Several Sadness Ch. 00 Prologue

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Il faisait étonnamment froid pour un mois...
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Il faisait étonnamment froid pour un mois d'octobre à Los Angeles, quand bien même la nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà.

La ville était toujours active, même à une heure aussi tardive, mais le froid aidant, la plupart des passants se contentaient d'essayer de rejoindre leur domicile le plus rapidement possible, enveloppés dans de lourd manteaux. La brise légère faisait rougir nez et oreilles, pressant l'allure du plus téméraire.

Les rues étaient de ce fait plutôt calmes, à l'exception d'une petite ruelle, débouchant sur le Los Angeles City College.

Des lueurs bleues émanant des gyrophares venaient briser la quiétude du moment, des agents de police à l'air maussade et fatigué se dispersant dans la ruelle.

Le capitaine Harper, un grand bonhomme d'une quarantaine d'années, solidement charpenté, les cheveux rasés de près et les yeux gris, observait silencieusement l'agitation alentour.

Un autre policier, plus petit et rondouillard, s'approcha de lui à pas chaloupé, détaillant les environs.

" Alors? Plutôt moche à ce qu'on m'a dit. "

" Pire que ça Heinman. Vous allez voir par vous même dés que la scientifique donnera le feu vert, mais même eux semblent dépassés. Vous avez vu Mayers? "

" La stagiaire? Ouais, je crois que Reynolds lui a demandé de rester dans la bagnole. "

Harper laissa échapper un soupir.

" Va me la chercher, et si Reynolds dit quelque chose envoie la moi. Elle est là pour faire son job, pas pour servir de mère de substitution à la gamine. "

Le lieutenant Heinman hocha la tête et s'éclipsa, laissant son supérieur seul face à l'immeuble vide et délabré. Harper grimaça, plongé dans ses pensées.

" Sacré merdier... "

Heinman revenait quelques minutes plus tard, une petite blonde franchement intimidée sur les talons. Harper la détailla un moment. Elle était relativement jeune, une vingtaine d'années, et elle portait encore cette fraîcheur de l'innocence. Elle avait les joues rougies par le froid, ses traits délicats et sa nuque fine mis en valeur par ses longs cheveux blonds attachés en queue de cheval. Ses yeux verts clairs, ses lèvres roses et son petit nez la rendait particulièrement attirante. Pour le moment elle était enroulée dans une grande veste en laine qui lui tombait au bas des genoux, exposant une partie des bas gris clair s'enfonçant dans des escarpins aux bouts ronds qui lui donnait un air de petite fille sage.

Il l'avait déjà entraperçu sans ce lourd manteau informe et savait qu'il cachait un corps délicat mais tonique, avec ce qu'il fallait de courbes là où il fallait.

Ho bien sur, il n'avait aucune intention de profiter de la situation, ce n'était pas son genre, et il préférait conserver des rapports complètement professionnels avec la jeune femme, mais "plaisir des yeux ne nuit pas à l'âme" aimait il à penser.

Outre son physique avantageux, elle ferait une recrue prometteuse si on lui laissait sa chance. Ses résultats étaient excellents, notamment en criminologie, et sous son apparence fragile, elle possédait déjà un premier khan en Muay Thaï, ce qui, à son âge, était plutôt rare.

Que Reynolds, la légiste, ait voulu la prendre sous son aile et l'écarter de la réalité du terrain l'exaspérait au plus haut point. Il s'était promis de pousser la jeune stagiaire aussi loin que possible, persuadé qu'elle pourrait faire une belle carrière et être un atout de choix.

" Capitaine... "

Heinman s'arrêta face à lui et s'écarta légèrement pour laisser Mayers approcher.

Harper hocha la tête.

" Merci Lieutenant. (Il se tourna vers la jeune femme.) Mayers, vous tombez à pic. Enfilez ça et restez derrière nous. "

Il lui tendit une paire de gants en latex dont elle se saisit, hésitante, et les glissa sur ses doigts gelés.

