De Masques Et De Sang 04

Informations sur Récit
De Masques Et De Sang chapitre 4.
13.3k mots
4.25
4.2k
1
Récit n'a pas de balises

Partie 5 de la série de 6 pièces

Actualisé 06/09/2023
Créé 09/12/2019
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Son coeur battait encore la chamade quand elle trouva enfin la ferme promise. Malgré une bonne partie de la route à guetter ses arrières dans l'angoisse d'être toujours poursuivi, elle n'avait pas pour autant manqué de remarquer les vieux bâtiments au loin, presque en ruines, reliés à la civilisation par un fin chemin de terre qu'un véhicule citadin n'aurait jamais pu parcourir.

Elle jugea préférable d'adopter un allure modérée sur la route de terre en piètre état. Le 4x4 noir ne semblait pas en difficulté et elle se félicita de ses talents récents en matière de conduite. Ses sens étaient plus affûtés et elle se sentait bien plus vive, comme si elle avait toujours vécue dans le brouillard jusque là.

Arrivée devant la ferme, c'est avec prudence qu'elle du sortir du véhicule pour ouvrir la lourde grille métallique qui en barrait l'accés. Elle grimaca tandis que les baskets qu'elle avait depuis si peu de temps étaient déjà maculées de boue. La voiture entrée dans la cour elle reprit quand même quelques minutes pour refermer la lourde grille dont le grincement l'alerterait en cas d'intrusion.

La ferme se composait d'un hangar qui semblait majoritairement vidé à l'exception de vieilles machines rouillées, d'une maison d'époque qui ne semblait tenir que par miracle et de la fameuse grange évoquée par Zachariah. Elle jeta un regard au ciel, hésitante. Il devait lui rester une poignée d'heures avant que le soleil ne tire sa révérence.

Elle se sentait irrésistiblement poussée à suivre les directives du déformé. Quelques secondes de réflexion la menèrent à considérer que dissimuler le véhicule dans la grange était l'idée la plus sensée. La ferme avait beau être relativement en retrait, mieux valait être sur qu'on ne puisse ne serait ce qu'entrapercevoir le 4x4 noir. Elle sentait qu'elle était très loin d'en avoir fini avec tout ça. Quels que soit les sombres projets du prince et de ses subordonnés, au moins la préféraient ils en vie, pour l'instant.

Ouvrir les portes de la grange s'avèra plus compliqué que prévu. Une lourde poutre de bois barré les portes imposantes aux gonds rouillés. Evie y passa un bon quart d'heure et pria que personne n'ait eu le temps de repérer le 4x4, agrémenté du rafut qu'elle avait du faire. Quand elle gara enfin le 4x4 au centre de la grange, au milieu des restes de paille, un inexplicable sentiment proche de l'euphorie l'envahit. La grange refermée, le véhicule dans la pénombre, elle laissa échapper un soupir de soulagement en se laissant couler dans le siège passager. Elle lutta contre l'envie de coucher le siège, jetant un oeil à la forme encore couchée sous son manteau. Se mordillant la lèvre inférieure, hésitante, elle se pencha pour attraper le rebord du manteau et l'attira lentement à elle, retenant son souffle.

Zachariah semblait mort, étendu sans bouger dans un angle improbable. Elle fronça les sourcils en examinant le col roulé noir qu'il portait. Plusieurs trous de petite taille, groupés, en parsemaient l'arrière. Elle laissa courir ses doigts sur le tissu. # Pas de sang... #

Elle pouvait sentir d'étranges protubérances au travers du tissu, comme si chacun de ses os avait subi des mutations. Il lui fallut un effort de volonté considérable pour s'arracher à l'étrange attraction qu'il exercait sur elle. La jolie brune, nerveuse, reporta son attention sur la boite à gants dont elle avait déjà malmené le contenu dans la précipitation. Elle ramassa les feuilles et cartes répandues sous ses pieds et les examina soigneusement avant de faire de même avec le contenu de la boite à gants. Certains documents étaient des invitations, justificatifs d'identité ; fausses à en juger les passeports aux noms variés. Elle fut surprise par la datation des cartes présentes. Certaines étaient récentes, autant que possible depuis que le commun des mortels utilisait un gps, les autres semblaient bien plus anciennes et comportaient des annotations sur des lieux sans plus d'indications. Enfin le reste des documents, la majorité, était constituée d'une variété de bons de commandes, d'avis de réception ou de bons de livraison.

