La guerre des deux frères - Partie 03

Informations sur Récit
Manoeuvres en tout genre dans le monde de la pègre.
4.7k mots
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Récit n'a pas de balises

Partie 3 de la série de 8 pièces

Actualisé 03/18/2021
Créé 03/29/2011
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CHAPITRE 1

Daniel Pavon se gara dans le parking sous-terrain désert où il avait l'habitude de retrouver son « mécène ». Les phares d'une voiture clignotèrent et il descendit pour la rejoindre. Le gros commissaire ouvrit la portière côté passager et s'assit.

- Que se passe-t-il? Demanda-t-il.

- Riszard Krys et Simon Levy sont tombés entre les mains de la police, expliqua Mirallas.

- Je sais mais je ne peux rien faire pour eux. Ils sont entre les mains de l'unité Roux et je n'ai aucun pouvoir sur cet empafé moralisateur.

- Nous savons tout ça et ce n'est pas ce que nous voulons. Je veux seulement que tu leur fasses passer un message.

- Tu as peur qu'ils ne parlent?

Mirallas sourit.

- Non, au contraire. Je veux qu'ils parlent.

Le commissaire se tourna pour observer mieux le géant qui assurait la liaison entre lui et Gaétan Papas et lui versait depuis des années des sommes conséquentes pour s'assurer de sa collaboration.

- C'est quoi cette blague?

- Je veux qu'ils parlent ou plus exactement qu'ils avouent ce que je leur aurais soufflé.

- Alors tu veux te servir d'eux pour plomber Moreno.

- Tu vois que tu comprends vite. Arrange-toi pour leur transmettre le message suivant : « Moreno est le seul responsable ».

- Ce sera fait mais les mecs de Roux ne sont pas des idiots, ils en voudront plus.

- Ils finiront par se contenter de la tête de Moreno car c'est tout ce que ces idiots leur donneront sous peine d'y laisser la vie.

Pavon soupira en comprenant les conséquences des menaces de Mirallas. Il s'était embarqué avec cette bande de racailles et se retrouvait maintenant comme pris en otage. D'un autre côté, éliminer cette grande bouche de Paul Moreno n'était pas pour lui déplaire.

- Ils sont à l'isolement mais je devrais réussir à faire passer le message d'ici deux jours.

- Parfait alors Moreno n'a plus que deux jours à vivre.

Mirallas sourit, fier de son petit plan. A aucun moment, il n'eut conscience d'avoir renseigné son pire ennemi sur ses intentions.

CHAPITRE 2

Paul écoutait l'enregistrement de la conversation entre Mirallas et Pavon en hochant la tête.

- Le plan de Mirallas est presque malin, estima-t-il. Il cherche à inverser les rôles.

- Il est surtout dangereux, intervint Ryan. Si jamais l'un de ces deux abrutis l'ouvre, tu risques d'écoper pour tout le monde et dans ce cas, Gaétan n'attendra pas une journée pour te mettre sur sa liste noire.

- Je sais, nous devons le prendre de vitesse.

- Comment?

- C'est simple, il nous faut trouver le bon allié.

CHAPITRE 3

Ryan sortit de son entretien avec Paul encore plus dubitatif qu'à l'habitude. Son ami se lançait dans des manœuvres affreusement dangereuses et il n'arrivait pas à en voir la finalité.

- Tu as un problème? Lui demanda Pascale.

Il abandonna sa réflexion et considéra la quadra qui venait de lui parler. Brune avec de longs cheveux bouclés, elle était grande et un peu forte ce qui ne l'empêchait pas d'être féminine surtout avec son imposante poitrine qui semblait sans cesse se tendre vers les hommes. Elle respirait le sexe par tous les pores de son corps même si elle n'apparaissait pas de prime abord comme la femme la plus séduisante du monde. Cependant Pascale Brode possédait un avantage irrésistible pour un homme aussi avisé que Ryan : elle était l'épouse de Mirallas.

