Entre Amis

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Une soirée entre amis et de trop nombreux fantasmes.
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Soirée entre amis

SACHA LANG

Chapitre I

— Un verre de vin, Georges?

— Pas ce soir, c'est moi qui nous ramène, répondit le jeune homme.

Georges était certes le prénom typique d'un vieux monsieur que l'on pourrait croiser au parc à nourrir les pigeons, mais celui-ci était un beau garçon, trente ans à peine et ami d'enfance de mon compagnon, Louis. Souvent, Georges et Louis allaient boire un verre dans une petite brasserie près de la mer et bien que mon aimable mari soit un homme raisonnable, j'étais très heureuse de savoir que cette fois, c'était dans le confort de notre domicile qu'il bavarderait avec son meilleur ami.

Georges n'était pas venu seul. Alice l'accompagnait. Pourtant, la pâleur de son visage hurlait à qui veut l'entendre qu'elle n'était pas assez en forme pour honorer une invitation à un dîner entre amis. Dès son arrivée, elle prit place dans un fauteuil du salon et demeura longtemps immobile, prostrée dans son inconfort.

— Tu veux un doliprane? J'ai peut-être autre chose pour te revigorer un peu... Et puis Louis peut t'ausculter.

— J'en ai déjà pris un. Je crois juste que j'aurai dû rester à la maison, me confia-t-elle.

Elle et moi étions devenues assez proches, sans pourtant pouvoir parler d'amitié. Souvent, nous discutions de choses et d'autres, avec plaisir, bien que nous avions mis un certain à temps à nous échapper des sujets ennuyeux qu'étaient la météo, les enfants et le travail. Compatissante, je lui avais déposé un grand verre d'eau sur la table basse puis j'avais demandé aux deux hommes d'aller discuter dans la cuisine. Mais depuis le comptoir, constatant que la pauvre Alice somnolait et se réveillait en sursaut à chaque éclat de voix de mon cher Louis, j'avais fini par inviter Alice à aller se coucher dans notre chambre d'ami. Après tout, nous leur proposions systématiquement de dormir chez nous, mais Georges et Alice trouvaient toujours une raison de repartir au cœur de la nuit. J'ai guidé la pauvre Alice jusqu'à la chambre d'amis, je l'ai rassuré quant au fait qu'elle ne dérangeait personne et je suis retournée au salon en fermant soigneusement la porte pour qu'Alice dorme paisiblement.

Voilà, j'allais devoir passer la soirée avec ces deux hommes dont les conversations revenaient systématiquement sur le sport. Après avoir parlé de basket, ils parlèrent de foot, puis de boxe. Quand je crus les entendre parler de cuisine, c'était en fait du golf, puis du rugby. Assise dans le canapé, à droite de Georges, je regardais mon cher époux Louis qui semblait s'amuser comme un fou. Quoi de mieux qu'une soirée à disséquer chaque performance sportive de l'année avec un bon copain?

Si les deux hommes s'amusaient, le destin sembla vouloir briser leur petit paradis quand le téléphone de mon mari se mit à sonner. Il répondit en râlant :

— C'est l'hôpital... Oui... oui... oui, oui. J'arrive. À tout de suite.

Il raccrocha, se leva puis attrapa son manteau dans le placard du couloir. Quand il revint dans le salon, Georges et moi étions restés silencieux, sans rien oser dire depuis que le téléphone avait sonné.

— Le docteur Petit a fait un malaise vagal, il va rentrer chez lui, donc je dois le remplacer, annonça Louis en vérifiant le contenu de ses poches.

— Et il n'y a pas un autre docteur que toi? Le docteur Raymond?

— En vacances. Il n'y a que moi. Et bien... tâchez de passer une bonne soirée, hein !

Il s'approcha de Georges, lui fit la bise puis le pressa de revenir prochainement pour une nouvelle soirée.

— Tu ne penses pas revenir bientôt? Un malaise vagal... ça va, non? C'est pas grave? demanda Georges, un peu inquiet du fiasco qu'était cette soirée.

— Peu probable. Je vais devoir assurer jusqu'à demain, je pense... Bref, bon retour, j'espère que ça ira pour Alice, mais ça ressemble à un état grippal.

— Oui, je vais la dorloter... Bon courage, mon pote.

Et Louis s'en alla.

