Promenade en Nomen's land

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Une étrange promenade dans un bois bien innocent.
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Jipai
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Pourtant dieu sait si je le connais ce bois de Verrières! Je l'ai arpenté dans tous les sens de long en large et en travers et aucune de ses allées ne sauraient m'être étrangères. Pourquoi aujourd'hui j'hésite tant sur mon itinéraire? Est-ce parce que j'ai voulu cette fois faire ma balade dans un sens différent, que je n'ai pas pris d'emblée les allées qui m'étaient les plus familières? Cette allée me semble interminable et interminablement droite. Je sais, elles sont presque toutes tirées au cordeau mais celle-ci me semble interminable.

J'avance entre les grands chênes, les arbres sont apaisants et c'est pourquoi j'aime venir me promener au milieu d'eux, je sens alors mon front se détendre et mes idées se libèrent. Une allégresse tranquille s'introduit en moi petit à petit dans ce milieu paisible où seul le vent agitant les branches vous murmure une douce musique.

Aujourd'hui rien de tout ça! J'ai l'impression que tout s'agite autour de moi et sans parler vraiment d'angoisse, je sens comme une gène. Qu'est ce qui peut bien y avoir là-bas? Qu'est ce qui brille dans l'ombre des arbres? Ne serait ce pas des voitures? Le bois est interdit à toute circulation, ce ne serait pas possible. Je m'avance toujours dans cette allée décidément trop droite, à trois ou quatre cent mètres, ça brille toujours sous les branches, ce sont bien des voitures et mieux encore, je perçois un haut parleur! Quelque part il y a un haut parleur dont je n'entends pas distinctement le son. On donnerait donc une fête dans le bois de Verrières? Qui se permet cela? Un bois d'habitude si paisible, un bois où l'on peut se promener des heures sous les grandes ramures et se détendre si complètement.

Je dépasse les autos garées sur ma droite, pour la majorité d'entre elles, elles ne sont pas du département. Dans l'une d'elle une femme est en train de faire manger ses trois enfants. Je poursuis, encore des voitures. J'arrive à un carrefour, cette fois je vais bifurquer, m'éloigner de ce tumulte, peu importe si je ne reconnais pas vraiment cette allée mais je m'éloigne, je suis venu pour le calme et la solitude, pas pour la fête champêtre. Il me faut parcourir encore plusieurs centaines de mètres pour ne plus entendre ni le haut parleur ni le bruit des autos. Et pourtant, je croise encore des itinéraires fléchés accrochés aux branches : « parc auto », « rassemblement » etc.....

Tiens, une biche traverse le sentier devant moi. Sans doute fuit elle le rassemblement d'humains. C'est la première que j'en rencontre dans ce bois. On m'avait dit que quelques années avant on avait introduit des cerfs dans le bois mais je n'en avais jamais vu. Je souris, l'animal était gracieux, je l'ai à peine aperçu tant il effleurait le sol en traversant l'allée.

Encore un bruit de moteur, ils ont décidé de me gâcher ma balade! Je me mets sur le coté et je me retourne. Un bus cette fois! De mieux en mieux, un bus en pleine forêt, ces gens sont des iconoclastes. Le lourd véhicule me dépasse, il est vide et il bifurque au croisement suivant. Moi j'irai tout droit histoire de mettre de la distance entre lui et moi.

Mon chemin débouche sur une route asphaltée. Je la reconnais et me voila et peu rassuré, je me repère mieux et je choisis le sentier qui repart de l'autre coté de la route pour s'enfoncer dans l'ombre des arbres. Il n'y a plus de bruit de haut parleur, plus de voitures, je me détends un peu pour reprendre le pas paisible du promeneur.

Dans les hautes futaies des oiseaux mènent un drôle de sabbat, je ne les vois pas, ils sont des centaines, peut être davantage, je les sens venir sur ma gauche, leurs trilles les précèdent, des battements d'ailes dans les hautes branches, un froissement de plumes et de feuilles qui se rapproche, vaguement menaçant. Je pense aux oiseaux d'Hitchcock et malgré moi un frisson me court le long du dos. Les oiseaux sont au dessus de moi, ils sont sûrement très très nombreux car ils font un raffut monstre, la, juste au dessus de ma tête. Je lève les yeux, impossible de voir quoi que ce soit dans les hautes branches, je perçois juste des cris innombrables, perçants de milliers d'oiseaux en transit au dessus de ma tête.

