Exo[G]en – Koga et Seruani Ch. 02

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L'attente est longue, mais la récompense est à la hauteur.
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Partie 2 de la série de 2 pièces

Actualisé 01/14/2024
Créé 12/27/2023
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L'obscurité absolue.

Koga était de nouveau conscient, quoiqu'affaibli. Il avait l'impression de flotter dans le temps et l'espace, d'exister à un endroit L et à un moment T sans être acteur de ce qui se passait. Petit à petit, ses pensées s'organisèrent, les premières pièces du puzzle furent disposées dans les coins du tableau. Il remua lentement, à l'aveugle. Sa respiration était régulière, discrète. Ses paupières marchaient par à-coups, s'ouvrant l'espace d'une seconde avant de retourner au repos, elles aussi engourdies. Tout son corps semblait fonctionner avec une infinie lourdeur.

Mais il se sentait en sécurité, au chaud sous plusieurs couches de draps fins, confortable sur un lit médical rempli d'eau, la tête reposant gentiment sur un coussin ergonomique.

L'homme finit par prendre connaissance de l'environnement qui l'entourait, quelques minutes après son réveil difficile. Comme s'ils étaient verrouillés derrière un dispositif, les événements récents s'alignaient pour former un fil, tissant de nouveau l'historique des dernières actions réalisées.

Il se souvint de Seruani. Elle lui souriait, encore et toujours, l'embrassait longuement avec passion, lui serait la main avec douceur. Puis il la revit rejoindre sa chambre, vêtue également d'une simple chemise d'hôpital dans l'attente de son opération. L'opération... s'était déroulée, Koga l'avait compris, et celle de sa conjointe avait dû l'être aussi.

Alors ça y est, nous y sommes. La dernière ligne droite. La frustration est arrivée à son terme, et l'attente ne résume désormais qu'à une poignée de jours. Cinq jours avant la conception. Cinq petits jours pour permettre à nos corps de s'adapter à nos prothèses respectives.

Un bip sur sa gauche lui fit tourner la tête. Juste au-dessus de la barrière du lit, une tablette portable avait été installée, équipée d'un oculomètre pour transmettre des informations au personnel soignant sans avoir à bouger d'un centimètre ou de prononcer le moindre mot, une fonctionnalité bien utile lorsque le patient est immobilisé, par exemple. Des questions s'affichaient alors à l'écran, les unes après les autres, et Koga y répondait en fixant du regard la proposition appropriée. Dans le coin supérieur droit, l'heure indiquait 3h56.

- Avez-vous besoin d'une aide urgente? Non. - Sur une échelle de 0 à 10 (absente à insupportable), comment définiriez-vous votre douleur actuelle? 2, gêne intermédiaire. - Avez-vous des besoins spécifiques? Si « Aucun pour le moment », nous passerons vous voir vers 6h00 (ou avant si vous changez d'avis). J'ai soif. - Autre chose? J'ai des questions. - Vos réponses ont été prises en compte, un membre de l'équipe soignante va entrer dans votre chambre d'ici 5 minutes. Souhaitez-vous activer l'éclairage ambiant? Oui. - Fin du questionnaire, merci.

Au niveau du sol, des diodes électroluminescentes situées sous les canalisations d'eau vitrées apportèrent une faible luminosité à la pièce, ainsi que de nombreux reflets provoqués par les irrégularités du flux liquide. Le blanc et le bleu dominaient encore et toujours, renforcés par la teinte des draps, des murs et des câbles qui serpentaient ci-et-là pour alimenter les appareils de mesure, d'approvisionnement et de sécurité.

Sa torpeur disparaissant, Koga percevait à présent d'autres éléments, à commencer par les attaches qui le maintenaient en place et l'empêchaient de pivoter dans le lit. D'autres bruissements et déplacements lui indiquèrent la présence de tubulures partant de ses bras jusqu'au pied à perfusion. Il ne savait pas si c'était normal, mais la surface de sa peau mate ne lui renvoyait que très peu de signaux, comme si les nerfs étaient engourdis, et cela le troublait suffisamment pour occuper ses pensées. Ce n'est qu'après un signal sonore et l'ouverture de la porte de sa chambre qu'il s'obligea à interrompre ses réflexions sans fin.

