La Prêtresse de la Pureté Ch. 06

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Dernier serment & Dangereuse conclusion.
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Partie 6 de la série de 6 pièces

Actualisé 06/09/2023
Créé 04/22/2019
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**Avertissement** : Le prince de chair n'est pas un protagoniste sympathique (c'est même une belle enflure) et ses actions en sont le reflet. Certains passages peuvent donc choquer.

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Chapitre 6 - Le dernier serment

Les esclaves à plaisir choisis par le prince Arlor ressemblaient à deux contraires. L'un était fin, la peau presque translucide, et l'autre trapu et brun à la peau matte typique de Médonie. Tous deux portaient des toges grises d'une banalité à pleurer qui ne dissimulaient qu'à peine leur musculature ciselée.

— Non non non, plaida la haute-prêtresse Itana

Elle se dissimulait derrière le Prince et pressait agréablement sa lourde poitrine contre son dos. Il sentait son souffle chaud lui chatouiller le cou et ses tétons glisser contre sa peau.

Comme Arlor le leur avait instruit, les deux esclaves laissèrent tomber leur toge, dévoilant leurs sexes puissants, spécialement sélectionnés et formés aux arts du plaisir.

— Je pensais que ce ne serait que vous et moi, dit la prêtresse. Ca... ça, je ne peux pas. Pas avec d'autres hommes. Je ne suis destiné qu'à vous, votre Sainteté. Vous l'avez dit. Mais peut être que l'on pourrait. (Elle se mit à susurrer, une main glissant le long du torse du prince, tentatrice.) Avec d'autres prêtresses? Je n'aurais aucun mal à convaincre Sainte Eava si vous le désirez.

La proposition avait de quoi faire saliver, mais les plans du prince étaient fixés. Certes, il n'aimait guère partager ses conquêtes avec d'autres hommes, mais sa volonté de voir la haute-prêtresse bafouer l'intégralité des principes fondateurs de sa foi était sa propre forme de plaisir.

— Pourtant, dit-il. Le dernier serment que vous devez enfreindre pour prouver que vous avez la force de caractère suffisante pour devenir Seraph est « Tu ne seras la femme que d'un seul homme, le prophète. » Il n'est nulle question d'autres femmes.

Le prince sentit l'agréable présence dans son dos se retirer. Il se tourna. La prêtresse le fixait d'un air soupçonneux.

— Mais à quoi cela sert-il? demanda-t-elle, cinglante. Assouvir vos désirs pour vous aider à ne pas vous détourner de la voie du prophète, je le comprends. Mais cette épreuve. Ça. (Elle balaya du bras la scène des hommes nus devant elle.) Ça n'a pas de sens.

Avait-il méjugé de la sagacité d'Itana? La situation menaçait de lui échapper et il détestait perdre le contrôle. Il s'approcha lentement et, doucement, lui prit le visage entre les mains.

— Vous êtes déjà allé si loin pour moi, ma fille, susurra-t-il, se plongeant dans l'étang bleu de ses yeux. Cette épreuve est conçue pour tester votre résolution, pour voir si, au fond de vous, vous êtes capable de me servir, quelles que soient les difficultés. Croyez bien que je ne m'y plie pas de gaité de cœur.

L'audace de ce mensonge manqua de faire sourire nerveusement le prince. La prêtresse soutint son regard, avant de se détourner, des larmes aux coins des yeux. Elle le repoussa gentiment, un bras passé autour de son ample poitrine.

— Je suis navré, votre sainteté.

Chiotte vérolée! Il ne restait qu'une chose à tenter.

— Je comprends ma fille. Beaucoup d'appelées... peu d'élues.

Il ramassa sa toge chiffonnée et fit signe aux esclaves de faire de même. Les deux hommes se regardèrent interloqués - cela ne faisait pas partie du plan -- mais ils s'exécutèrent malgré tout, leur peur de désobéir trop ancrée pour envisager de contredire Arlor.

Le prince se dirigea vers la porte, un nœud d'angoisse au creux du bide. Pourtant, ce stratagème avait fonctionné une fois, il n'y avait donc aucune raison qu'il ne fonctionne pas à nouveau. D'autant plus que le poids des précédentes transgressions d'Itana pesait désormais dans la balance.

