Recruter Une Secrétaire Ch. 01-02

Informations sur Récit
Une entretien décisif.
6.1k mots
4.53
13.8k
4
Récit n'a pas de balises

Partie 1 de la série de 2 pièces

Actualisé 06/11/2023
Créé 06/30/2022
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Marguerite! Son prénom n'était pas banal. Son Curriculum Vitae l'était plus. S'il avait suivi la règle qu'il s'était fixé, il aurait du déposer sa candidature sur les postes refusés. Mais il ne suivit pas la règle, pour elle, à cet instant précis. Quelque chose dans sa photo retint son attention. Il avait envie d'interviewer cette jeune femme. Pour être honnête il désirait croiser son regard. Le sien se perdit dans le paysage qui s'offrait à lui.

Philippe occupait un bureau d'angle au 12ème étage de la tour Gan à La Défense. La vue qu'il avait sur la Seine, en contrebas, et sur Paris était stupéfiante. Il restait parfois de longues minutes à contempler l'écoulement du fleuve, se vidant peu à peu de toutes ses pensées et ses angoisses, se rechargeant d'énergie comme s'il puisait au fond de cette eau boueuse et polluée ses sources d'inspiration. La vue de ce bureau l'avait décidé à s'installer dans ces locaux, alors qu'il détestait ce quartier d'affaires. Il n'y avait que des hommes d'affaires précisément, et leur vue le déprimait. Il n'avait jamais endossé un costume ni mis une cravate de sa vie, et cela ne l'avait pas empêché de réussir socialement, si tant est que cela eut une importance pour lui.

Il avait créé cette société de marketing direct et de promotion il y avait un peu plus de 5 ans maintenant. Il aurait voulu pouvoir garder une taille modeste, ne pas dépasser la dizaine d'employés qu'il avait engagés très rapidement, mais cela s'était avéré impossible. La pression des clients, l'intérêt des contrats présentés, l'équilibre économique de l'entreprise, l'avaient poussé à grossir et à se développer. Son plus gros client désirait même qu'il s'installe dans différentes villes d'Europe. Il avait refusé, mais sa position devrait sans doute évoluer, ou alors il vendrait. Il avait recruté chacun des 150 employés actuels de l'entreprise, et disposait même d'un vrai conseil de direction, ce qui le déchargeait de beaucoup de taches, il s'en réjouissait.

Il y avait deux forces qui le motivaient chaque matin à se bouger. La création d'abord. Pas celle des artistes, mais plus celle liée à l'innovation. Sans qu'il ne fasse rien de particulier, il avait toujours quelques années d'avance sur les tendances de fond, et disposait ainsi d'un sérieux atout, que ses clients avaient tôt fait de repérer. La gestion des hommes ensuite. Son approche aurait sans doute été qualifiée de paternaliste. Il aimait connaître personnellement ses employés, essayant de répondre à leurs impératifs personnels autant que l'entreprise pouvait se le permettre, ce qui ne l'empêchait pas de passer pour un dur.

Ses collaborateurs l'avaient poussé à engager une assistante. Il n'en avait jamais eue, et n'en désirait pas. Ceci étant, il était de plus en plus difficile à joindre et avait besoin d'un peu d'aide dans son organisation. Aussi s'était il laissé convaincre. Son DRH (Directeur des Relations Humaines) avait posté une annonce à l'ANPE mais Philippe désirait faire le tri lui-même. Il voulait une assistante qui soit au chômage. A la fois pour créer un emploi, mais aussi par pragmatisme. Il savait qu'à compétence égale, elle lui serait plus reconnaissante et serait sans doute bien plus motivée. En moins de 10 jours il reçu plus de 150 candidatures, il était effondré. Les temps étaient vraiment durs pour tout le monde. Il avait sélectionné 6 candidates, qui semblaient polyvalentes, débrouillardes, avec une expérience suffisante pour comprendre le fonctionnement d'une entreprise. Plus Marguerite qu'il avait ajouté à la liste, alors qu'elle était déjà employée ailleurs.

*****

La journée avait été chargée et plutôt stressante, mais comme il le faisait avant tous ses rendez vous, il prit quelques minutes pour faire le vide et être tout à cette prochaine activité. L'été se terminait, et les couleurs de la forêt étaient somptueuses, illuminée par un soleil couchant. Il avait très envie d'aller faire un footing en rentrant le soir à la maison, autour du lac, comme tant d'autres sportifs, ayant besoin de décharger les toxines de la journée.