Le soignant qui vint à sa rencontre était une autre interface intelligente portant le nom de « Vezuv ». Il avait dans ses mains un plateau contenant une gourde remplie d'eau, une paille sous blister, deux mini-viennoiseries et un jus de fruits.

-- Honoré Koga, AW-SE. Comment vous sentez-vous?

-- Honoré Vezuv. Vidé de mon énergie. Merci pour l'eau et les snacks.

-- C'est normal, vous n'avez pas mangé et bu depuis plus de vingt heures, votre corps a besoin de forces. J'ai cru comprendre que vous aviez des questions?

-- Oui... Déjà, est-ce que Seruani va bien?

-- Oui, elle se repose dans sa chambre, non loin de la vôtre.

-- D'accord, merci. Je me souviens avoir parcouru le fichier récapitulatif d'admission et le déroulement de la semaine postopératoire, mais c'est encore flou dans mon esprit. Combien de temps vais-je rester alité? Attaché?

-- Alors, pour vous répondre et vous apporter le plus de détails possible, voici ce que je peux vous dire.

Vous avez été opéré hier soir, entre 17h30 et 18h49. Le remplacement de votre appareil sexuel et reproductif par la prothèse, choisie par vos soins, s'est passé sans difficulté majeure. Il est encore trop tôt pour dire si c'est un réel succès, mais vos paramètres vitaux sont stables. Vous êtes effectivement alité et attaché pour le moment : cette mesure temporaire permet notamment de forcer votre organisme au repos, mais aussi et surtout de protéger la zone ayant subi l'opération, car elle est extrêmement fragile à l'heure actuelle. Comme nous l'avons indiqué dans notre documentation à l'intention de nos clients, nous avons mis au point une substance organique permettant d'assurer la compatibilité entre le produit et l'hôte. Des microorganismes génétiquement modifiés se chargent de tisser les liens et de convertir les signaux émis de part et d'autre pour éliminer totalement le risque de rejet. Cependant, ils doivent pour cela se situer dans une enveloppe aseptisée et hermétique -- une sorte de cocon, si vous voulez -- qui ne doit absolument pas être endommagée avant sa solidification complète, quarante-huit heures après la pose. Voilà pourquoi vous êtes « immobilisé » : pendant deux jours, vous devez réduire au maximum les mouvements/frottements au niveau de l'aine. C'est essentiel.

-- Ça me revient. Et après?

-- Vous pourrez vous lever et vous déplacer, de façon limitée. Vous ne vous sentirez libre de vos mouvements qu'une fois l'enveloppe retirée, lorsque nous aurons reçu une notification attestant la fin du processus d'association. Cela se produit généralement à J+5. Vous retrouverez ensuite votre partenaire pour la fécondation.

* * *

Comme prévu, le cinquième jour après l'opération se révéla être le dernier de la convalescence. Koga lisait un article du journal Le Fil de l'Essex sur le comportement animalier inhabituel des passereaux lorsque la tablette tactile, toujours installée près du lit, retransmit pour la première fois des propos. L'appareil permettait également de communiquer à l'oral, et l'homme de vingt-neuf ans crut reconnaître la voix de la responsable de prise en charge.

-- Honorée, Koga AW-SE. Vous m'entendez?

-- Honoré, Nocty TT-RY. Oui, parfaitement.

-- Très bien. Vous serez heureux d'apprendre que l'enveloppe organique vient de terminer l'association entre la prothèse et votre corps. Vous ne faites donc plus qu'un et il est temps de préparer la phase finale de votre séjour ici, chez Exo[G]en. Pour cela, nous allons vous donner des instructions et des recommandations pour mieux appréhender les prochaines heures, car nous savons à quel point cet événement est important à vos yeux, à quel point il restera dans vos esprits comme un moment unique et magique.

