La Pomme - Karenn

Bien en évidence dans la corbeille de fruits posée sur le bar, une pomme rouge tranchait avec les fruits exotiques locaux.

— Chéri, tu es sûr que tu ne veux pas venir avec nous et découvrir Bangkok, la nuit?

— Non! Karenn! Mon repas de midi n'est pas bien passé. Je préfère rester à l'hôtel. Allez-y toutes les deux avec Margaux...

— Comme tu veux! dit-elle en sortant de la salle de bain.

Au même moment, Margaux frappa à la porte de la chambre de ses amis.

— Vous êtes prêts?

—On ne sort que toutes les deux, il ne se sent pas bien, il préfère rester se reposer...

— Tant pis pour toi! fit Margaux en regardant le mari de Karen allongé sur lit.

Les deux femmes descendirent à l'accueil pour demander un taxi. Elles regardaient les différentes sorties possibles pour la soirée. Elles souhaitaient découvrir le Bangkok authentique, pas les attractions à touristes. Caché sous une pile de prospectus vantant les mérites de restaurants, night-clubs ou scènes "vraiment authentique", elles découvrirent un petit carton avec l'adresse d'un club proposant spectacles de danses, massages et autres petits plaisirs.

— Celui-là! dit Margaux. Regarde le carton est moins tape à l'œil que les autres, je suis sûre qu'il est plus couleur locale que les autres!

— D'accord! Va pour ce club! D'ailleurs le taxi arrive.

Le chauffeur les regarda étonné et surpris quand elles lui montrèrent le carton. Il leur fit répéter plusieurs fois, afin d'être certain d'avoir bien entendu.

— Vous êtes certaines? Ce n'est pas un quartier très sûr pour deux étrangères.

— Oui! Nous voulons aller là!

Il haussa les épaules et démarra, prenant la direction de ce quartier où il n'aimait pas trop aller la nuit.

— Ton mari était bien pâle!

— Oh! Il a l'estomac fragile, c'est toujours comme cela quand on part en vacances, il lui faut deux jours pour se remettre du voyage... Je ne vais pas rester enfermée avec lui, en attendant que ça passe, non plus?

— Non! Tu as raison, il faut profiter des vacances.

— Tu es sûre que nous avons bien fait d'aller dans ce bar, le chauffeur semble peu enthousiaste!

— Si le carton était à l'hôtel, c'est qu'on peut avoir confiance. Ils ne laisseraient pas des bouis-bouis infâmes sur leur table avec les bonnes adresses... et le chauffeur ne doit pas aimer aller là-bas, car au retour, il devra rentrer à vide, sûrement!

— Oui! Tu as sûrement raison!

Pendant le trajet, elle regardait l'agitation nocturne de la ville qui était tout aussi active que dans la journée. Le taxi quitta rapidement les artères les plus touristiques et( il) finit par s'arrêter dans une avenue quasi-déserte.

Karenn paya le jeune thaïlandais et elles se dirigèrent vers une petite ruelle entre deux immeubles. Elles entendirent à peine le chauffeur leur dire d'être prudentes et de rester sur leurs gardes.

Elles s'approchèrent de la porte du club, indiqué par une vieille enseigne au néon, clignotante de vétusté. Margaux sonna. Elles virent un œil inquisiteur les observer par le judas et la porte s'ouvrit sur une thaïlandaise au regard sévère. Margaux montra le carton qu'elles avaient trouvé à l'hôtel. Elle ouvrit la porte pour laisser entrer les deux jeunes européennes.

Karenn et Margaux pouvaient apercevoir dans la salle enfumée des convives attablés, sur la scène une femme en tenue très légère dansait plus érotiquement que sensuellement. Les serveuses à la poitrine nue, juchées sur de hauts talons, juste vêtues d'une mini-jupe, passaient de table en table. Elles se regardèrent avec l'envie de quitter ce lieu au plus vite, mais la pomme attira leur regard.

Un sourire énigmatique passa sur le visage de l'hôtesse d'accueil qui leur tendit la pomme. Elles la prirent dans la main et aussitôt, elles ressentirent des picotements au bout des doigts. Les nano-robots entraient en action.

Une jeune serveuse les prit par la main et les entraina dans une autre pièce. Elles découvrirent une ambiance beaucoup plus étrange. Il y avait surtout des hommes, de toutes origines. Ils étaient seuls ou en couple. Des femmes dansaient nues sur la scène, d'autres s'exhibaient sur les tables. Karenn en vit même à genoux en train de sucer leur partenaire. Elle aurait aimé partir, quitter cette pièce et rejoindre son mari à l'hôtel, mais une force inconnue la poussait à rester.

