l'Etablissement Chapitre 03

Pour lutter contre cette montée fulgurante de désir, provoquée par ces deux femmes, je ferme les yeux. Mais quelle mauvaise idée.... Avec les gémissements crescendo d'Émilie, à peine mes paupières fermées, mon esprit me la présente devant moi, enchainant les poses affriolantes et les gestuels de plus en plus évocatrices. Je suis bien heureux que l'une des femmes ait les yeux bandés et que l'autre soit absorbée à son affaire pour se soucier de moi. Je serai fort gêné qu'elle me voit avec une telle érection alors que je ne peux rien en faire. Attendre. Tel sera donc mon calvaire de la soirée? Je m'efforce de détourner le regard en serrant les points pour tenter de repousser les assauts de jouissances qui m'encerclent.

Un grognement guttural explose mes faibles défenses et m'arrache jusqu'à la réalité. La belle Pauline ne peut manifestement plus contenir son plaisir et exprime son contentement avec un son que je n'aurais jamais imaginé provenir d'elle. Si je reste plus longtemps je sens que je ne vais plus me retenir. Me faisant violence je décide donc de sortir. Prendre l'air. Me rafraichir. Et puis ma tâche est loin d'être finie, je dois encore assurer une nuit riche en évènements pour notre chère invitée de plus en plus dépravée. Dans le couloir je me fige un instant, revenant sur cette pensée. "Dépravée"... Dans ma tête il a pour la première fois une connotation péjorative. Que m'arrive t il? Cette femme prend du plaisir sans restriction et alors? Je ne peux en aucun cas la juger pour cela, je n'en ai tout simplement pas le droit. Je reprends ma marche, me dégoutant intérieurement d'avoir eu une telle pensée. Serai-je au final jaloux d'Émilie? Ou plutôt de ceux qui lui donnent tant de plaisir?

Perdu dans mes pensées, mes pas me mènent vers une salle que je connais bien. Oui, elle devrait être bien pour continuer. Je jette un rapide coup d'œil par la vitre teintée, personne dedans. Enfin si, il y a manifestement du monde, mais personne au centre et je me permets alors de renter. Je me retrouve alors dans une grande salle à l'acoustique particulière. Au centre de la pièce trône une estrade ronde et rotative, illuminée depuis le plafond, avec une chaise reposant dessus. Des chaises sont disposées tout autour formant des cercles concentriques de plus en plus grands mais celles-ci sont plongées dans la pénombre. Seul le premier rang se discerne depuis l'estrade, ou plutôt se devine plus qu'autre chose. Les autres rangs sont complètement invisibles. En remontant une allée vers le centre de la pièce, je dépasse quelques hommes qui attendent de différentes façons la prochaine séance. Lorsque j'arrive au centre et entre dans la lumière, je peux entendre des légers grommèlements, toux et autresplus ou moins discrètes protestations. Je ne suis pas exactement à leur gout mais je ne serai pas le prochain intervenant. Ecartant légèrement les bras dans une posture défensive, je m'adresse à l'audience.

"Bonsoir à tous, je me présente à vous, non pas en tant que prochain performeur, mais plutôt comme son messager. Ce soir, nous avons la chance de recevoir une 'invitée' que je souhaiterais vous amener. Elle est encore réservée mais je suis sûr qu'elle saura vous donner entière satisfaction. Si vous êtes prêts à prendre soin d'elle, à ne pas la brusquer mais la conduire élégamment sur la voix de l'exhibition, je me ferai un véritable plaisir de..." Je suspends ma phrase car la porte d'entrée principale vient de s'ouvrir dessinant une silhouette dans la lumière provenant de l'extérieur. Je reste ainsi suspendu au vol jusqu'à ce que je distingue qu'il ne s'agit que de Marc qui revient avec la caisse des objets nettoyés. Je sens la salle retenir son souffle jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'il ne s'agit pas là non plus du prochain performeur. Alors que je repends, Marc dépose sa cargaison sous la chaise au centre de l'estrade. "Je me ferai donc un véritable plaisir de vous l'amener d'ici 10 15 minutes. Alors réservez lui un accueil chaleureux et je suis convaincu que vous saurez la faire fleurir comme jamais! " J'ai embelli au mieux le tableau, leur faisant miroiter une belle friandise pour que tout se passe au mieux. Depuis l'estrade je ne distingue pas mon auditoire mais j'espère de tout cœur avoir su titiller sa curiosité.

Dans cette salle spéciale, s'il n'y a aucun performeur volontaire, il faut néanmoins assurer le plaisir des membres. Il arrive donc que l'on demande au personnel de venir sur l'estrade et de satisfaire les clients de l'Établissement. Je suis assez content de n'avoir jamais eu à me prêter à cet exercice. Après avoir remercié et salué d'une petite révérence, qui soulève quelques sifflements de la part des personnes présentent, je me retire en douceur. Au moment de sortir, une voix claire, ferme et féminine dit distinctement "Apporte nous ta protégée, nous l'attendons dans un délai raisonnable!"

C'est d'avantage le timbre de la voix que le ton ou même le choix des mots qui me provoque un frisson qui me remonte la colonne. Je suis tout sourire en refermant la porte. Commençant à connaitre Émilie, la présence de cette femme me réjouis fortement. Je suis catégorique que notre belle invitée ne restera pas de marbre face à elle et cela promet d'être captivant. C'est avec impatience que je retourne silencieusement dans l'antre de Pauline pour assister à l fin de la séance.

A suivre...