Les Amours d'Elyanor 1435 Pt. 03

-regarde j'ai sa robe! »

A ces mots, Siloé se leva en sursaut et essaya tant bien que mal de cacher sa nudité dans la paille. Elle regarda ceux qui venaient de parler et fut prise d'un sentiment de peur incontrôlable. Ils étaient trois, hirsutes, sales et puants, armés jusqu'aux dents et chargés comme s'ils revenaient d'un pillage.

« -héhé salut ma jolie... Qu'est ce que tu fais là? »

Siloé n'osa pas répondre. Mais l'homme haussa la voix

« -je t'ai demandé ce que tu foutais là!

-j'ai été prise par l'orage, et...je...je me suis réfugiée ici...

-quelle heureuse coïncidence que nous soyons passés par là, non?

- rendez-moi mes vêtements s'il vous plait.

-tu es mieux comme ça...

-rendez les moi!

-il va falloir venir les chercher... »

Il se releva et s'éloigna, emportant avec lui la robe de Siloé. Du coin de l'œil, elle réalisa qu'ils n'avaient pas vu celle d'Elyanor qui trainait, a moitié recouverte par la paille qu'avaient soulevée leurs ébats de la nuit. Timidement, Siloé se leva, et s'élança sur les pas de l'homme, tandis que ses deux comparses l'observaient avec envie sans la moindre retenue. Ils se rapprochèrent même de Siloé qui eut toutes les peines du monde à échapper à leurs mains perverses.

« -assez rigolé! Maintenant, rendez-moi ma robe ou je hurle...

-oh elle veut hurler la petite? Et qui viendra t'aider ici, ton beau prince charmant? »

Ils n'avaient pas non plus vu les deux chevaux dans l'autre grange. Siloé en fut rassurée pour sa maitresse, mais pas autant pour elle. Nue entre ces trois compères, sa vertu n'allait pas durer.

« -si tu veux ta robe, il va falloir m'embrasser...

-jamais espèce de porc!

-porc? C'est moi que tu traites de porc alors que c'est toi qui te roule dans la paille nue comme une chienne? Hein? Et si tu ne me donnes pas ce baiser je le prendrais! »

Il attrapa Siloé par les cheveux et les lui tira violement pour lui pencher la tête en arrière. Elle hurla de douleur alors que l'homme léchait son cou en grognant. Les deux autres attrapèrent ses bras et l'immobilisèrent bien qu'elle luttait de toutes ses forces pour rompre leur étreinte de fer. Le premier attrapa ses joues dans sa main et serra du plus fort qu'il put en arrachant de nombreux cris à Siloé qui commençait à pleurer. Tous faisaient promener leurs mains sur sa peau, la fessant, claquant ses seins, ses cuisses, ses joues de plus en plus violement, et d'autant plus fort qu'elle se débattait. Elle était à deux doigts de l'évanouissement quand une langue força sa bouche. Folle furieuse, elle serra les dents et mordit la langue. L'homme poussa un hurlement terrifiant en portant ses mains à sa bouche ensanglanté. Siloé ne se débattait plus, elle regardait la bouche de l'homme dégouliner de sang d'un air satisfait, tandis que ses deux compères la maintenaient toujours ferment au sol.

« -sale trainée! Tiens, prend ça espèce de chienne... »

Son poing vola droit dans la poitrine de Siloé qui éclata en sanglots et s'écroula sous la violence du choc. L'homme fulminait de rage et s'apprêtait à frapper de nouveau, encouragé par ses compagnons.

« -on dirait que tu as oublié que les chiennes ça mordait, toi...

-aller, un autre pour la route...aller! »

Un violent coup de pied dans le ventre de Siloé la fit tousser et même cracher du sang. Elle se tordait de douleur étendue par terre, tandis que l'autre continuait de taper. Puis finalement, il s'arrêta et se pencha sur elle, et la saisit a la gorge pour l'étrangler. Siloé essayait désespérément de reprendre son souffle et de garder connaissance malgré ses hoquets de chagrin et de douleur.

« -toi ma chérie, j'en ai pas fini avec toi... Non seulement quand ce sera fait, je t'embrasserai sans risque de me faire mordre par une chienne enragée, mais en plus, ça ne te dérangera même pas toi...puisque tu ne pourras plus t'en rendre compte.

-fu...fumier.

-et ça c'est pour te faire ravaler tes insultes. »

Ceci dit, il asséna un puissant coup de tête à Siloé qui eut tout de même le temps d'entendre le craquement répugnant que fit son nez en se brisant avant qu'elle ne perde connaissance. Leur besogne faite, les maraudeurs soulevèrent son corps brisé et le jetèrent sans ménagement a l'arrière de leur charrette qui les attendait devant et partirent.

Lorsqu'Elyanor se réveilla dix heures plus tard, une fois la nuit tombée, elle fut surprise de ne pas trouver Siloé qui l'aidait à se dégager de toute cette paille. Elle fut d'autant plus surprise de ne pas la trouver du tout dans la grange. Une étrange odeur lui monta a la tête, mais elle n'y prêta pas garde et se dirigea vers l'écurie. Les chevaux s'y trouvaient encore tous les deux. Soit elle était partie à pied, soit le pire était arrivé. Soudain, elle se rappela de l'odeur qu'elle avait sentie et sut instantanément de quoi il s'agissait. Elle hurla de désespoir en se ruant dans la grange pour tomber les deux genoux joints dans la mare de sang qu'avait perdu Siloé. Elle pleura longuement, hurlant sa colère et son chagrin a qui pouvait l'entendre. Elle se leva, les yeux toujours embués de larmes pour aller chercher ses vêtements. Elle passa sa robe encore humide, et, alors qu'elle fut sur le point de sortir, elle vit la giclée de sang que l'homme avait craché contre le mur après avoir été mordu par Siloé. Elle courut le goutter, espérant réveiller ses instincts de prédateur.

Le gout du sang lui monta a la tête, inondant son esprit d'envies de vengeance. Elle se savait capable de retrouver ceux qui lui avaient prise son être aimé, et rien au monde ne pourrait l'empêcher de les tuer. Seule sa vitesse en revanche pouvait lui permettre de sauver Siloé en la retrouvant avant qu'il ne soit trop tard. Vu le sang qu'elle avait perdu, Elyanor était très inquiète pour elle. Elle passa le pas de la porte en raclant le mur de ses griffes, les yeux fermés, se focalisant sur l'odeur qui émanait encore de sa proie. Toujours a l'aveuglette, elle courut vers la colline la plus proche et sentit le vent a la recherche d'une piste. Elle s'immobilisa rapidement, humant toujours l'air, puis elle ouvrit des yeux rouges injectés de sang partout autour de sa pupille. Même Siloé aurait eu peur d'elle à ce moment là.

« -j'arrive ma petite fille... »

Et elle s'élança à travers la lande, courant plus vite que le plus rapide de tous ses chevaux.