La serveuse la tira par la main. La curiosité étant la plus forte, Karenn se laissa faire, elle se retrouva séparée de Margaux. Son amie était entraînée par une autre jeune fille.. La tension sexuelle qui régnait dans cette salle l'excitait. La vision des femmes nues, des couples enlacées, lui procurait des frissons. Elle sentait sa poitrine gonfler. Ses tétons commençaient également à devenir visibles sous son chemisier.

Elle vit un homme s'approcher d'elle. Il la toisait. Il lui souleva le menton, elle ne bougea pas. Il approcha son visage et posa ses lèvres sur les siennes. Elle sentit sa langue forcer sa bouche, elle ne résista pas, offrant sa bouche à la langue masculine inconnue.

L'homme se recula et dit une phrase dans sa langue. Karenn fut aussitôt dévêtue et se retrouva sur un fauteuil. Deux femmes s'agitaient autour d'elle, elles l'épilèrent, la maquillèrent, la coiffèrent. Elles la redressèrent et Karenn se vit dans le miroir. Jamais elle n'avait été maquillée ainsi. Elles avaient appliquées une teinture sur ses aréoles, ses tétons, ses lèvres intimes. Elle ressemblait à une poupée hyper sexualisée.

Pour achever le travail, Karenn fut parée de nombreux bijoux asiatiques dorés. Elle ne se reconnaissait plus.

L'homme qui avait parlé quelques minutes plus tôt la poussa sur la scène. Un projecteur se braqua sur elle. Elle entendit des applaudissements et une musique langoureuse s'éleva. Elle se trouvait à côté d'une barre de pole-dance.

Instinctivement, elle commença à danser autour de la barre. Elle prenait des poses de plus en plus provocantes. Elle n'hésitait pas à montre sa nudité, son sexe dont le maquillage attirait les regards. La musique se fit plus rythmée.

Un homme la rejoignit sur scène. Elle se mit à danser avec lui. La danse devenait une parade nuptiale. L'homme se mit nu. Le rythme musical s'accéléra.

Karenn s'agenouilla et prit le sexe dressé de l'homme dans sa bouche. Les spectateurs applaudissaient. Cela encouragea la jeune femme à continuer. Sa bouche allait et venait sur la queue raide. L'homme explosa. Elle se tourna vers la salle et montra sa bouche remplie de sperme. En souriant, elle avala.

D'autres hommes la rejoignirent. Ils la caressaient, ils fouillaient sa poitrine, son ventre, ses seins, son sexe. Elle fermait les yeux. Elle gémissait. Ils la manipulaient comme une marionnette. Elle se sentit soulever puis elle retomba sur un sexe dressé.

Elle poussa un long feulement. Un autre homme arriva derrière elle. Il l'attrapa par les hanches et pénétra son cul. Elle cria. Elle eut l'impression de sortir de son corps. Elle voyait ces deux hommes qui allaient et venaient en elle. Elle n'était plus qu'un sexe, qu'un cul que les hommes utilisaient pour leur plaisir.

Les hommes jouirent en elle puis se retirèrent. D'autres hommes montèrent sur scène et remplacèrent les premiers. Elle fut prise de spasmes et jouit. Cela excitait les mâles autour d'elle. Elle passait de mains en mains, les jouissances se suivaient les unes après les autres.

Toute la salle était prise d'une frénésie sexuelle. Des femmes étaient allongées sur les tables, des hommes s'activaient entre leurs cuisses. D'autres femmes se léchaient entre elles sous les encouragements de spectateurs qui se faisaient sucer. Sur la scène, une femme avait été attachée à une croix, elle était fouettée, caressée, prise, enculée. Karenn l'entendit gémir. Elle regarda dans sa direction et elle reconnut la chevelure rousse de Margaux. Elle pouvait voir son dos pâle zébré de stries rouges. Les hommes n'avaient pas retenu leurs coups. Son amie tremblait, hoquetait. Elle tressautait au rythme des coups et des pénétrations.

Une vapeur rouge emplissait peu à peu la salle.

Karenn perdit toute notion du temps. Elle avait oublié son passé. Elle était devenue un objet à donner du plaisir et elle aimait cela. Ses orgasmes venaient au rythme de la musique et montaient crescendo.

Quand la musique s'arrêta, les lumières s'éteignirent. Karenn tomba sur le sol, inerte.

Des hommes entrèrent dans la salle et ramassèrent les femmes inconscientes. Ils les conduisirent dans le sous-sol du club où elles furent enfermées.

Malgré ses recherches, Pierre ne retrouva jamais la trace de Karenn et de Margaux. Sur les indications du chauffeur de taxi, la police ne trouva qu'un entrepôt vide dont le sol était couvert de fine poussière rouge.

La pomme retrouva sa place dans une panière sur un comptoir.