La guerre des deux frères - Partie 04

Informations sur Récit
Une petite fille pour enjeu.
5.6k mots
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Récit n'a pas de balises

Partie 4 de la série de 8 pièces

Actualisé 03/18/2021
Créé 03/29/2011
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CHAPITRE 1

Riszard ouvrit les yeux quand il sentit les deux mains puissantes se poser sur son visage. Pétrifié de terreur, il ne réussissait pas à comprendre qui pouvait l'attaquer ainsi alors qu'il se trouvait au cœur même du QHS, le lieu le plus sécurisé de la prison. Le pire était que, pour la première fois depuis plusieurs jours, il s'était endormi sereinement après avoir rencontré le commissaire Pavon qui lui avait expliqué ce qu'il devait déclarer afin de sauver sa peau. Tout mettre sur le dos de Moreno était une petite douceur qui lui permettait d'accepter plus facilement l'idée de passer les trente prochaines années de sa vie dans cet endroit sordide. Pourtant, l'illusion de la paix venait de se dissiper et il comprit immédiatement qu'il ne verrait pas l'aube se lever.

Les deux mains pressèrent encore plus fort contre sa bouche pour l'empêcher de crier et d'appeler à l'aide. Retrouvant petit à petit ses esprits, il réalisa alors que son agresseur était un homme à la peau noire et il réalisa qu'une nouvelle fois Gaétan chargeait les Daemons d'exécuter ses basses besognes. Il tenta de se libérer de la gangue qui l'emprisonnait mais deux autres mains puissantes bloquaient ses bras le long de son corps.

- Arrête de te débattre comme ça, fit une voix calme qui se trouvait hors de son champ de vision. Tu connais bien cette expression, non? Tu as l'habitude de la prononcer pour calmer tes victimes, salopard.

Ne comprenant pas où cet inconnu voulait en venir, il voulut le contredire, affirmer qu'il n'était pas un violeur mais les deux mains lui interdirent de nouveau de parler.

- Pas la peine de t'affoler, reprit la voix calme. On ne s'intéresse pas à ton cul. On est pas comme toi. Ce que nous voulons c'est toute ton attention. Tu es bien attentif ou non?

Riszard bafouilla une réponse affirmative qui sembla combler l'inconnu.

- Je sais que demain, tu as rendez-vous avec le procureur. Je sais aussi que tu comptes envoyer Paul Moreno à l'échafaud et c'est hors de question.

Riszard ne tenta pas de s'opposer à cette dernière affirmation tant la situation échappait totalement à sa capacité de compréhension.

- Je sais que Gaétan t'as promis monts et merveilles en échange de tes aveux mais il n'a aucun pouvoir entre ces murs. Ici c'est nous qui sommes tout puissants. Personne ne respire sans nous en demander la permission et aucun recoin, même le plus reculé, est hors de notre portée. Où que tu sois, quoi que tu fasses, si nous le voulons nous te trouverons.

Ca Riszard comprenait parfaitement. Même Gaétan avait dû attendre plus de trois jours avant de réussir à l'extraire de sa cellule. Les Daemons n'avaient pas ce genre de problème.

- Durant les trente prochaines années, tu seras entre nos mains, reprit l'inconnu. Si nous le décidons tu mourras avant même d'avoir pu quitter cette cellule et si nous le voulons tu passeras le restant de ta vie loin du danger. Réfléchis bien. Est-ce que ta grand-mère et un quart de millions placés sur son compte valent que tu finisses baignant dans le sang après t'être fait émasculer?

Riszard déglutit difficilement. Ces gars connaissaient les termes de son accord avec Pavon alors que même les gardes qui les surveillaient durant la discussion n'en avaient pas eu vent.

- Je ne le répèterais pas : c'était pas Moreno qui vous accompagnait mais bien Mirallas. Tu m'as compris?

Toujours terrifié, Riszard ne bougea pas avant de sentir la pression sur son visage s'accentuer. La douleur réveilla son instinct de survie et il se mit à hocher la tête pour montrer que le message était parfaitement bien passé.

CHAPITRE 2

Telle une tornade, Corentin pénétra dans la petite pièce dans laquelle Djamila tentait de se reposer. La jeune femme sursauta devant une telle intrusion et le visage empourpré de l'officier ne la rassura pas.

