Elle se découvre à San Francisco

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J'aide une femme BCBG à se découvrir, dans les deux sens.
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Note : mes autres histoires ont éveillé l'intérêt d'une lectrice, qui m'a partagé un de ses fantasmes et souhaiterait le voir mis en scène. Alors celle-ci est pour Anne.

San Francisco, septembre 2022. J'étais de retour ici pour la première fois en plus de dix ans. Jeune (relativement!) retraité depuis un certain temps, j'avais accepté de venir donner un coup de main à un ami avec qui j'avais été associé en affaires dans le passé, et qui était en train de vendre sa dernière startup techno à une société établie dans la région de la baie. Une des firmes de capital-risque de Sand Hill Road était partie prenante au financement de la transaction, j'avais déjà eu de bons rapports avec eux dans le passé, j'étais allé les rencontrer pour répondre à certaines interrogations sur la firme. Ça avait super bien été, l'accord verbal avait été donné, maintenant c'était dans les mains des avocats et comptables.

Outre le fait que j'allais recevoir quelques centaines de mille dans la transaction, étant un des investisseurs d'origine dans la boîte, j'étais content de ma journée. Mon dernier séjour ici avait été avec mon ex peu avant qu'on se quitte, mais je gardais des bons souvenirs quand même de cette ville intéressante où je séjournais régulièrement depuis plus de trente ans. Le seul bout moins drôle était la perspective de passer, encore une fois, une soirée à manger seul dans un resto d'hôtel avant de repartir pour Montréal le lendemain. Juste un appel encore à faire aux amis de la boîte à Montréal pour leur donner des détails, ce que j'avais commencé à faire en marchant la courte distance depuis le coin de la rue Market ou j'avais demandé au Uber de me déposer vu le trafic intense, jusqu'au Marriott Marquis. Je terminais mon compte-rendu verbal en entrant dans l'ascenseur juste comme les portes se refermaient :

"oui, j'ai rassuré Vivek qui avait un souci par rapport au montant de hold-back pour les questions de propriété intellectuelle. Plus d'inquiétude de sa part. Je te laisse, j'entre dans l'ascenseur. A bientôt, bye."

C'est là que je remarquais qu'il y avait déjà quelqu'un dans l'ascenseur, une femme qui semblait intriguée de ce que je venais de dire. "Sorry ," lui dis-je. "It's very impolite of me to be on the phone in the elevator. My apologies ."

Elle me répondit avec un joli sourire un peu gêné, et en français : "il n'y a pas de mal. Ça avait l'air important." Elle était de mon âge plus ou moins, la fin cinquantaine ou un peu plus, mais en forme, vêtue d'une jupe plutôt courte et élégante, de jolis bas sur des belles jambes, des bottillons de cuir fin très mignons, une veste de tailleur fermée mais qui laissait deviner des seins bien ronds, un foulard de soie autour du cou. Très BCBG pensais-je -- beau cul bon genre.

"Ca l'était en effet, mais c'est terminé, je ne vous embête plus."

"Vous ne m'embêtez pas, rassurez-vous! Dit-elle en riant. Je ne m'attendais pas à entendre parler français, c'est tout. J'imagine que vous n'êtes pas ici en touriste?"

"Non, par affaires, mais j'ai toujours du plaisir à être ici, j'aime cette ville, depuis longtemps. Et vous?"

"Moi, en touriste mais c'est la première fois, je ne connais pas du tout,"

répondit-elle toujours avec un beau sourire, en rougissant un peu.

Elle avait un petit quelque chose de très attirant, j'ai toujours aimé quand les femmes savent mettre en valeur un côté sexy même à nos âges. L'ascenseur arrivait à mon étage. Je lui dis alors :

"Je monte dans quelques minutes au bar de l'hôtel après avoir déposé mes affaires, si ça vous dit je peux vous indiquer des endroits intéressants à ne pas rater pendant votre séjour."

Je ne suis pas du tout le genre dragueur et je craignais qu'elle ne le prenne ainsi, mais j'étais sincère. De bonne humeur, j'avais envie de partager mon enthousiasme pour cette ville, et elle semblait sympathique. Le je-ne-sais-quoi sexy qui se dégageait d'elle avait eu raison de ma réserve habituelle.

"Euh... peut-être... je ne sais pas" répondit-elle, un peu troublée mais toujours souriante.

"A bientôt, ou sinon bon séjour!" dis-je en sortant.