Chapitre II

Il y eut un long silence quand Louis s'en alla. Puis, comme à mon habitude, j'ai relancé la conversation, cette fois, autour de sujets plus agréables que le dernier but d'untel ou la victoire de bidule.

— On va être obligés de boire pour deux... Mais surtout, on va avoir le temps de parler cinéma !

— Ah ! Avec plaisir ! répondit Georges, oubliant soudainement que son meilleur ami était parti.

Je me suis levée, j'ai été chercher mon téléphone et j'ai ouvert le bloc-notes.

— 1867 ! annonçai-je, sans le moindre contexte.

— Comment ça?

— C'est le nombre de DVD que j'ai dans la pièce, à l'étage.

— Putain ! C'est énorme. La dernière fois, tu plafonnais à mille. Qu'est-ce qu'il s'est passé?

— Internet. C'est un fléau pour les gens dépensiers, plaisantai-je.

Enfin, la soirée commençait. Georges et moi avions une relation agréable. Depuis notre rencontre, nous n'avions jamais eu le temps d'être tous les deux. Il faut dire qu'il était l'ami de mon mari, rien ne nous liait sinon Louis. Pour autant, je sentis une certaine joie à me retrouver seule avec lui. Nous étions assis dans le canapé, à discuter de nos derniers films vus, de nos dernières séances de ciné. Cela faisait des mois et des mois que l'on s'était promis de passer une journée ou une soirée à parler cinéma. Georges sirotait sereinement son verre de vin en riant, j'avais ouvert une seconde bouteille de vin blanc quand, peut-être enhardi par l'alcool, il me proposa :

— Cette collection, c'est une légende ou je peux la voir?

— Tu en doutes?

— Je ne crois que ce que je vois !

— Alors viens. On monte et je te montre tout ce que j'ai.

Il me fit un petit regard amusé. Ah oui, j'oubliai, lui et moi ne cessions de faire des blagues salaces. Louis riait parfois, Alice aussi, mais Georges et moi avions vraiment trouvé notre terrain d'entente entre le ciné et les blagues inappropriées. Nous sommes montés à l'étage, j'ai ouvert la porte de la petite chambre que j'avais remplie de mes étagères de DVD et Georges fut subjugué.

— C'était donc pas des conneries... c'est impressionnant !

Il entra, doucement, regardant à droite à gauche comme un enfant pénétrant dans l'usine du père Noël.

— C'est rangé par genre?

Il mettait le doigt sur quelque chose d'important. J'avais beau être très fière de ma grande collection, je n'en étais pas pour autant organisée et soigneuse, alors j'avouai :

— En fait... pas vraiment. C'est pas rangé. Enfin, un peu. Les sagas sont pas séparées, tous les DVD du Parrain sont ensemble, par exemple. Mais... c'est un peu le bordel.

Il me fit un grand sourire puis s'arrêta au milieu de la petite pièce, au centre du tapis rouge à poil long qui couvrait la majeure partie de la salle.

— Tu as un logiciel pour les inventorier? tenta-t-il alors.

— Je l'ai téléchargé, mais...

— Alors, ce soir tu me montres tout ce que tu as, et il faudra que je revienne pour qu'on les répertorie ensemble?

— Ça me paraît bien !

Nous nous sommes assis dans le canapé avec deux premiers bacs remplis de boites et de classeurs, et on a commencé à disserter sur nos films préférés.

Peu à peu, Georges fouilla un peu dans les bacs, attrapant parfois un DVD au hasard dans la boite et s'étonnant de sa présence. Il faut dire que ma collection était assez impressionnante. Quand un DVD lui plaisait, quand le film faisait partie de son panthéon, il le brandissait et se mettait à déclamer son avis enflammé sur le film.

— Forrest Gump ! J'adore ce film ! Tom Hanks est génial, il est solaire ! La naïveté dans ses yeux, la douceur du personnage, sa bonté sincère... je crois que je pleure à chaque fois.

Il avait raison, c'était un film génial. La plupart du temps, nos avis concordaient et nos goûts étaient similaires. Georges était un garçon intelligent, passionné, mais jamais prétentieux. Il aimait parler de ses goûts, mais il appréciait tout autant m'entendre bavarder sur les films que j'avais adorés, même ceux qu'il n'avait pas vus. Plusieurs fois au cours de la soirée, je le vis silencieux, dans le canapé, écoutant mes longues déblatérations sur Amélie Poulain ou les films de Wes Anderson. Il ne m'interrompait jamais, il dégustait mes paroles et à la fin, il me relançait avec une question délicieusement ouverte.

