Ombres & Complot - Chapitre 05

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Le carnet n'avait pas apprécié son séjour prolongé.
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Partie 5 de la série de 12 pièces

Actualisé 06/07/2023
Créé 11/25/2015
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Le carnet n'avait pas apprécié son séjour prolongé dans la cave, heureusement le tiroir l'avait il un peu protégé. Quoiqu'il en soit si une partie des pages étaient désormais illisibles, Alis trouva de nombreux passages épargnés par l'humidité et le temps. Des quelques mots qu'elle avait su déchiffrer des premières pages, les plus abîmées, elle appris que son arrière grand père était venu s'installer en ville en tant que maître d'ouvrage dans une grande entreprise de métallurgie locale.

Les enfants étaient déjà grands et avaient quitté le nid, et à la mort de sa femme, il avait jugé bon de commencer une autre vie ailleurs, les souvenirs de la demeure familiale étant trop douloureux.

La ville était déjà en perte de vitesse à cette époque et la population locale particulièrement menaçante envers les étrangers.

{ On ne peut pas dire que les choses aient beaucoup changé depuis... } songea t'elle.

Elle entreprit de survoler les passages lisibles à la recherche de quelque élément intéressant, ce qui, vu son niveau de fatigue, n'était pas évident.

" ... J'entend parfois la nuit de ces grattements qui en feraient trembler un mort... Peut être un problème de rats... " Alis grimaça.

" Hier tout un rayonnage des stocks a encore disparu dans la nuit. Pas de traces d'effraction. C'est la troisième fois ce mois ci. Je vois même pas ce qu'on pourrait faire avec autant d'aluminium. "

" Depuis que j'ai décidé de surveiller un peu plus les gars après ces histoires de vol de matériaux, je peux pas m'empêcher d'avoir l'impression d'être suivi le soir... Qu'un de ces gamins s'y risque, il va avoir une surprise... "

" Réveillé en sursaut cette nuit par un grand fracas. Je suis sur d'avoir entendu des bruits de pas dans le salon. Quand je suis descendu, personne mais une des fenêtres avait volé en éclat. Pas de trace de vol, ni de voleur, dommage, il aurait goûté à mon vieux revolver. "

L'écriture se fait plus hésitante par la suite, comme si la main tremblait.

" On me regarde plus en plus étrangement dans la rue. Ce matin un oiseau décapité gisait sur mon bureau. J'ai passé un savon aux gars, mais aucun d'entre eux n'a parlé, ils se sont tous contenté de me fixer avec ce drôle de regard. "

" Encore une nuit sans dormir... Ces grattements interminables vont avoir raison de moi... Et ces silhouettes qui sont constamment entrain de rôder autour de la maison la nuit... Je pense démissionner et retourner m'installer à New York comme le voulait les enfants. Je me sens de moins en moins en sécurité ici. "

Alis s'enfonça un peu plus sous les draps, prise de frissons. L'histoire semblait se répéter...

" Je crois que le manque de sommeil me fait perdre la tête... Comment pourrait il en être autrement après ce que j'ai vu hier soir? (Alis sentit son cœur battre à tout rompre et dévora la suite des yeux.) Première fois que je reste aussi tard pour faire un inventaire, mais avec ce qui se passe ces derniers temps, je préférais pas demander aux gars de s'en charger. Y devait être trois heure du mat quand j'ai terminé, et en partant y avait de la lumière dans le vieil entrepôt à l'abandon. Il est toujours cadenassé habituellement mais pas là. Plus je m'approchais et plus j'étais convaincu qu'il y avait du monde, j'entendais d'étranges grondements gutturaux et cette litanie... J'ai jamais rien entendu d'aussi (plusieurs mots sont rayés) malfaisant. Si les mots peuvent d'une façon ou d'une autre arracher votre âme et la réduire en miette, alors ceux là le font, je n'en doute pas.

Je l'avoue sans honte, j'étais terrifié quand j'ai regardé dans une brèche du mur ce qui se passait à l'intérieur, rien des horreurs que j'ai pu voir à la guerre ne m'y avait préparé.