Si Paul semblait se méfier des femmes comme de la peste, Ryan lui préférait de loin se servir de l'ascendant qu'il arrivait toujours à avoir sur elles. Jeune, beau et sûr de lui, il possédait tous les ingrédients du parfait séducteur et savait en profiter. Il ne lui avait fallu que deux rencontres pour attirer cette femme soumise mais visiblement insatisfaite dans son lit et désormais elle accomplissait ses quatre volontés. Ainsi, elle avait glissé un petit magnétophone dans l'ourlet de la veste de son mari qui leur permettait de devancer toutes ses tentatives. Et pour ne pas gâcher le tout, elle s'avérait être une fabuleuse affaire ce qui laissait penser que Mirallas manquait autant d'ambition dans un lit que de jugeote dans ses affaires.

- Ca ne va pas? Répéta-t-elle alors qu'il conservait le silence.

Ryan afficha un sourire de prédateur qui la fit frissonner. En dépit de son appréhension, elle ne bougea pas d'un cil, attendant son bon vouloir.

- Viens ici! Ordonna-t-il.

Elle fit un geste pour s'avancer dans sa direction mais, de la main, il lui indiqua son mécontentement.

- Pas comme ça. Par terre!

Sans attendre, Pascale se mit alors à quatre pattes et commença à ramper en direction de son amant. Le sourire de Ryan s'agrandit en constatant une nouvelle fois la totale soumission de cette femme. Pascale Brode, épouse du grand et puissant Martin « Mirallas » Brode, adorait se faire dominer par des hommes plus jeunes qu'elle.

- Nettoie, salope! Ordonna-t-il en lui mettant le pied sous le nez.

Un sourire évocateur au coin du visage, Pascale sortit la langue et commença à lécher sa chaussure. Elle passa plusieurs minutes dans cette position humiliante comme si, en travailleuse attentionnée, elle traquait la moindre trace de saleté sur ces bottes en cuir avant de commencer à se redresser, caressant les chevilles du jeune homme puis ses genoux. Il posa sa main sur ses épaules pour lui indiquer de conserver cette position où il la dominait totalement. Elle se frotta contre ses jambes comme le ferait un chat attendant les caresses de son maître ou un récompense quelconque. Comblé par ces signes, Ryan poussa le jeu jusqu'à lui flatter le haut du crâne comme il le ferait avec un petit animal obéissant. Il l'obligea à se cambrer en posant les mains sur la petite table placée au milieu de la pièce puis glissa sa main en dessous de sa jupe. Comme elle ne portait pas de culotte comme il le lui avait imposé, il s'empara de son clitoris et commença à le tirailler doucement. Elle gémit à ce contact légèrement douloureux qui lui donnait cependant un réel plaisir. Encouragé par cette réaction, il continua la caresser avec de plus en plus d'audace et il sentit ses muscles se contracter doucement, trahissant un plaisir allant crescendo. Pourtant, il arrêta soudainement et elle poussa un petit de dépit. Il se pencha alors vers elle.

- Tu veux jouir, salope?

- Oui, répondit-elle. Oh Oui!

- Alors supplie-moi! Supplie-moi de te baiser comme l'immonde pute que tu es.

- Par pitié. Baise-moi.

Il dézippa la braguette de son pantalon pour en sortir un pénis en pleine érection qu'il planta dans le vagin totalement offert et parfaitement lubrifié. Il commença alors à la pistonner avec une fougue qui la fit haleter à chacun de ses coups de reins. Il glissa sa main sous son corps cambré et dégrafa son chemisier faisant ainsi retomber ses seins lourds qui se mirent à se balancer au rythme de la saillie. Il la sentit alors se contracter et ne fut donc pas surpris par le cri strident qu'elle émit pour signaler qu'elle venait d'atteindre la jouissance. Pas encore satisfait, il continua à la pistonner jusqu'à enfin sentir son propre plaisir monter. Il se retira brutalement pour éjaculer sur ses fesses un peu trop rondes mais si appétissantes. Elle s'affala sur la petite table, à bout de souffle et en sueur pendant qu'il se réajustait.

- Tu es vraiment la dernière des putes, lui lança-t-il. Et une pute qui va nous aider à détruire son mari en plus.

CHAPITRE 4

Paul entra dans le parloir de la prison centrale et s'assit à l'un des sièges. Rapidement, un jeune homme d'une vingtaine d'années à la peau noire vint s'installer de l'autre côté de la vitre de sécurité. L'homme afficha une expression perplexe en le voyant mais prit quand même le combiné de l'interphone.

- Paul Moreno, ricana-t-il. Que me vaut donc le plaisir de ton illustre visite?