Avec la seconde bouteille de vin arrivèrent aussi les premiers fous rires. Certaines de mes acquisitions le rendaient hilare, par la médiocrité du film, par l'originalité d'une jaquette. Aussi, il s'amusa longuement de mon obsession de m'infliger l'intégralité d'une saga, même quand lesdits films devenaient ostensiblement médiocres.

Avec les rires et l'ivresse, Georges prit ses aises. C'était si agréable de le voir se défaire de quelques-unes de ses bonnes manières. Certes, il était plus jeune que moi de presque dix ans, mais il avait toujours fait montre d'une politesse excessive et d'une déférence presque vexante. La plupart du temps, il me donnait l'impression d'être une vieille dame. Il n'osait se sentir à l'aise chez nous, il avait eu un peu de mal à cesser de me vouvoyer et jamais ô grand jamais il n'aurait osé me contredire. Peut-être étais-je trop notoirement une femme de caractère, mais Georges se comportait avec moi comme si j'étais la mère de sa compagne, ou la vieille voisine avec qui l'on est toujours très aimable, presque trop.

Là au moins, assis sur le tapis en tailleur, faisant des petites piles de DVD de chaque côté, il avait l'air naturel. Mieux encore, il prit suffisamment ses aises pour attraper une autre caisse de DVD et la poser devant lui.

— Des Disney? s'étonna-t-il.

— T'aimes pas ça?

— Si... mais je t'imaginais pas regardant des Disney.

— Pourtant, quand je suis malade, un bon petit Roi Lion, et hop, ça repart !

Il était amusant. Désormais libéré par une très légère ivresse, il osait enfin s'adresser à moi comme une bonne amie.

Sans terminer celle-ci, qui ne l'intéressait manifestement pas, il se retourna, étira le bras jusqu'au bout de l'étagère et prit une autre caisse.

— Et celle-là... Oh.

Il s'arrêta soudainement. Je n'avais aucune idée de ce qui pourrait le surprendre. Peut-être trop ivre à mon tour, je me creusai la tête pour imaginer le contenu de cette boite.

— C'est celle avec les comédies musicales? Les concerts? T'es tombé sur le DVD du concert de Lorie? Je peux tout t'expliquer ! me débattis-je en riant.

Mais Georges ne disait plus rien. Mutique, il avait un petit sourire aux coins des lèvres. Puis, brisant ce silence gênant, il essaya de m'expliquer ce qu'il avait devant les yeux :

— Dans celui-ci, le héros semble beaucoup s'amuser. Ah, et dans celui-ci également. Dans celui-là, la secrétaire est visiblement très libérée.

Oh merde ! Mes pornos ! Il continua :

— Dans celui-là, il y a... oh ! Il y a trois femmes policières qui arrêtent un homme et le fouillent très soigneusement.

— Oui, j'ai compris, mais... c'est... enfin... c'est gênant, concédai-je en riant nerveusement.

Sans le vin qu'il avait bu, sans doute aurait-il fait mine de ne pas avoir vu le contenu de cette caisse. Peut-être aurait-il été tout aussi gêné que moi. Mais là, heureux d'être ici, libéré et épanoui, il sortit un DVD et l'amena devant mon visage :

— C'est possible, ça? demanda-t-il en me montrant une femme follement dilatée.

— Je crois...

C'était gênant. Terriblement gênant. Mais ça ne l'était que pour moi, car Georges épluchait les jaquettes avec gourmandise, détaillant chaque photo avec plaisir.

— Oh, celle-là me plaît ! Très très jolie fille... Enfin... ne dis rien à Alice, hein, elle me tuerait.

— On regarde tous du porno, ça va...

— Alice ne supporte pas ça. Elle n'en a jamais regardé, elle n'aime pas ça, elle ne comprend même pas ceux qui en regardent.

Alice était une fille sympathique, mais je savais de source sûre que la vie de couple qu'elle partageait avec Georges était parfois difficile. Entre engueulades mouvementées et longues bouderies, Georges ne nageait pas toujours dans le bonheur. Souvent, il passait de longs moments sans qu'Alice ne daigne lui offrir un peu d'amour. Il s'était résigné, pas malheureux, mais très frustré, il était pourtant toujours d'une douceur impeccable et s'occupait très tendrement de sa compagne, peu importe ce qu'il vivait à ses côtés.