Il la fit rentrer, et lui proposa de s'asseoir sur son canapé plutôt qu'à son bureau. Son cœur battait inexplicablement.

Elle était très brune, avec de longs cheveux foncés, raides, qu'elle retenait avec un bandeau bleu clair. Son visage était calme, contrastant avec la profondeur de son regard noisette qui brillait. La première chose qu'il nota fut sa douceur. De sa voix, de sa peau, de son comportement. Elle semblait précautionneuse de tout, de son énergie comme de la place qu'elle pouvait occuper. Elle s'était installée dans un coin du canapé, les jambes serrées, de côté, les mains posées sur ses cuisses, attendant.

Il lui expliqua en quelques mots l'histoire de la société, ses activités, son besoin et aussi son absence de savoir faire avec une assistante.

« Et si nous parlions de vous maintenant que vous savez tout de moi?

-Je suis à votre disposition lui répondit elle doucement.

-Quelle est votre réaction par rapport au tableau que je viens de vous dépeindre?

-Je suis très motivée, ce que vous me proposer est vraiment nouveau, et c'est ce que j'aime, les défis, aller plus loin. J'avoue que je ne connais rien à votre métier, mais j'adorerais apprendre.

-Quelle est votre activité actuellement?

-Je suis en fait l'assistante de 4 cadres supérieurs. Cela me rend la vie vraiment impossible puisqu'ils veulent toujours tout en même temps. Et puis cela m'empêche vraiment de m'investir dans une relation avec mon patron, ce qui me semble quand même l'essence de mon travail.

-Que voulez vous dire par vous investir dans une relation avec votre patron? Il était assez interloqué par le double sens constant de ses propos. Interloqué et assez excité. Il sentait bien au poids de plus en plus lourd dans son estomac qu'elle lui plaisait terriblement.

-Une assistante est là pour assister, et je crois qu'elle doit être intime avec son patron pour sans cesse essayer de deviner ses attentes, le soulager de tous les détails, être à sa disposition.

-Sans doute, mais cela demande beaucoup de disponibilité. J'avoue que les 35 heures chez nous sont un vœu pieu, et que tout le monde travaille beaucoup plus. Vous êtes mariée je crois?

-Oui je suis mariée, mais mon travail est plus important. Cela ne me fait pas peur de faire de grandes journées, et pourquoi pas devoir travailler le week-end parfois s'il le faut. Ce n'est pas mon problème, bien au contraire. Là où je suis actuellement, j'ai l'impression de m'encroûter et je m'ennuie.

-Vous avez des enfants?

-Non.

-Et vous désirez en avoir?

-Oui bien sur. Cela vous pose un problème.

-L'inverse m'en aurait posé un, je dois vous l'avouer. Il souriait, elle lui plaisait décidément. Nous avons en permanence une employée en congé de maternité, et je trouve cela génial à chaque fois, même s'il est vrai que ce n'est pas facile à gérer!

-Et vous avez-vous des enfants?

-Non, pas encore. Elle avait posé cette question doucement, comme tout ce qu'elle faisait, mais il la trouvait très culottée. Ceci étant elle ne faisait que lui retourner ses propres questions!

-Pourquoi travaillez vous? Il reprenait le contrôle de l'entretien qui risquait de déraper gravement et il ne l'aurait pas supporté!

-Pourquoi je travaille? Pour gagner de l'argent!

-Non en fait ce n'est pas pour cela. Elle reprit, j'aime travailler, je me sens utile, je suis faite pour cela. J'aime servir un patron, l'admirer, le guetter. Je trouve cela très gratifiant d'aider ainsi une entreprise en déchargeant son patron de toutes les tâches pour lesquelles moi je suis faite.

-J'ai sélectionné plusieurs profils de jeunes femmes qui sont également très motivées par ce poste. A votre sens, et sans les connaître, pourquoi devrais je vous choisir?

-C'est difficile sans les connaître. Mais parce que je suis à la fois très motivée, mais aussi très souple et docile. Je me comporterai comme vous le voudrez, et vous verrez, je me débrouille très bien pour tout, classement, réunions, organisation de congrès, voyages. Peut être aussi le plus important est il que le courant passe entre nous, vous ne croyez pas?