J'aperçus d'abord les hommes à genoux en transe, qui semblaient prier. Puis je les vis, les créatures qu'ils entouraient, des monstres venus du plus profond des enfers, tous plus difformes et hideux les uns que les autres. Leur peau grisâtre et visqueuse dégoulinait sur le sol et leur faciès m'évoquait un mélange entre le poisson et la pieuvre. Il gardait pour la plupart forme humanoïde, le plus horrible d'entre eux était bien plus large et particulièrement grand. Il n'avait pas de jambes mais des appendices terrifiants qui ondulaient vers le sol, donnant l'impression qu'il flottait. Mes jambes avaient du mal à me porter et je dus faire appel à tout mon courage pour ne pas m'enfuir.

Ils semblaient tous se livraient à quelque procession diabolique, autour d'un autel gris luisant d'où émanait une lueur inquiétante. Voilà donc où était passé l'aluminium.

Une jeune femme complètement nue avança vers l'autel, les yeux rougis. La créature s'adressa à elle et elle répéta d'étranges mots que je ne comprenais pas. Elle était terrifiée.

Dieu me pardonne la faiblesse et la peur qui m'empêchèrent d'agir. Je porterai ce fardeau jusqu'à la fin de mes jours.

Impuissant je les regardais l'allonger sur l'autel, puis tour à tour, la prendre bestialement, sans la moindre tendresse. Tout était répugnant chez eux mais de voir leurs engins je ne peux imaginer l'horreur que vécu cette jeune femme. Leurs membres étaient couverts de protubérances qui semblaient s'animer d'une vie propre.

Alors qu'elle hurlait, ses yeux se révulsant, d'autres femmes approchèrent, toutes aussi nues, au détail que leurs ventres étaient ronds. Je compris avec horreur ce que j'avais sous les yeux quand les femmes tentèrent de l'apaiser et de la rassurer alors qu'une cinquième créature venait prendre la place de la précédente. Je m'éloignais, la mort dans l'âme... "

Alis ferma le carnet, muette d'horreur. Il n'était plus question de dormir, elle serait incapable de fermer les yeux. Elle comprenait également ce qui avait tant effrayé Royer et l'avait poussé au pire.

Elle se replongea dans la lecture du carnet, c'était dans sa nature, elle devait savoir, plus elle en saurait, mieux elle serait préparée.

Les quelques passages lisibles devenaient de plus en plus confus, elle en vint à s'interroger sur la santé mentale de son ancêtre qui avait du commencer à décliner peu à peu. Il ne dormait pratiquement plus, il les épiait le plus souvent possible, il tenta même plusieurs fois d'en suivre quelques uns.

Si il se fit remarquer il n'en fit pas mention, cependant c'est dans cette période qu'il barricada les fenêtres. Il décida également de ne plus aller travailler et d'éviter au maximum le contact des autres.

Les dernières pages étaient dans un très mauvais état, à l'exception de la toute fin qui avait du être protégé par la couverture. L'écriture était tremblante et les pages couvertes de tâches sombres.

" C'est la fin... Dieu puisse t'il me pardonner mais ces créatures n'avaient rien de commun avec lui, j'en suis certain. J'ai mis le feu à l'entrepôt cette nuit alors qu'ils se livraient encore à un de leurs rituels horribles. J'ai pris soin de les enfermer sans qu'ils s'en rendent compte. Ces hurlements inhumains... Ils ne me quittent plus... Ils en restent, je le sais... Sans compter leurs infâmes progénitures qui ne tarderont pas à venir au monde... Au moins aurais je retardé leurs sinistres projets pour un temps... Les autres vont venir me chercher. Ils ont déjà failli m'avoir et je sens ma vie qui s'écoule... Un coup chanceux pour eux. Je meurs l'âme en paix, je vais rejoindre mon Hélène bien aimée. Si vous trouvez ce livre je vous en prie, ce ne sont pas les divagations de quelque fou, faites en bon usage, et surtout quittez cette ville immédiatement, dés qu'ils vous sauront que vous êtes là ils ne vous laisseront plus faire. Si d'aventure vous pouviez joindre mes enfants, dites leur que je les aime. "

Alis referma le petit carnet et le posa sur la table de nuit, les yeux brillants. Elle ferma les yeux, tâchant d'assimiler tout ce qu'elle avait découvert. Finalement la fatigue eut quand même raison d'elle et elle finit par sombrer dans un sommeil peuplé de monstres difformes.