— Attendez! (La prêtresse se précipitait vers lui, les mains jointes paume contre paume.) Je ne peux pas abandonner maintenant. Vous avez raison. Je ne devrais pas douter ainsi, votre sainteté. Par pitié, je m'en remets à vous.

Le sexe du Prince se gorgea aussitôt de désir à la vue de la haute-prêtresse le priant d'être possédée par trois hommes.

Dans un silence presque religieux -- belle ironie - le prince se dénuda de nouveau et saisit Itana par le poignet pour la mener vers le banc. Les deux esclaves comprirent que le plan reprenait son cours et vinrent se placer de chaque côté, doublement au garde-à-vous.

Arlos s'assit puis, saisissant la haute-prêtresse par les hanches, l'installa dos contre son torse, ses cuisses lovées entre les siennes, son sexe guidé par les orbes de ses fesses, mais sans la pénétrer. La chaleur de ses fluides le lubrifiait déjà. Malgré ses réticences, le tabou de la situation l'excitait au plus haut point.

— Placez vos pieds sur mes genoux, lui murmura-t-il en passant ses mains le long du galbe de ses seins, taquinant ses tétons pour la faire frémir. Voilà, comme ça, parfait.

Ainsi placée, accroupie sur les jambes du prince, le bassin de la belle était basculé vers l'avant. Cela offrait un accès entièrement dégagé à son sexe glabre duquel s'écoulait encore un fin filet de sa semence. Elle tremblait et n'osait pas regarder les deux hommes puissamment membrés qui lui faisaient face. Cette gêne excitait d'autant plus le Prince.

Il fit un signe de la tête à un des esclaves avant de pincer fortement un des longs tétons d'Itana pour détourner son attention. Il ne voulait pas qu'elle panique et perde sa résolution lorsque l'esclave à la chevelure brune glissa sa main entre ses cuisses, écarta ses lèvres et y glissa deux doigts forts et fins. Des doigts d'une habilité redoutable capable de satisfaire les plus frigides des nobles dames du palais éternel.

La prêtresse hoqueta de surprise à l'invasion. Elle se tourna pour happer la bouche du Prince dans la sienne, comme pour se rassurer. Arlor en profita pour maltraiter toujours plus sa lourde poitrine -- une activité dont il ne se lassait pas, pas plus que d'admirer les marques rouges que cela imprimait sur sa peau diaphane.

En quelques habiles caresses, l'esclave à plaisir réveilla l'excitation sauvage de la prêtresse avec la facilité d'une pichenette dans la truffe d'un lion. Le souffle rauque d'Itana enfla, se changea en gémissement alors que son bassin se mouvait en rythme avec les doigts parcourant sa fente, pour mieux les guider vers la source de son plaisir. Ses baisers se firent plus passionnés, presque brutaux. Elle mordait les lèvres du Prince qui se régalait de sa sauvagerie sexuelle en happant la langue dardée dans sa bouche.

Les choses sérieuses pouvaient commencer.

À cette pensée, Arlor cessa son délicieux pelotage. L'esclave brun prit son relais et se saisit non moins violemment de la poitrine qui arborait encore les marques profondes de ses crocs. Même ses mains, pourtant plus imposantes que celle d'Arlor, ne pouvaient englober leur masse.

Les doigts crochés dans les hanches de la prêtresse, le prince souleva son corps léger pour la positionner au-dessus de son érection, visant le dernier orifice encore inexploré. L'excitation humide de la belle était telle que lorsqu'il la lâcha pour la faire retomber de tout son poids contre son sexe, elle s'y empala dans un mouvement fluide. Les parois du fourreau lisse de son entrée interdite palpitèrent violemment contre la verge princière et elle gémit comme jamais.

— Non... c'est trop... pas là, murmura-t-elle sans aucune conviction quand le prince commença à bouger, goutant avec délice à l'intense pression des parois de son anus vierge dilaté par son membre.

Les mains sur les hanches de la belle prêtresse, il la levait le long de son sexe puis la laissait retomber. Lever. Retomber. Oh par les dieux! L'impact contre ses cuisses combinées à sa verge profondément plantée dans son cul lui envoyait puissantes décharges de plaisir après puissantes décharges de plaisir.