Compte tenu de la nature des propriétaires du véhicule c'était étonnant. Toutefois ce qui interloqua bien d'avantage la jeune femme fut la série de documents plutôt récents qu'elle ramassa sous le siège passager.

Elle resta un moment indécise sur l'adresse du premier, un récépissé pour livraison à Monterey. Il ne lui fallut guère plus longtemps pour reconnaitre l'adresse du fameux bar où sa vie avait basculée. Le document était daté au lendemain de l'attaque. S'en suivait une dizaine de bon de commandes comportant 1 à 2 articles variés de tout type. Le troisième bon de commande faisait état d'une livraison de deux corbeilles de fleur à l'adresse de l'appartement d'Evie. Même date que pour le premier document.

Elle déglutit, sentant un frisson glacial courir le long de sa nuque en estimant vaguement le nombre de bon de livraison et de commandes qu'elle avait vu dans la boite à gants et répartis sur le sol. Certaines dates coïncidaient avec des fusillades mentionnées aux infos ou autres évènements tragiques. Elle rangea les documents avec un certain dégoût et jugea qu'elle avait besoin de prendre l'air. Quittant le véhicule prudemment, s'efforçant de ne pas faire de bruit, elle jeta un bref coup d'oeil au 4x4 noir avant de se glisser entre les portes de la grange.

L'air s'était rafraichi et le soleil commencait inexorablement sa chute vers l'horizon pour s'y noyer. Elle s'appuya contre l'imposant batiment de bois, laissant son regard parcourir les environs. Ses yeux se posant sur la maison attenante, suivant les détails des boiseries et une batterie de fenêtres et de volets endommagés, elle fronça les sourcils. Plissant les yeux, elle scruta plus attentivement les fenêtres du premier étage, une par une, certaine d'avoir entrevut une lueur fugace.

Un frisson la parcourut. L'endroit était censé être abandonné. Elle hésita quelques secondes. Zachariah devrait se réveiller à la tombée de la nuit, tout du moins le pensait elle. D'un autre côté, elle pouvait encore repartir avec le 4x4 pour chercher un endroit plus sur si celui ci était compromis. Mais elle attirerait l'attention en partant. Enfin ce n'était peut être que son imagination. Zachariah ne serait sans doute pas satisfait de découvrir qu'elle avait pris des initiatives et lui ferait sans doute regretter. Elle déglutit et jeta un nouveau coup d'oeil à la vieille batisse. Evie hocha faiblement la tête, se persuadant que le mieux à faire était d'y jeter un oeil.

Elle commença déjà à regretter son choix en grimpant les quelques marches du perron, leur arrachant de sinistres grincements. Le bois qui composait la structure semblait pourri et la végétation s'entrelacait dangereusement avec le bâti à plusieurs endroits. Un vieux rocking chair gisait devant l'entrée, brisé. Elle eut un petit rire nerveux qui se transforma en sueur froide quand la porte s'ouvrit dans un grincement avant même que sa main ne la touche.

# Le vent probablement... #

Elle se sermona intérieurement. Comment était il encore possible qu'une maison abandonnée lui file les pétoches à ce point après ces derniers jours?

Evie retint sa respiration en posant son pied sur le plancher grinçant en piètre état. Elle s'engouffra prudemment dans la demeure décrépie étrangement sombre. Elle était en alerte et ses sens récemment affûtés distinguaient aisément les contours de ce qu'il restait de mobilier et d'objets majoritairement brisés gisant de ça et de là. Le tout était englobé par de la poussière et des toiles d'araignées. Elle nota l'escalier à l'autre bout de la pièce en ruine. Celui ci faisait pâle figure, de nombreuses marches avaient été abîmées, voir cassées. Son souffle se coupa quand elle entendit une série de grincements au dessus d'elle. Il ne lui fallut pas longtemps pour le comprendre ; quelqu'un marchait au dessus d'elle. Elle ferma les yeux et tendit l'oreille. Qui que ce soit il avait l'air de trainer la jambe et de vaquer à ses propres occupations. Elle se mordilla la lèvre nerveusement, indécise. Ca n'était sans doute pas l'un d'entre "eux", il faisait encore jour. Un grincement un peu plus important que les autres lui parvint puis le plancher cessa de craquer bientot remplacé par le son diffus et étouffé d'une voix chantonnant. Bien décidée à en avoir le coeur net, la jolie brune retira prudemment ses baskets, les laissant au pied de l'escalier et commença une pénible ascension, prenant soin de poser ses pieds et de faire basculer son poids d'une jambe à l'autre avec une infinie lenteur, s'évertuant à faire le minimul de bruits.

