Dans Le Bus Ch. 01

Informations sur Récit
Début du voyage en bus pour Yesnia.
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5

Partie 1 de la série de 5 pièces

Actualisé 06/12/2023
Créé 12/28/2022
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Traduction d'un texte de creativeboyinspring

*****

- Ringarde !

J'entends l'insulte fuser dans le couloir alors que je les croise. Un instant plus tard, ce sont des rires qui éclatent. Bien sûr tous ces rires ne sont pas vraiment nets, mais ils montrent à quel point les étudiants sont stupides ici. Je ne dis rien et je ne réagis pas, car c'est ce qu'ils voudraient.

Je m'appelle Yesnia et j'ai 19 ans. Oui je suis une intello. Je ne veux pas dire une de ces petites intellos mignonnes que l'on voit à la télé, mais une vraie intello, une ringarde comme on aime m'appeler. Il fut un temps où je détestais ce mot, mais j'ai grandi avec. De plus je suis la meilleure étudiante de l'université et j'ai gagné tous les concours que j'ai passés.

Qu'est-ce qui fait de moi une ringarde ? Tout mon être. Et sûrement que ce soit le fait que je ne me maquille jamais ou que je porte toujours mes cheveux noirs coiffés avec une queue de cheval, que je ne m'habille pas vraiment comme une fille, car je porte toujours des tee-shirts ou des sweats à capuches très larges ainsi que des jeans. J'aime porter des vêtements de garçons, car ils sont toujours plus résistants que les froufrous des filles. En plus ils ont des poches. Bien sûr, je porte de grosses lunettes que l'on m'accuse d'avoir volé à un vieillard et je préfère regarder des documentaires plutôt qu'aller aux fêtes débiles organisés par mes camarades de classe, même si je ne suis jamais invitée.

Je presse mes livres de cours contre ma poitrine en marchant. C'est ainsi que je marche toujours, car j'ai un buste très lourd, très très lourd même. Si j'étais une de ces filles sans cervelle qui traînent ici, je porterai de grands décolletés pour montrer mes attributs. Mais je ne suis pas comme ça. Bien sûr, une partie de moi aimerait le faire, mais je ne peux pas, ce ne serait pas moi.

Aujourd'hui, je mesure 1m65 et je pèse 65 kilos. Je sais que les gens qui s'aperçoivent que je suis un peu boulotte veulent voir ma poitrine qui fait du 110 DD. Je dis « les gens qui s'aperçoivent » car je suis devenue très douée à cacher mes formes. Comme je l'ai dit, je porte des vêtements amples ce qui rend difficile de voir les courbes de mon corps.

Une partie de moi aimerait peut-être porter des vêtements qui dévoileraient plus mes rondeurs, mais je suis trop timide pour le faire. L'attention des autres sur mon corps est quelque chose que je voudrais, mais ça me fait vraiment peur. Aussi étrange que cela puisse paraître, je fantasme sur le fait que quelqu'un veuille voir mon corps nu. Je veux dire par là qu'ils veulent vraiment le voir, que je sois d'accord ou non. Qu'ils aient vraiment envie de découvrir ce que je cache depuis longtemps. Oui je sais, je suis bizarre. On pourrait même dire que je suis folle. Mais les ringardes peuvent avoir des fantasmes.

Je traverse les couloirs de l'université pour l'une des dernières fois. Je viens d'être diplômée et il ne me reste que quelques jours de cours. Je suis là parce que je fais partie du club de sciences et que je dois transmettre des directives au nouveau président du club.

On pourrait penser qu'étant donné que l'année scolaire est presque terminée, l'université serait presque vide. Mais ce n'est pas le cas. J'ai l'impression qu'il y a encore plus de monde. Pour aggraver les choses, il y a une sortie organisée pour les étudiants de 18 ans et plus. Ils vont aller visiter quelques monuments et aller au parlement pour voir le gouvernement en action.

On pourrait penser que ceux qui sont inscrits à cette sortie y vont parce qu'ils s'intéressent à la politique, mais ce n'est pas vraiment le cas. La plupart y vont parce qu'ils ont prévu de faire la fête dans le motel où ils sont hébergés. Ils seront loin de chez eux et auront leur propre chambre pour pouvoir s'amuser et faire ce qu'ils veulent. Ils savent que les professeurs ne diront rien car ils sont adultes. Et donc, ils ne pourront être punis ou expulsés.