-C'est très subjectif comme notion, vous ne croyez pas?

-Je ne sais pas, moi je sens que le courant passe. Vous savez un patron passe plus de temps avec son assistante qu'avec sa femme.

-Je ne suis pas marié. Mais pourquoi avait-il donc dit cela? C'était stupide.

-C'était une image Monsieur.

-Quel est votre délai de disponibilité Mademoiselle.

-1 mois de préavis à donner. Mais je ne dois pas vous cacher que j'ai dit à mon entreprise mon désir de partir. Peut être vont-ils me proposer quelque chose qui me plaise plus.

-Je comprends. Surtout que nous sommes tout petit comparés à eux, nos possibilités d'évolution sont nécessairement plus limitées. Quelle rémunération désirez vous?

-Je touche aujourd'hui 20 000 Euros bruts annuels.

-Très bien. Laissez moi une semaine et je vous donnerais notre réponse.

-Merci beaucoup de m'avoir reçue.

-Je vous raccompagne »

Sa démarche dans les couloirs était très sensuelle. Elle lui avait donné l'impression d'être assez ronde, et pourtant elle était fine, simplement charnue à ces endroits qui plaisent tant aux hommes. Lui y compris. Ses hauts talons la grandissait d'au moins 10 centimètres. Il avait très envie de la faire revenir dans son bureau, fermer sa porte à clé et sauter sur elle. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant, un tel désir, mais en même temps cela le rassurait, tellement il sentait sa libido à l'abandon depuis sa rupture avec Elisabeth, 6 mois auparavant. Ils se serrèrent la main, la porte de l'ascenseur se ferma et il resta pensif sans même entendre les salutations de collaborateurs qui rentraient chez eux.

*****

De retour d'un rendez vous à l'extérieur, Philippe se lavait les mains lorsque Alain, le DRH le rejoignit pour le point hebdomadaire qu'ils avaient ensemble.

« Quel est l'ordre du jour Alain? J'ai 45 minutes à te consacrer.

-Nous devons finaliser l'embauche de ton assistante, que tout le monde attend avec impatience. Puis passer en revue les primes du mois que tu voudrais attribuer, me signer l'ordre de virement des salaires et je voudrais 5 dernières minutes pour te parler de choses personnelles.

-Commençons par les choses personnelles, c'est le plus important. Tu as des soucis, quelque chose qui ne va pas?

-Je n'ai pas de soucis personnels, je te remercie, mais je me fais du souci pour toi.

-Tu es gentil, mais cela me regarde, non?

-Philippe, s'il te plaît, tu m'as donné 5 minutes, écoute au moins ce que j'ai à te dire.

-Oui tu as raison, je t'écoute. Quels sont donc ces soucis qui me concernent?

-Tu bosses comme un fou depuis des années, mais depuis quelques mois c'est devenu de pire en pire. La rumeur qui court c'est que tu dors au bureau. Tu es le premier le matin, et tu vires les créatifs quand tu pars vers 23h. Tu prends de moins en moins le temps de manger, tes traits se creusent, tu as l'air vraiment à bout.

-Vraiment? Pourtant je me sens bien, tu sais. C'est gentil de prendre garde à ma santé.

-Je ne crois pas que tu ailles bien. Tu devrais faire un bilan médical, prendre plus de repos. Tu es devenu plus irritable, moins à l'écoute qu'avant. Pourtant la boîte marche très bien, tu as une équipe en qui tu as confiance, et nous n'avons plus de problèmes de trésorerie.

-Tu sais, mon problème, je crois, c'est que plus rien ne m'intéresse en dehors de la boîte. Je trouve tout assez fade et ennuyeux.

-Tu ne crois pas que tu déprimes?

-Pour un déprimé, je tiens pas mal le choc, non?

-Tu ne peux pas faire que travailler. Tu dois avoir une vie en dehors. Le départ d'Elisabeth ce n'est pas la fin du monde, il y aura d'autres femmes, j'en connais au moins 10 qui tueraient père et mère pour dîner avec toi.

-Le départ d'Elisabeth, c'est moi qui l'ai voulu, et aujourd'hui elle m'en remercie. Mais elle est difficile à remplacer. Ceci étant, tu as raison, il faut que je prenne un peu plus de temps pour autre chose, sinon je vais me scléroser. Bon sujet suivant. Il sentit Alain soupirer, mais il l'avait bien compris, il fallait simplement qu'il y réfléchisse un peu.

