Un Amour Non Conventionnel 08

Je devais me rendre à l'évidence. Je n'étais plus rien pour Beth à part un jouet pour asservir son sadisme. Elle aimait Pascal. Elle l'avait choisi. Il comblait tous ses désirs. Elle voulait porter son enfant.

Je devais disparaitre. Comment cet enfant à naitre justifierait-il ma présence au milieu de ses parents? Pour le bien de Beth, pour le bien de cet enfant, je devais disparaitre.

Ma décision était prise. Cela me brisait le cœur, mais c'est ce qui était le mieux à faire.

Je remontais péniblement au rez-de-chaussée. Je me dirigeai vers ma chambre, y prit un sac de sport et le remplit de quelques vêtements. Enfin je pris une pince et brisa le cadenas de ma cage de chasteté. Ce geste me redonna ma liberté. Mon sexe retrouvait enfin l'air libre après tous ces mois de captivité.

Je pris un papier. Je voulais laisser une lettre d'adieu à Beth.

Ma très chère Beth,

Mon amour pour toi est total et sans conditions. Je le pense toujours. Je suis incapable de te détester. Je t'ai aimé, je t'aime et je t'aimerai toujours.

Ton plaisir, tes désirs, tes choix ont toujours dictés mes actions. Ce sera encore le cas aujourd'hui même si la décision à prendre est difficile.

Tu aimes un autre homme que moi. Tu veux porter son enfant.

Je ne veux pas interférer dans ton bonheur. Tu n'auras pas à justifier ma présence à ce futur enfant face à ses parents. Je vais donc disparaitre de ta vie.

Ne te sens pas coupable de ce que tu m'as infligé. J'ai passé la nuit à y réfléchir. Si je pouvais magiquement me retrouver transporté la nuit ou nous nous sommes rencontré, je ne changerais rien, même avec la connaissance que je ne pourrais pas rester dans ton cœur à jamais et que nous serions ensemble que quelques temps.

Ces années avec toi ont été les meilleures de ma vie. Je te serai éternellement reconnaissant du temps que nous avons passé ensemble. Et je chérirai à jamais dans mes souvenirs et dans mon cœur ses instants de bonheur passés auprès de toi.

Je vais disparaitre. Je vais voyager et tenter de trouver un nouveau sens à ma vie sans toi. Cela sera plus simple pour toi pour pleinement vivre ton amour et ta grossesse avec Pascal.

Signale ma disparition volontaire, ainsi tu pourras légalement divorcer de moi et épouser Pascal. Je veux que tu sois heureuse.

Adieu Beth. Je t'aimerai toujours.

Pierre.

Je laissai la lettre sur le lit de Beth et déposai ma cage de chasteté à côté, ainsi que mon téléphone et mes cartes de crédits. Je pris une photo de Beth et de moi quand nous nous sommes rencontrés et la rangeais dans ma veste.

Je fis le ménage dans toute la maison. Puis je pris mes affaires, fermais la porte derrière moi et partis tracer mon chemin à pied. Je voulais disparaitre sans qu'on puisse me retrouver. Je gardais juste quelques centaines d'euros sur moi.

J'errais ainsi plusieurs semaines sur les routes de France. Je dormais sur les bancs ou sous les ponts.

Un soir, alors que faisais la manche à la sortie d'un magasin, j'aperçu un vieille clocharde, importunée par de jeunes désœuvrés. Mon sang se mit à bouillir et je couru vers la clocharde. Les jeunes ont eu l'air surpris, et ont fuis. Plus tard, la clocharde me raconta que ma tête était effrayante ce jour-là et qu'ils ont dû avoir la peur de leur vie en croyant avoir affaire à un fou. Ce n'était peut-être pas faux, je n'avais peur de rien. Plus rien n'avait d'importance. S'ils m'avaient abattu, cela aurait une délivrance pour moi.

- Vous allez bien Madame?

- Merci jeune homme. Ça va aller. Tu es quelqu'un de courageux.

- Est-ce que je peux vous aider en quoi que ce soit?

- Comment t'appelle-tu?

- Pierre.

- Pierre. Aide-moi à transporter mes sacs. Moi c'est Jacqueline.

Je pris ses sacs et la suivie jusqu'au campement ou elle dormait. Je déposais également mon sac à dos.

- Vous dormez seule ici toutes les nuits?

- Oui c'est tranquille ici. La vue sur les étoiles est imprenable. Ma lampe de poche et mes livres me tiennent compagnie. Et toi? Personne ne t'attend?

- Plus maintenant.

Jacqueline se tut et me regarda droit dans les yeux.

- La vie t'a cabossé toi aussi. Tu peux rester dormir ici à côté de moi.

- Merci Madame.

C'est ainsi que j'attachai mon destin et ma vie à cette vieille femme, clocharde. Je m'occupais d'elle, prenais soin d'elle, car je m'aperçus assez vite que Jacqueline était malade. Elle me mit du baume au cœur et redonna un sens à ma vie sans Beth.

Un soir, alors que je venais de changer de tee-shirt, elle remarqua mes cicatrices tout le long de mon dos.

- Pierre. Qui t'a fait ces cicatrices?