Arrivée à mi chemin, ses yeux étaient déjà un peu au dessus du niveau du sol et elle pouvait distinguer les environs au travers des barreaux de bois maintenant la rambarde en place.

Au travers de l'embrasure d'une porte, quelques mètres plus loin, elle pouvait distinguer une femme, vraissemblablement plutôt âgée, vêtue d'une doudoune orange, d'un bonnet gris informe et d'un pantalon de treillis. Elle était assise sur un sac de couchage rapiécé, à même le sol, une petite lanterne à ses côtés emettant une faible lueur.

La peur qui avait étreint Evie laissa place à un certain malaise. Faisant à nouveau preuve de prudence, elle redescendit les escaliers et, attrapant ses chaussures au passage, quitta la maison à pas de loup.

Quand elle fut de retour dans la grange, le soleil disparaissait déjà à l'horizon. Elle retourna directement au 4x4 noir et s'arrêta net, muette de surprise. La porte arrière était ouverte et Zachariah avait disparu. Son coeur fit un bond dans sa poitrine quand la main crochue se referma sur son épaule. Elle glapit tandis que d'une simple rotation du poignet il lui faisait faire demi tour, la mettant face à lui.

Il la contemplait étrangement, ne semblant pas au summum de sa forme. Ses yeux jaunâtres avaient une tendance un peu trop insistante à descendre vers la gorge de la jolie brune.

" Hum... Bon...soir. " Elle se sentit ridicule alors que les mots franchissaient ses lèvres, tout son corps lui semblant soudainement extrêmement vulnérable.

Zachariah cligna des yeux, ce qu'il ne semblait pas habitué à faire et examina son entourage avant d'hocher simplement la tête.

" Bien. "

Le vague sentiment d'euphorie qui avait submergé la jeune femme plus tôt revint plus fortement cette fois, la faisant se sentir d'autant plus ridicule.

Il relâcha l'épaule d'Evie sans plus lui accorder d'attention et examina un bref instant la voiture. La jeune femme fronça les sourcils, soudainement contrariée. Elle marqua une pause, se forçant à respirer calmement, tâchant de remettre de l'ordre dans ses idées.

Elle prit une profonde inspiration et s'avança à la suite du déformé qui remettait son long manteau.

" J'ai fais ce que vous aviez demandé... Et j'ai pu ralentir nos poursuivants... "

Il s'approcha d'elle et son coeur s'interrompit dans sa poitrine, elle ne pouvait s'empecher de lever les yeux vers la face hideusement atrophié de Zachariah. Elle pouvait presque sentir ses jambes flageller quand il approcha sa main de son visage, ses doigts crochus recroquevillés. Il laissa descendre sa main lentement, sans même l'effleurer, tandis qu'elle restait là, comme paralysée. Elle frissonna quand la main se posa sur sa hanche et qu'il pencha la têtede côté, la fixant étrangement. Puis sa main se glissa dans la poche de la veste de la jeune femme, s'emparant des clés du véhicule avant de lui tourner le dos.

Elle fulmina.

" Vous avez brisé ma vie! Tué ma meilleure amie! Et maintenant à cause de vous je suis traquée comme un animal! Même pas... "

Elle regretta vivement ses paroles quand il se retourna instantanément et s'arrêta à quelques centimètres d'elle, la toisant avec une étrange lueur dans les yeux.

" Vous avez toujours été... Ce que vous êtes... Vous auriez pu l'apprendre... Dans des circonstances bien plus... Désagréables... "

Elle frissonna, se sentant soudainement minuscule et vulnérable face à lui. La jolie brune n'en menait pas large mais elle n'était pas prête à rompre le contact si durement établi.