- Où est-il? Demanda-t-il sans préambule.

- Où est qui?

- Je parle de ton enfant. Dis-moi que tu l'as fait adopter.

Djamila devint livide.

- Elle n'a rien à voir dans tout ça, balbutia-t-elle, décontenancée.

- Une fille? Où se trouve-t-elle?

- Chez ma sœur. Personne ne sait qu'elle est ma fille, ils pensent tous qu'elle est ma nièce et de plus ma sœur ne vit plus à la « cour des miracles ». Elle a épousé un contremaître et vit dans les quartiers nord.

- Personne? Tu en es sûre? Rien n'échappe au caïd, c'est le principe. Qu'as-tu dit à ton mac quand tu as commencé à grossir?

Djamila se décomposa en réalisant que son secret n'était pas aussi bien gardé qu'elle ne le pensait.

- Où se trouve ta fille? Insista Corentin qui commençait à penser qu'il avait un coup de retard.

CHAPITRE 3

Jasmine accueillit le lever du soleil comme une libération. Sa première nuit passée sur Main Street avait été un authentique cauchemar qui hanterait le restant de ses jours. Après le premier client qu'elle avait partagé avec Karine, elle n'avait plus cessé de se faire trousser. Les habitués des lieux semblaient tout particulièrement apprécier les petites nouvelles et ne lui avait laissé que peu de temps de répit. En 6H de présence sur ces trottoirs sales, elle avait enchaîné pas moins de 10 passes toutes plus sordides les unes que les autres et subit des outrages comparables à ceux que les hommes de Gaétan lui avait déjà fait subir. Alors que la fin de cette nuit infâme venait de sonner, elle ne pensait plus qu'à une chose : rentrer chez elle, prendre une douche d'au moins une heure puis dormir sans jamais penser une seconde à la nuit prochaine qui s'annonçait aussi horrible que celle qu'elle venait de vivre. Malheureusement pour elle, elle se berçait d'illusions.

Elle reconnut immédiatement l'homme qui s'approchait d'elle. Avec sa veste à jaquette pourpre, son pantalon en soie à peine moins coloré et cette espèce de casquette kaki vissée sur la tête, Vince était une véritable injure au bon goût mais il était aussi le mac le plus craint de Main Street et il suffisait de voir comment toutes les filles s'écartaient promptement sur son passage pour mesurer la terreur qu'il instillait chez elles. Il vint se planter juste en face d'elle et plongea son regard noir dans le sien.

- A ce qu'on me dit tu as bien bossé cette nuit, lui lança-t-il. Tu dois avoir les miches bien pleines.

Jasmine ne réagit pas à cette remarque et se contenta de baisser les yeux ; les macs étaient connus pour leur brutalité et celles qui les provoquaient ne faisaient pas de vieux os. Le sourire de Vince s'élargit devant la soumission qu'elle affichait.

- Il te reste combien?

- 200, répondit-elle.

Sa soirée avait été bien plus fructueuse mais Vince n'était pas le premier mac qu'elle rencontrait depuis le début de la nuit et il ne lui restait en poche que les gains de ses deux dernières passes.

- Bien, bien, apprécia-t-il en tendant la main.

Sans hésiter, elle saisit l'argent qui se trouvait dans le petit repli de son corset et le lui donna. Il compta la somme et hocha la tête.

- Encore une belle nuit qui me laisse la satisfaction du devoir accompli, déclara-t-il en glissant la somme dans son petit porte feuille en peau de serpent. J'ai besoin de me reposer un peu, tu ne crois pas?

- Oui, Vince, répondit-elle toujours aussi docile.

- Heureux que tu t'en rendes compte. C'est pour ça que tu vas m'aider à me détendre.

Le cœur de Jasmine cessa de battre alors qu'elle comprenait qu'il ne comptait pas lui accorder le repos dont elle avait tant besoin.

- Conduis-moi chez toi! Ordonna-t-il.

- Pas chez moi, tonna-t-elle à bout de patience. Il y a ma fille! Pas question de ...