En franchissant la porte principale de l'université, je vois sur la droite le parking rempli de bus pour ce voyage. Il y a des étudiants partout qui traînent en attendant que les bus soient chargés.

Comme je ne me suis pas inscrite à ce voyage, je tourne à gauche pour rentrer chez moi. Mais je me fige immédiatement et je gémis. Devant moi, il y un groupe que j'appelle « les gothiques ». Ils sont cinq, trois garçons et deux filles. Dans chaque communauté, il y a des groupes comme eux, des gothiques stéréotypés. Vous savez, le genre qui porte des vêtements noirs, des croix inversées comme bijoux, du maquillage noir, y compris les mecs. Leurs vêtements donnent l'impression qu'ils travaillent pour la maison hantée et leur vocabulaire est souvent composé de mots ayant un rapport avec la mort. Une des filles porte une paire de menottes à la ceinture et dit à tout le monde que c'est pour montrer que nous sommes tous menottés par la société.

La seule chose à savoir sur ce groupe c'est qu'ils sont tous des trous du cul. Ils aiment qu'on les regarde et ils s'attirent constamment des ennuis. Et ils ne manquent jamais de faire de ma vie un enfer. La plupart du temps ils se moquent de moi, mais il est arrivé qu'ils s'en prennent à moi physiquement en me faisant trébucher, en faisant tomber mes livres de mes mains et même une fois en me jetant de l'eau à la tête.

- Regardez, regardez, la mocheté cherche son prince charmant. Dit l'un des garçons aux autres.

Quand ils me voient ils prennent tous une tête sinistre. Le garçon qui est le chef du groupe s'appelle Paul. Il est le plus grand et bien plus grand que moi puisque qu'il doit mesurer plus d'1m80.

- Cette ringarde est si moche qu'elle transformerait Médusa en pierre. Dit l'un des autres gars.

Et comme d'habitude, chacun d'eux fait une remarque blessante ou injurieuse sur mon apparence. Je sais qu'il est préférable que je les laisse dire. Je reste là et j'encaisse.

Je sais que je suis une ringarde. Tout comme je sais que je suis timide. C'est d'ailleurs pour cela que les gens aiment m'intimider, je déteste la confrontation. Je me contente d'encaisser les harcèlements en espérant qu'un professeur ou quelqu'un d'autre viendra à mon aide. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça, pourquoi je ne me défends pas même physiquement. Je ne fais rien, j'ai trop peur.

Et ce groupe m'intimide beaucoup trop. J'essaie toujours de les éviter à tout prix, allant jusqu'à prendre un chemin avec détours si je les vois dans un couloir. Mais aujourd'hui, je ne peux les éviter. Ils sont juste en face de moi et ils m'ont vue. Pire, ils me bloquent le chemin vers ma maison.

En les regardant, j'ai un très mauvais pressentiment. Il y a quelque chose de différent chez eux aujourd'hui. Même s'ils ont l'air normaux avec leurs accoutrements et leurs maquillages gothiques, je sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

Et puis je remarque qu'ils ont tous une chose en commun : les yeux rouges. Je vois que certains ont un regard vide. Ce regard qui est droit devant, mais qui ne voir rien, le genre de regard qui dit que vous n'êtes plus là.

Ce n'est que lorsque le vent souffle doucement que je repère l'odeur reconnaissable entre toutes : du cannabis. Ils sont défoncés, ils sont tous défoncés. En remarquant cela j'ai un frisson de peur qui me parcoure l'échine. Ils sont défoncés. Ils se droguent ? Oh mon Dieu, aidez-moi ! Ils sont drogués !

- Tu ne pars pas en voyage ? Tu n'as pas envie de voir tous les autres ringards comme toi qui s'agitent de partout pour dire à tout le monde ce qu'il faut faire ? Demande Paul d'une manière condescendante.

Pendant qu'il parle, ses amis commencent à tourner autour de moi comme ils le font habituellement quand ils m'attrapent. En temps normal c'est déjà assez difficile, mais cette fois-ci, en sachant qu'ils sont défoncés, je commence à trembler un peu de peur. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils sont capables de faire. Je crois que les gens sous l'emprise de la drogue essaient parfois de manger les autres non ?

- Je... je ne veux pas d'ennuis. Et non je ne pars pas, je rentre chez moi.