Alis fit les cent pas toute la matinée. Pas de nouvelles de Joe ou du Shérif. L'heure tournait et elle n'avait pas grand chose de plus à offrir au Shérif pour sauver la peau de Royer. Elle guettait inlassablement entre les planches de ses fenêtres dans l'espoir de voir la vieille ford apparaître. Une terreur panique grandissait en elle. Il leur était peut être arrivé quelque chose... Et si c'était le cas elle serait seule... Elle avait enfilé un pantalon moulant dans lequel elle était à l'aise pour courir, ainsi qu'un débardeur noir. Elle portait également ses baskets. Si elle n'avait pas de nouvelles d'ici le milieu de l'après midi elle songeait sincèrement à quitter la ville à pied. D'ici la tombée de la nuit, en maintenant une bonne allure, elle aurait fait une trentaine de kilomètres. Elle pourrait dormir dans les bois, pour une nuit. Le lendemain elle reprendrait la route et plus elle s'éloignerait, plus elle aurait des chances de tomber sur un automobiliste qui voudrait bien la conduire n'importe où pourvu que ce soit loin de Shorecester.

Elle hocha la tête et finit de remplir son sac à dos avec des vivres, le laissant sur la table de la cuisine.

C'était décidé, elle abandonnerait Joe, Royer et le Shérif, mais elle pourrait leur envoyer des renforts dés qu'elle aurait rejoint la civilisation, elle trouverait un moyen...

Plus les heures passaient et plus elle se raccrochait à cette résolution.

L'attente lui sembla une éternité, et plus l'échéance se rapprochait, plus elle avait envie d'attendre quelques minutes de plus, espérant entendre frapper à la porte. Il n'en fut rien et la jeune femme sentit son cœur se serrer. Elle prit son sac, laissa le carnet de son ancêtre bien en évidence au milieu du salon, au cas où quelqu'un remettrait un jour les pieds ici, et elle quitta la demeure, aux aguets.

Elle avalait les mètres à toute allure, le cœur battant la chamade. Elle crut apercevoir des formes dans l'ombre mais ça ne ralentit en aucun cas sa progression, au contraire.

La jeune femme avait déjà franchie quelques kilomètres quand elle tomba sur l'accident.

La fourgonnette blanche avait quitté la route et heurté un poteau. Le côté était enfoncé et de larges éraflures avaient creusé la tôle. L'avant du véhicule était en flamme. Alis fronça les sourcils, s'arrêtant. L'accident devait être très récent. On lui avait appris à se tenir éloigner des véhicules en feu, elle savait que le réservoir risquait d'être atteint par les flammes ce qui aurait de très grandes chances de faire exploser le tout. Elle hasarda un coup d'œil vers le pare brise, cherchant à percer les flammes et les volutes de fumées noires. Il y avait un homme à l'intérieur...

Une pensée fugace lui traversa l'esprit, ce n'était plus son problème et elle devait continuer son chemin. Mais elle la chassa aussitôt et posa son sac au sol, s'élançant vers le véhicule.

Elle mis quelques instants à tourner vainement autour, cherchant un endroit où la chaleur serait un peu moins forte et où elle aurait moins de chance d'être brûlée, puis finalement elle prit son courage à deux mains et ouvrit l'arrière de la fourgonnette. Elle se hissa à bord, retenant sa respiration et s'avança en couvrant ses yeux. Elle avança jusqu'à l'homme inconscient qu'elle avait aperçu, pratiquement à l'aveuglette. Elle essaya de le dégager du siège et de le tirer vers l'arrière en vain. Elle chercha une entrave du bout des doigts, ne sentant d'abord qu'un liquide poisseux qu'elle identifia tout de suite comme du sang. { La ceinture évidemment... } Elle voulut appuyer sur le bouton pour la détacher et se brûla les doigts sur la partie métallique, lâchant un petit cri que l'air chaud qui vient brûler ses poumons lui fit aussitôt regretter. Elle avait de plus en plus de mal à respirer et commençait à se sentir vraiment mal. Elle retenta sa chance encore et encore jusque finalement la ceinture lâche enfin.