Avant qu'elle ait eu le temps de finir sa phrase un direct du droit en plein ventre lui coupa le souffle et elle s'effondra piteusement sur le sol. Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, Vince lui planta la pointe de ses mocassins dans les reins. Impitoyable, le mac répéta le geste trois fois lui arrachant sanglots et suppliques. Satisfait, il la souleva par les cheveux pour amener son visage au niveau du sien.

- J'ai dit : « Emmène-moi chez toi, salope »!

- Oui Vince, pleurnicha-t-elle consciente que toute rébellion ne pouvait qu'aggraver sa situation déjà bien piteuse.

Chancelante, elle se redressa et prit la direction du petit appartement où sa fille l'attendait, certainement endormie. Au bout de quelques pas, Vince lui prit le bras et ne le lâcha à aucun moment du trajet même quand il s'arrêtait une seconde pour saluer une connaissance. Il ne cessait de se pavaner comme un paon qui cherchait à affirmer son pouvoir. Pourtant personne n'était dupe, tout aussi violent et sadique qu'il pouvait être, il n'était qu'un petit pion sur l'échiquier de la « cour des miracles », un subalterne qui ramassait l'argent des prostituées pour le compte de Gaétan et ses lieutenants. La portion de la somme que les filles lui remettaient qu'il conservait réellement était une peau de chagrin alors qu'il était le seul à risquer de se retrouver au fond d'une cage pour proxénétisme si jamais les flics se mettaient en tête de contrôler l'activité de Main Street. Le fait de devoir se soumettre à cette ordure de bas étage renforçait encore le sentiment d'humiliation que Jasmine ressentait.

Ils arrivèrent enfin au pied du vieil immeuble dans lequel elle habitait et ils durent monter à pied les trois étages qui menaient au petit appartement qu'elle louait depuis des années. En glissant la clé dans la porte, elle tourna vers Vince un regard embué dans l'espoir d'obtenir une réaction d'humanité chez ce rebus mais elle n'obtient qu'un regard lourd de menaces. Elle ouvrit la lourde porte qui donnait sur le petit couloir aux murs noirs. Vince jeta un regard scrutateur sur ce deux-pièces sordide au loyer tellement élevé qu'elle devait constamment multiplier les petits boulots pour réussir à éviter l'expulsion. Enfin, le paiement du loyer de son appartement n'était plus un problème puisque son propriétaire n'était autre qu'un des lieutenants de Gaétan. Visiblement très amusé par la vétusté des lieux, Vince s'assit sur le petit canapé installé au milieu du salon et posa ostensiblement les pieds sur la petite table en bois placée devant lui. Jasmine demeura debout en face de lui, incapable de déterminer quel comportement serait le plus adapté à cette situation.

- Tu dois être particulièrement fatiguée, estima Vince. Tu devrais aller prendre une douche.

La jeune ne se le fit pas répéter et fit demi-tour pour se ruer vers la salle de bain. Il ne lui fallut qu'une minute pour se déshabiller et se glisser sous le jet d'eau agréable et purificateur. En sortant, elle décida de s'occuper des dommages qu'elle avait subis au cours de cette nuit de débauche. Elle prit un petit coton et de l'alcool qu'elle passa sur les deux marques bleu foncé qui s'étaient formées à l'endroit où Vince l'avait rossée. La douleur était encore très vive et elle dut serrer les dents alors qu'elle appliquait le liquide stérilisateur sur les plaies. En plus de ces marques, elle traita doucement deux suçons dans son cou, une morsure particulièrement vilaine sur son sein droit et toutes les contusions conséquentes aux trois sodomies qu'elle avait dû accepter durant la nuit. Malheureusement aucun traitement ne serait assez puissant pour guérir toutes ses blessures. Renonçant à calmer toutes les douleurs et courbatures qui la tenaillaient, elle s'accouda sur son petit évier pour se regarder dans le petit miroir ébréché. Il lui semblait avoir vieilli de 10 ans avec d'horribles cernes sombres sous ses yeux et ses traits tirés. Absorbée par son horreur, elle ne vit pas Vince se glisser dans son dos et elle ne réalisa que lorsqu'elle vit son visage envahir l'image dans le miroir.

