Entre Filles

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Ma femme est partie, sans moi, à une soirée entre filles.
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Tout ça, c'est arrivé à cause de Justine. Je lui ai dit cent fois que ce n'est jamais une bonne idée, de sortir sans moi . Mais non, madame n'en a fait qu'à sa tête.

Qu'on s'entende, je ne suis pas un homme possessif. Je suis même plutôt féministe, en restant raisonnable. Par exemple, je suis tout à fait partisan de l'égalité salariale, dans les cas où les femmes et les hommes ont vraiment des compétences égales, bien entendu. Pas question que ça devienne une excuse pour payer à prix des incompétentes à prix d'or. Et j'ai toujours mis un point d'honneur à aider ma compagne dans toutes les tâches ménagères. Non, vraiment, sans me vanter, c'est un domaine dans lequel j'ai toujours fait des efforts. Mais enfin, on peut bien se montrer protecteur sans être qualifié de machisme, non?

D'autant que Justine est une femme adorable, superbe... mais parfois un peu trop naïve. Jamais vraiment consciente de l'effet qu'elle a sur les autres. En particulier sur les hommes. Je les vois bien, les regards envieux qui se posent sur son décolleté, sur le bas de ses reins, au restaurant ou dans la rue. Sans parler de la jalousie des autres femmes! Mais non, elle est toujours persuadée que les gens sont juste gentils avec elle. Que les types lui sourient, car elle est sympathique. Et elle se laisse draguer, comme si de rien n'était, à chaque fois qu'un serveur lui fait causette. Si je n'étais pas là, à veiller au grain!

Mais voilà que, vendredi soir, Justine s'est mise en tête de sortir avec Victoria. Ça m'a tout de suite fait tiquer. Déjà, Victoria, elle n'a pas une très bonne influence. Elle ne peut pas s'empêcher de tout ramener à ses histoires de patriarcat. Quand je parlais de féminisme raisonnable, elle fait plutôt dans le radical. Je le vois bien, quand on discute tous les trois, c'est toujours plus ou moins le même sujet. Oh, oui, et à chaque fois qu'elle se fait siffler dans la rue, je peux vous dire qu'on en entend parler. Non, mais je vous demande... Quelle extrémiste! Pas fichue de prendre un compliment. Je suis certain que c'est surtout pour elle une façon de se vanter, au fond. De nous rappeler qu'elle plaît, l'air de rien. Et sans admettre que ça lui fait du bien à l'égo, évidemment! Il faut dire qu'elle doit recevoir moins de compliments que Justine... Son hypocrisie m'insupporte.

En plus, elle ne se contente pas d'entretenir ses discours discutables. Car évidemment, elle s'est mis en tête de convaincre Justine. Elle lâche régulièrement des insinuations sur notre couple, et ça, je ne le supporte pas. À chaque fois que Justine passe du temps avec elle, elle me revient la tête pleine de bêtises, d'histoire de rapports de genre et d'hommes en déconstruction. Non, mais je vous le demande, au nom de quelle expertise, à la fin? Ça fait 20 ans que je me construis dans le respect de la femme, moi. Je sais encore mieux qu'elles ce que c'est d'être un homme, non?

Enfin, comme je le disais, vendredi dernier, quand je suis rentré du travail, j'ai eu la surprise de découvrir Justine apprêtée pour sortir. Sans même m'avoir prévenu! Comme je suis sympa, je lui ai souri pour lui demander gentiment :

_ Bonjour mon amour. On sort ce soir?

Elle m'a fait une mine un peu contrite.

_ Oui, je... Victoria m'a invité à une soirée entre filles.

Victoria. Entre filles. Bien évidemment. J'ai senti mon sourire se figer.

_ Ah, une soirée entre filles? C'est bien. Vous ne voulez pas faire la soirée ici?

Elle m'a lancé un sourire un peu forcé. Comme si je lui demandais la lune!

_ C'est gentil, mon amour, mais on va se retrouver dans un bar.

_ Sinon, ça ne me dérange pas de vous accompagner. C'est plus sûr, on ne sait jamais, avec les gens qui rôdent... il faut se méfier!

_ Ça me ferait très plaisir, tu sais bien, mais... Vic à bien dit que c'était une soirée entre filles. Je ne voudrais pas la vexer...