- Ce n'est rien. Elles font partie de moi.

- On t'a maltraité?

- Oui et non. Je chéris ces marques. C'est ce qui me reste d'elle.

- C'est une femme qui t'as fait ça?

Je rougis et m'enfermai dans le silence. Jacqueline comprit et n'insista pas.

Un autre soir, Jacqueline me rapporta :

- Tu as un sommeil agité...

- Excuse-moi Jacqueline. Je ne veux pas te déranger.

- Mais non gros beta. Qui est Beth?

- Beth? Euh, c'était ma femme.

- C'est elle qui t'a laissé toutes ces marques?

- Oui...mais j'étais consentant. Nous n'étions pas un couple conventionnel.

- Raconte-moi.

- Non. C'est mon histoire et je préfère la garder pour moi.

- Beth, tu dois la détester...

- Non. Beth est l'unique amour de ma vie. Je suis incapable de la détester.

- Et qui est Amélie?

- C'est ma sœur. Comment connais-tu son nom?

- Je t'ai dit que tu avais un sommeil agité.

Je me retournai pour lui faire comprendre que la discussion était close. Mais Jacqueline continua :

- Pierre. Cela me fends le cœur qu'un être aussi doux, aussi gentil que toi souffre tant. Je ferai tout ce qu'il faudra pour t'aider et cicatriser tes blessures.

Jacqueline ne fit plus aucune allusion à cette discussion les jours qui suivirent. Je me rendais néanmoins compte qu'elle était préoccupée, et qu'elle s'éloignait parfois plusieurs heures sans que je sache où elle était.

Puis un jour, je vis une silhouette se diriger vers nous. Je reconnus ma sœur Amélie. Elle était en larme.

- Oh Pierre. Je t'ai enfin retrouvé.

- Amélie? Comment?

- J'étais si inquiète...C'est Jacqueline qui m'a ramené à toi.

- Jacqueline?

- Oui. Elle a fait le lien avec l'avis de recherche que nous avions lancé pour te retrouver et elle m'a contacté. Cela fait six mois que je te cherche Pierre.

- Je suis désolé de t'avoir donné du souci.

- Oh Pierre. Il faut que tu nous reviennes. Nous avons besoin de toi? Beth a besoin de toi.

- Beth? Beth a un problème?

- Beth a sombré depuis ton départ. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Je crois qu'elle veut mourir.

- Mourir? Beth? Et son enfant à naitre? Pascal?

- Celui-là? Elle l'a foutu dehors dès qu'elle s'est aperçu de ta disparition. Il l'a mal pris et Beth a dû se réfugier chez moi. Elle m'a tout raconté de votre histoire. J'ai fait intervenir la police car il la menaçait. Beth a réussi à le faire renvoyer de l'entreprise.

- Cet homme était toxique. Je m'en étais rendu compte tout de suite.

- Beth a fini par le comprendre également. Et cela l'a dévasté. Quand elle a compris que tu ne reviendrais pas, Beth a sombré dans un profond désespoir. Elle a fait deux tentatives de suicide. La 2eme a failli être la bonne. Elle est actuellement hospitalisée dans une maison de repos.

- Est-elle enceinte?

- Non. Mais je crois qu'elle s'est faite avorté quelques semaines après ton départ. Pierre, je t'en supplie. Reviens. Viens rendre visite à Beth. Vous avez beaucoup de choses à vous dire. Je ne te demande pas de lui pardonner, mais te voir lui permettra peut-être de reprendre gout à la vie. Beth n'est pas une mauvaise personne.

- Je le sais Amélie. J'aime Beth au plus profonds de mon être. Mon unique but dans ma vie était de vivre à ses côtés et d'être aimé par elle.

- Beth n'a jamais cessé de t'aimer. Tout cela n'est qu'un horrible malentendu. Beth est une femme sensuelle et le pouvoir que tu lui as donné lui a fait tourner la tête. Mais si je suis sûre que d'une seule chose. C'est que TU ES L'UNIQUE AMOUR DE SA VIE. Reviens.

- D'accord. Mais je ne veux pas abandonner Jacqueline. Jacqueline a besoin de moi. Elle est malade.

Jacqueline soupira.

- Non Pierre. Tout ira bien, ne t'inquiètes pas. Je suis contente d'avoir pu contribuer à dissiper ce malentendu entre toi et Beth. Ta place est auprès d'elle. Elle a besoin de toi. Je m'occupais très bien de moi avant notre rencontre et je continuerais après ton départ. Je t'ai pris avec moi parce que j'avais senti ta profonde blessure au fonds de toi. Mais maintenant tu vas cicatriser, et moi je vais pouvoir retrouver ma solitude que j'aime tant et que j'ai choisi.

- Merci Jacqueline de ta bonté. Tu m'as sauvé la vie. Si tu passes par chez nous, viens nous voir. J'en serais très heureux.

- Je n'y manquerai pas. Allez maintenant, file.

- Adieu Jacqueline

- Adieu Pierre.

Je rangeais mes affaires dans le coffre de la voiture d'Amélie et nous primes le chemin du retour vers la maison pour retrouver Beth.