Avant qu'elle ne puisse réagir, le mac la plaqua contre l'évier et se colla contre elle. En seulement deux jours, elle était devenue une habituée de ce genre de comportement brutal à son encontre et, de nouveau, elle prit le parti de se soumettre. Elle n'opposa donc aucune résistance quand il lui arracha la serviette qui protégeait sa nudité et quand il la força à se pencher en avant. Les mains du mac s'insinuèrent entre ses cuisses et elle sentit ses doigts titiller son clitoris. Suivant les conseils de Karine, elle commença à mimer un début d'orgasme avant de contenter l'homme qui utilisait son corps.

Elle entendit le zip d'une braguette avant de sentir une pression contre son intimité. Elle serra les dents comme elle avait pris l'habitude de le faire depuis peu de temps. Profitant de l'eau de la douche qui lubrifiait l'antre d'amour de sa nouvelle «protégée », Vince s'enfonça en elle d'un seul coup brusque. Sous l'effet du choc, Jasmine se cogna la poitrine contre l'émail de son évier. Vince s'affala sur son dos et elle sentait son souffle rauque contre son cou.

- T'aime ça, hein salope, répétait-il en boucle. T'adore te faire défoncer comme la dernière des putes que tu es.

Les dents toujours serrées, Jasmine gardait le silence et laissait ce rebus de la société vivre ses fantasmes dépravés à ses dépends. Au bout d'un moment, elle ne put plus supporter le poids qu'il faisait peser sur elle et s'effondra à même le sol. Décontenancé un instant par cette chute, le mac ne mit que quelques secondes avant de trouver une position lui permettant de continuer à la limer. Cette séquence dura de longues minutes avant qu'enfin, il ne se retire pour se soulager sur ses fesses toujours tendues.

Epuisée, Jasmine reprenait difficilement son souffle quand elle réalisa que quelqu'un avait assisté à ce coït honteux.

Debout dans l'embrasure de la porte de la salle de bain se tenait une petite fille d'une dizaine d'années qui regardait sa mère, nue avec un inconnu affalé sur son dos. Son regard d'enfant ne présentait aucune lueur et le cœur de Jasmine cessa de battre à sa vue. Opale, sa fille qu'elle tentait de protéger en dépit de tout, saisissait parfaitement le sens de la scène dont elle venait d'être le témoin.

CHAPITRE 4

Les quartiers nord ne pouvaient pas être considérés comme luxueux mais avec ses petits immeubles gris, ses allées étroites et éclairés, ils accueillaient les classes moyennes de la société de Lilleland et quand on avait passé toutes ses jeunes années au sein du chaos de la «cour des miracles », on ne pouvait que se sentir chanceux de vivre dans ces quartiers sécurisés. Lahouria Durand appréciait tout particulièrement sa chance. Alors que sa jeune sœur avait sombré dans la prostitution, elle avait réussi à s'extirper de cet enfer pour trouver une vie où elle ne se devait pas surveiller ses arrières en toutes circonstances. Elle songeait souvent à son passé alors qu'au volant de sa voiture, elle ramenait sa petite fille de l'école. Assise sagement sur la banquette arrière, Clara jouait avec sa petite poupée en chantonnant doucement, souriant à sa mère quand celle-ci lui jetait un petit regard au travers du rétroviseur.

La jeune femme gara sa voiture juste devant l'entrée du petit pavillon que son mari s'était offert au moment de leur mariage et fit descendre sa fille. Si elle avait conservé l'esprit vigilant de son enfance, elle aurait remarqué la panne malencontreuse de luminaire qui plongeait son jardin dans la nuit, la petite éraflure sur la serrure de son portail et la voiture d'un autre temps garée à seulement deux cent mètres de la sienne mais il n'en fut rien. Elle ne sentit pas non plus les deux paires d'yeux sombres qui la scrutaient dans l'obscurité qui noyait les environs de sa maison. Elle passa si prés d'eux qu'ils n'auraient eu qu'à tendre la main pour lui attraper les chevilles mais ils s'abstinrent de peur que ses cris n'attirent l'attention d'un quartier bien plus prompt à appeler la police que celui dont ils étaient issus. Lahouria put donc atteindre le porche de sa maison sans être inquiétée et ce ne fut qu'après avoir tourné la clé dans la serrure qu'elle sentit les deux hommes bondir sur elle.

