L'elfe Qui Voulait des Gros Seins

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Edalas, princesse d'Araenoriel, veut découvrir le monde.
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Edalas
Edalas
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Note de l'auteur

Bonjour, c'est ma deuxième histoire postée ici (après un an). C'était à la base plus une blague qu'autre chose, mais au final je me suis pris au jeu, et j'ai envi que ça continue, alors il y aura sans doute une voir plusieurs suites 👀.

AVERTISSEMENT : Cette histoire met en scène un personnage avec des complexes envers son physique, même si de manière détournée. Dans la vraie vie véritable, ces complexes peuvent amener à de graves problèmes de santé comme des troubles du comportement alimentaire. Si vous êtes dans cette situation, parlez-en à votre médecin et prenez soin de vous ❤️.

Bonne lecture.


Edalas fuyait dans les bois, sa robe brodée d'étoiles et de feuilles relevée pour ne pas être ralenti. Il n'y avait aucun prédateur, aucun poursuivant, et pourtant elle fuyait. Les arbres majestueux autour d'elles semblaient se moquer, comme autant de vieillards barbus penchés pour la huer. Elle les haïssait, eux et tous ceux qui habitaient cette maudite forêt, soi-disant la plus ancienne du monde d'après la vieille Esiresse, qui connaissait jusqu'au noms de chacun des êtres vivants. Il faudrait qu'elle les lui demande un jour pour tous les maudire proprement. Mais peut-être n'en aurait-elle pas besoin finalement, car la lumière de la Lune se faisait plus vive devant elle, peut-être la sortie était-elle enfin à portée?

Son cœur se mis à battre plus violemment, poussant ses jambes à la porter plus vite, se ruant vers la liberté. Les arbres disparurent au-dessus de sa tête, permettant à l'air vivifiant de la nuit de l'accueillir. Elle s'arrêta en dérapant dans les fleurs, tenta de se rattraper au vent, mais celui-ci n'ayant pas la moindre intention de l'aider, s'étala sur le dos dans un juron[1].

-- Et bien, ma fille, que fais-tu allongée au sol? Il me semblait t'avoir répété que ce n'était pas une position acceptable pour une futur reine.

Edalas rouvrit les yeux prudemment, et le regretta instantanément. La figure de madame Esiresse apparaissait à l'envers au-dessus d'elle, avec cet air de perpétuel reproche qu'elle arborait en sa présence plaqué dessus comme un lembas mal cuit. Elle referma les yeux.

-- Ne faites pas l'enfant, mademoiselle, ce n'est pas ainsi que votre mère a acquis la sagesse que le monde lui connait. Allez, levez-vous, vous ne voudriez tout de même pas que d'autres vous voient dans cette position.

Ce n'était pas une question, mais une affirmation assénée avec la conviction profonde, propre à la vieille qu'en affirmant son point de vue avec assez de ferveur celui-ci deviendrait la réalité. Edalas respira longuement, s'imaginant avec la précision que confère l'habitude sa professeure repeinte en mauve et suçant allégrement le membre d'une licorne, comme sur l'illustration qu'elle avait dénichée il y a 3 ans dans un vieux livre interdit, lequel avait été évidemment confisqué depuis, mais elle conservait toujours une copie de l'illustration sous son matelas, au cas où.

Elle rouvrit alors les yeux, s'efforçant de coller cette image sur la vieille elfe au cheveux argentés qui se tenait au-dessus d'elle.

-- Je connais le chemin pour rentrer, vous savez? dit-elle en se relevant.

-- Et tu cherches celui pour sortir d'ici, n'est-ce pas? Répliqua la vieille sur le visage de laquelle l'air de méfiance et celui, farouchement attaché aux lieux, du reproche se livraient bataille dans un mélange douloureux à voir.

-- Non, vous faites erreur, je vérifiais simplement si nos protections étaient toujours en place.

Penser à la licorne, penser à la licorne, penser à la licorne pour ne pas lui hurler des obscénités.

-- Aucun besoin mademoiselle, ces protections ont été placées sur Araenoriel par des elfes bien plus anciens et bien plus puissants que moi ou même votre mère, leurs esprits vénérables nous protègeront à jamais de l'extérieur. Mais je suis ravie de constater que vous vous en préoccuper. Nous irons prier la Lune à leur sanctuaire dès demain.