Un peu agacé, j'ai pris tout mon temps pour enlever mon manteau, lui bloquant ainsi la porte. Une fois délestée, je suis passé tout contre elle afin de la croiser dans le couloir. Visiblement, elle était sur le pojnt de partir. Il fallait que je la joue fine :

_ C'est que, mon amour, je me faisais une joie de passer la soirée avec toi! Je pensais qu'on pourrait commander des sushis, et regarder la comédie musicale dont tu me parles, là, depuis des semaines...

Elle s'est interrompue. Je l'ai vue hésiter, un instant. Puis elle s'est retournée pour me dire :

_ C'est super sympa, mon cœur, mais je me suis déjà engagée... On se garde ça pour demain, promis!

Je m'apprêtais à répondre, mais elle m'a fait un de ses sourires qui a toujours eu le don de me désarmer. Elle a comblé la distance entre nous d'un pas et j'ai senti une bouffée parfumée à la griotte me monter au nez. Elle est vraiment magnifique, Justine. Je me demande parfois pourquoi elle m'a choisi. Il ne faut pas que je la perde. Elle m'a alors embrassé en me caressant le torse.

_ Bonne soirée mon amour. Je ne rentre pas tard!

Elle a ajouté en chuchotant :

_ J'espère que tu seras encore d'attaque!

J'ai frissonné. C'est rare qu'elle me fasse des avances. Souvent, cela se produit quand elle se sent coupable, je crois. Mais le temps que je déglutisse, la voilà qui tourne les talons et claque la porte derrière elle. Et moi qui me retrouve tout seul, un peu bête, avec une impression de frustration et une érection inutile.

Je ne le savais pas encore, mais ça allait devenir une habitude.

J'ai commencé la soirée par enlever mon pantalon. À l'aise, je me suis mis devant sur le canapé du salon, avec ma tablette, à papillonner entre diverses vidéos. Il fallait bien que j'évacue un peu de pression. J'ai alterné entre mes sites préférés, en vérifiant de tant en temps compulsivement que les rideaux étaient toujours bien tirés. Le salon est très visible, depuis la rue. Il ne manquerait plus que les voisins nous prennent pour des tordus.

Il faut dire que je jouis d'une certaine célébrité, dans le voisinage. Voilà quatre ans de suite que j'organise la fête des voisins, avec ce prétentieux de Marcieux. Avant ça, c'était toujours dans son jardin que ça se faisait. Mais depuis que j'ai acheté un barbecue Excelsior, pour la dernière coupe du monde, c'est moi qui fais sensation. Ce n'est clairement pas le barbecue de Monsieur-tout-le-monde. Et à chaque événement, il fait grand bruit dans le voisinage. Avec toutes les options, grillade autogérée et jet à double succion. Vous vous rendez compte? À double succion! Est-ce qu'il avait la double succion, le barbecue de Marcieux? À chaque fois, je vois bien qu'il est vert de jalousie.

Alors j'en profite, et souvent les événements s'organisent chez nous. Les soirs de matchs, par exemple, c'est toujours moi qui régale. Et nous commençons à être connus. Au dernier match, les Grignac, qui habitent à deux rues, dans le lotissement, sont venus prendre un verre. Et Monsieur Grignac est Notaire! Vous verriez sa voiture! et sa nouvelle femme... Il a sous-entendu qu'il pourrait m'inviter à la prochaine soirée poker, qu'il organise entre personnes de qualité. En cinq ans, il n'a jamais proposé à Marcieux. C'est tout dire! Il est hors de question que je gâche une opportunité pareille.

Après une petite heure d'occupation solitaire, j'ai recommencé à penser à la soirée de Justine. Elle devait avoir rejoint Victoria depuis une trentaine de minutes maintenant. J'étais certain d'une chose, Vic allait encore boire comme un trou. J'espérais vraiment que Justine aurait la dignité de ne pas la suivre. Déjà, elle savait très bien que je n'aimais pas qu'elle soit ivre sans que je sois là pour la protéger. Depuis qu'elle le sait, je crois que cette vipère de Victoria la pousse à boire dès que j'ai le dos tourné, rien que pour m'emmerder. Ensuite, dans une petite ville comme la nôtre, les nouvelles vont vite... Et j'imagine le regard goguenard de Marcieux, au prochain match, si on apprenait que ma femme se donne en spectacle comme la dernière des bimbos. Un peu de dignité, que diable!