" Merci... "

" Ne me remerciez pas encore. Je sais que vous vouliez voir comment ça se passe... Et pour une première scène de crime, je peux vous assurer que vous allez être servie. "

L'immeuble était abandonné depuis un moment et avait fini en squat. Ils empruntèrent les escaliers pour atteindre le second étage, naviguant entre les détritus et esquivant les projections douteuses sur les murs délabrés couverts de graffitis. Deux agents, un homme brun banal, de bonne taille et une femme asiatique plus petite, sortaient d'un des anciens appartements dont la porte avait été saccagé, blêmes. Ils saluèrent Harper, attendant qu'il vienne à leur rencontre.

" Capitaine... "

" Wilkins, Jones... Ça se présente comment? "

La dénommée Jones lui tendit un grand sachet plastique dont il s'empara.

" La scientifique en a encore pour un moment mais... On a trouvé cette veste sous le lit. Elle est couverte de sang et... D'autres morceaux. (La femme déglutit.) Mais un des gars de la scientifique a reconnu les armoiries du Collège d'à côté, sa fille y va. "

L'homme, Wilkins, posa la main sur l'épaule de sa collègue qui devenait de plus en plus livide.

" Si vous permettez Chef, je pense qu'un peu d'air frais... "

Harper examina un instant le contenu du sachet et le rendit aux deux agents, hochant la tête.

" Oui, bien sur, allez y. "

Les deux agents les saluèrent, empruntant l'escalier. Mayers, qui restait en retrait, silencieuse, surprit le regard presque compatissant que lui jeta le couple de policiers, soudainement anxieuse.

Le capitaine Harper toussota pour attirer son attention et lui désigna l'entrée de l'appartement.

Elle hocha la tête et s'avança dans l'appartement, les deux hommes à sa suite.

Ce fut Heinman qui réagit le premier.

" Putain, bordel, merde... "

La jeune stagiaire, elle, manqua de les bousculer pour se précipiter hors de l'appartement et vomir son déjeuner sur le sol.

Ce qui avait du être un salon était sans dessus dessous, un vieux canapé, surement de la récup, avait été renversé et éventré, les meubles gisaient brisés sur le sol, et l'ensemble était couvert de morceaux de chair, et de membres arrachés, littéralement. La pièce était tapissée de projections de sang. Quelques policiers en combinaison blanche ramassaient les restes de cadavre pour les mettre dans des sachets en plastiques et prendre des notes. Un silence glaciale régnait dans la pièce, comme si ne pas en parler enlever un peu de la réalité à l'horreur qu'ils avaient sous les yeux.

Heinman se retourna vers Harper qui fixait le charnier d'un air absent.

" Capitaine avec tout le respect que j'ai pour vous... Reynolds avait peut être raison. Pour une première fois... "

Il s'interrompit, voyant la jeune femme revenir dans la pièce, livide. Harper inclina légèrement la tête à l'attention de son lieutenant puis se tourna vers elle.

Elle semblait terriblement mal à l'aise et bafouilla.

" Désolée monsieur... Je... "

" Ça va aller Mayers? "

Elle ouvrit la bouche, hésitante, détailla la pièce puis hocha la tête.

" Ça va mieux maintenant, j'avais juste besoin de... "

Harper lui posa une main sur l'épaule et lui adressa un regard compatissant sous les yeux étonnés d'Heinman.

" Vous en faites pas. Ça arrive tout le monde, surtout la première fois. "

" Merci monsieur... "

Le capitaine la lâcha et se tourna vers Heinman.

" Lieutenant, prenez Mayers avec vous et allez voir si Reynolds a quelque chose. J'attends votre rapport au plus tôt. (Il poussa un soupir, las.) J'ai le procureur sur le dos et la presse risque de débarquer d'un instant à l'autre, il vaudrait mieux que je sois en bas pour les accueillir. "

" Bien Capitaine... Mayers? "

Il fit signe à la jeune femme de l'accompagner à l'intérieur de l'appartement tandis que le capitaine redescendait.

Reynolds, la légiste, était appuyée contre ce qui restait d'un bar en bois. Elle examinait les sachets qui s'accumulaient et les rangeait soigneusement tour à tour dans de gros cartons. Une dizaine de cartons scellés étaient déjà empilés le long du mur voisin.

La légiste était une belle femme d'une cinquantaine d'années qui en paraissait beaucoup moins. Seules les rides au coin de ses yeux parvenaient à la trahir. Elle avait noué ses longs cheveux noirs en un chignon strict, et était couverte de plastique de la tête au pied.