Ils s'éloignent, nouvel apaisement. J'ai trop d'imagination. Je souris seul dans ce bois à nouveau familier et que je reconnais parfaitement. Il me reste quelques centaines de mètres à parcourir et j'aurai fini ma promenade en forêt. Cette allée je l'ai parcourue des dizaines de fois, j'en savoure tous les arbres.

Tiens, une autre biche, ou la même après tout! Oh! Pourquoi la biche devient elle floue tout à coup? Je me frotte les yeux, mon regard est trouble, la biche s'est arrêtée au milieu du chemin, elle me regarde, elle a la tête tournée vers moi et je ne vois que ses yeux en amandes d'un noir profond et qui me fixent. Mais sa silhouette s'estompe, je ne vois plus qu'une tâche brune devant moi, je titube, j'essaie de me raccrocher à quelque chose, mes bras battent l'air et je perds connaissance.

*

C'est un long tunnel de lumière. Il me semble avoir retrouvé mes sens, je le constate avec plaisir mais aussitôt je me demande où je me trouve.

Le tunnel débouche sur une pièce toute aussi lumineuse. Une lumière blanche semblant venir de nulle part et de partout à la fois, une pièce ni trop grande ni trop petite.

Pourquoi suis-je allongé sur une table? Comment ai-je fait pour m'y allonger? Pourquoi ne puis je me relever? Je regarde tout autour, j'ai plus de curiosité que d'inquiétude. Les murs sont blancs, le plafond est blanc et le sol est blanc, mais je ne peux pas en évaluer la distance exacte, tout semble baigner dans un flou cotonneux au point que je me demande si je rêve. Je tente encore de me lever mais je ne peux pas bouger, serai je paralysé? Me serai je fait mal en tombant tout à l'heure dans le bois? Je dois être dans une clinique quelconque, des médecins vont venir et ils vont me soigner, j'ai du faire un malaise tout à l'heure. Un malaise devant une biche! Je vous demande un peu!

Peu à peu je m'habitue à cet environnement clinique. La pièce semble vide à part la table sur laquelle je repose. Il me semble même que je flotte juste au dessus de cette table, je ne la sens pas sous moi, ou alors est ce l'effet de la paralysie? Je commence à m'inquiéter, un début de panique s'empare de mon corps qui frissonne, je tourne la tête désespérément de droite à gauche à la recherche d'un être vivant, je vais même crier si cela continue.

Je voudrai crier, mais aucun son ne franchit le seuil de mes lèvres, maintenant je tremble comme les feuilles du bois tout à l'heure, je panique, je voudrais bouger, voudrais crier, voudrais partir, courir loin d'ici. Mais aussi soudainement le calme revient et je me détends, c'est alors que je perçois une forme sombre dans cet univers tout blanc. Je voudrais lui dire des choses mais toujours cette paralysie qui m'empêche de m'exprimer. Parallèlement, me parviennent des idées apaisantes, en même temps que l'ombre se matérialise peu à peu en un être tout noir, haut d'environ un mètre cinquante. Il a le corps recouvert d'une combinaison noire qui le couvre de la tête aux pieds, pas un pouce de son corps n'est apparent sous sa combinaison qui fait penser aux plongeurs sous-marins. Seuls ses yeux en amande sont perceptibles, eux aussi sont noirs et brillant, c'est cette brillance qui fait qu'on les remarque. Il a les yeux étirés vers les tempes, il me regarde intensément de ses yeux tout noirs, sans iris, et il me fait passer des messages par son regard. C'est étrange, tout de suite j'ai compris son mode de communication, son regard me fait parvenir des pensées apaisantes. Mon corps se détend à nouveau mais mon esprit est sur ses gardes. J'ai peur malgré les ondes bienveillantes qui détendent mon corps.

Mille questions traversent mon cerveau en même temps : où suis je? Avec qui? Je voudrais rentrer chez moi, ma femme va s'inquiéter, elle va me chercher, cela va nous perturber, il faut que je m'en aille....Il faut que je...Il faut...