-Bon, passons donc sur la prochaine perle qui viendra s'occuper de toi. Tu as vu 7 personnes, j'ai vu leur CV, j'ai validé leurs expériences passées, pas de problèmes particuliers.

-Elles sont toutes très bien, une mieux que les autres, mais je ne peux la retenir.

-Laquelle?

-Marguerite de Saint je ne sais quoi.

-De Saint Chamas, oui, c'est curieux d'ailleurs la seule que tu aies sélectionnée et qui soit en poste. Et pourquoi si elle est si bien tu ne la retiens pas?

-J'ai ressenti un coup de poing au ventre en la voyant, il est hors de question qu'il y ait la moindre histoire d'attirance entre moi et mon assistante. Et puis quoi encore.

-Tu sais cela se voit assez fréquemment, c'est sûrement la proximité de la fonction qui fait cela.

-Dois je te rappeler les principes de la maison? La voix de Philippe s'était faite coupante. As-tu oublié le licenciement l'année dernière de Roland pour harcèlement sexuel? Je ne tolèrerais pas le moindre harcèlement et le moindre autoritarisme dans mon entreprise! Et je suis là pour montrer l'exemple!

-Oui, et nous t'en sommes tous éternellement reconnaissant, oh grand soleil des hauts de Seine! Alain était le seul à pouvoir se moquer ainsi de Philippe, qui rit de bon cœur avec lui. Mais sa moquerie masquait aussi une profonde admiration, il avait 15 ans de plus que Philippe et il en avait connu des patrons qui auraient au contraire profité de leur situation pour un droit de cuissage qui, s'il faisait partie hélas du paysage de l'entreprise, n'avait aucun fondement historique.

-Parmi les 6 qui restent, fais une proposition à Yasmina, elle à l'air bien et vraiment dans la mouise financièrement. Par contre tu proposes un salaire de 15 000 Euros pour commencer. Nous verrons à l'usage ce qu'elle vaut et mérite. C'est toujours plus motivant que de toucher tout de suite un salaire important.

-Très bien. J'envoie une lettre de refus pour les autres?

-Attends la réponse de Yasmina, et si c'est ok, oui. »

Alain n'eut pas besoin d'envoyer une réponse négative à Marguerite. Philippe reçut le lendemain matin un longue lettre d'elle, manuscrite, lui expliquant qu'elle était désolée, mais que son entreprise lui avait faite une autre offre et qu'elle l'avait acceptée parce que cela répondait à ce qu'elle voulait faire. Il était bien trop surchargé pour analyser ce qu'il ressentait, de toutes les façons cela ne changeait rien, puisque il avait décidé de ne pas l'embaucher. Et pour le reste, elle était fraîchement mariée, et ce n'était pas un accès d'hormone qui allait le faire bouger. Il passa à autre chose, mais pas pour très longtemps.

*****

Sans y prêter garde, Philippe avait mis la lettre de Marguerite dans sa sacoche de travail, et il la découvrit de retour chez lui, dans son studio aux Invalides. Il aimait ce lieu qu'il sentait chargé d'une énergie très particulière. Il n'avait pas besoin de plus de place, ayant tout sous la main, et suffisamment de volume pour respirer. La vue sur l'esplanade des Invalides le ravissait, et il était totalement insensible au bruit de la circulation. Il aimait particulièrement travailler allongé sur son lit, son portable le suivait partout, relié à Internet et à son bureau par une liaison sans fil à haut débit, qui lui permettait de travailler dans les mêmes conditions qu'à la Défense.