— Moi j'en regarde, voilà, avouai-je enfin, sans fléchir.

— Je vois...

— Et j'aime bien. Ça détend, ça donne de l'imagination, ça permet de se faire du bien quand Louis n'a pas envie. Et... Louis n'a pas souvent envie. Il est souvent trop fatigué. À vrai dire, on fait plus vraiment l'amour. Parfois, je le provoque, j'en fais des caisses et j'arrive à obtenir un peu d'intérêt de sa part, mais c'est rarissime.

— Je comprends.

Évidemment qu'il comprenait, on vivait la même chose, pour des raisons bien différentes. Mon mari sacrifiait tout à sa carrière, jusqu'à ne plus vraiment m'aimer. Sa compagne, bien moins occupée, mais pas plus intéressée, n'avait jamais été très portée sur la chose. Alors, comme deux âmes égarées, comme deux malchanceux notoires, on attrapa chacun un DVD et on souffla en même temps, lassés de nos vies intimes.

Chapitre III

Assis contre l'étagère, un DVD porno dans la main, Georges semblait confus.

— Je pensais pas finir à discuter de mes pornos préférés, mais je crois que j'ai déjà vu celui-là. La fille me dit quelque chose.

J'ai glissé jusqu'à lui, sur le gros tapis, et je suis venu m'asseoir à sa droite.

— Je sais même pas si je l'ai vu, celui-là. Mais... c'est pas ce que je préfère. J'aime quand c'est un peu amateur, ils sont plus naturels, m'expliquai-je, étrangement sereine.

— Oui, moi aussi, me confia Georges en prenant un autre DVD qui semblait présenter des vidéos moins produites.

Dans sa main, je reconnus mon DVD porno favori, celui qui avait accompagné de longues soirées solitaires quand Louis ne daignait plus rentrer de l'hôpital. Il avait été inséré dans le lecteur une bonne centaine de fois et la jaquette avait subi plusieurs outrages lorsqu'elle était posée près de moi, sur le canapé. Il faut dire que les trois actrices étaient pleinement investies dans ce film. La première, une rousse à très forte poitrine, était bibliothécaire. Chaque jour, elle séduisait des hommes seuls venant profiter du silence et d'un bon livre. Sa technique était simple, elle portait des chemisiers très fins, sans soutien-gorge. Le reste du travail était fait par ses tétons sensibles au moindre courant d'air et à quelques boutons qui omettaient de retenir le tissu. Ainsi offerte, sa poitrine attirait très vite les visiteurs de la bibliothèque. La suite de l'histoire était également excitante. Une petite brune, assez ronde, cherchait à réaliser le fantasme du plombier et finissait par y parvenir avec un beau jeune homme tandis que la troisième, plus jeune, rêvait de coucher avec un homme ayant au moins l'âge de son père. Certainement qu'un psychologue aurait trouvé bien des choses à redire à ce fantasme, mais moi, ce qui me plaisait, c'était la sensualité des scènes explicites. Ces acteurs faisaient l'amour devant moi, s'embrassant, partageant un moment de pure complicité pour s'amener mutuellement jusqu'à l'orgasme le plus tonitruant. C'est d'ailleurs au premier visionnage de ce film que je parvins à sauter le pas de la masturbation anale.

Alors j'ai raconté tout cela à Georges. Il ouvrit de grands yeux devant les mots que j'employai et fut interloqué quand je lui confessai la partie sur la masturbation anale. Mais dans l'ensemble, il sembla surtout mis en confiance et à son tour, en reposant le DVD, il se sentit assez courageux pour me confier une partie de son histoire intime :

— J'ai toujours aimé le porno, mais je crois qu'aujourd'hui, je regarde surtout des choses que j'aurai jamais la chance de faire.

— Comme quoi?

— Il y en a plein... Certaines choses sont même assez banales... Et puis, d'autres un peu moins.

— Tu as un exemple?

— La sodomie, peut-être.

— Alice ne veut pas?

— C'est hors de question. Elle dit que c'est sale. Beaucoup de choses ne lui font vraiment pas envie.

Alice avait l'air totalement hermétique aux plaisirs de son compagnon, limite égoïste, mais surtout, elle avait l'air idiote de refuser pour des raisons aussi bêtes.