- Ne sois pas sarcastique Danilus, lui rétorqua Paul qui n'avait pas le temps pour les enfantillages. Je suis ici pour te parler affaires.

- Des affaires?

- Je présume que tu es au courant de la présence entre les murs de cette prison de nos amis Simon et Riszard.

- Bien entendu, nous savons tout ce qui se passe dans cette baraque. Une rumeur prétend aussi que tu aurais dû leur tenir compagnie.

- Je ne suis pas aussi idiot qu'eux.

- Oui et en quoi cela me concerne?

- J'aimerais que les Daemons s'occupent d'eux.

- Et pourquoi est-ce que nous te ferions cette fleur? On ne te doit rien.

- Danilus, tu es bien plus malin que ça sinon tu ne serais pas devenu l'un des Daemons les plus influents à seulement 22 ans. Il n'est pas question d'un lien quelconque mais de perspectives d'avenir. Tu as pris combien?

- Deux ans.

- Pour trafic de drogue et pourquoi? Parce que Gaétan vous considère comme matière négligeable. Aucun daemon n'appartient à son groupe de conseillers et il vous cantonne aux tâches les moins valorisantes et les plus dangereuses.

- Ca toujours été comme ça. Les caïds de la « cour de miracles » n'ont jamais respecté les blacks.

- Oui mais cela peut changer. Gaétan n'est pas aussi intouchable qu'il voudrait bien le penser. Un jour, il finira par s'effondrer et le nouveau chef pourrait se montrer bien plus amical.

- Et ce nouveau chef, ce serait ...? Toi sans doute.

- Le train du changement est en route, Danilus. A toi de décider si tu veux monter dans le wagon des vainqueurs ou rester en fin de convoi avec les marchandises.

Paul ne rajouta rien, laissant Danilus décider de leur destin à tous deux.

CHAPITRE 5

Corentin relisait une nouvelle fois le dossier monté à l'encontre de Paul Moreno. Les deux gros bras emprisonnés à Central demeurant silencieux, il reposait uniquement sur le témoignage de Djamila, une prostituée qui tentait de s'offrir une nouvelle vie. La minceur du dossier pouvait rendre nerveux certains procureurs mais Corentin n'en avait cure. Il savait que tous se jouerait sur la personnalité de Paul et que ce dernier, tout aussi intelligent et manipulateur qu'il était, était incapable de dissimuler sa nature de prédateur. Si jamais, on réussissait à l'amener devant la barre, son sort serait scellé. Le procureur qu'il avait failli devenir resurgissait dans ces circonstances et il ne cessait d'échafauder des tactiques toutes destinées à pousser Paul Moreno vers le fond d'une cellule. C'était aussi cet esprit acerbe et déductif qui ne cessait de la tarauder et l'empêchait de renoncer à l'examen de son dossier.

- Tu es encore sur ce dossier, lui lança Alice dans son dos. Ca devient une obsession.

- Quelque chose cloche, répondit-il sans quitter sa lecture des yeux.

- Quoi?

- Justement c'est là le problème, je sais que j'ai laissé passer une information essentielle mais je n'arrive pas à déterminer laquelle.

Soudain, il se figea devant le dossier personnel de Djamila.

- Qui a enquêté sur le passé de la victime?

- Moi. Je n'ai rien trouvé de particulier. C'est la vie pas très enviable d'une jeune fille de la « cour des miracles ».

- Sa première arrestation pour racolage date d'il y a plus de 12 ans alors qu'elle venait tout juste d'avoir 16 ans. Après, on a des rapports réguliers sur elle jusqu'à aujourd'hui sauf à une époque. Il y a une dizaine d'années, elle disparaît des radars pendant plus de 6 mois. Pourquoi?

- Sans doute parce qu'elle avait trouvé un endroit plus discret ou peut-être a-t-elle été emprisonnée à ce moment.

- Aucune condamnation ferme dans son casier et d'après les dossiers, elle a toujours racolé sur Main Street. 6 mois, c'est long quand on... Bon sang. Où est-elle?

- A l'hôtel, sous bonne protection. Qu'est-ce qui se passe?

Mais Corentin ne l'écoutait déjà plus.