Zut. Pas le meilleur des mensonges, elle aurait mieux fait de dire qu'elle courait après un papillon. La vieille sautait toujours sur l'occasion de placer des sorties ou des cours supplémentaires dans ses journées dès qu'elle croyait desseller un intérêt envers la moindre chose chez Edalas. Au moins, peut-être pourrait-elle poser des questions utiles.

-- Bien sûr! Ça sera avec joie!

Visiblement satisfaite, Esiresse la laissa là, sans doute pour aller rapporter cette entrevue à sa mère. Bien sûr, elle ne serait pas aussi crédule, mais elle s'en fichait. Après tout, que pourrait-elle faire de plus si ce n'est lui passer un savon? La technique de la licorne fonctionnerait très bien pour affronter ce moment.

Dépitée par cet échec supplémentaire, elle se dirigea donc, bon gré mal gré, vers sa chambre. La cité elfique d'Araenoriel retentissait de chants et de rires. Ses arbres majestueux aux feuilles dorées étaient façonnés par les chants de leurs habitants en autant de fresques vivantes, de monuments tels qu'un mortel ne pouvait imaginer qu'en rêve, d'une grâce et d'un savoir-faire qui remontait au temps où les elfes étaient les seuls à fouler la terre au côté des animaux et des plantes. Les chants s'élevaient parfois mélodieux et enjoués, parfois exprimant la mélancolie d'un monde évanoui ou d'un amour impossible. Edalas pressa le pas, saluant d'un signe amical les quelques habitants qu'elle reconnaissait. Plus jeune, elle serait restée des heures à écouter, enchantée, portée par leurs beautés. Peut-être même aurait-elle participé, ressentant alors l'harmonie régénératrice portée par la magie tissée dans chaque mot, chaque note. Maintenant, tout ceci ne lui inspirait qu'ennui ou dégoût. Certes, les chants étaient toujours beaux, mais d'une beauté vue et revue, émoussée par les années. Elle ne pouvait comprendre comment les autres semblaient ne jamais se lasser, continuaient nuit après nuit, année après année, siècle après siècle.

Elle grimpa avec agilité dans le tronc vivant de sa chambre. Une vaste salle creusée par le chant au sein d'un noisetier millénaire. Une chambre qui avait autrefois appartenue à sa mère, dont les feuilles l'avaient bercée de leurs chants alors qu'elle n'était alors qu'une enfant. Edalas la parcouru d'un regard lâ, se demandant brièvement si repeindre l'intérieur de couleurs plus vives ne la rendrait pas moins soporifique, avant de se rendre compte qu'au moins, c'était le rôle d'une chambre à défaut d'être celui d'une cité, de s'étendre sur son lit et de murmurer un mot de pouvoir afin que l'endroit sombre dans le silence, loin des chants qui commençaient à lui donner mal au crâne.

Les elfes ne dorment pas. Comme si l'immortalité n'était pas suffisante et qu'il fallait qu'ils ne passent pas un tiers de leur vie au lit. Mais Edalas voulait réfléchir, et s'étendre dans un lit douillait chaud et dans une pièce silencieuse était exactement ce dont elle avait besoin. Les protections au-delà de la forêt empêchaient les mortels d'atteindre la cité, les déviants de leur chemin en brouillant leurs perceptions. Leurs perceptions... Quelle étrangeté cela devait être de voir moins loin, entendre moins, de ne pas ressentir la magie au plus profond de son être. Cela devait être... si apaisant... bien qu'un peu dangereux. En tout cas, le sort fonctionnait dans l'autre sens, puisqu'elle était sûre de ne pas avoir déviée et qu'elle avait pourtant fait demi-tour sans même s'en douter, et que c'était ça troisième tentative depuis la nouvelle année. C'était rageant. Elle se leva. Que les mortels n'aient pas le droit d'accéder à la cité, c'était compréhensible. Après tout, ils ne vivaient pas assez longtemps pour réellement comprendre le monde, se bornaient à reproduire les mêmes erreurs et certains étaient probablement dangereux, enfin... d'après la vieille, et si elle gobait aussi facilement les mensonges, rien ne disait qu'elle soit aussi sage que sa mère le prétendait.