Dans un premier temps, nous allons vous demander de vous diriger vers la salle d'eau de votre chambre et d'ouvrir le robinet de la douche. Une fois déshabillé, vous devrez humidifier toute la zone de l'aine recouverte de l'enveloppe pour faciliter son retrait. Cette opération est plutôt simple car la membrane, une fois asséchée, se détache facilement au contact de l'eau froide. Retirez délicatement l'enveloppe pour ne pas l'endommager, puis placez-là dans la boîte mise à votre disposition à côté du lavabo. Une fois cela fait, prenez une douche en veillant à nettoyer méticuleusement la prothèse, à la fois en surface et à l'intérieur, et vérifiez que l'apparence et la forme au repos sont conformes à la simulation qui vous a été présentée avant votre admission. Il est chaleureusement recommandé de nous faire part de tout mécontentement le plus tôt possible, car nous vous considérerons comme satisfait de la prestation à votre sortie de l'hôpital privé Abraham KO.

Sachez ensuite que vous allez progressivement retrouver des sensations et des envies, et qu'elles peuvent chez certaines personnes être difficilement contrôlables. En effet, le « cocon » possède d'autres propriétés que celles jusqu'alors présentées : il inhibe également les douleurs, désensibilise toute la zone du bas-ventre et régule fortement les pulsions. Peu de patients se rendent compte de ces effets au cours de leur séjour, et l'environnement hospitalier, la chambre individuelle, tous les doutes qui traversent vos esprits après de telles modifications corporelles, vous tiennent relativement éloigné des pensées érotiques. Pourtant, elles ne sont jamais bien loin. Elles sont juste endormies, et je peux vous dire que leur réveil sera fracassant!

Ce qui m'amène à la recommandation suivante : aussi grande soit-elle, ne succombez pas à la tentation de vous toucher. Il est... 15h11 sur mon bracelet connecté, vous allez retrouver votre conjointe à 21h00 ce soir, ce qui signifie qu'il va vous falloir patienter un peu moins de six heures. Le passage des minutes et des heures vous semblera infiniment long, et l'attente ne fera qu'alimenter votre désir envers l'autre. Croyez-moi quand je vous dis ça, et souvenez-vous de ces mots -- pas de ma voix -- lorsque vous perdrez pied : « Toute cette souffrance accumulée se soldera par une récompense inégalée ».

Une fois cette conversation terminée, toute l'équipe soignante s'abstiendra d'entrer dans votre chambre et d'interagir oralement avec vous jusqu'à demain matin. Vous aurez votre plateau-repas comme les autres soirs, vous pourrez toujours utiliser la tablette en cas d'urgence, si vous sentez que votre corps réagit particulièrement mal au retrait de l'enveloppe, par exemple, mais nous resterons invisibles et muets. Il ne s'agit en aucun cas d'une forme de sadisme ou de malveillance, nous souhaitons tout simplement vous éviter de détourner votre attention de Seruani FY-KO. Elle subira le même traitement de notre part, et, ayant appris à vous connaître tout au long de la prise en charge, je m'attends à de formidables retrouvailles.

La voix de Nocty refit écho quelques instants plus tard.

-- Dernière précision, et elle n'est jamais superflue dans un tel contexte : profitez à fond de ce moment intime, libérez-vous, redécouvrez-vous, faites-vous plaisir. Au-delà du vouvoiement, c'est à vous deux que je m'adresse en même temps. Pensez à vous autant que vous pensez à l'autre. Cherchez l'orgasme autant chez vous que chez l'autre. Communiquez comme vous l'avez toujours fait et respectez votre partenaire. Prenez soin de lui et prenez soin d'elle. Je vous souhaite le meilleur des départs pour ce projet familial.

Et la communication fut interrompue pour de bon.

Les explications de Nocty résonnaient encore dans la tête de Koga lorsqu'il se leva de sa chaise et se dirigea vers la salle d'eau, avec une impatience mêlée de nervosité. Il allait découvrir son nouveau lui, sa nouvelle identité corporelle qu'il avait réfléchi d'abord seul, puis avec Seruani, puis de nouveau seul pour être sûr de sa décision et se préparer mentalement au renversement. La décision qu'il avait prise, chaudement approuvée par sa compagne, prenait forme en ce jour si spécial. Il en tremblait presque d'excitation, et cela se reflétait dans sa démarche : handicapé par le cocon gênant au niveau du bas-ventre, Koga arquait le plus possible ses jambes tout en avançant rapidement vers la douche de la chambre. La porte donnant sur la pièce annexe coulissa, et se referma une fois le patient à l'intérieur.