" Qu'est ce que je... Le golconde? "

Zachariah soutint le regard de la jeune femme. Il opina lentement, la détaillant prudemment.

" Votre rôle est essentiel... Vous le découvrirez en temps voulu... "

Elle grimaça, loin des réponses précises qu'elle espérait. Se mordillant nerveusement les lèvres, perturbée par la proximité de Zachariah, elle pris un instant pour réfléchir avant de continuer.

" Que va t'on faire maintenant...? "

Le déformé ne cilla pas.

" Nous devons retourner voir le prince, il aura pris sa décision. "

Elle déglutit se remémorant la veille qui lui semblait pourtant particulièrement loin.

" Je vais être... Liée... A un de ces... Individus...? (Zachariah hocha la tête mécaniquement, ce qui la poussa à renchérir.) Qu'est ce que ca signifie? "

Il jeta un oeil sur le côté, comme humant l'air et sembla préoccupé. Elle pressa sa chance et posa sa main sur le torse du déformé, le fixant. Il posa ses yeux sur elle, quelque peu confus.

" Si vous représentez le moindre risque pour notre secret vous serez éliminée. (Il marqua une pause, pesant ses mots.) Les liens du sang engendre une loyauté sans faille du servant envers son maître. "

Evie sentit son coeur se serrer et déglutit. Elle avait entendu dire que son lien avec Zachariah était loin d'être complet et elle se prenait à redouter grandement ce qui l'attendait.

Zachariah l'examinait attentivement. Il tourna toutefois à nouveau la tête vers l'extérieur.

" Nous ne sommes pas seuls. "

Evie bafouilla, mal à l'aise.

" Une femme... Sans domicile... Rien d'important... "

Zachariah huma l'air une nouvelle fois.

" Non, ils sont plusieurs. "

Il allait éviter Evie pour se diriger vers la sortie de la grange mais elle lui barra le chemin.

" Qu'est ce que... Vous comptez...? "

Il se stoppa, l'observant avec un certain agaçement.

" Il y a quelque chose qui m'appartient dans cette maison. (Il marqua une pause.) Et j'ai faim. "

Un frisson lui glaça la nuque tandis qu'elle observait les yeux jaunâtres luisant étrangement. Il voulut faire un nouveau pas en avant mais la jeune femme s'interposa une nouvelle fois.

" Vous allez les... "

" Tuer, oui. Le secret passe avant tout. "

Elle blêmit.

" Ce n'est pas nécessaire, je peux vous aider. "

Il l'écarta d'un geste, manquant de la faire tomber au sol. Le temps qu'elle retrouve son équilibre, il avait quitté la grange avec une rapidité surhumaine, flottant presque dans les airs.

Elle s'élanca à sa suite mais bien trop lentement. Elle montait encore sur le perron quand elle entendit des hurlements à l'étage. Quand elle arriva en haut de l'escalier, son estomac se tordit. Il y avait deux hommes qu'elle n'avait pas reperé lors de sa première incursion. Ils giseaient sur le sol et à en croire l'angle de leurs têtes, leur cous avaient été brisés. Le déformé était désormais penché au dessus de la femme, ses crocs plantés dans la chair tendre du cou exposé d'où s'écoulait une grande quantité de sang. La squatteuse semblait morte et ne devait pas en être loin.

Evie sentit sa tête tourner et du s'accrocher au mur le plus proche. Ses yeux ne pouvaient pas quitter Zachariah, s'abreuvant bestialement sur sa proie qu'il n'avait visiblement aucune intention d'épargner. Elle glissa le long du mur et tomba sur les fesses, muette d'horreur. Des sentiments opposés se battaient en elle. Loin de sa conscience, du dégoût et de l'effroi que lui inspirait la situation, une autre part d'elle, plus primitive, plus ancienne, dont elle n'avait jamais eu idée s'insinuait un chemin dans son esprit, s'émerveillait du prédateur devant elle, avec envie. Une envie morbide, sombre et inexplicable. Le souvenir du sang de Zachariah dans sa propre bouche, goulée après goulée, la sensation sublime du nectar éblouissant ses sens... Tout lui revenait comme si elle était encore là, mourrante, près de la voiture en flamme, se nourrissant avidement. Elle lécha inconsciemment ses lèvres, une douce chaleur envahissant son bas ventre.