Elle s'approcha d'une fresque au fond de sa chambre qui représentait un roi ancien, un grand, mince, l'air sévère, pour changer, et lui donna une pichenette sur le bout du nez. Dans un léger grincement, une porte cachée s'ouvrit, découpant le roi en deux en ne laissant que la partie droite de son visage dans une expression de vague surprise. Là, au fond d'une petite salle, sur un mur, se trouvait l'une des multiples raisons de ses tentatives : une mortelle. Une mortelle grossièrement exécutée, avec une peinture passable, mais une mortelle quand même. Elle était bien plus grande qu'elle, large d'épaules, et son visage était marqué de grandes balafres qui ne s'était curieusement jamais vraiment refermées[2], montrant ainsi que sa vie avait été faite de dangers, et qu'elle les avait tous envoyé au tapis. Edalas suivi délicatement le contour de cette mortelle du doigt. En comparaison, elle semblait frêle et petite, et elle était sûre que chaque elfe l'aurait été. Cette femme semblait pouvoir la briser d'une torsion sans le moindre effort. Elle était la seule mortelle qu'elle n'ait jamais vue, plusieurs années auparavant, alors que celle-ci avait été invité par sa mère pour une raison qu'elle ignorait. Edalas l'avait seulement entrevue, et s'était empressée de venir ici pour peindre. Elle se rappelait encore comment les muscles de cette guerrière, contrairement aux siens, roulaient sous sa peau, comment sa carrure la faisait ressembler à un ours féroce. Elle se rappelait aussi à quel point sa poitrine était différente. Edalas avait des seins, mais elle ne leur avait pas vraiment prêté d'attention jusqu'à ce jour. Cette mortelle en avait aussi, mais ceux-ci tremblaient en semblant vouloir s'échapper de ses vêtements, pourtant si serrés autour d'eux, et Edalas était sûre que s'ils l'avaient fait, ils seraient presque aussi gros que sa tête. Elle avait mis des heures à essayer de les représenter correctement tant ils l'avaient perturbée, mais le résultat avait l'aspect de deux gros pâtés collés à son torse. Mais bon l'idée était là, à défaut du talent.

Rien qu'en la regardant, après tout ce temps, en se rappelant tous ses détails, elle commençait à sentir une chaleur familière grandir au fond de son ventre. Elle lui faisait imaginer que cette poitrine absurde était la sienne, et qu'elle pouvait la prendre dans ses mains, qu'elle débordait de ses doigts, à la fois lourde et douce. Elle glissa doucement la main sous sa tunique pour caresser ses propres seins, et en fermant les yeux recula jusqu'à son lit. Esiresse ne lui demanderait rien avant le lever du soleil, c'était l'occasion. D'un geste elle envoya ses vêtements de tissu soyeux voler dans un coin et pris ses seins en coupe. Ils paraissaient si petits comparés à ceux de la mortelle, mais pour le moment le plus important était qu'ils étaient assez sensibles pour que les premières caresses la fassent frissonner de bonheur alors que des ondes de plaisir parcourraient sont corps de son cœur jusqu'au bout de ses orteils. Ses paumes formaient de petits cercles sur sa poitrine, chaque mouvement l'envoyant vers de nouveaux piques d'excitation alors que le bas de son corps commençait aussi à réclamer de l'attention. Elle se mit à émettre de petits gémissements quand ses doigts pénétrèrent sans ménagement entre ses cuisses, puis poussa franchement des cris quand elle se souvins qu'elle était isolée de l'extérieur. Sa libération vint rapidement, alors qu'elle imaginait pendant un bref instant incohérent la licorne du livre l'empaler sur son membre absurdement énorme. Elle se resserra sur ses doigts, arquant le dos pour se donner un meilleur accès, puis retomba, le souffle court.

Elle resta là, pantelante, profitant du bonheur et de la paix, du silence et de la solitude qu'elle connaissait si rarement en ce moment, entre les enseignements, les prières et autres débilités. Face à elle, la cachette était encore ouverte, et la guerrière aux gros seins la fixait d'un air vaguement triste, sans doute à cause des grosses tâches bleues qui lui coulaient sur le nez. Agacée, elle referma la porte d'un mouvement de sa main encore humide. Comment cette femme avait-elle eu de si gros seins? C'était certes une question stupide, après tout, les mortels n'étaient tout simplement pas faits comme les elfes, voilà tout, mais elle ne pouvait s'empêcher de se la poser maintenant qu'elle y pensait. Peut-être que la vieille le saurait.

-- La poitrine des mortelles? Pourquoi vous intéressez soudain à un sujet aussi spécifique, mademoiselle?

Elles priaient depuis plusieurs heures déjà, et Edalas commençait franchement à arriver à court d'idées pour varier les positions d'Esiresse et son amant imaginaire quand elle avait enfin trouvé une pause dans la litanie pour aborder le sujet.