L'akhéolien trépignait. Il jeta sans ménagement ses chaussons loin de sa position, défit le lien de sa robe de chambre, enleva son maillot de corps et baissa la tête. L'enveloppe aseptisée biologique était toujours là, bloquant la vue. En revanche, elle avait changé d'apparence : une première fois en passant de l'état gélatineux à durci en quarante-huit heures pour former une carapace sombre résistante aux chocs et pressions, une seconde fois en virant au blanc pâle avec des traces de craquellement à la surface. Comme l'avait précisé la responsable de prise en charge, le cocon était sec et pouvait être enlevé sans aucun danger. Son hôte temporaire ne tarda pas plus longtemps et se positionna près du robinet et du pommeau de douche avec, à ses pieds, la boîte de dépôt destinée à récupérer l'organisme au repos.

Koga ne put attendre que deux secondes lorsque l'eau commença à couler. Encore froide, elle glissa sur son ventre avec un faible débit et entra en contact avec les bords de l'enveloppe qui gonflèrent légèrement et se décollèrent de l'épiderme. Par précaution, le jeune homme aspergea en effectuant des arcs de cercle pour ne pas avoir de difficultés particulières par la suite, et lorsqu'il fut certain que c'était suffisant, il banda sa volonté avant que les doutes ne l'assaillent de nouveau, souleva la protection avec douceur et observa le résultat.

Sous bien des aspects, il était trop tôt pour annoncer qu'il était entièrement satisfait. Mais c'était prometteur. Il ferma la boîte, ouvrit une petite trappe dans le mur qui le séparait du couloir, et déposa le conteneur dans le compartiment encastré prévu à cet effet. Quelqu'un se chargera de le récupérer, sans le déranger. Il se força également à effectuer un premier nettoyage de la zone de son corps encore inaccessible quelques minutes plus tôt, afin d'enlever les restes gélifiés de solutions médicales contenues dans le cocon, et se permit enfin d'inspecter en détail l'équipement face au miroir.

Conformément à ce qu'il avait choisi, une prothèse Exotique à inspiration équestre, le jeune homme caressait les contours du fourreau, une protection naturelle extérieure abritant la verge rétractée dans le corps. Il n'était pas spécialement long, deux-trois centimètres maximum, et avait une forme en anneau pour laisser coulisser l'organe en cas d'érection. Pour Koga, c'était un petit avantage de ne plus avoir cette gêne externe quand il était vêtu ou quand il souhaitait s'allonger et sentait son sexe compressé contre la surface du matelas ou du sol, par exemple. Il appréciait la caractéristique, mais n'avait pas basé tout son raisonnement dessus, bien au contraire. Nocty avait annoncé que cette zone du corps serait engourdie pendant quelque temps après l'enlèvement du cocon, et cela se vérifia rapidement : les caresses qui auraient dû stimuler son désir n'avaient pas le moindre effet, il ne sentait quasiment rien, comme anesthésié. Légèrement frustré, il remit à plus tard l'étude du sexe à proprement parler et regarda juste en dessous.

À l'endroit où il avait précédemment des testicules humains de taille moyenne étaient attachées des bourses bien plus épaisses et volumineuses, enveloppant les deux glandes ovales qui devenaient le nouveau symbole de sa fertilité. Elles étaient étonnamment grosses et lourdes, incroyablement lourdes même quand elles reposaient dans les paumes combinées de ses mains. Quand leur propriétaire les toucha, les malaxa tendrement, il constata que l'épaisseur était perceptible au toucher, comme s'il s'agissait désormais véritablement de cuir et non d'une fine peau étirable et vulnérable. Cette impression de robustesse le marquait, et les dimensions anormalement grandes comparées à celles déterminées lors de la conception avaient un effet particulier sur le jeune homme : pour lui, ces testicules étaient la parfaite illustration de la virilité. Il souhaitait à l'avenir que la production et l'efficacité des spermatozoïdes soient à la hauteur des espérances avec un tel équipement. Des pensées fugaces lui vinrent à l'esprit, possibles visions d'un avenir proche où Seruani et lui vivaient des moments intenses. Il ferma les yeux et se concentra pour faire subsister le plaisir dans ce moment de solitude et d'attente insoutenables, alors que sa bienaimée éprouvait sans doute la même frustration à quelques mètres de là.