Après quelques longues et plaisantes minutes, le prince fit un signe de tête à l'esclave roux. Celui-ci repoussa le brun occuper à torturer les tétons de la belle de ses crocs et, sans hésiter, empala le vagin grand ouvert. Les cris extatiques de la prêtresse montèrent de plusieurs octaves. Elle se fichait définitivement d'être entendue.

L'éphèbe imprima de longs mouvements, s'enfonçant de plus en plus profondément dans la petite chatte d'Itana. Le prince pouvait sentir l'extrémité de ce second sexe en elle, comme un doigt glissant de haut en bas sous son membre. D'un commun accord silencieux, le prince et l'esclave augmentèrent le rythme de leurs pénétrations, le corps de la prêtresse semblait si frêle possédé ainsi. Ses seins se soulevaient avec leurs coups de boutoir et ses gémissements s'intensifiaient. Elle appréciait clairement n'être plus qu'un jouet soumis à leur plaisir.

Ses halètements se faisaient plus confus, plus rapide, presque paniqués. Puis, elle trembla violemment et ses cris s'étranglèrent sur le O silencieux de son orgasme. Le second esclave en profita pour y glisser son sexe -- bien plus grand que celui du Prince - dans la bouche offerte. Il lutta un instant, mais, lorsque Itana menaça d'échapper au membre envahisseur, il la saisit par l'arrière du crâne et la força le long de sa verge, malgré ses réticences, jusqu'à la garde. Arlor ressentit un pincement de satisfaction. Il l'avait bien formé à cet exercice pour qu'elle soit capable de gober un tel membre.

La haute-prêtresse eut un début de mouvement de panique lorsque le sexe manqua de l'étouffer, mais les trois hommes ne lui laissèrent aucun répit. Poussant par delà la sensibilité de son extase, ils ruaient en elle, la cognait au plus profond de sa chatte, son cul, sa bouche. Ils la faisaient hoqueter, gémir, soupirer.

La verge plantée dans sa bouche se retirait juste assez pour la laisser respirer avant de lui empaler de nouveau la gorge. Les larmes s'écoulaient sur ses joues qui rosissaient sous l'intensité de son désir et des assauts auquel on la soumettait.

Un second orgasme la saisit, plus violent encore que le premier. Elle se tendit, et le Prince sentit son anus l'enserrer comme un puissant étau. Cela fut trop. Il sentit la syncope du plaisir vibrer à la base de sa colonne et ne la retint pas. Il inonda son cul en longs jets saccadés. Les deux esclaves, parfaitement en contrôle, firent alors de même, la gorgeant de leur sperme de tous côtés.

Mais le prince n'avait pas encore son saoul.

Dans une chorégraphie hypnotique de chair, l'esclave roux s'allongea au sol et plaqua Itana dos contre son ventre. Arlor pénétra la bouche de la haute-prêtresse, sans difficulté après le passage du sexe massif du brun. Il la pistonna jusqu'au fond de la gorge, ses testicules claquant contre son menton désormais couvert de bave et de semence. Par Orlan, le délice de la soumettre à de telles dépravations valait tous les sacrifices qu'il avait fait pour ce moment. Des fortunes dépensées en ingrédients aux frustrations à ronger.

Le brun, dont l'énorme sexe marqué de profonde et presque menaçante veines, s'installa derrière la prêtresse. D'une pression des reins, il fit peu à peu disparaitre son gland, congestionné entre les deux lèvres délicates qui s'ouvraient comme des pétales. Arlor pouvait voir le ventre de la haute-prêtresse se creuser sous sa possession lente et insistante, comme si elle retenait son souffle. Lorsque l'esclave se planta complètement en elle, elle se cabra, et son cri muet vibra contre le sexe du prince dans sa bouche.

Le roux profita de cet instant pour commencer à la sodomiser. Les bras ballants, les cuisses grandes ouvertes, la haute-prêtresse ne bougeait plus que par la volonté des trois hommes qui la pénétrait. Elle jouit. Ils jouirent. Dans quel ordre, et dans quels orifices, cela importait peu.

Le balai sexuel se poursuivit, les trois hommes prenant tour à tour vagin anus et bouche. Tous jouissaient presque inlassablement à tel point qu'Arlor finit par perdre le fil de cette danse indécente.