Je sais bien que Justine préfère que je la laisse tranquille quand elle est en soirée. Mais quand même... j'ai pris mon téléphone pour lui envoyer un message.

"Salut mon amour, ça va? :) "

Au bout de quelques secondes, un bruit caractéristique m'indiquait que de l'autre côté, Justine tapait une réponse... qui arriva rapidement.

" Tout va bien, mon amour <3"

"Je suis au bar à cocktail avec Victoria"

J'ai répondu joyeusement :

"Photo!"

Une courte attente, et une image s'est affichée sur mon écran. On y voyait Justine, ces cheveux châtains impeccablement coiffés, qui faisait son sourire habituel. À côté d'elle, Victoria, même pas maquillée, ses cheveux courts d'un noir de jet autour de son visage faisaient une moue boudeuse. Elle n'allait quand même pas me reprocher d'avoir envie de voir ma femme, celle-là! J'espérais bien que Justine finirait par prendre un peu de distance avec elle. On n'est pas forcé de passer sa vie avec ses amis d'enfance, après tout. Je remarquais que, contrairement à ce que j'aurais supposé, il ne s'agissait pas d'un selfie. Curieux, je me suis renseigné innocemment :

"Tu es superbe mon amour! Mais qui prend la photo? "

J'ai dû attendre plusieurs minutes pour avoir sa réponse. Je n'aimais pas beaucoup ça. Ce n'est pas comme si ça demandait tellement d'effort de répondre... Enfin, passons. Je suis sûr que Victoria avait des choses suprêmement importantes à lui raconter. Bien plus importantes que de rassurer son mari, j'imagine. Une sonnerie finit par retentir :

"C'est Alyx qui a pris la photo " "Quelqu'un que victoria à rencontré dans le bar, qui discute avec nous"

Alors la, c'est le pompon! Un homme discutait avec elles. Un "Alyx", en plus. Ça pue la branlette intellectuelle, un nom pareil. Et Justine qui me dit ça comme si de rien n'était. Elle est bien pure, ma femme. Tellement innocente. C'est pour ça qu'il faut que je la préserve. J'imaginais cet homme, avec un sourire assuré, venir offrir un verre à Victoria. Cette hypocrite avait dû accepter en gloussant, bien entendu. Tu as pris le temps de lui demander, à ce pauvre type, s'il était déconstruit, Victoria? Évidement que non, tu devais être trop occupée à te pâmer pour faire la féministe face à sa belle carrure. Tu as dû t'empresser de l'inviter à votre table. Et là... J'imagine les yeux de cet homme se poser sur ma Justine. Son regard dur. Carnassier. Qui la déshabille du regard.

Le type s'est probablement assis tranquillement entre les deux amies, en leur payant un cocktail chacune. Et en dissimulant ses intentions, bien évidemment. Justine, trop gentille, avait accepté en souriant. Et la conversation avait dû commencer. Je visualisais très bien Victoria et ma femme qui s'amusent, qui rient. Justine qui s'oublie. Qui m'oublie... Les verres qui s'enchaînent. Les réflexions fines fusent. "Oh, Alyx, enfin un homme avec une bonne conversation!..." Et petit à petit des blagues qui se font de moins en moins sages. Une main qui se pose négligemment sur un bras, sur une épaule. Les autres gens, dans le bar, qui se demandent si c'est bien ma femme, la, qui est en train de se faire draguer par un inconnu. Et puis, à un moment où Justine va baisser sa garde, les doigts de l'homme vont mine de rien frôler doucement sa cuisse...

Je remuais la tête d'un coup sec. Non, hors de question!

Quand je pense que Victoria avait spécifiquement insisté pour faire une soirée entre filles. Et voilà, elle invite le premier mec qui passe. Je suis sûr qu'elle voulait juste que je ne sois pas là, et c'est tout. Elle ne m'a jamais aimé, de toute façon. Je suis peut-être un peu trop intellectuel à son goût. Trop de répartie pour elle! Elle cherchait sans doute encore une occasion dêtre seule avec ma femme pour essayer de la monter contre moi. Ca t'énerve, Victoria, qu'un homme voit clair dans ton jeu, non?