Elle fixait toujours la scène aussi intensément, avec désir cette fois. Elle aurait pu être à la place de cette femme, s'offrir pleinement, sentit ses crocs dans sa chair. Ou au contraire prendre la place de Zachariah... Savourer ce voluptueux liquide... Aucun autre aliment ne pouvait rivaliser avec celui ci. Cette pensée lui fit l'effet d'une douche froide et la ramena à elle. Elle n'avait rien mangé ou bu depuis ce soir là. Et ca ne lui manquait pas, pour le moment. Elle se sentait en forme au delà de tout ce qu'elle avait connu. Cette idée en amena une autre, bien plus lugubre. Si une seule gorgée de sang avait ces effets sur elle, que resterait il d'elle une fois liée?

Assise côté passager tandis que Zachariah poussait le 4x4 à une vitesse dont elle n'aurait cru le véhicule possible, elle regardait pensivement ce qu'ell distinguait du paysage défiler à toute allure.

Zachariah avait récupéré une petite boite en bois dans la demeure. Il l'avait dissimulé en hâte dans son manteau puis avait incendié la bâtisse. Evie, bouleversée, était restée passive et silencieuse depuis, s'efforçant de ne pas le regarder directement.

Il fut le premier à rompre le silence qui en devenait pesant, même pour lui.

" Le prince nous attend. Espérons que tout ces contretemps ne le mettront pas en rogne. "

Elle gloussa nerveusement, s'attirant un regard inquisiteur qui l'amena à révéler ses pensées.

" Ce ne serait pas dans votre intérêt mais je ne vois pas vraiment en quoi ça me concerne. "

Il haussa un sourcil, seul signe d'intérêt sur son visage couvert de bosses et de malformations et la toisa un instant.

" Ne vous jouez pas du prince. Il est toujours incertain quant à votre nature. (Il marqua une pause.) Si je ne le convainc pas, ou si il perd patience avant, il vous tuera. Vous ne voulez pas mourir de ses mains. "

Elle passa ses mains sur son visage, se sentant soudainement particulièrement lasse et hocha faiblement les épaules.

Zachariah se reconcentra sur sa conduite, visiblement peu enclin à insister.

Ils arrivèrent en ville peu de temps après. Zachariah réduisit sa vitesse pour ne pas attirer l'attention. Les rues étaient toujours autant peuplées, voir d'avantage, les fêtards de tout bord envahissant les trottoirs. Le 4x4 ralentit et s'arrêta derrière une berline blanche à un feu. Un clochard en guenilles couvert par un large manteau de cuir usé et un sweet à capuche qui couvrait sa tête était entrain de s'énerver à la vitre passager de la berline. Il cracha au sol et s'éloigna de la berline pour s'avancer vers le 4x4. Evie soupira, mal à l'aise et s'enfonca dans son siège tandis que l'homme s'approchait de son carreau. Les yeux de Zachariah le suivait à la trace, impassible. La jolie brune fit la moue, et redressa la tête vers le visage encagoulé qui venait de taper au carreau. Elle laissa échapper un cri de stupeur en découvrant un visage encore plus hideux que celui de Zachariah. Ce dernier baissa la vitre côté passager tandis que le clochard exhibait une rangée de dents pointues tirant sur le marron. L'air frais s'engouffrant dans la voiture chariait une odeur de putréfaction et ses sens aiguisés eurent tot fait de retourner l'estomac de la jolie brune. Elle s'enfonca aussi profondemment que possible dans son siège, luttant pour ne pas vomir.

Zachariah émit un grognement, fixant l'indésirable.

" Zachy, toujours entrain de jouer les sang-bleu? "

" Parles Josef, ne faisons pas comme si tu avais l'intelligence pour être là en ton nom. "

Le fameux Josef cracha une boule de salive noirâtre au sol, avant de reporter son attention sur Evie, la détaillant de la tête aux pieds avec un sourire pervers. Il se pencha en avant, glissant la tête à l'intérieur de la voiture sous le regard inquiet de la jeune femme.