Elle agrippa alors l'homme par l'épaule et le tira avec grande peine des flammes.

Elle du s'y reprendre à plusieurs fois avant d'arriver à le traîner à une distance sûre.

L'homme portait de très graves brûlures au point qu'elle ne s'aperçut pas tout de suite qu'il avait la peau noire. Le côté droit de son visage serait méconnaissable, une chance si il gardait la vue de son côté, l'autre avait été moins gravement touché. Elle l'observa en prenant son pouls, peu confiance. Il était solidement charpenté, un athlète ou un habitué des salles de sport peut être, volumineux mais pas gras. Ça expliquait d'autant plus le mal qu'elle avait eu à le sortir de là. Il était vraiment brûlé à de nombreux endroits, ses vêtements étaient troués, imbibés de sang et on ne montraient que plaies béantes.

Elle fut surprise de trouver un pouls. Il était très faible, mais régulier, ce qui était plutôt de bon augure.

Elle le regarda encore quelques instants et se mordit la lèvre. Si elle le laissait là il ne tiendrait pas la nuit... Et les seuls personnes susceptibles de le trouver l'achèverait probablement, ou pire. D'un autre côté même si elle l'aidait ses chances étaient très minces, il avait besoin d'une assistance médicale. Sans il n'en avait surement plus que pour quelques jours. En plus ça voulait dire que son départ serait encore retardé... Et ça la forcerait à rester bien plus longtemps que quelques jours...

Alis franchit lentement la route et ramassa son sac, jetant un dernier coup d'œil à l'homme. Elle allait partir, pour de bon, quand elle l'entendit gémir... Elle lâcha un soupir et secoua la tête avant de reposer son sac.

Elle aurait été bien incapable de le ramener chez elle à la seule force de ses bras, elle le savait. Elle posa délicatement sa veste sur l'homme et commença à chercher les alentours, en quête d'une solution. Elle grimaça. En face d'elle il n'y avait que bâtiments condamnés et d'autres dont elle pressentait venir des regards inquisiteurs tout sauf bienveillants. Derrière elle, un ancien chantier abandonné qui n'était plus qu'une ruine. Quand bien même elle y trouverait une brouette, elle risquerait d'aggraver les blessures de l'homme sur un tel engin. La clôture grillagée à la rigueur n'était pas un réel obstacle en soit.

{ La clôture... Evidemment! } Elle esquissa un sourire, satisfaite de son idée et commença à dénouer les fils de fer pour décrocher une large portion de grillage. Déchausser les poteaux de bois fut un peu plus ardu, mais elle mettait du cœur à l'ouvrage. Les deux poteaux posés au sol en parallèle, le grillage fixé dessus à l'aide des morceaux de fil de fer qu'elle avait gardé et elle avait une civière de fortune.

Tandis qu'elle chargeait précautionneusement l'homme dessus, elle jeta un regard inquiet au ciel. Elle y avait passé plus de temps qu'elle ne l'aurait cru. Elle avait peu de temps devant elle, la nuit ne tarderait plus.

Elle vérifia qu'il respirait toujours, peu rassurée par l'allure de ses blessures et le sang qu'il continuait de perdre puis elle ramassa son sac et saisissant l'extrémité de chacun des deux poteaux, elle se mit en route, traînant son fardeau derrière elle.

Le temps jouait contre elle, mais se sachant observée, elle jugea bon de faire quelques détours et de marquer plusieurs pauses pour vérifier qu'elle n'était pas suivi.

Elle se félicita de sa prudence lorsque plusieurs ombres les dépassèrent alors qu'ils étaient cachés derrière une benne à ordure.

Il n'y eut pas d'autres incidents sur le reste du trajet.

Elle arriva à la porte de sa demeure alors que le soleil finissait de disparaître à l'horizon.

Alis se dépêcha de le traîner à l'intérieur, refermant la porte à double tour. Elle repoussa le buffet devant la porte par précaution.

Elle était persuadée de déjà entendre du mouvement dans la rue. Elle vérifia chacune des fenêtres calfeutrées et y ajouta un meuble à chaque fois que c'était possible. Elle condamna le salon qui comportait le plus de fenêtres du rez de chaussée en poussant la lourde commode devant la porte.