Petit à petit mon cerveau a ralenti son activité, je n'arrive plus à formuler une question, quelque part dans les limbes de mon moi le plus reptilien une petite musique me dit de me détendre encore. Me détendre, c'est bien le moment! Oui, me détendre, allons, je suis bien là, allongé sur cette table. Mais ma femme, je....Non, se détendre et se détendre encore, rien ne peut arriver, je suis entouré d'amis, ils ont le pouvoir de tout aplanir, toutes les difficultés, il suffit de me laisser guider par eux.

J'ai le cerveau disponible, voila, c'est l'exacte vérité, mon cerveau est disponible, débarrassé de toute sortes de scories qui l'encombraient jusqu'à ce jour et je suis près pour ce qui doit venir maintenant.

L'être en noir s'est rapproché de la table, il se penche sur moi, je vois qu'il a un embryon de nez et une fente à peine perceptible en guise de bouche. Nulle expression sur ce visage uniformément noir, ovale, où seuls les yeux communiquent.

Son message est toujours le même, je dois rester tranquille sur ma table jusqu'à l'arrivée des gens qui vont m'examiner.

Quelles gens?

Aussitôt ses yeux m'envoient des ondes apaisantes, les gens vont venir, cela ne sera pas douloureux.

Mais je voudrais rentrer.....

Plus tard plus tard, tout est fait pour que les choses se passent au mieux.

Qui êtes vous?

Personne, je suis personne, je ne suis qu'une entité, un robot biologique, ma fonctionnalité est réduite à l'accueil des étrangers et à leur préparation psychique.

?

Ne vous posez pas de question, vous êtes entre des mains expertes, ils vont bientôt venir vous examiner.

M'examiner?

Nous avons besoin de comprendre votre fonctionnement, nous vous observons depuis des siècles terrestres, nous sommes parvenus à déchiffrer votre monde jusqu'au plus petit insecte et nous entrons maintenant dans la phase ultime de notre recherche, l'étude des êtres supérieurs peuplant cette planète.

Malgré mon incapacité totale à bouger ou à penser, une irrépressible envie de fou rire est monté d'un seul coup. Cela a du se voir sur mon visage et l'entité a reculé en m'envoyant des ondes de reproche comme si j'avais commis un sacrilège. Très vite il a repris le contrôle de mon esprit et mon fou rire s'est éteint.

C'est sérieux vous savez!

Pourquoi moi? En guise d'être supérieur vous êtes assez mal tombés.

Non pas du tout, nous savons que votre code génétique diffère peu d'un être à l'autre et vous étiez disponible.

Disponible!

Oui nous vous avons choisi pour votre disponibilité.

!!!

Vous ne pouvez comprendre le fondement de nos recherches.

Effectivement, et dans l'état de dépendance où je me trouve il n'est pas question d'approfondir.

Je renonce donc à poser mes questions, mon regard parcoure l'espace et j'ai la sensation étrange de ne pouvoir donner de dimension à ce lieu.

Ne cherchez pas à établir une quelconque relation avec ce que vous connaissez.

Je tourne la tête, il est agaçant à la fin avec ses introspections.

Ne soyez pas impatient, « ils » vont venir.

Comment ne pas être pour le moins inquiet allonger sur cette table sans pouvoir bouger, n'étant plus maître de mes gestes ni même de mes actes d'après ce que je comprends.

Je renonce donc à tout et je regarde fixement ce qui pourrait être un plafond. Mon esprit flotte comme un objet en apesanteur, sans pouvoir se fixer, sans cohérence, sans fil conducteur.

Et ils sont là, ils se penchent sur moi, ils ne sont guère différents de l'entité qui me parlait tout à l'heure, la même taille la même combinaison noire. Peut être les yeux sont ils plus expressifs, plus « parlant ».

Pour l'instant ils sont deux à se pencher sur moi, je les regarde sans émotion, l'un après l'autre.

