La Fascination des Seins 01

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Hommage à R. Gomez de la Serna - Essai sur les seins.
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Partie 1 de la série de 2 pièces

Actualisé 03/17/2021
Créé 04/17/2006
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Hommage à Ramon Gomez de la Serna.

L'auteur espagnol Ramon Gomez de la Serna (1888-1963) a écrit un livre consacré aux seins, titré tout simplement "Seins". Une traduction française est parue aux éditions A. Dimanche en 1997; il en existe une édition de poche.

Ce livre est une suite de croquis littéraires que l'auteur a dû écrire à la terrasse d'un café en regardant les passantes à longueur de journées.

Je vous propose de poursuivre son œuvre et je commence moi-même en y contribuant par quelques courts chapitres. Cette œuvre collective sera un hommage à Ramon et à sa fantaisie. Lui rendre hommage ne veut pas dire que l'on approuve tout ce qu'il a écrit. Son mépris des domestiques et des gens du peuple reflète ses origines bourgeoises. On peut également s'étonner de sa façon de considérer les seins indépendamment de leurs propriétaires, comme de bons morceaux détachables à volonté. On peut s'amuser de sa relation ambiguë à la religion et de sa fascination pour les seins des bonnes sœurs. Je n'ai guère le temps d'analyser en détail tous les thèmes de son livre et ce qu'ils révèlent de l'auteur. Cela mériterait d'être fait. Mais l'éternelle et fascinante beauté des seins dans leur infinie diversité justifie que nous continuions dans la voie qu'il a tracée.

Alain Valcour

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Le Xylophoniste des Seins

Extrait de "Seins" de R. Gomez de la Serna

Cet homme subtil et soucieux avait toujours rêvé de découvrir la tonalité des seins, leur polyphonie.

"Parce qu'ils en ont une, pensait-il, ils en ont une. Chaque sein a une nuance musicale. Le tout est de la trouver."

Dans les cabinets particuliers, les femmes demeuraient impressionnées lorsqu'il tirait de la poche intérieure de sa redingote un petit marteau dont il frappait leurs seins. [...]

"Ce qu'il faut perfectionner, c'est le marteau... Les seins ont leur note parfaite, mais il est très difficile de l'en faire sortir. Ce qu'il faut perfectionner, c'est le marteau."

Et il perfectionna le marteau, grâce à quoi, un jour, il put assembler les notes les plus délicieuses pour un concert idéal. Il disposait en rang les femmes aux seins différents, depuis les seins aigus, criards, frivoles et retroussés comme les cornes des petits chevreaux, jusqu'aux seins opulents, tombants, graves qui donnaient la basse ; parfois, il était inutile de faire sonner le sein droit ou le gauche car ils donnaient une note étrangère à la gamme dont faisaient partie les femmes. Le marteau se gardait bien de frapper ce sein atonal.

(Les textes qui suivent sont d'Alain Valcour).

Les seins de la coiffeuse.

Lorsque j'étais jeune les coiffeuses ne coiffaient que les femmes et les gamines, et les coiffeurs ne coiffaient que les hommes et les garçons. L'attente était plaisante dans les salons où l'on pouvait regarder les dessins de pin-up et les photos gentiment sexy de « Lui ». Je me remplissais les yeux de rondeurs féminines photographiées ou dessinées. De nos jours les magazines de "charme" se sont banalisés et les coiffeuses coiffent aussi les hommes.

Je vais chez une coiffeuse dont j'apprécie les seins, qu'elle promène à quelques centimètres de mon visage durant tout son travail, par ailleurs minutieux. Ils ne sont pas très gros mais elle les porte bien hauts dans des soutien-gorge sans ourlets ni replis, invisibles sous ses pulls de laine fine, mais qui les carrossent aérodynamiquement.

En été, ils se bousculent pour tenter de sortir du large décolleté, et il émane de leurs rondeurs jumelles un entêtant parfum de fleur et de transpiration. Une petite croix dorée se glisse dans l'entre-seins, en ressort et y retourne sans cesse, ballottée par les mouvements de la coiffeuse au travail.

Il est arrivé l'autre été que la coiffeuse perde l'équilibre et glisse sur moi. Je me suis retrouvé le nez plongé entre ses seins. Nous avons bien ri tous les deux de cette mésaventure qui ne s'est jamais reproduite.

****

La multiplication des seins.

Pendant que le pape pratique la multiplication des saints, Satan, qui veut perdre les internautes, multiplie les seins. Il a fait de l'Internet un inépuisable catalogue de seins, et comme à la Samaritaine (grand magasin parisien où l'on était censé « tout trouver ») on en trouve tous les modèles possibles.

On se régale des petits seins adolescents dont les aréoles sont gonflées de sève comme de gros bourgeons. On se délecte des gros seins mûrs de femmes expérimentées qui conservent tout leur charme malgré, ou grâce à, quelques rides naissantes. On regarde avec commisération les seins des vieilles coquines qui espèrent encore.