Elle fit les yeux ronds à Heinman en apercevant la jeune femme et commença à fulminer.

" Bon sang, le capitaine va m'entendre... "

Paumes vers le sol dans un mouvement se voulant apaisant, Heinman s'avança vers elle.

" Du calme Reynolds, je suis sur que le Capitaine a ses raisons, et la petite a du cran... "

Elle lui jeta un regard méprisant, puis haussa les épaules, reportant son attention sur la stagiaire.

Celle ci hocha légèrement la tête, mal à l'aise, et força un sourire. Reynolds se détendit un peu en retour.

" Bref... Je vous écoute Lieutenant, faites vite on a encore énormément de boulot ici... "

Heinman acquiesça.

" Harper voudrait une première analyse de la situation, on va avoir la pression sur cette affaire et plus vite on aura des éléments... "

" J'ai compris, le capitaine à du monde sur le dos et il nous refile la pression. "

Mayers se mordit la lèvre, mal à l'aise, essayant de se faire aussi petite que possible.

Heinman lui s'évertuait à rester détendu.

" Ecoute Rita, je sais que ça a été la merde entre vous deux, et je ne veux pas savoir ce qui s'est passé, mais il t'estime énormément, et tu le sais. Vous ne pouvez pas continuer comme ça... "

Elle haussa les épaules une nouvelle fois, le regard fuyant, et reporta son attention sur ses notes.

" Pour ce qui est de mes premières observations... Des organes et membres qu'on a dénombré ; on a au moins huit morts. On ne pourra pas confirmer ou infirmer ce nombre sans analyses ADN. (Mayers frissonna à ces mots en observant les nombreux restes encore dispersés à travers la pièce.) Vu l'état des tissus et l'odeur, ils sont morts il y a quelques heures tout au plus. Aucune trace d'une éventuelle arme du crime. Un autre point intéressant, on a retrouvé pratiquement aucun vêtement, à l'exception d'une veste scolaire qui était dissimulée par le canapé. Quelqu'un devait vraiment vouloir qu'on ait du mal à les identifier. "

Heinman fronça les sourcils.

" Le responsable les aurait déshabillés et réduits en bouillie pour ne pas laisser de trace? "

Reynolds secoua la tête.

" Improbable lieutenant. D'après l'agent Wilkins ont a été alertés par le voisinage suite à des hurlements. Et la première patrouille est arrivée sur les lieux dix minutes après pour tomber là dessus. "

Heinman grimaça.

" Ouais, dix minutes ça fait peu pour faire tout ça... "

Mayers qui écoutait distraitement la conversation s'éloigna un peu des deux agents, se dirigeant vers la seule et unique fenêtre du salon, miraculeusement immaculée. Elle jeta un œil à travers le carreau pour apercevoir un escalier de secours métallique comme il y en avait sur la plupart des vieux bâtiments. Glissant ses doigts le long de la bordure elle tira délicatement dessus, la fenêtre s'ouvrant sans difficulté.

Elle se retourna vers Heinman, hésitante.

" Heu... Je crois qu'ils sont partis par là. "

Le lieutenant s'approcha d'elle et examina la fenêtre à son tour, hochant la tête.

" Ils? "

Elle haussa les épaules.

" J'ai du mal à croire que huit personnes se laissent réduire en charpie par un seul autre individu sans réagir. "

" Vous seriez surprise ... Et si on allait jeter un œil? "

Il se glissa par la fenêtre avec une certaine aisance, malgré sa corpulence et tendit la main à la jeune femme pour l'aider à passer. Elle saisit la main plus par politesse que par besoin et le rejoignit sur la passerelle en métal.

" Regardez si vous voyez quelque chose, mais surtout ne touchez à rien, prévenez Reynolds si besoin. Je vais jeter un œil en bas. " Suivant le regard du lieutenant, elle aperçut les grosses bennes à ordures en contrebas.

Puisqu'il descendait les escaliers, elle jugea bon de monter, ceux ci donnant sur le toit. Elle grimpa prudemment étage par étage, inspectant les appartements à travers les fenêtres. Bredouille, elle continua de grimper, jetant un œil en contrebas, Heinman semblant déjà assez loin.