Une vingtaine de minutes plus tard, j'étais assis à finir de siroter un Negroni au "View Lounge", le bar chic au sommet de l'hôtel avec une immense verrière art déco donnant la plus belle vue imaginable vers la baie, le reflet du soleil bas faisant étinceler les façades de verre des immeubles modernes environnants. Et je la vis arriver, l'air de me chercher, puis semblant rassurée de me voir et se dirigeant vers moi. Vraiment très chouette, un beau sourire, un regard brillant derrière ses lunettes, joli déhanchement dans sa jupe serrée. La veste de tailleur n'y était plus, et effectivement les seins semblaient agréablement rebondis bien que cachés par le foulard et le chemisier boutonné haut. Je me levai pour lui avancer un des tabourets hauts qui bordaient la table et l'inviter à me rejoindre. En s'assoyant sur le tabouret, sa jupe serrée a remonté un peu, dévoilant brièvement un très joli bout de sa cuisse au dessus de la dentelle noire de ce que je devinais être des bas autofixants. Chic et sexy, en effet. Elle eut un sourire gêné en rougissant et essayant tant bien que mal de rabattre le rebord de sa jupe vers le bas, un peu difficilement vu la hauteur du tabouret et l'étroitesse de la jupe.

"C'est vraiment magnifique ici. Je suis un peu gênée, j'ai l'impression que tout le monde peut voir mes jambes."

"Assise comme vous l'êtes au bord de la verrière au trente-neuvième étage, dans cette direction là, vous faites plaisir à environ 450 000 personnes" répondis-je en riant. Elle devint pivoine. "mais c'est le risque à prendre avec de jolies jupes comme celle-là. La vie est très bien faite", continuais-je. Elle semblait très gênée mais ravie du compliment.

Elle me dit qu'elle était arrivée la veille avec une amie, mais que la combinaison du décalage horaire et d'un espèce de rhume attrapé dans l'avion avaient matraqué son amie, qui lui avait dit vouloir rester dans sa chambre et dormir pour se remettre. C'était sa première visite en Californie. Je lui recommandais un vin mousseux local, et en commandai un verre aussi pour l'accompagner.

La conversation allait joyeusement, le lui ai proposé de se tutoyer comme on fait rapidement au Québec. Je lui ai parlé de trucs à voir, les ruines de Sutro Baths avec le restaurant Cliff House, la tour Coit, Haight-Ashbury, les bisons dans Golden Gate Park, le traversier pour Sausalito, le parc de Marin Headlands avec la vue sur le pont. On parle un peu de nos vies, elle me dit qu'elle s'appelle Anne, qu'elle vit seule depuis un certain temps, qu'elle est en relation avec un homme plus âgé mais qui est assez casanier. Ce voyage qu'elle avait organisé avec son amie émanait d'un désir de renouveau. Elle me dit qu'elle voulait profiter de son séjour pour renouveler un peu sa garde-robe, ce qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps. Ça tombe bien, lui dis-je, il y a tout juste à côté d'ici le centre commercial Westfield avec plein de boutiques, toutes les grandes chaînes internationales mais aussi des marques locales plus originales qu'elle ne trouverait pas en France. Que cherchait-elle exactement? Elle souhaitait un peu de changement, elle avait l'impression qu'elle portait le même genre de choses depuis toujours, elle en avait un peu marre d'être vue comme une dame d'allure sage et BCBG. Je lui dis en riant que les bas autofixants ça ne fait pas si BCBG, elle trouva ça drôle. Je lui proposai de l'accompagner pour la guider. Vraiment? tu ferais-ça? Pourquoi pas, répondis-je. La compagnie est agréable, je n'ai rien d'autre à faire, je veux bien t'aider à être moins sage...

J'avais l'intuition que son désir de renouveau allait plus loin qu'un simple changement de garde-robe. Elle me donnait l'impression d'avoir envie de tester si son pouvoir de séduction fonctionnait toujours, les années passant l'amenant peut être à commencer à en douter. Selon moi, il marchait parfaitement bien, mais je sentais que de juste lui dire que oui, là maintenant, ce serait passer à côté d'une occasion. Il y avait autre chose.