{ Bon courage à qui voudra passer par là... }

Elle amena ensuite l'homme dans la cuisine, vérifiant une nouvelle fois qu'il était toujours en vie. Ses blessures étaient vraiment graves... Alis avait quelques notions de premiers secours, elle espérait que ça suffirait mais en doutait fortement. Elle dégagea le plan de travail, s'assurant qu'il était propre et y hissa son blessé avec difficulté.

Une fois qu'il fut correctement étendu sur le meuble, elle examina avec un peu plus d'attention ses blessures. Tout son côté droit avait été dévoré par les flammes. Le tissu avait protégé les chairs avec peu de succès, mais son profil droit était dans un triste état. Il lui restait un moignon d'oreille, sa lèvre pendait, révélant ses dents étrangement blanches et toute sa peau n'était plus que suintements de sang et chairs calcinées. Son œil et sa paupière étaient dans un drôle d'état, impossible de dire ce qu'il en resterait.

Son avant bras et sa main droite avaient soufferts également, on ne discernait plus ses ongles de cet amas de chair sanguinolente à la peau craquelée.

Les autres brûlures qui lui couvraient le corps semblaient moins graves, toutefois ce qui inquiétait le plus Alis c'était sa blessure à l'aine. Ça ne ressemblait en rien à une brûlure, c'était bien plus profond et ça saignait abondamment.

La jeune femme pris le temps de respirer profondément pour se calmer et de faire le vide dans sa tête. Elle devait agir méthodiquement si elle voulait le sauver.

Elle fouilla la cuisine, rassemblant ce qui pourrait lui servir ; des ciseaux, des couteaux affûtés, et une marmite en fonte.

Elle remplit la marmite d'eau, aussi chaude qu'elle put, y mis les ciseaux et couteaux qu'elle comptait utiliser puis l'emmena à la cave. Elle ouvrit la chaudière qui contenait encore un peu de bois partiellement consumé et pas mal de braise et y rajouta quelques bûches. Elle posa ensuite la marmite sur le rebord de l'ouverture, collant le plus possible la marmite contre le brasier.

Elle ne savait pas combien de temps ça prendrait mais elle avait bon espoir de réussir à faire bouillir de l'eau.

Elle se rendit ensuite dans la salle de bain pour y récupérer tout ce qu'elle avait acheté qui pourrait lui servir. Un peu de désinfectant, du coton, pince à épiler et, elle se bénit d'y avoir pensé, du fil et une aiguille.

Ce qui lui faisait défaut, c'était les bandages, et pourtant c'est peut être ce dont elle aurait le plus besoin. Elle fouilla dans ses vêtements nouvellement acquis, privilégiant les neufs parce qu'ils étaient propres, écartant les trop fins, ceux qui empêcheraient la plaie de respirer ou au contraire ne la protégerait pas assez. Elle grimaça en ramassant son pyjama, c'était sans équivoque le tissu qui convenait le mieux à ce genre de choses, mais s'en passer ne l'emballait guère.

{ Nécessité fait loi... } Qui qu'il soit il lui devrait une fière chandelle. Elle songea qu'elle pourrait toujours en racheter un... Mais elle ne savait pas trop pour combien de temps elle serait encore coincée ici, il faudrait des semaines pour que l'homme se remette. Ce qui voulait dire que quoiqu'il arrive elle devrait retourner en ville se procurer de la nourriture, et le peu d'argent qu'il lui restait elle le devait au Shérif. Shérif qui l'avait d'ailleurs payé pour sauver l'homme qui serait pendu le lendemain.

{ Pas le moment de rêvasser, tu ne peux peut être rien faire pour Royer mais il y en a un autre que tu peux sauver... }

Quand elle ramena les vêtements qu'elle avait découpés en longues bandes et la marmite d'eau qui avait finit par bouillir, l'homme n'avait pas bougé, il était toujours inconscient et ne donnait signe de vie que pour gémir de douleur de temps à autre.

Armée des ciseaux elle découpa d'abord le tshirt qu'il portait afin de pouvoir lui enlever. Il était collé à la chair par endroit et elle l'entendit gémir à plusieurs reprises alors qu'elle écartait le tissu de la peau brûlée aussi précautionneusement que possible.