Elle avait compté douze étages quand elle arriva devant une fenêtre cassée. Elle aperçut de la lumière provenant du fond de la pièce et un voix d'homme chantonnant. Muée par la curiosité, elle se glissa par la fenêtre, aussi discrètement que possible. L'endroit semblait habité mais demeurait dans un drôle d'état, des canettes de bière traînaient un peu partout, un matelas crasseux était étalé sur le sol en guise de lit et la lumière provenait d'un vieux baril dans lequel brûlait nul ne sait quoi. Elle ôta ses chaussures les tenant de la main gauche et continua d'avancer sur la pointe des pieds. Elle grimaça en découvrant un tas de seringues et de petites fioles sur le sol.

{ Un repaire de Junkies à tout les coups... }

Elle se retourna brusquement en entendant la porte du fond s'ouvrir sur un homme à demi nu, une serviette nouée autour de la taille. Il était fin mais musclé et terriblement sec, le corps couvert de tatouages et de cicatrices, il la regarda quelques instants, interloqué.

" Qu'est ce que... "

Elle s'élança à toute allure vers la fenêtre, l'homme sur les talons, et alors qu'elle passait à travers le carreau brisé, elle sentit une main se refermer sur sa cheville.

" REVIENS ICI SALOPE! "

Elle écarta les bras, agrippant les rebords du mur, et, utilisant l'équilibre que lui procurait la force exercée par l'homme sur sa cheville, elle lui flanqua un violent coup de talon avec son autre jambe.

Un craquement mat et un cri de rage et de douleur lui indiqua qu'elle avait atteint sa cible. Elle manqua de chuter en avant, l'homme la relâchant et elle cria à l'intention d'Heinman qui gravissait déjà l'escalier de fer à toute vitesse.

Consciente qui lui faudrait un peu de temps pour arriver jusqu'à elle, et apercevant un visage rageur au nez rouge pissant le sang à la fenêtre, elle se précipita vers le toit, préférant éviter une confrontation au bord du vide.

Le toit plat était recouvert de gravier blanc et elle grimaça en sentant les petits éclats pointus au travers du tissu particulièrement fin de ses bas. Elle jeta ses chaussures à talon sur le côté et s'arrêta au milieu du toit, se retournant vers les escaliers, prête à faire face à son agresseur.

Celui ci surgit presque aussitôt, nu comme un ver, ce qui ne sembla pas le gêner plus que ça. La jeune femme rougit légèrement, déstabilisée, en observant le sexe pendant, tatoué et pourvu de piercing. Elle se ressaisit en croisant le regard furieux de l'homme qui cracha du sang sur le côté, continuant d'avancer vers elle, menaçant.

Elle adopta une garde haute, écartant un peu les jambes, autant que sa tenue le lui permettait, afin d'avoir le meilleur équilibre possible et le défia du regard.

" Je suis avec la police, vous ne devriez pas faire ça. "

" Tu m'as pété le nez salope, attend de voir ce que moi je vais te faire! "

Il se jeta sur elle, voulant lui décocher un direct au visage, mais elle esquiva sans peine, se glissant gracieusement sur le côté accompagnant son mouvement d'une légère rotation du bassin et d'un violent coup de coude qui atteignit l'homme à la tempe. Il tomba au sol, sonné.

Elle se recula, conservant une distance de sécurité, maintenant sa garde, tandis qu'il se relevait tant bien que mal.

Il allait à nouveau tenter sa chance, quand le lieutenant Heinman, se tenant le côté d'une main, essoufflé, pointa son arme dans sa direction.

" POLICE! PLUS UN GESTE! "

L'homme jeta un regard noir à la jeune femme et s'agenouilla, mettant les mains sur la tête.

Heinman s'approcha rapidement et vint lui passer les menottes, jetant un regard inquiet à la jeune femme.

" Ça va Mayers? "

" Je crois... "

Il força l'homme à se relever, apercevant au passage le nez explosé et esquissa un sourire.