Lorsque tout fût fini, la haute-prêtresse Itana haletait plus que jamais. Ses seins étaient marqués d'innombrables marques rouges de morsures et pincements, ses hanches et fesses imprimées de doigts, son vagin et anus distendus suintait de sperme. De la semence s'écoulait de ses jambes, mentons, seins et ventre. Ce tableau était si dépravé qu'il paraissait impensable qu'une représentante de la pureté aussi haut placée en soit la pièce maitresse, et pourtant.

Le prince se releva. Il titubait, épuisé de plaisir. Plus encore que d'habitude. La prêtresse lui sourit, entrouvrant à peine les yeux.

— J'ai... réussie? parvint-elle à murmurer.

Le prince cligna des yeux pour tenter de rétablir sa vue qui se troublait. Un rictus étira ses traits.

— À assouvir mes désirs comme la chienne en chaleur affamée de bites que j'ai toujours su que vous étiez? Et comment!

Le flot d'insultes cruelles tira Itana de sa langueur. Elle rassembla ses maigres forces pour se redresser sur ses coudes.

— Que? Je ne comprends pas.

Le prince l'ignora et se pencha pour récupérer sa toge. Il eut l'impression que la pièce chavirait comme une cabine de navire percuté par une lame de fond. Sa respiration s'alourdit, devint sifflante. Les deux esclaves l'observaient l'air inquiet. Il fit un pas vers eux et le sol se déroba sous lui.

Arlor sombra dans l'inconscience.

***

— Regardez, on dirait que cet enfoiré se réveille enfin!

La voix triomphante résonna dans le crâne du prince. Il eut l'impression que des coups de boutoir douloureux lui percutaient l'arrière des yeux. Il grimaça. Son auteur lui disait quelque chose. Une femme. Laquelle?

Il tenta d'entrouvrir ses paupières. La lumière lui arracha une plainte et il les referma aussitôt. Tout son corps souffrait. Le moindre de ses mouvements semblait prêt à faire craquer ses os et déchirer ses muscles.

— Pas agréable hein bâtard? Pire qu'une gueule de bois? (Une main lui saisit durement les cheveux.) C'est ça d'abuser de la racine-tension pour tes petits jeux de dépravé, surtout quand on te l'a surdosée exprès. Mais c'est que le début.

Un bruit de crachat s'accompagna d'une sensation humide le long de sa joue.

— Que... se... passe... t'il, parvint-il à croasser pathétiquement malgré sa bouche parcheminée.

— Vous n'avez pas un truc pour le réveiller un peu plus? Histoire qu'il comprenne dans quelle merde il est?

— Bien sûr, attendez. (Une seconde voix, grave, lourde, un homme cette fois, suivit d'un vacarme de verre qui s'entrechoquent.) Ah, voilà.

Une puissante odeur arracha les sinus du Prince. Son corps s'arqua malgré lui sur un cri muet. Ses yeux soudain ouverts le brûlèrent. C'est alors qu'il remarqua la tension de cordes autour de ses poignets.

Au milieu d'un entrelacs d'étagères chargées de fioles diverses et d'animaux empaillés, la maréchale Imda et l'alchimiste royal Yerzo le dévisageait, des dagues dans les yeux.

— Qu'est-ce que c'est que ce merdier! cracha le prince, sa voix toujours faible, presque nasillarde.

Il s'agita, mais la lourde chaise sur laquelle des cordes le ficelaient se contenta d'osciller mollement. La maréchale en profita pour lui envoyer son poing en pleine figure, projetant sa tête en arrière. Son cou craqua douloureusement. Tout en redressant la tête, il tenta de cracher le filet de sang qui venait d'inonder sa bouche en direction d'Imda. Il ne parvint qu'à se baver sur le menton.

— Sale chienne, siffla-t-il. Ma leçon ne vous a pas suffi? Je dois recommencer?

— Je ne suis pas sur qu'il soit très sage, Sire. (Le titre suintait le mépris dans la bouche de l'Alchimiste.) De reproduire une des erreurs qui ont causé votre perte..

— Ma perte? De quoi parler vous? Libérez-moi tout de suite.

— Par toutes les catins d'Orlan, cracha la maréchale. Quelle putain d'ironie. À force de ne penser qu'avec votre bite, vous êtes devenu con.

— Yerzo! (Le prince ignora totalement la maréchale pour fusiller du regard l'Alchimiste. Il ne pensait pas pouvoir raisonner avec la guerrière, on ne raisonne pas une femme trahie. Un serviteur fidèle du trône des seigneurs-épées en revanche...) Libérez-moi tout de suite et vous avez ma parole que j'oublierais ce petit incident.

