui se brouillent et le rideau tombe sur la scène.

*

J'ai sursauté en ouvrant les yeux et en découvrant la blouse blanche à lunette penchée au dessus de moi. Je pousse un cri et je veux me relever, fuir de là, je ne veux pas subir....

Calmez vous me dit la blouse blanche, reposez vous un peu, vous venez de faire un malaise. On va vous faire quelques examens, patientez un peu.

Je patiente donc, non sans me demander pourquoi j'ai soudain cette fâcheuse tendance à tomber dans les pommes. En fait je n'attends pas bien longtemps et la blouse blanche à lunettes revient un stéthoscope pendu autour de son cou.

Vous avez eu des problèmes cardiaques?

Non.

Vous en êtes sur?

Oui.

Silence. L'homme de l'art poursuit son examen, le stéthoscope se promène toujours sur ma poitrine. Il fixe son instrument sur ma peau et il se penche, sa physionomie est tendue, ses traits tirés, il écoute. Il hoche la tête, se redresse et soupire en regardant mon corps d'un air dubitatif.

Je ne comprends pas!

Quoi?

Votre cœur bat tout à fait anormalement.

Je ne dois pas être le premier!

Non, certes, mais comme ça, je n'en ai encore jamais vu!

Ah!

Oui! Il va falloir faire des examens complémentaires.

Je me sens bien pourtant.

Non vous êtes dans un état d'épuisement physique, nous allons devoir vous hospitaliser quelques jours. Votre tension artérielle est basse.

Ce n'est pourtant pas d'avoir marché en forêt qui m'a épuisé!

Certes non, vous étiez fatigué avant d'aller vous promener?

Pas spécialement.

Alors comment expliquer que vous êtes non seulement dé hydraté, mais qu'en plus vous présenté les symptômes des personnes mal nutries?

Je l'ignore, je n'ai aucun problème de santé pourtant.

Le docteur me regarde et se penche vers moi. Il regarde mon front.

Il y a ces taches colorées que vous avez sur le front et sur l'abdomen.

Sur l'abdomen?

Oui sur l'abdomen.

Je n'avais vu que cette tache carrée sur mon front.

Sur l'abdomen la tache est ronde et elle entoure votre nombril.

Qu'est ce que ça peut être?

Si je le savais! Ca ne ressemble à rien de connu, ce n'est pas de l'eczéma, pas une brûlure, pas d'origine allergique. Ca vous gratte, ou ç'est douloureux?

Non pas du tout.

Le docteur me regarde pensif.

Bon, je vais faire le nécessaire pour que vous restiez ici quelques jours, nous allons vous réhydrater et vous nourrir de façon à vous rétablir. Les gendarmes se chargent d'avertir votre famille et tout devrait rentrer dans l'ordre.

Combien de jours?

Cela dépend de vous principalement, mais vous serez sous surveillance.

Pardon docteur, à quel hôpital suis-je?