Rien n'est plus désaltérant pour le regard blasé que la grâce des petits seins d'une jeune femme sportive et libérée. Rien n'est plus déstressant que d'imaginer qu'on enfouit son visage dans la chair moelleuse de seins généreux. Et quoi de plus émoustillant que des seins cuivrés dont le bronzage dessine en négatif un minuscule maillot? De fausses adolescentes avec ours en peluche, couettes et socquettes blanches arborent des seins bien développés de quarantenaires oisives et soigneusement entretenues.

On s'émeut des seins ligotés, des seins torturés, des seins percés, et de ces outres énormes qui ne sont plus des seins mais des appendices monstrueux. Mais quoi de plus délectable que ces seins d'où jaillissent de grands jets de lait, du bon lait perdu pour le pauvre nourrisson qui devra se contenter de l'infâme tétine en latex, au lieu de s'initier à la vie dans la moiteur odorante du sein maternel.

Mon ami Roman était tellement obsédé par les seins de pixels qu'il en perdait le sommeil. Il passait des nuits entières à "récolter" des mégaoctets de seins. Il avait été viré de son entreprise pour cause de butinage continuel. Pour payer ses communications téléphoniques (c'était avant l'ADSL) et acheter les disques durs nécessaires au stockage de ses récoltes, il avait vendu tous ses meubles, sauf une table et une chaise.

Il revenait régulièrement sur les sites qu'il avait déjà visités pour le cas où "il y aurait du nouveau". Et comme il ne se souvenait plus, parmi tant d'images assez semblables, de celles qu'il avait déjà enregistrées, il rechargeait les mêmes à chaque visite. Faute d'avoir imaginé une méthode de classement adéquate, il accumulait tout dans des dossiers et sous-dossiers parfaitement inutilisables. L'irrésistible tentation de l'ADSL lui fut fatale. Car si le temps ne comptait plus, c'est par gigaoctets de seins en tout genre qu'il encombrait ses disques durs.

J'ai réussi à le convaincre d'aller consulter un psychologue spécialiste des conduites addictives. Las, le diplômé de la Faculté s'est amusé du cas de Roman, disant que ce n'était rien à côté des drogués à l'héroïne prêts à tuer père et mère pour une seule dose qui constituent l'essentiel de sa clientèle. Il lui a même demandé à Roman ses meilleures adresses pour son usage personnel.

Un soir d'orage, la foudre est tombée sur la maison de Roman. Une surtension a tout grillé, carte-mère et disques durs. Dans son appartement désert, en méditant sur ses dossiers d'images partis en fumée, Roman s'est ouvert les veines. Satan avait gagné.

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Sportives

La championne de tennis n'ignore pas que ses admirateurs s'intéressent au moins autant à ses cuisses, à ses mollets, à ses fesses entrevues lors d'une balle difficile à rattraper et à ses seins qui valsent sous son maillot, qu'à la qualité de ses services et de ses revers. Lorsqu'elle a bien transpiré, ses seins palpitants surgissent à travers le tissu dans toute leur harmonie.

Les seins de la championne de tennis ne doivent pas être trop volumineux, car autrement il lui faudrait les comprimer dans le nylon et une bonne part de son charme serait perdu.

La cycliste n'a pas besoin de soutien-gorge, car les mouvements de son torse sont moins violents que ceux de la joueuse de tennis, et elle peut se permettre de montrer de grands beaux seins. L'essentiel de son attrait vient de ses cuisses et de ses mollets car une musculature féminine puissante et harmonieuse est toujours émouvante. Ses fesses aussi sont importantes pour sa popularité. La cycliste choisit un short qui les découvrira au mieux et qui les montrera tendues durant l'effort ou caressant voluptueusement la selle dans les moments plus décontractés.

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1 Commentaires
ValcourValcouril y a presque 18 ansAuteur
Un autre adorateur des seins : J. Guerreschi

Jean Guerreschi continue comme moi et avec plus de talent, l'oeuvre de R. Gomez de la Serna (1917).

En 43 chapitres, comme l'écrit le journal Sud Ouest : "Jean Guerreschi ne tourne jamais autour du sein. Il le prend à pleine bouche, le caresse, le brutalise, le questionne, l'observe. ... Toujours il va au coeur, à la cible. Son texte se tend comme la corde de l'arc. Il dit, se souvient, évoque les émotions enfouies. Comme par exemple ce mot de tante Régine. « J'ai voulu que tu saches, petit amour, qu'ils étaient à toi et à nul autre. Leur éternité est dans tes yeux et dans tes mains. » Tante Régine parlait alors, bien sûr, de sa magnifique poitrine."

Le premier chapitre, les seins de Tante Régine, est particulièrement émouvant.

Je recommande chaleureusement ce livre :

« Seins », de Jean Guerreschi, Gallimard, 196 p., 15 euros.

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