J'arrive enfin à parler, les mots sortants difficilement de ma gorge sèche. Je sais que je montre que j'ai peur, mais je ne peux pas m'en empêcher. Ils sont drogués, je ne me suis jamais trouvée dans une telle situation.

- Tu sais quoi ? Me dit une fille nommée Jennifer qui s'approche de moi sur le côté.

Elle tire sur mon nœud qui retient ma queue de cheval. Puis elle passe sa main dans ma chevelure et attrape une poignée de mes cheveux. Je grimace de douleur et je penche ma tête vers elle.

- Je pense qu'elle serait tellement plus belle si on lui rasait ce côté de sa tête. Dit-elle au groupe qui se met à rire.

Je suis terrifiée, car je les imagine en train de me faire ça. Qu'ils m'emmènent derrière le bâtiment et qu'ils me rasent la tête pour que je ressemble aux deux filles. Qu'ils me fassent ressembler à un monstre drogué.

- S'il te plaît non ! Gémis-je alors qu'elle continue à tirer mes cheveux.

Soudain l'autre fille se place derrière moi et attrape mon sac à dos. Elle tire fort dessus. Je pense qu'elle essayait de me faire tomber sur mes fesses. Mais au lieu de cela, elle fait glisser mon sac à dos le long de me bras et les sangles tirent mes bras en arrière.

- Ou quoi ? Demande la fille dans mon oreille ;

Je regarde toujours Paul, puis je vois quelque chose qui me fait réfléchir. Paul me regarde mais ses yeux sont baissés comme s'ils étaient attirés par quelque chose. C'est alors que je vois ses pupilles se dilater comme s'il avait vu quelque chose qui lui plaît.

Confuse et effrayée, je baisse les yeux pour voir ce qu'i regarde fixement. Je me mets presque à crier de gêne et de peur en voyant ce que c'est. Lorsque Lynn, la fille derrière moi a tiré mon sac, mon chemisier ample a été tiré vers l'arrière et tendu sur ma poitrine. Maintenant, le groupe peut voir à quel point mes seins sont gros.

Effrayée, je tire sur les bretelles de mon sac et je fais un pas sur le côté pour l'arracher des mains de Lynn et obliger Jessica à lâcher mes cheveux. Seulement les deux filles rigolent pour montrer qu'elles trouvent mes efforts amusant.

- Je dois y aller maintenant ! Dis-je sur un ton que je veux confiant, mais qui ne l'est pas beaucoup.

Ce qui n'aide pas c'est que je regarde le sol, car je ne veux pas croiser le regard de Paul après ce qu'il a vu. J'ai espoir qu'ils s'écartent de mon chemin, mais ils ne le font pas. Ils restent immobiles.

- Oui c'est ça ! Dit enfin Paul.

Je suis soulagée de l'entendre dire ça. Je suppose qu'ils doivent partir avec les bus. S'ils ne les prennent pas à l'heure voulue, ils devront rester. Ce qui veut dire pas de fête. Même drogué, il se souvient de ça.

- Tu dois y aller oui... et monter dans le bus. Dit-il d'un ton sévère.

- Tu vas faire ce voyage à la con, car je sais qu'il va être chiant à mourir. Et j'ai l'impression que notre amusement ne fait que commencer. Ajoute-t-il.

Les autres rigolent. Leurs rires augmentent quand je lève les yeux vers lui et que mon visage affiche un air confus. J'ai clairement dit que je ne faisais pas le voyage et que je rentrais chez moi. Je ne peux pas faire ce voyage, je ne suis pas inscrite.

- No... Non... Je ne suis pas inscrite, donc je ne peux pas y aller. Je dois...

Je commence à expliquer que je ne me suis pas inscrite à ce voyage et que je dois préparer un dossier pour m'inscrire dans une autre université l'année prochaine, mais Paul me coupe. Il m'interrompt en se penchant pour que son visage se rapproche dangereusement du mien.

- Chuuuutttt... Putain de ringarde ! Dit-il très calmement.

Je peux sentir l'odeur du cannabis dans son haleine. Il met son doigt sur mes lèvres. Me sentant stupide et lâche, je me tais. Je le fais parce que je ne sais que faire d'autre. Qu'est-ce qui pourrait se passer avec ces drogués ?