Une voix me parvient qui me dit qu'ils vont m'examiner, que ce ne sera pas douloureux, que c'est nécessaire et qu'après ils me laisseront. L'un des deux nouveaux arrivants s'éloigne et puis il revient, il porte à la main une longue tige métallique brillante, assez fine. Au fait comment sont ses mains, je les regarde, elles sont comme les notres, non, elles sont différentes, je ne sais plus, je ne peux pas voir s'il y a une différence, je ne peux pas compter les doigts, peut être quatre, peut être cinq? J'essaie de fixer mon attention mais mon cerveau se défile, il fuit les informations que je voudrais y imprimer, c'est désespérant, je suis devenu un légume.

Et puis le petit être pose sa tige métallique sur mon ventre, je le vois faire, que se passe-t-il? La tige s'enfonce par mon nombril et descends dans mon ventre, j'ai une sensation de froid dans l'abdomen, mes yeux suivent incrédules la progression du barreau métallique qui continue à s'enfoncer dans mon corps. Je voudrais crier, je voudrais partir, ce morceau de métal qui entre en moi me fait peur, je n'ai pas réellement mal mais je panique à sa vue. J'ai des fourmillements dans tout le ventre, des sortes de vibrations à hautes fréquences, maintenant je sens mon ventre qui chauffe sous l'effet des vibrations, la température monte à un niveau qui me fait réagir, je gémis sous la chaleur forte produite par la tige métallique. La chaleur décroît un peu en même temps que la fréquence des vibrations. Je halète, je transpire, je cherche des yeux quelque chose qui me rassurerait, mais dans ce milieu uniformément blanc rien qui me rattache à du connu.

Le petit être continue à maintenir sa tige métallique dans mon ventre, l'autre est penché auprès de lui, je sais qu'ils échangent des informations tous les deux à mon sujet mais je suis en dehors de leur sphère de communication. Je vois parfois leur tête bouger vaguement comme s'ils approuvaient ou comme s'ils niaient quelque chose.

La seconde entité s'approche de moi, il se penche au dessus de ma tête, il lève la main, il porte quelque chose entre ses doigts, une plaque métallique elle aussi. Au fait combien de doigts, j'essaie de compter, aussitôt mon cerveau m'abandonne, j'essaie encore de fixer l'attention sur ses foutus doigts, combien sont ils bon sang! Je m'énerve en vain.

Le petit être descend la plaque métallique qui touche mon front et il la maintient ainsi, le contact est d'abord froid et peu à peu se réchauffe. Est-ce la chaleur de mon corps qui réchauffe le métal? Non je ne pense pas car bientôt naît une sensation de chaud. Mon front est chauffé par cette plaque luisante. Comme pour la barre qui est toujours dans mon ventre, la chaleur monte jusqu'à me faire réagir et puis elle se stabilise à un niveau supportable. Des vibrations viennent vriller mon front, et au-delà toute ma tête est prise dans un étau douloureux, des vagues secouent toute ma boite crânienne au point de me faire crier de douleur. Les fréquences diminuent, et la chaleur se répand dans tout mon corps, j'ai le sentiment très net que la chaleur de ma tête va au devant de la chaleur de mon ventre, que tout cela se rejoint au niveau de ma poitrine et irradie dans tout mon corps. Un vrai malaise me prend, je n'aime pas cette sensation, sentir mon corps plus chaud qu'il ne l'est d'habitude. Ce n'est pas de la fièvre, je ne transpire pas, j'ai chaud, très chaud, une chaleur intérieure à mon corps qui irradie vers l'extérieur, comme si je produisais de l'énergie.

Je suis nu sur la table, jusqu'à maintenant je n'en avais pas eu conscience, ou bien je ne l'avais pas remarqué, comment ai-je pu ignorer que j'étais nu? Je jette un regard à mon corps abandonné aux deux entités qui « m'auscultent », j'ai la surprise de voir mon corps prendre une teinte orange phosphorescente! Je produis de la lumière, mon corps produit de la lumière orange dans cette pièce noyée de lumière blanche. Les deux teintes sont bien visibles et distinctes, je regarde avec effarement cette lumière diffuse qui beigne mon corps tout entier.

Le manège dure longtemps, je n'ai plus de notion d'heure mais je sais que c'est long, en tout cas j'en ai le sentiment. J'ai fini par m'abandonner tout à fait à mes deux investigateurs dans la mesure ou je ne perçois pas de douleur aigue, simplement une gène et surtout une furieuse envie d'être ailleurs. J'en prends mon parti et je me détourne d'eux.