-- Eh bien, c'est simplement de la curiosité. Pourquoi les dieux les ont-ils fait si différents de nous?

-- Les mortels sont nés bien après nous, vous le savez. Ils ont été créés par des êtres imparfaits, que nous ne prions pas. Ainsi, la création d'êtres imparfaits ne peut qu'être imparfaite, tout simplement.

Si madame Esiresse incarnait la perfection, alors Edalas était prête à croire que les arbres avaient la capacité de faire pousser de jolies petites ailes violettes pour aller discuter avec les oiseaux mangeurs de nuages, mais elle réprima la réponse cinglante qui lui venait et demanda plutôt :

-- La seule mortelle que j'ai vue avait pourtant l'air bien plus forte que vous ou moi. Je veux dire, sans utiliser de magie bien sûr.

-- Exact, sans magie. Les mortels qui savent la manier ne sont pas nombreux, et aucun n'arrive à la cheville du moindre enfant d'ici. Cette mortelle que tu as aperçue n'aurait pas fait le poids contre qui que ce soit, et elle en avait bien conscience.

-- Et alors, cette poitrine, pourquoi est-elle si différente?

Un regard soupçonneux de l'ancienne fit savoir à Edalas qu'elle insistait un peu trop, mais après un soupire elle dénia répondre :

-- N'a tu donc pas écouter? Leur corps sont imparfaits, aussi disgracieux que leurs créateurs.

Disgracieux, était-ce là toute la réponse? Esiresse n'avait-elle aucun sens esthétique? À bien y réfléchir, s'était probablement elle qui n'en avait pas, à en juger par la qualité de ses œuvres, la peinture de la mortelle étant à son avis la moins ratée, les autres pouvant-être qualifier, au plus, de jolies bons-elfes bâtons.

-- Cela doit être horrible d'être aussi... disgracieux, se mot lui écorchait la bouche, en ont-ils seulement conscience?

-- Non, hélas..., son ton dramatique fit revenir au gallot la licorne au premier plan de l'esprit d'Edalas, c'est aussi pour cela que les anciens ont décidés de les écarter d'Araenoriel, afin que leur propre imperfection ne les empêche pas de vivre. :

-- D'ailleurs, ces protections...

-- Je sais que vous voulez en savoir plus là-dessus, jeune fille, mais pour l'instant vous n'avez pas besoin de vous préoccuper de cela.

-- Dites-moi au moins comment cette mortelle a pu arriver jusqu'ici, a-t-elle été guidée?

-- Seule votre mère peut permettre à un mortel de pénétrer la cité, et quand vous serez reine à votre tour, ce sera là l'une de vos plus lourdes responsabilités. Nous aurons tout le temps d'en discuter quand votre potentiel magique sera pleinement éveillé.

Sur ce, elle reprit son chant, et Edalas la suivi sans insister. Elle aurait tout le temps, en effet, à moins que quelque chose de grave n'arrive à sa mère, elle ne régnerait pas d'ici plusieurs siècles , si ce n'est plusieurs millénaires. Il y avait forcément un moyen de s'en sortir autrement. Alors que la lune se levait dans la nuit, elle se demandait si son éclat était aussi doré en dehors de la cité qu'à l'extérieur. Les mortels voyaient-ils seulement la lune? Après tout elle était une manifestation des dieux créateurs, peut-être les mortels passaient-ils toutes la nuit dans l'obscurité la plus total, cloitré chez eux en attendant le levé du jour pour y voir quelque chose. Il n'y avait qu'un moyen de connaitre la réponse à toutes ces questions et ce ne serait pas Esiresse qui les lui donnerait. De plus, elle arrivait vraiment à la limite de son imagination quant à tout ce qu'on pouvait faire d'une longue corne magique, et craignait[3] le jour où elle serait contrainte de réellement l'écouter sans moyen de passer son ennui. Sa mère seule avait les réponses, et elle ne les lui donnerait pas. Il fallait donc enquêter.