L'alchimiste éclata d'un rire sec.

— Je vous connais bien, « Sire », le pardon ne fait pas partie de votre vocabulaire. Et puis, pourquoi gâcher mon plan maintenant qu'il porte ses fruits?

— Votre plan?

— Vous pensiez vraiment qu'il n'y aurait pas aucune conséquence à vous mettre à dos la maréchale Imda et le capitaine de la Citadelle, Sire? demanda l'Alchimiste. Auriez-vous oublié que les seigneurs-épées ne sont rien sans les dites épées?

Arlor ruait dans son propre cerveau pour tirer ses pensées de l'ornière, en vain. Le brouillard douloureux l'empêchait de saisir pleinement les propos de l'alchimiste.

— Un coup d'état, dit-il. Vous êtes pathétiques. Je suis indispensable et vous le savez. Aucun de mes frères n'est apte à gouverner. Ils sont bien trop jeunes.

— Mieux vaut un souverain jeune qu'un qui pense uniquement à baiser! cracha la maréchale.

— Et certainement pas un souverain sans aucun sens des allégeances, ajouta l'alchimiste. Le pire c'est que vous m'avez offert vous-même l'opportunité que j'attendais en agressant la maréchale. Avez-vous la moindre idée du nombre de légions que vous vous êtes mis à dos en touchant à la petite-fille d'un héros de guerre? Une héroïne elle-même non moins illustre? Tout ce qu'il me fallait ensuite pour assurer que la garde royale ne bronche pas trop à la nouvelle de votre disparition était de vous pousser à vous mettre la Citadelle à dos. Ce que vous avez fait en humiliant le capitaine Xarsian, exactement comme je l'avais prévu. Autant dire que l'enquête sur votre « disparition soudaine » sera faite sans grand enthousiasme. Si ce n'est proprement sabordée.

— Enfoiré de traitre de merde! (Le prince rua dans sa chaise, la balançant de droite à gauche. Un courant d'air dans son dos lui hérissa la nuque.) Quand j'en aurai fini avec vous et votre catin, vous regretterez d'avoir croisé ma route.

— Ça ne me changera pas beaucoup alors, dit la maréchale. Je le regrette déjà.

— Même totalement défait, dit l'alchimiste, votre arrogance ne connait pas de borne. C'est pathétique. Un prince aussi facile à manipuler que vous n'avait aucune chance de devenir roi. Vous pensiez vraiment que votre rencontre avec la femme du capitaine Xarsian était un pur coup de chance? Vous n'avez même pas pris le temps d'y réfléchir, trop occupé à tenter de mettre la main sur ses larmes. (L'alchimiste se pencha, son nez crochu à quelques centimètres de celui du prince.) Pauvre imbécile, la potion de polymorphie n'a jamais eu besoin de larmes de rage pour fonctionner. Tout cela n'était que pour pousser le capitaine à vous haïr! Et par Orlan qu'il vous hait! Dire que vous étiez à deux doigts de vous rendre compte du ridicule de cet ingrédient, c'est presque hilarant.

Une émotion étreignit la gorge du prince Arlor, une émotion qu'il ne pensait pas avoir déjà connu et qui le dégoutait profondément : la honte. Il avait fait l'erreur d'accorder sa confiance à cet enfoiré d'alchimiste de merde. Or, il était bien placé pour le savoir, personne n'en est digne!

— Pourquoi me raconter tout ça? N'allez-vous pas me tuer pour finaliser votre petit coup d'État?

— Parce que se moquer de votre stupidité est très plaisant, dit la Maréchale, son arrogant sourire vissé sur sa sale face de traitre.

Le Prince se calma en se remémorant la guerrière en train de crier sous lui. Le désagréable courant d'air dans son dos glaça une nouvelle fois la sueur de sa nuque.

— Vous tuer serait trop miséricordieux, « Sire », dit l'alchimiste. Mais comme vous avez suivi mes instructions à la lettre concernant l'élixir de polymorphie, nous n'avons pas besoin d'en arriver là.

Arlor ne lui fit pas le plaisir de lui demander de quoi il parlait, même si l'enflure de Yerzo en mourait de toute évidence d'envie.

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