Mais bon, si j'expliquais tout ça à Justine, je suis certain que cette vipère arriverait à tordre mes mots contre moi. À me faire passer pour un type jaloux. Et je fais confiance à ma femme, bien sûr mais... Elle est si influençable! Pour temporiser, je ne suis pas revenu tout de suite sur la question.J'ai posé ma tablette pour lancer un film sur le téléviseur du salon. Un écran plat grand comme un babyfoot, l'autre atout sorti de ma manche pour les soirées de match... Et un point de plus sur lequel je bat Marcieux à plate couture! Mais mes yeux avaient du mal à se concentrer sur les images qui défilaient devant moi.

Une quinzaine de minutes plus tard, mon téléphone s'est allumé. Je l'ai empoigné avec avidité.

"Dommage que tu ne sois pas là, ça te ferait rire. La conversation d'Alyx est... spéciale"

Je me suis enfoncé dans le canapé, subitement mal à l'aise. En fronçant les sourcils, j'ai répondu, soupçonneux :

"Comment ça, spéciale?"

Alors que je rongeais mon frein, une salve de notifications m'a répondu :

"Ça fait dix minutes que ça parle de dimination"

" *domination"

"Le mot SM n'est pas sorti, mais clairement, ça y pense"

"J'ai l'impression de tenir la chandelle... ^^ Je me contente de compter les points"

"Alyx nous explique comment dominer les femmes... C'est un peu chelou... :/"

Je me suis étouffé devant mon téléphone. Un peu chelou. UN PEU CHELOU? Mais qu'est ce que c'était que ce tordu? Parler de domination à ma femme. À ma Justine! Évidemment que ça la faisait rire, elle. Elle ne se rendait pas compte de ce qu'il avait en tête! Enfin, il faut voir le positif : pour une fois, cette hystérique de Victoria allait avoir une bonne raison de recadrer un homme à sa façon. J'avais hâte de connaître sa réaction! Pour répondre au plus vite, j'ai utilisé mes deux mains pour rédiger ma réponse :

" Quel cinglé! Victoria ne va pas lui péter la gueule?"

Le message arriva :

" C'est ça le plus fou. Au début elle avait l'air déstabilisée "

"mais là elle boit ses paroles"

"heureusement que je suis là pour la chaperonner ^^"

J'étais abasourdi. La grande et puissante Victoria qui se laissait expliquer (mansplainer, comme elle aurait été fichue de dire) la domination? Et par un homme? D'un côté c'était étrange. Mais en même temps ... Ça faisait longtemps que je me disais que ça ferait du bien à tout le monde qu'on la remette un petit peu à sa place, Victoria. Il commencerait presque à me plaire, cet Alyx!

" Victoria qui ÉCOUTE? J'aimerais bien voir ça! "

Ma femme répondit :

"Je me doutais que ça te ferait rire"

":) "

J'ai reposé mon téléphone avec un petit sourire, plus détendu. Finalement, tout allait bien. Je m'étais toujours dit que Victoria aurait bien besoin qu'un homme, un vrai, s'occupe de la débarrasse de ses délires pseudo progressistes. Peut-être que ce type saurait lui remettre les idées en place! Une nouvelle notification m'interrompit.

"J'apprends des trucs de ouf."

"Tu savais que des gens se font dresser pour le plaisir? "

Hum. Les vidéos que je venais de regarder me passèrent en flash par la tête. J'ai grimacé avant de répondre :

" Vaguement oui, j'en ai entendu parler."

"Il paraît"

"Pourquoi?"

A la vitesse à laquelle Justine me répondait, elle ne devait pas participer activement à la discussion :

" Vic a l'air très au courant ^^ "

Je ris. Finalement, la soirée ne se passait pas si mal. Je lui envoyais un message supplémentaire.

"Tu me manques mon amour. Tu rentres quand? "

Elle a répondu :

"Tu abuses, c'est à peine 20h!"

" Je vais partir manger avec Vic."

"Je te rejoins après "

Plutôt rassuré, j'ai posé mon téléphone. Ça m'embêtait quand même, ce type qui tournait autour de ma femme. Mais bon, s'il était sur Victoria... Justine serait en sécurité. Et s'il pouvait remettre un peu à cette garce les idées en place, c'était toujours ça de pris. Je me suis levé et suis allé me faire à manger, histoire de passer le temps.