Le meilleur que je puisse faire en ce moment est de scruter tout autour de moi dans l'espoir qu'un professeur ou que quelqu'un que je connaisse vienne à mon secours. Mais vu que les cours sont finis et que nous sommes devant l'université, je n'ai pas beaucoup d'espoirs.

- Tu vois ce bus ? Demande alors Paul en me désignant le bus le plus proche de nous.

Je regarde et je lui fais signe que je le vois.

- Tu vas monter dans ce bus. En fait tu devras même être la première à faire la queue pour monter dedans. Une fois à l'intérieur tu iras au fond, complètement au fond et tu t'assiéras sur le dernier siège comme une bonne petite fille et tu y resteras. M'explique lentement Paul.

Sa voix est animée, montrant à quel point il est excité. Chaque mot qu'il prononce me provoque des frissons de peur.

- Mais je... Commencé-je pour expliquer que je ne peux pas.

J'ai des choses à faire. Je ne suis pas inscrite, ce qui signifie qu'il n'y aura pas de places pour moi.

- Tu te demandes peut-être ce qui va se passer si tu ne fais pas ce que te dit Maître Paul ? Tu peux t'enfuir et nous dénoncer ? Dit-il calmement en utilisant sa différence de taille pour m'impressionner.

J'ai l'impression qu'il pourrait me marcher dessus.

- Ma réponse à ces questions est... Veux-tu vraiment le découvrir ? Veux-tu savoir ce qui se passe si tu nous mets, mes amis et moi, dans une situation très inconfortable ?

Il me parle en rapprochant son visage du mien jusqu'à ce que nous soyons qu'à quelques centimètres. Je sens de nouveau l'odeur de drogue sur lui. Je sens la sueur froide de ma peur remonter le long de ma colonne vertébrale.

Il est drogué ma petite Yesnia ! Drogué ! Les gens drogués font des choses bizarres et effrayantes. Si je n'obéis pas, qui sait ce qu'il peut me faire ? M'attacher sur le capot d'une voiture et foncer contre un mur ? M'attacher et me jeter dans une rivière ? Me tuer et me manger ? Je regarde Paul et le temps ralentit. La seule pensée dans mon esprit est : « Qu'est-ce que je fais ? ». je ne peux pas monter dans ce bus, je ne peux pas.

Mais je ne peux pas lui dire « non ». ils sont drogués. Que vont-ils me faire si je les mets en colère ! Alors que dois-je faire ?

Je commence à avoir mal au ventre, car je sais ce que je vais faire. Je ne veux pas l'admettre. Encore une fois, je sais très bien que je suis une ringarde. Tout comme je sais que je suis lâche par moment. Et en ce moment en particulier.

Me détestant pour ce que je vais faire, je me retourne sans rien dire. Lynn en face de moi s'écarte du chemin et fait une révérence en disant :

- Par ici s'il vous plaît, Madame !

Le visage rouge de honte, je commence à marcher, mes mains tremblantes tenant les bretelles de mon sac à dos. Effrayée, non terrifiée, je descends le trottoir en direction des bus. En marchant, je regarde autour de moi pour trouver quelqu'un qui pourrait m'aider. Mais je ne vois personne que je connais ou qui pourrait me secourir. Tous les professeurs sont au loin, près du premier bus. Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis dans cette université. J'en ai des tonnes sur les réseaux sociaux, mais pas tant que ça dans la vraie vie.

Je m'arrête devant le bus que Paul m'a indiqué, près de la porte. J'espère un peu que quelqu'un me verra et me demandera ce que je fais là, qu'il attirera l'attention d'un professeur. Mais personne n'a l'air de se soucier de moi. Même s'ils me voient, ils ne s'occupent pas de ce que je fais. Chacun reste das son groupe et discute. La plupart du temps, j'aime bien que l'on ne fasse pas attention à moi, mais pas aujourd'hui.

Le temps s'accélère quand les portes du bus s'ouvrent. Au même moment une voix à l'interphone annonce que tout le monde doit monter, car le départ va bientôt se faire.

J'envisage de ne pas bouger. Rester là et bloquer l'entrée pour que les autres râlent et fassent venir un professeur. Mais je ne peux pas. Je ne peux juste pas. C'est tellement impoli que je ne peux pas faire ça. Alors je monte les trois marches pour entrer dans le bus scolaire. Mon esprit est en ébullition, car je ne sais pas quoi faire.