En route à pied vers la galerie commerciale Westfield, qui est juste de l'autre côté de la rue. Il y a les sempiternelles chaînes internationales qu'on retrouve même sur la lune, mais je lui indique Bloomingdales, Nordstrom, qui sont plus classiquement américaines. Elle est un peu déçue de voir que les vêtements sur les mannequins ne sont pas tellement différents de ce qu'elle porte déjà. C'est vrai qu'un tailleur avec une jupe, même agréablement courte, ça reste un tailleur avec une jupe. Ouvrons une piste.

"Tes yeux se portent sur des trucs un peu BCBG probablement par habitude. Il me semble que tu devrais aller plus loin dans la même direction."

"...plus loin dans la même direction? Que veux-tu-dire?"

"Tu portes une jupe de tailleur. C'est chic, et c'est plus sexy que des pantalons. Cette jupe est relativement courte, par rapport à la plupart de celles que portent des femmes de ton âge. Elle permet parfois, par inadvertance, de dévoiler le haut de tes cuisses. La plupart des femmes porteraient des collants avec ça, c'est pratique et moderne. Tu choisis de porter des bas autofixants, malgré le risque que ta jupe courte ne les dévoile. Je pense qu'inconsciemment, ou peut-être pas tant que ça, tu aimes qu'on puisse voir tes cuisses. Je me trompe?"

Même couleur pivoine que tout à l'heure. J'ai visé dans le mille. There is a crack in all things, that's how the light gets in, chante Leonard Cohen. Maintenant que la brèche est illuminée, j'y entre.

"Ça t'excite. Mais tu n'oses pas te l'avouer. Tout à l'heure quand je t'ai dit que 450 000 personnes pouvaient voir tes cuisses, tu es devenue rouge de plaisir. Même si, en pratique, personne n'a rien vu. C'est dans cette direction là que tu veux aller." Et moi donc, que je me dis.

Elle bafouille, dit que j'exagère, que je me méprends. Mais elle n'est pas sincère et ça s'entend. Je la prends par la main et l'attire au deuxième niveau. Une autre boutique, qui s'appelle Bebe. Sur les mannequins, des jupes courtes, des trucs qui se boutonnent, des fermetures éclairs. Des tissus qui brillent, des paillettes, du cuir.

"Mais ça ce sont des vêtements pour des jeunes femmes qui sortent en boîte," proteste-elle.

"Non. C'est des vêtements pour des femmes qui sont sexy, et qui veulent qu'on le sache. C'est écrit en toutes lettres à l'entrée, "an attitude, not an age". L'âge n'a pas autant à y voir que le tonus musculaire. Tina Turner portait des minijupes d'enfer à 70 ans. On va te trouver des ensembles à essayer."

Avant qu'elle ne fasse demi-tour, je m'adresse à la toute jeune, jolie et minijupée vendeuse aux jambes interminables, qui s'est approchée de nous mais qui hésite à intervenir pendant notre conversation en français.

"My friend says she is looking for a short skirt that's at least as sexy as the one you're wearing. She told me not to translate that because she's a little shy. (1)" lui dis-je avec un clin d'œil. Fine mouche, elle pige tout de suite la dynamique de groupe.

"Absolutely! We've got great new arrivals that will turn her on, and you! Let me get a few."

Elle nous montre plusieurs choix sur les présentoirs ou les mannequins. Mon choix personnel est tombé sur une jupe qui tombe à mi-cuisses, plissée, en cuir fin ou quelque chose de similaire, avec une fermeture éclair sur le côté. La texture du cuir est satinée et luisante, elle produit des reflets qui attirent l'œil. Les plis et le drapé laissent présager que la jupe va agréablement virevolter avec les mouvements. La densité du textile assure que la force d'inertie va conserver lesdits mouvements. En même temps, la légèreté est suffisante pour anticiper qu'avec la vitesse moyenne du vent dans cette région du nord de la Californie, certains de ces mouvements seront aléatoires et plausiblement involontaires. Quand on est prévoyant, on pense à ces choses-là. À Chicago, par exemple, cette jupe serait tout de suite à l'horizontale en claquant comme un drapeau. Ce qui ne serait pas mal non plus, mais ce n'est pas l'effet subtil recherché.

Elle s'en va essayer les jupes dans une cabine, mais personnellement mon choix est fait. Pendant qu'elle est en route, je demande à la vendeuse des suggestions de hauts légers et transparents. Elle est amusée et part nous trouver ça avec enthousiasme.