Poussée de force dans sa propre maison, elle hurla mais déjà la porte s'était refermée et l'insonorisation de qualité censée assurer sa tranquillité rendait ses appels au secours totalement vains.

Les deux hommes étaient revêtus d'une combinaison couleur nuit et portaient des gants et un passe-montagne de telle façon qu'ils étaient méconnaissables. Retrouvant ses vieux réflexes, Lahouria hurla à destination de sa fille.

- Clara! Cours!

La petite n'avait que six ans et pourtant elle ne mit pas une seconde avant de détaler en direction de l'étage. Alors que l'un des deux hommes tentait de se lancer à sa poursuite, Lahouria s'empara d'une vase et le frappa violement à la tête. L'homme s'écroula sur le sol en criant.

- La salope, hurlait-il. Elle m'a fendu le crâne.

- Mais espèce d'imbécile, lui lança l'autre. Si c'était le cas, tu serais bien incapable de te plaindre de cette façon. Relève-toi, on a pas que ça à faire.

Ce langage et ce comportement, ces deux hommes exhalaient l'odeur fétide de la « cour des miracles » et Lahouria comprit que sa vie était en danger. Pourtant, elle refusait de leur laisser menacer sa fille et s'empara du premier objet lourd qu'elle trouva pour le brandir en direction des agresseurs.

- Partez! Lança-t-elle en espérant les impressionner. Partez ou vous le regretterez!

L'un des deux hommes ricana alors qu'ils entamaient une manœuvre pour l'encercler.

CHAPITRE 5

- Qui est-ce? Demanda Paul.

Tout en posant cette question, il détaillait la photo que Marien venait de lui tendre. L'homme représenté était visiblement âgé comme en témoignait les rides déjà profondes au coin de son regard et la calvitie dont il semblait souffrir. Avec un teint doré typique des asiatiques et un regard bleu évoquant une origine plus exotique, cet inconnu apparaissait comme un étrange mélange.

- Il se nomme Kalid Shu, expliqua Marien. C'est un médecin des plus remarquables.

- Quel est son domaine de pratique?

- La neurologie, c'est un expert et une référence... en tout cas, il l'était quand il travaillait avec les soviétiques.

- Un communiste?

- Pas tout à fait mais il s'est trouvé que nos anciens amis de l'URSS lui avait donné tous les moyens de travailler dans les conditions qu'il désirait. Après la chute du mur, il s'est rapidement recasé dans un grand laboratoire allemand mais il finit par se faire remarquer.

- Se faire remarquer?

- Il se trouve que notre ami le docteur Shu a une déontologie qui lui est propre et que n'apprécient pas vraiment ses congénères ni les autorités. Il a pratiqué de nombreuses expériences sur des humains sans autorisation et certaines ont même un peu déraillé.

- C'est donc un malade.

- Je ne dirais pas ça. Je pense plutôt qu'il est prêt à faire ce qu'il faut pour faire avancer la recherche.

- C'est bien beau tout ça mais je ne vois pas en quoi ton docteur désaxé pourrait être un avantage pour moi.

- Parce que depuis des années, notre cher docteur s'est spécialisé dans un domaine bien particulier. Il tente de trouver les meilleurs moyens de modifier les psychés humaines.

- C'est un pro du lavage de cerveau.

- D'après ce que j'en ai compris c'est un peu plus fin que ça mais le résultat est le même. Les russes avaient imaginé se servir de ses découvertes pour contrôler leurs opposants politiques ou retourner les agents ennemis alors que les allemands pensaient pouvoir trouver un moyen de guérir les psychopathes. Son champ d'action est très large.

- J'ai étudié des dizaines de pratiques de ce genre.

- Mais aucune n'est au niveau de ce que cet expert peut nous offrir. Je me suis procuré les résultats de ses dernières recherches et ils étaient impressionnants. Avec un peu d'aide, je suis sûr que le bon docteur pourrait trouver un moyen de totalement broyer une personnalité pour la remplacer par une autre bien plus « commode ».

- Ainsi nous pourrions transformer nos ennemis les plus farouches en agents totalement dévoués.

- Tu as tout compris. Personne ne pourrait plus nous résister.

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