Mes jambes tremblent alors que je me dirige vers le fond. Je fais exprès de me déplacer lentement en pensant et espérant que quelqu'un crie :

- Tu ferais mieux de ne pas t'asseoir dans le fond !

Je sais que le fond du bus est l'endroit où la plupart des gens aiment s'asseoir. Mais je continue à avancer et personne ne me dit rien. Au contraire, ils rient et plaisantent entre eux, sans même me voir.

Quand j'arrive au fond je m'installe sur la banquette de gauche, en n'arrivant pas à croire que je suis là. Aucun enseignant ne m'a arrêtée pour me dire que je n'étais pas inscrite. Aucun chauffeur ne m'a demandé si j'avais besoin d'aide. Et aucun autre étudiant ne s'aperçoit que j'existe.

Je suis don assise ici, effrayée et je regarde les gens monter dans le bus. La plupart ont le même rituel. Ils montent, jettent un coup d'œil pour voir s'ils ont un ami et se dirigent vers lui pour s'asseoir à côté. La plupart se mettent à l'avant.

Puis Paul monte avec une démarche arrogante. Il me fixe tout de suite et il se dirige droit vers moi. Derrière lui, son groupe le suit. Personne ne se rend compte qu'ils sont drogués. Paul arrive au fond et s'assoit dans le siège de l'autre côté de l'allée par rapport à moi. Il me regarde avec un large sourire et des yeux rouges. Les autres s'assoient sur les banquettes juste devant les nôtres, deux personnes par siège. Puis ils se tournent pour me regarder avec leurs regards de drogués.

Je me mords la lèvre et je ne dis rien alors qu'ils me fixent. J'espère qu'un professeur va monter et remarquer que je ne suis pas censée être ici, que je suis une passagère clandestine, que je suis kidnappée par les gothiques.

Ceux-ci continuent de me regarder et de parler entre eux, parfois en gloussant ou en riant. Ils chuchotent, regardent autour d'eux, mais ils restent calmes. Paul se contente de me regarder sans rien dire.

Après plusieurs minutes d'attente tendue, le bus démarre. Je n'ai vu ni enseignant ni personne qui se demande pourquoi je suis là. Et lorsque le bus démarre, je gémis en disant :

- Nonnn...

Ce n'est pas possible. J'entends alors les gothiques rirent. C'est un rire cruel et méchant. Comme quand vous apprenez que quelqu'un que vous déteste vient d'échouer à un test pour lequel il avait vraiment étudié.

Le bus commence à rouler. Il suit ls autres, il est le dernier de la file. Il sort du parking de l'université et prend la route pour plusieurs heures de voyage. Il roule avec moi à bord sans que personne ne le sache ou ne semble s'en soucier.

- Maintenant... Dit Paul d'un ton presque joyeux.

Ses amis se retournent pour me regarder. Ceux qui sont près de l'allée se penchent vers l'arrière et les autres assis près des vitres se mettent à genoux sur leur siège pour me regarder. Ils me fixent tous et je sais qu'assis de cette façon, ils empêchent quiconque dans le bus de me voir. Paul se déplace vers le bord de son siège, assez près pour me toucher.

- Que faire de cette intello ? Dit-il tout haut comme pour demander au groupe.

Ses amis font des suggestions stupides comme me jeter par la fenêtre ou me donner un look de gothique. l'un d'entre eux, dans un état d'esprit élevé suggère de me faire manger un de mes livres scolaires.

- Voyons ce qu'elle a dans son sac ! Dit l'un des garçons.

Les autres acquiescent en grognant. Maintenant, je me sens comme un objet exposé, comme un animal dans un zoo.

- Vas-y, enlève-le ! Me dit Paul comme si j'étais un enfant stupide qui ne comprend pas ce qu'on lui dit.

Je fronce les sourcils, mais je glisse un bras en dehors d'une des sangles de mon sac, puis l'autre. Je sais que je devrais crier et les insulter pour que tout le monde entende, mais je ne peux pas. J'ai trop peur.

Une fois mon sac à dos enlevé, les deux du groupe sur la banquette devant moi le saisissent. Ils l'ouvrent et regardent à l'intérieur en déclarant qu'il est plein de « merdes de ringarde ». Je suis reconnaissante qu'ils ne jettent rien. Ils se contentent de le pousser dans un coin de mon siège.

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