À la fois si proche et si loin...

Il fallait tenir bon. Il fallait résister et ne pas succomber à la chaleur progressive qui l'envahissait. Il s'éloigna du miroir et retourna sous la douche froide.

Lorsqu'il jugea que la torture avait assez duré, Koga demanda par commande vocale à ce que la température de l'eau s'élève et se stabilise à 37 °C. Grelottant à moitié, il vécut comme une bénédiction l'arrivée des premières gouttes chaudes qui s'écrasèrent sur sa nuque, puis le haut de son crâne, et ruisselèrent jusqu'à ses pieds pour rejoindre le siphon. Le soupir de satisfaction qu'il lâcha trahissait sa joie du moment. Un jour, si tout se passe bien dans neuf mois, il serait père. Ce serait son propre fils ou sa propre fille, obtenu(e) suite à un rapport sexuel avec sa chère et tendre Seruani. De nouvelles images évocatrices vinrent parasiter son flot de pensées chaotique, sur lesquelles il voyait sa conjointe le regarder avec des yeux d'une profondeur absolue, étincelants, larmoyants, tandis qu'il jouissait en elle avec force, avec fougue.

Encore.

Et encore.

Et encore.

La dernière fois qu'ils avaient fait l'amour, deux semaines auparavant, Koga avait éjaculé en interne comme à l'accoutumée. Cette pratique était rapidement devenue une habitude pour les deux partenaires, diagnostiqués stériles depuis longtemps, car au-delà du plaisir offert par leurs orgasmes consécutifs, il leur arrivait de croire à l'impossible, à la fécondation surprise qui défit les pronostics et la science. Ils en riaient parfois, élaborant des explications sans queue ni tête pour justifier la survenue du miracle. À l'inverse, quand la vie était moins tendre avec eux, leur incapacité commune les déprimait : entre deux calins et instants de réconfort, ils déversaient leur tristesse dans des va-et-vient au rythme effréné, insatiable malgré l'intensité des mouvements et la générosité déployée. Le sexe était alors moins fun, plus brut, mais dans leur insatisfaction... ils confirmaient être la moitié de l'autre, dans les moments les plus agréables comme les épisodes les plus difficiles.

Ils s'aimaient passionnément et se soutenaient inlassablement.

Le jeune homme se savonna méticuleusement, parfumant sa peau et la salle de bain de notes d'agrumes qui montèrent avec l'air chaud. Pourquoi diable avait-il la sensation que, depuis l'enlèvement du cocon, tout ce qui se produisait dans son environnement proche l'excitait? Était-ce parce qu'il y avait cet interdit qu'il ne voulait pas transgresser? Il s'apprêtait à regarder son bas-ventre quand il se retint et jugea préférable de ne pas empirer son état avec une source d'érotisation supplémentaire. Pour son plus grand malheur, il se rappela que ce n'était que le début d'une longue attente, que son désir monterait crescendo et qu'il allait falloir faire taire la bête qui sommeillait en lui, l'ignorer avec une concentration suprême, jusqu'au moment fatidique. Il lâcha une supplique, sans forcément cibler qui que ce soit, et demanda à haute voix à ce que la température de l'eau descende de nouveau, progressivement. Quand elle atteignit quinze degrés, il se hâta d'enlever le savon qui le recouvrait encore, dans les moindres recoins, et sortit de l'espace de douche avec un début de chair de poule, rafraîchit plus que nécessaire. Le peignoir qui l'attendait à la sortie sauta du patère mural et vint recouvrir le patient qui retrouvait plus vite ses sensations que souhaité.

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