" C'est plutôt pour lui que je devrais m'inquiéter, sacré patate petiote. (Elle lui rendit son sourire, gênée.) Allez, allons trouver un pantalon à ce guignol, je suis sur qu'il a plein de choses à nous raconter. "

De retour au commissariat, la jeune femme passa une bonne heure à prendre son mal en patience derrière le bureau qu'on avait aménagé pour elle. Elle fit mine de travailler sur quelque chose en particulier quand Heinman quitta enfin le bureau du Capitaine. Il s'approcha du bureau de la jeune stagiaire, s'y appuyant, l'air pas très fier.

" Et ben... Je crois qu'heureusement que le capitaine nous a la botte, il était pas ravi que je vous ai laissé monté toute seule là bas. "

Elle grimaça.

" Désolée si je vous ai attiré des ennuis... Je ne pensais pas que... "

Il haussa les épaules et lui adressa un sourire réconfortant.

" C'est pas important, vous en faîtes pas. On a peut être un témoin avec tout ça. Et vu qu'on a pas grand chose d'autre, c'est plutôt un bon point. On va l'interroger, si il a quelque chose à nous dire il le fera. "

Il se redressa et commença à se diriger vers le couloir tandis qu'elle laissait échapper un soupir et se renfonçait dans son siège.

" Vous venez Mayers? "

Elle sursauta en voyant qui l'attendait et son visage s'orna d'un large sourire. Elle se redressa vivement et se dépêcha de le rattraper.

Il pressa un peu l'allure, lui faisant prendre un dédale de couloirs passant au milieu des nombreux bureaux. Il s'arrêta enfin devant deux portes côtes à côtes et lui désigna la porte de droite.

" Le capitaine préférerait que vous assistiez à l'interrogatoire de derrière le miroir. C'est pas aussi palpitant, mais au moins vous pourrez tout voir. "

Elle lui sourit avec enthousiasme, révélant une rangée de dents blanches.

" Vous plaisantez... C'est génial. Je tâcherai d'être discrète, c'est promis. "

Il lui donna une tape sur l'épaule, amusé et s'engouffra dans la salle d'interrogatoire, tandis que la jeune femme allait s'installer de l'autre côté du miroir sans tain.

Elle reconnut l'homme qu'elle avait affronté quelques heures plus tôt. On lui avait fait enfiler un jogging de la police, surement à défaut de mieux, et il avait un pansement sur le nez. Il était assis derrière une grande table en métal, les mains menottées à la table. Il resta silencieux, fusillant le lieutenant de police du regard tandis que celui ci s'installait en face de lui, posant un dossier sur la table.

Le lieutenant se contenta de l'ignorer, feuilletant le dossier, et commença à parler sans lui jeter un regard.

" Voyons voir... Duncan Bouquier. Déjà 23 arrestations pour délits mineurs, suspicion de trafic de drogue, agression, coup et blessures... Et beh... Et si on rajoute à ça agression d'un officier de police... Ça commence à faire pas mal Monsieur Bouquier dites moi. "

Duncan tira sur ses menottes, les yeux brûlants de haine.

" Moi l'agresseur? Votre nénette elle est rentrée chez moi sans mandat et elle m'a tabassé, c'est moi qui devrait porter plainte! "

" Et je vous souhaite bonne chance pour en convaincre un juge. J'imagine que le propriétaire de l'immeuble peut confirmer que vous êtes bien locataire? "

Duncan frappa des avants bras sur la table et se renfonça dans son siège, furieux.

Heinman referma le dossier et se redressa, le fixant.

" On va pas tourner autour du pot, on a une pile de cadavres sur les bras, et aucun suspect. Mon boss est à cran, on a du beau monde qui veut un coupable le plus vite que possible et on vous a vous. Avec le casier que vous vous trimbalez, si vous n'êtes pas prêt à coopérer, on pourrait en conclure que vous avez quelque chose à vous reprocher... "

La jeune stagiaire ne put réprimer un sourire en voyant Bouquier devenir blême.

" Ecoutez j'ai rien à voir là dedans. C'est ces foutus gamins qui squattaient là en bas, c'est eux que vous devriez interroger, pas moi. "

Heinman fronça les sourcils.

" Ces gamins? "

" Ouais des petits cons, le genre fils à papa en uniforme. Ça fait des mois qu'ils squattent là, et viennent se défoncer avec l'argent de leurs vieux. "

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