Pendant que j'étais à la cuisine, j'ai vu la nouvelle femme de Monsieur Grignac passer dans la rue, elle faisait son jogging. Je l'ai suivi du regard, réalisant que je n'avais pas remis de pantalon. Cette jeune femme avait tout l'art de remplir un legging! À chaque pas, je sentais toute la gravité de la terre se mobiliser pour rattraper chacune de ses formes. En résultait une fascinante ondulation, qui se diffusait, pas après pas, dans tous les recoins de ce corps troublant. Heureusement que la lumière était éteinte. Je n'aurais pas aimé qu'un voisin indélicat aille raconter des cochonneries à Grignac sur un soi-disant voyeurisme. J'ai dû passer rapidement à la salle de bain avant de pouvoir reprendre mon repas plus calmement.

De retour au salon, où m'attendait la télé, j'ai réalisé que je n'avais plus pensé à Justine depuis que je m'étais levé. Il faut dire que je m'étais laissé distraire. C'est bien, je méritais de me détendre un petit peu. Je faisais tellement de sacrifices, ce soir! En soupirant d'aise, je me suis installé sur mon canapé, prêt à poursuivre mon film. Par acquit de conscience, je pris tout de même des nouvelles de ma femme :

"vous êtes au restaurant? "

Quelques minutes d'attente, et la notification arrive.

"Non, finalement on est chez Victoria"

" d'ailleurs ça aussi c'était chelou."

" J'ai dit que je commençais à avoir faim, et Alyx à juste déclaré qu'on allait manger chez Victoire"

" * Victoria"

" et Vic a juste dit OK en souriant."

" On y est là. On a commandé des sushis."

Penché sur mon téléphone, j'ai relu plusieurs fois cette série de messages, interdit. Le comportement de ce type m'intriguait de plus en plus. Alors que je me demandais quoi répondre, un message supplémentaire est apparu.

" vu l'ambiance, je sens que je suis de trop ^^. Finalement je vais décoller tout de suite."

" À toute mon amour! <3 "

J'ai senti un soupir de soulagement gonfler ma poitrine. Comme quoi, tout est bien qui finit bien! Mes épaules se sont décontractées alors que je me laissais aller en arrière dans mon fauteuil. J'ai vite filé remettre un pantalon, rassuré de retrouver si prochainement l'attention que je méritais. Sur le chemin du retour, je suis passé me servir une petite bière pour fêter ça.

En revenant au salon, debout la canette à la main, j'ai pu voir que de nouveaux messages étaient apparus sur mon téléphone dont la diode clignotait. J'ai senti mon sang se glacer. Comme si j'avais deviné qu'ils ne m'annonçaient pas de bonne nouvelle.

"Alyx m'a dit que je restais manger avec eux. Ça a l'air de faire plaisir à Vic. "

"c'est bizarre"

"je vais rester pour les sushis en fait"

Je levais un sourcil. La formulation de ce message me laissait pantois. Alyx lui a dit qu'elle restait manger? Mais pour qui se prend-il? Non, ce devait être Justine qui s'était mal exprimée. Jolie, mais maladroite, ma femme. Heureusement qu'elle peut se reposer sur moi pour lui expliquer les choses. Je me chargeais d'éclaircir mon doute, en la reprenant :

" Comment ça il t'a dit de rester manger? "

Elle m'a rapidement répondu :

"ce n'est rien, je te rejoins après les sushis"

Cette réponse ne m'a pas plu du tout. Ma main s'est crispée sur le téléphone. Sans prendre le temps de m'assoir ou de poser ma bière j'ai rétorqué :

" Tu plaisantes? Tu m'avais dit que tu arrivais tout de suite! "

" Tu ne vas pas me faire poireauter? "

"Je t'attends moi! "

" Tu es injuste! "

Le téléphone a émis, quelques longues secondes, le son caractéristique du correspondant que tape un texte. Ce bruit me rassurait autant qu'il m'inquiétait.

"La commande était déjà passée"

Nouvelle salve de cliquetis.

" ne me fait pas une crise de jalousie "

Ce dernier message a failli me faire lâcher ma bière. Ça, c'était du Victoria tout craché. "crise de jalousie". Tout de suite les grands mots. Elle l'avait peut-être même écrit elle-même sur le téléphone de ma femme, cette hystérique!

J'ai posé ma bière sur la table basse, avec fracas et sans sous-verre, tant pis pour ce plateau en merisier à la con. J'ai posé le téléphone loin de moi pour résister à l'envie de lui renvoyer une réponse juste, mais acerbe, qu'elle aurait mal comprise.

Malmort
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