Il reprit les feuillets qui s'étaient échappés lorsqu'il avait retiré son portable de la sacoche. Cela ne le frappait que maintenant, mais elle avait écrit ces 3 pages à la main. Cela faisait très désuet et était très curieux. Etait ce une intention de sa part? Mais pour signifier quoi? Il ne connaissait rien en graphologie, mais il retrouvait dans les boucles de ses lettres toute sa douceur. Comme beaucoup de ses propos qui avaient semblé ambigus, la fin de sa lettre pouvait se lire de plusieurs façons :

« Je voudrais, Monsieur, vous remercier de votre accueil et de notre discussion que j'ai trouvée très enrichissante. Je n'ai pas de doute que la femme que vous choisirez sera très heureuse de vous servir. J'espère que j'aurais le bonheur de peut être recroiser votre route, et peut être cette fois ci quelque chose entre nous sera possible. »

Son instinct de chasseur se remettait en route après cette longue période d'abstinence. Pas de doute, il sentait en elle cette sensation qui le faisait craquer. C'était une femme pour lui, et elle semblait l'avoir senti, sinon comment expliquer son attitude, ses mots, pendant l'entretien, qui lui revenaient, le désir qu'il sentait en lui de la prendre, de la dominer, de la domestiquer, l'envie qu'elle communiquait d'être utilisée, dressée comme une esclave.

Ceci étant, il ne comprenait pas bien son refus à elle de venir travailler avec lui. De même elle était mariée! Peut être d'ailleurs était ce lié, elle était attirée et avait préféré refuser la proposition plutôt que d'être tentée. Philippe hésita longuement, et n'arriva pas à s'endormir avant d'avoir décidé de ce qu'il devait faire. Il relut à plusieurs reprises la lettre, et ce n'est que tardivement qu'il réalisa qu'elle lui avait laissé toutes ses coordonnées, professionnelles et personnelles, y compris son téléphone portable privé. Cela le décida. Il devait être 3 heures du matin, et sans doute elle dormait. Il voulait lui laisser un message, et préférait ne pas l'avoir en direct.

« Bonjour, vous êtes sur le portable de Marguerite. Je ne suis pas là, mais je serais heureuse d'entendre votre message après le bip. Je vous rappellerai sans faute.

-Bonsoir Marguerite. Je suis Philippe Dugas. Nous nous sommes rencontrés pour un entretien d'embauche il y a quelques jours, et j'ai reçu votre lettre de désistement. Ceci étant, je voudrais vous revoir. Je vous attends chez moi vendredi soir, à 21h précise. J'habite au 15 Place des Invalides, le code sur la porte est le 3256, mon appartement est au 7ème étage gauche en sortant de l'ascenseur. Ne sonnez pas, attendez sur le paillasson, les mains dans le dos, que je vous ouvre. Si vous n'êtes pas là, nous continuerons chacun notre vie, dans le cas contraire, nous verrons bien... »

Philippe souriait en raccrochant. Les dés étaient maintenant jetés, la suite n'était plus de son ressort. Il savait que sa voix était très agréable au téléphone, aussi si elle hésitait, peut être que cela ferait la différence.

Le reste de la semaine s'écoula rapidement comme toujours. Mais Philippe prit soin de s'impliquer un peu moins et de rentrer plus tôt chez lui le soir. Il repensait à Marguerite, à ce qu'il avait envie de lui faire. Et si ce n'était pas à elle, alors ce serait avec une autre. Il était heureux de sentir comme son désir était revenu, désir de contrôler une autre femme. Il se demandait si elle viendrait. Peut être avait il voulu voir tous ces signes?

*****

Evidemment de le voir partir dès 20h vendredi soir avait surpris quelques uns. Philippe se surprenait à être très fébrile, et il rentrait comme un fou sur sa moto. Il avait depuis longtemps compris que s'il voulait pouvoir cumuler plus de deux rendez vous dans la journée à Paris, il lui fallait un deux roues. Et il adorait cela, même la pluie ou le froid ne l'arrêtait pas. C'était très jouissif de sentir toute cette puissance et de la domestiquer.

Comme il le lui avait demandé, il n'avait eu aucune nouvelle de Marguerite. Il était totalement fou de lui avoir laissé un tel message, mais cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas été fou comme cela. L'incertitude de savoir si elle viendrait ou pas le rendait encore plus nerveux. Il ferma les volets et les rideaux, prépara de quoi grignoter et boire convenablement, de la musique zen sur la platine, des bougies pour éclairer. Le studio était comme toujours en ordre, c'était un maniaque du rangement et de la propreté, aucune crainte de ce côté-là. Quand tout fut préparé ainsi qu'il le souhaitait, il prit une douche brûlante qu'il laissa couler jusque quelques minutes avant l'heure fatidique. Il voulait résister et ne pas regarder au travers du judas, la découvrir au même moment où elle le découvrirait, espérant ce même coup de cœur, et cette même envie réciproque.

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