CHAPITRE 6

Paul n'aimait pas les surprises et encore moins quand elles l'attendaient sagement assises dans le fauteuil du salon de sa propre maison. Les hommes de Gaétan montant consciencieusement la garde au bas de ce spacieux appartement rénové à grand prix, l'homme avait dû user de bien des stratagèmes pour entrer sans attirer l'attention.

Le visage fermé, il entra dans son appartement et son visiteur se releva pour lui adresser un sourire qui n'avait rien de rassurant.

- Paul Moreno, je suis heureux de te rencontrer. Je me présente...

- Je sais qui tu es Marien, lui rétorqua le jeune voyou. Ce qui m'intéresse est la raison qui t'amène.

- Je veux en être.

- Pardon?

- Quoi que tu prépares à l'encontre de Gaétan, je veux y être associé.

De plus en plus circonspect, Paul considéra son interlocuteur. Marien Corti était un nouveau venu dans le petit monde de la « cour des miracles » mais sa sulfureuse réputation l'avait précédé. Neveu de Siméon Parini, le caïd de Fortlud, il ne devait sa survie qu'à la tradition qui interdisait au chef de l'ancienne capitale régionale de toucher à un seul cheveu d'un membre de son clan. Pourtant son exil à Lilleland ne lui assurait pas pour autant une survie sereine et déjà des rumeurs affirmaient qu'un accord secret entre le maître de la pègre régionale et celui qui était désormais son vassal lui réservait déjà un sort funeste. De fait, Marien était un personnage détestable aux tendances psychopathes qui glaçait le sang des malfrats les plus endurcis et personne ne commettait la bêtise de lui accorder une once de confiance.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, affirma Paul toujours sur la défensive.

- Cessons ce petit jeu de dupe. Tout le monde sait très bien que tu ne désires qu'une chose : renverser Gaétan afin de prendre sa place. Je veux en être.

- Imaginons que j'admette certains plans, qu'est-ce qui me prouve que tu n'es pas ici en mission pour Gaétan?

- Parce que nous savons tous les deux que Gaétan n'attend qu'une occasion pour apposer mon nom en haut de sa liste de noire, comme pour toi.

- Justement, en lui offrant ma tête sur plateau d'argent, tu pourrais bien obtenir ses faveurs.

- Ne plaisantons pas, même si je te livrais pieds et poings liés à lui, je ne me donne pas une semaine avant de te rejoindre.

- Peut-être mais je sais une chose : tu n'es pas digne de confiance.

Marien éclata alors de rire ce qui surpris Paul.

- Mais qui te parle de confiance? Je te parle d'une alliance objective. Nous sommes tous les deux en danger de mort imminente et notre seule planche de salut est d'éliminer Gaétan avant qu'il ne nous réduise en miettes. Je n'ai aucune parole, je le reconnais mais je suis intelligent et totalement dénué de sens moral, deux qualités fortes utiles dans la sale guerre que tu t'apprêtes à mener. De plus j'ai un atout dans ma manche.

- Un atout?

- Oui, je peux t'offrir une arme dont tu n'as jamais osé rêver. Un moyen de t'offrir l'armée fidèle dont tu as besoin pour faire tomber Gaétan.

CHAPITRE 7

Dans la nuit froide, Jasmine sentait tous les poils de son corps se hérisser alors qu'elle avançait d'un pas mal assuré sur le grand boulevard qui la conduisait vers son calvaire. Une seule journée s'était écoulée depuis le viol affreux qu'elle avait subi dans la demeure de Gaétan et son corps en conservait toujours les stigmates. Elle avait passé la moitié de cette journée allongée au fond de son lit en pleurant toutes les larmes de son corps sur le destin funeste qui l'attendait. Durant toute son existence, elle avait réussi à échapper à cette vie de servitude que sa mère avait connu avant de sombrer dans l'alcool et la drogue et durant un long moment, elle avait cru y réussir mais la « cour des miracles » ne pardonne rien aux rêveurs. L'histoire n'était qu'une éternelle répétition.

La lumière des réverbères devint moins intense et elle comprit qu'elle venait d'arriver à destination. Sur cette grande avenue qui servait de frontière officieuse au royaume de la « cour des miracles », la jeune femme croisa plusieurs jeunes femmes toutes vêtues de manière suggestive. Au bord du malaise, elle se força à ne pas croiser le regard de ces travailleuses de la nuit qui vendaient certainement leur corps depuis des années.