Anne revient après quelques temps, elle a essayé les jupes. Elle les trouve quand même un peu courtes mais elle admet qu'elle trouve le résultat joli:

"Merci de m'avoir poussée à essayer ça, effectivement je ne crois pas que j'aurai osé autrement. Je ne sais pas quand j'aurais l'occasion de porter quelque chose d'aussi court, par contre."

La vendeuse est revenue avec des choix de hauts, chemisiers, t-shirts en soie, etc. Pendant qu'Anne regarde ce qu'elle a apporté, je dis à la vendeuse :

"She loves the leather skirt but she says it's one size too long. Can you bring her the same waist size, but shorter? (2)"

C'est elle qui me fait un clin d'œil en partant chercher la jupe. Je renvoie Anne à la cabine d'essayage pour les hauts. Pendant ce temps la vendeuse revient avec l'autre jupe. Je dis à Anne d'essayer la même jupe que tout à l'heure pour voir l'effet avec les hauts.

Elle sort timidement nous montrer le résultat. Elle est bandante. La jupe arrive tout juste à couvrir le haut de ses bas. Le chemisier gris perle n'a que quatre boutons et elle les a tous boutonnés. Il est fait d'un tissu très fin, extensible, qui moule étroitement ses épaules, son dos, ses bras et ses seins. Son soutien-gorge noir est parfaitement visible dessous, avec des jolis motifs ajourés dans la dentelle. Même la vendeuse a l'air troublée, elle se mord la lèvre et trépigne un peu.

"je ne peux pas sortir comme ça", proteste-elle. "Tout le monde va voir mon soutien-gorge".

"C'est dans la continuation de l'idée des bas autofixants," lui dis-je. «Pourquoi porter un si joli soutien-gorge si c'est pour le cacher?"

Une vie non examinée ne vaut pas la peine d'être vécue, nous enseigne Socrate.

"Mais si ça t'inquiète, on ajoute un petit blouson de cuir léger par-dessus. Ce qui complètera la mise à mort du look BCBG ."

Ce que la vendeuse nous apporte promptement, un petit truc avec plein de fermetures éclair. Californie oblige, elle nous assure que le cuir est végane, que les fermetures éclair ne contiennent pas d'acier russe et que le tout a été confectionné dans des usines carboneutres où on ne fait pas travailler de force des animaux de laboratoire d'âge mineur.

Pendant qu'Anne hésite toujours, en se regardant dans la glace avec le blouson, je dis à voix basse et en anglais à la vendeuse qu'on va prendre le tout, et qu'elle peut emballer les anciens vêtements qu'Anne a laissé dans la cabine, pour livraison à son nom à la réception du Marriott.

Je paye discrètement pendant qu'elle se tourne et retourne nerveusement devant la glace, pas encore convaincue. Je la prends par la main, et l'entraîne vers la sortie. Elle proteste nerveusement:

"Mais mes vêtements?"

"Ils t'attendront ce soir au Marriott. On n'a pas fini le shopping".

Elle vient de s'apercevoir que la jupe est plus courte que prévu, et que la dentelle des bas apparaît à chacun de ses pas. En plus, on dirait presque que la gravité est réduite autour de la jupe, qui virevolte effrontément. Je marche très vite en la tirant par la main. Elle a les yeux mouillés, une expression d'incompréhension gênée sur le visage. Elle voudrait protester mais n'arrive à produire que des petits couinements incohérents.

Deuxième arrêt, Victoria's Secret. Lingerie sage, moins sage et pas sage du tout. Je lui montre la collection Bluebella, dans laquelle on retrouve entre autres choses une culotte qui ne contient essentiellement pas de tissu sur les fesses, et a peine un petit triangle sur le devant, lequel est parfaitement transparent. Le soutien- gorge assorti est dans le même esprit : outre les bretelles et un fin ruban de tissu noir sous les seins, en lieu et place des bonnets il n'y a que cinq minces chaînettes de métal doré. Elle dit que non, ça n'a pas de sens et ne veut même pas aller l'essayer. Je demande à une vendeuse de m'en donner un ensemble dans la taille approximative d'Anne. De toutes façons avec si peu de tissu, la taille n'a plus trop d'importance.

"Même si tu ne veux pas les essayer, on les prend quand même. Tu changeras peut-être d'avis un jour."

Elle est confuse, heureuse et honteuse à la fois alors que la vendeuse étale l'ensemble sur son comptoir pour mieux le plier et l'emballer, sous le regard amusé de quelques clients. La courte jupe d'Anne et le bout de chemisier transparent qu'on aperçoit sous le blouson attirent l'attention des hommes comme des femmes. Anne est cramoisie. Je mets le minuscule paquet dans la poche de mon propre blouson.