Sa mère vivait dans une clairière paisible ou elle s'enfermait parfois pendant des semaines, pour étudier d'anciens écrits ou pour réfléchir à des questions graves, et parfois c'était là qu'elle accueillait les représentants de lointaines cités elfiques, toutes de moindre importance. Or, elle savait de source sûre que sa mère était actuellement occupée ailleurs pendant quelques heures. Les gardes postés devant le rideau de feuilles s'écartèrent devant elle en lui souhaitant la belle journée. Elle avait attendu ce moment pendant plusieurs semaines. Elle ne voulait en aucun cas que sa mère arrive alors qu'elle fouinait, car elle était sûre qu'elle lui interdirait l'accès. Quand le rideau retomba derrière elle, la sérénité des lieux lui évoqua de nombreux souvenirs à jouer ici, ou à écouter Esiresse lui raconter des histoires. L'endroit semblait avoir rapetissé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. La voûte de feuilles qui protégeait la clairière même des plus fortes pluies de printemps et qui laissait pourtant filtrer la lumière du soleil et de la lune lui frôlait presque les cheveux, et les ouvrages et reliques que sa mère gardait ici lui était maintenant familiers. Esiresse lui avait permis un jour de poser toutes les questions qu'elle avait à leur sujet, et même si c'était l'un des rares cours qu'elle ait écouté c'était aussi celui qui avait ôté le plus de magie de ces lieux. Le gros volume noir tâché de rouge n'était en réalité qu'un livre de cuisine. Et le bidule en verre qui émettait parfois de légers tintements ne faisait que prédire la météo du lendemain. Seul certains rares artéfacts l'avait intéressé. À commencer par le globe de Crystal, conservé dans un coffre tapissé d'un tissu si doux qu'elle s'y était déjà endormie. Elle s'approcha de lui, prenant garde à ne rien déranger sur son passage. Elle souleva le couvercle lourd, gravé de runes complexes qui interdisait à tout être qui n'était pas ami de la famille de l'ouvrir. Il était là, brillant de la lumière du ciel étoilé contenu dans ses profondeurs. Elle le fit doucement léviter à sa hauteur, le globe étant si lourd qu'elle aurait été incapable de le soulever sans magie. Les étoiles tourbillonnaient doucement à l'intérieur comme autant de lucioles captives. Elle avait toujours aimé les scruter, bien que jamais trop longtemps car ça lui donnait rapidement le tournis, mais elle l'aimait d'autant plus que maintenant, elle savait s'en servir.

Murmurant doucement les mots anciens qu'elle n'avait jamais oubliés, elle fit étinceler un astre, puis grossir jusqu'à ce que le globe ne contienne plus que lui, le soleil qui, petit à petit se mis à rétrécir pour laisser place à Araenoriel, comme aperçu à travers les nuages. Quelques mots de plus et elle se vit. Ses cheveux blonds tressés tombaient sur ses épaules fines, et son front était plissé sous la concentration alors qu'elle faisait pivoter l'observateur imaginaire en face d'elle. Elle fixait ses yeux violets et se fit un léger sourire alors que le globe montrait son reflet comme à la surface d'un lac calme. Elle en profita pour réajuster sa robe bleu pâle qu'elle avait tissée elle-même lors de son entré dans l'âge adulte. Un rituel ridicule mais qui avait clairement donné l'une de ses plus belles réalisations. Elle aimait particulièrement les papillons et abeilles arc-en-ciel qu'elle avait mis des jours à perfectionner. Ils butinaient des étoiles. Ça n'avait pas vraiment de sens, mais elle avait trouvé ça beau, et même si certains défauts étaient évidant, c'était toujours sa robe préférée, ne serait-ce que parce qu'elle était légère et permettait au vent doux de la forêt de la rafraichir, là où les robes qu'Esiresse lui fournissait étaient toujours trop lourdes et pas assez confortable. Ce n'était pas visible de l'extérieur, mais elle y avait aussi ajouté des poches pratiques et des coutures au niveau de la poitrine, facilement déchirables sans risque pour le reste du tissu et qui permettaient d'augmenter son amplitude, au cas où. Après tout, elle n'avait pas de seins quand elle était enfant, qu'est-ce qui empêcherait qu'ils n'aient pas vraiment finit leur croissance? « La logique, la nature et le bon sens », songeait-elle, même si elle aurait préférée avoir tort et qu'un jour, elle devrait défaire ne serait-ce qu'une de ces coutures. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça. Le globe permettait de tout voir, partout, et peut-être même tout le temps. Mais pouvait-il lui permettre de franchir les protections de la cité? Elle en était convaincue, il lui avait toujours semblé être plus que ça. Il détenait un pouvoir bien supérieur à ce qu'on avait bien voulu lui montrer. Le moment était venu de vérifier cette intuition. Elle laissa la magie qui vibrait au plus profond d'elle se libérer, envelopper le globe, lui permettant d'en ressentir les palpitations, de voir le sort complexe qu'il avait fallu y tisser.

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