- Eh toi! Fit une voix féminine à quelques mètres d'elle.

Jasmine se retourna et vit une jeune femme aux cheveux bruns bouclés et au teint légèrement halé s'approcher d'elle. En dépit de son apparent jeune âge, cette femme affichait une expression ferme qui trahissait son ancienneté dans les lieux.

- C'est toi Jasmine? Fit-elle.

Jasmine se contenta de hocher la tête sans réussir à prononcer la moindre parole.

- Je m'appelle Karine, ajouta l'autre femme. Paulo m'a prévenu de ton arrivée et m'a dit de t'expliquer les règles.

Figée, Jasmine ne réussissait toujours pas à parler et Karine ne parut pas s'en offusquer outre mesure. Elle la détailla alors de haut en bas.

- T'es super bien foutue, estima-t-elle. Les clients aiment bien la chair fraîche alors tu devrais pas manquer de boulot. Par contre, il va falloir que tu t'habilles plus « hot ».

Jasmine baissa les yeux sur sa tenue qu'elle pensait pourtant des plus adaptée puis la compara à celle de Karine. Avec un body imitation cuir qui moulait son corps fin et faisait ressortir ses seins menues et ses longues jambières qui lui remontait bien au-dessus des genoux, cette dernière dévoilait ses charmes avec provocation et vulgarité. Elle était aussi outrageusement maquillée ce qui avait presque tendance à enlaidir un visage aux traits fins. Avec sa jupe mi-longue et son décolleté qui se contentait de dévoiler la naissance de sa poitrine, Jasmine réalisa alors qu'elle était loin du compte.

- Il faut que tu attires le client, reprit Karine. Si jamais les macs estiment que tu ne bosses pas assez bien, tu vas finir sur les chantiers à te faire tringler 16 heures par jours par des ouvriers puants. Crois-moi, deux ou trois jours de ce traitement et tu trouveras que travailler sur Main Street est le paradis sur terre.

Jasmine frissonna devant la menace à peine voilée et elle réalisa que Karine lui expliquait aussi qu'elle allait devoir rendre des comptes.

- Ici, les macs sont les rois, reprit Karine en réponse à sa question muette. Ce sont des petites frappes au service de Gaétan et ils ont obligation de rapporter le max de fric. Si on bosse pas suffisamment, Gaétan le leur fait payer et du coup ils se vengent sur nous. C'est une putain de chaîne alimentaire pourrie et nous sommes tout en bas. Les macs peuvent faire de nous ce qu'ils veulent tant qu'ils rapportent leur écot aux finances du caïd. Apprend à tous les connaître et ne les contrarie jamais sinon tu vas déguster un max. Respecte aussi les anciennes, elles peuvent se montrer aussi cruelle qu'un mac si jamais elles sentent que tu les menaces trop. Ici une fille qui ne bosse pas assez, risque sa vie alors nous sommes toutes sur le qui-vive. Personne n'a envie de se retrouver vendue à une maison SM des quartiers sud parce qu'elle n'attire plus assez les clients. Ce soir, tu vas rester avec moi mais après tu devras te débrouiller seule, j'ai pas la fibre maternelle.

De nouveau, Jasmine hocha la tête en serrant les dents. Karine ne lui apparaissait aucunement sympathique mais elle savait qu'elle allait avoir besoin de tous les conseils possibles si elle voulait survivre le plus longtemps possible dans ce monde perverti. Karine la conduisit vers une zone mieux éclairée de l'avenue et commença à faire les cents pas. Prudente, Jasmine lui emboîta le pas sans jamais tenter de lancer la conversation. Le froid de la nuit se faisait sentir et la jeune femme réalisa alors que cette rue était destinée à devenir sa prison à ciel ouvert.

Un klaxon résonna et Karine se dirigea vers la voiture qui venait de s'arrêter à quelques pas d'elle pour se pencher au travers de la vitre que le conducteur venait de baisser.

- Salut coco, lança-t-elle à ce client qu'elle paraissait connaître. Cela faisait longtemps.

- Ouais, répondit l'homme visiblement quinqua au visage anguleux. Tu n'es pas seule ce soir?

- Elle c'est une nouvelle, c'est sa première nuit.

- Une nouvelle, souffla le client avec un sourire évocateur. Elle est douée?

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