— Moi j'aime bien. Ça m'arrive encore de me faire jouir en me caressant par là.

J'aurais pu ressentir cela plus tôt, mais c'est en disant cette phrase que je commençai à avoir l'impression de trop me confier. Pourtant, Georges, bien qu'assez surpris à chacune de mes phrases, tentait de rester le plus placide possible. Et il répondait, me relançant systématiquement comme si la conversation était anodine et plaisante.

— Pour Alice, c'est missionnaire, un peu de fellation et c'est fini.

Je me suis tournée vers lui, emballée par ma propre curiosité, et je lui ai demandé quelque chose d'assez concret :

— Pardonne-moi si je suis trop indiscrète, mais... tu jouis où? Quand vous faites l'amour, je veux dire.

Il marqua un petit silence et dodelina :

— Le plus souvent, sur sa cuisse.

— C'est pas déplaisant, mais une fois de temps en temps, seulement.

— Voilà. Moi j'aimerais bien essayer des trucs, mais elle veut pas.

— Comme quoi?

— L'éjaculation faciale, pourquoi pas? Peut-être, sur les pieds aussi.

— Ah, tu aimes les pieds?

Il sembla hésiter à me répondre, comme s'il se rendait compte qu'à son tour, il en disait peut-être trop. Puis il se fit violence :

— Des jolis pieds, c'est agréable.

Georges était mignon, il évitait mon regard et bafouillait régulièrement lorsqu'il entrait dans les détails. Néanmoins, et même s'il était heureux de pouvoir se confier sur sa frustration, il préféra changer de sujet.

— Il vaudrait mieux qu'on arrête de parler de ça, sinon, je vais me plaindre pendant des heures, ça ne sera pas agréable.

— On se plaindra à deux, alors.

Nos regards se sont croisés, enfin, il m'a souri, je lui ai souri aussi.

— Tu as vu les dents de la mer? Moi, jamais.

Il avait raison de passer à autre chose, tout cela ne pouvait mener qu'à une trop longue séance de complaintes.

— Les deux premiers. Après... c'était moins bien.

— Tu n'as pas tort. Je les ai tous vus récemment, ça a vieilli, mais c'est toujours super.

Il écarta la caisse de DVD pornos et attrapa une pile de boites sur sa droite. Puis nous reprîmes nos échanges sur nos films favoris et nos acteurs fétiches. Pendant une demi-heure, Georges m'écouta raconter ma passion pour les comédies romantiques, puis il m'exposa son intérêt curieux pour les films se passant en mer. La soirée était très agréable, nous buvions du vin, nous discutions à bâtons rompus et Georges semblait plus à l'aise que jamais. Nous avions tant ri que nous nous étions inquiétés de réveiller la pauvre Alice qui dormait un étage en dessous. Parmi les comédies romantiques dont je lui parlai, il y avait plusieurs nanars évidents, des vieux films ringards et des projets condamnés d'avance à un échec certain. Puis, sorti d'un autre bac, je lui montrai une comédie narrant les hésitations permanentes de deux jeunes gens, Jane et Todd, se tournant autour sans réussir à s'avouer leurs sentiments.

— Là, sur la base de ton petit récit, ça me donne moyennement envie, avoua Georges.

— Je te jure que c'est affreusement attendrissant. Les acteurs sont géniaux et je les soupçonne même de ne pas simuler toutes leurs émotions amoureuses tant c'est bien joué ! Et puis quand ils réussissent à se comprendre et qu'ils font l'amour... la scène est incroyable. J'ai été bien plus excitée que devant certains films pornos. Pour tout te dire... je me suis même caressée devant ce film.

— Ah oui? Là, tes arguments me parlent, plaisanta-t-il.

— Ils mettent tout le film à se comprendre, à être sur la même longueur d'onde, à oser s'avouer des choses. Et la tension sexuelle augmente à chaque fois qu'ils sont seuls. À un moment, ils sont assis tous les deux dans un canapé, pendant une soirée chez des amis. Et une fille vient s'asseoir près d'elle, sauf qu'elle n'a pas assez de place. Alors elle pousse un peu l'héroïne vers le mec qu'elle aime en secret et elle se retrouve assise sur ses genoux. Et le réalisateur nous fait comprendre qu'il est très ému d'avoir cette fille sur ses genoux, qu'il aime l'odeur de ses cheveux notamment.