Nous sortons en direction de Market Street, la nuit est tombée. Anne remarque que ce n'est pas la rue mitoyenne de l'hôtel. Je lui dis :

"Puisqu'on n'a pas de paquets à déposer, pourquoi retourner à l'hôtel? On va aller dîner dans le quartier North Beach, il y a d'excellents restaurants. Et après on va sortir. Ce serait dommage de ne pas montrer ton nouveau look tout de suite, je suis sûr que tu en meurs d'envie."

Elle veut protester, mais rien ne sort de sa bouche. Mais son expression d'inquiétude change pour un faible sourire et elle serre ma main soudainement très fort. C'est un oui très ferme qu'elle ne veut pas verbaliser.

On traverse la rue Market, on est à l'intersection de Powell, là où il y a une des stations terminus des célèbres "Cable Cars". Ce sont des tramways plus que centenaires qui sont actionnés par un câble tracteur qui défile en permanence dans une sorte de fente dans la chaussée. Les rails sont au niveau du bitume et donc les voitures partagent les voies avec le tram. L'opérateur n'est là que pour actionner une pince qui serre le câble tracteur, ou pour débrayer le câble et serrer le frein dans les pentes. Et il ne manque pas de pentes à San Francisco. C'est un moyen de transport encore fonctionnel, bien qu'utilisé surtout par les touristes. Il y en a un qui s'apprête à partir, il est déjà bondé, je monte sur la plateforme arrière en tirant Anne par la main et on s'accroche à la barre au plafond. On est tout au bord de la plateforme et les fesses d'Anne se trouvent un peu au dessus du niveau des vitres des voitures qui circulent autour. Je suis diabolique.

Le tram part sur Powell Street. Le mouvement saccadé du mécanisme, les changements brusques de pente, l'effet des bourrasques de vent, tout ça se combine admirablement pour faire valser la courte jupe. Il n'est plus question ici de simplement évoquer vaguement le soupçon de la lisière d'un bas : Anne offre à la vue des passants toute l'étendue de ses cuisses jusqu'à la naissance des fesses, lesquelles sont toutefois couvertes par une jolie culotte noire. Mais la soirée est encore jeune, comme le veut l'expression québécoise.

Les gens dans la voiture qui suit le tram n'en ratent pas une. Je vois la tête d'un passager arrière qui se penche vers l'avant entre les sièges pour mieux observer. Une autre voiture qui va dans le même sens que nous sur une autre voie ralentit pour rester à la hauteur du tram. Ça semble exaspérer le conducteur du véhicule suivant, qui est un de ces ridiculement gros utilitaires sport, et qui de sa position de conduite plus élevée, ne comprend rien au spectacle. Ça lui apprendra à saccager la planète.

Quelques minutes plus tard, les rails du tram bifurquent à l'ouest sur Jackson, puis à nouveau au nord sur Mason. On descend au coin de l'avenue Green. Pendant tout le trajet, Anne a regardé fixement le sol devant elle, morte de honte, une main tenant la barre. Mais son autre main n'a pas quitté la mienne et la serre toujours fort.

On monte la côte sur Green. On est dans le quartier North Beach, autrefois un quartier d'immigrants italiens, mais maintenant aussi embourgeoisé que le reste du centre-ville. Il reste par contre d'excellents restaurants, qui ont fait évoluer leur tradition italienne dans une fusion avec des goûts et des techniques plus modernes, c'est typiquement californien. J'emmène Anne dans un de ceux où je suis déjà allé. On n'a pas de réservations, mais c'est un soir de semaine, la partie rez-de-chaussée de la salle est peut-être aux deux-tiers occupée. Mais lorsque le maître d'hôtel nous propose une table en bas près du bar, je lui demande plutôt si on peut avoir une de celles de la mezzanine qui surplombe la moitié de la salle. Un escalier y monte en L, la partie au dessus du palier coupant le plancher de la mezzanine à mi-chemin. Il nous propose une table qui fait le coin de l'escalier. Je recule une des chaises pour faire asseoir Anne face à la salle du bas, et sur le bord du palier de l'escalier. Toutes les balustrades de la mezzanine et de l'escalier sont vitrées, comme c'est joli.

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