Ils restent ainsi pendant encore un long moment et puis, ils me font savoir que l'examen est terminé et je sens nettement la plaque métallique s'éloigner de mon front en même temps que la barre se retire doucement de mon ventre. La température de mon corps décroît lentement pour devenir une chaleur douce et peu à peu je retrouve mes sensations.

Les deux entités se concertent, ils ont leurs « outils » à la main, ils semblent les comparer, je n'y comprends rien, il n'y rien à voir sur ces pièces nickelées, juste deux bouts de ferraille. Après ce moment de concertation, ils s'en vont comme ils sont venus, c'est-à-dire qu'ils disparaissent soudain.

A nouveau l'entité du début se matérialise et s'approche de moi. Puis tout redevient flou, il n'est plus qu'un fantôme noir qui s'estompe petit à petit. Je me retrouve dans le tunnel blanc qui m'aspire et m'aspire encore de plus en plus vite et jusqu'à ce que je perde connaissance.

*

Qu'est ce que je fous au pied de cet arbre? Je me suis endormi sans m'en rendre compte? Ce n'est pas possible! Je me promenais dans le bois et puis une biche....et puis....Où est elle passée la biche? Pourquoi est elle tout à coup devenue floue. Ca y est! J'ai perdu connaissance et me voila au pied d'un arbre! Mais pourquoi suis-je au milieu des arbres et non pas sur l'allée où j'ai rencontré l'animal?

Je me souviens très bien de l'endroit où j'ai perdu connaissance, j'étais environ à trois cents mètres de la clairière où j'ai garé la voiture.

Je sens l'humidité de la mousse contre mes fesses, il va falloir se lever et s'en aller mon gars! Tu ne vas rester la le reste de la journée. Je tente une première fois de me mettre debout et mes jambes se dérobent sous moi. Je chute lourdement sur le coté. Vexé je me remets à genoux cette fois et je tente de me remettre sur pieds. Je m'appuie à l'arbre sous lequel je me trouve. Ma tête tourne à la façon d'un manège un peu fou. Je ferme les yeux et tente de préserver mon équilibre. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi appuyé à l'arbre dont je ressens le lent balancement dans le vent.

Le manège ralentit et ma tête peu à peu retrouve un équilibre certes précaire mais acceptable. J'ouvre les yeux sur l'univers qui m'entoure et m'y habitue petit à petit. Bientôt je peux lâcher le tronc de l'arbre sans compromettre mon équilibre. Je tente un pas en avant, manque de tomber, me raccroche à une branche et rétablit la situation, précautionneusement je retente l'expérience, le résultat est concluant, je tiens debout et un troisième pas plus assuré me remet dans le droit chemin.

A propos de chemin où suis-je?

Je regarde tout autour sans trop reconnaître les lieux. Je suis au milieu des bois, je ne vois pas d'allée, juste un fouillis d'arbres et de buissons dans l'ombre des grands troncs. Je m'avance avec précaution, m'appuyant aux troncs, cherchant une direction vers où me diriger et je finis par déboucher sur une allée. Je ne reconnais pas les lieux, j'ai beau tourner la tête à droite, à gauche, rien qui n'éveille en moi un quelconque souvenir.

Il faut bien que je prenne une décision, à droite ou à gauche? Je jette encore un regard, la lumière semble venir de la gauche, donc ce serait l'ouest la bas? Je crois bien que pour rejoindre la voiture il faut que j'aille vers l'est, je prends à droite.

Je me mets à marcher, d'abord de façon incertaine, un peu comme un homme ivre et puis, petit à petit l'assurance me vient, je marche mieux et surtout plus vite. Je reprends petit à petit mes esprits, je regarde autour de moi, essayant de me repérer mais rien ne m'est familier. Je jette un coup d'œil à mes vêtements, je découvre que mon pantalon est boueux sur tout le coté droit. Pas étonnant j'étais allongé au pied d'un arbre. Je sursaute, qu'est ce que je faisais au pied d'un arbre endormi?

Jipai
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