De Masques Et De Sang 00

Informations sur Récit
De Masques Et De Sang - Prologue
5.8k mots
4
7.1k
1
Récit n'a pas de balises

Partie 1 de la série de 6 pièces

Actualisé 06/09/2023
Créé 09/12/2019
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Le soleil s'était couché depuis quelques heures déjà.

L'air, tiède, parfois troublé par quelques bourrasques fraiches, venait apporter un peu de douceur après une journée particulièrement chaude.

Les touristes continuaient d'arpenter les ruelles de Monterey, pour la plupart déjà un peu avinés et prompt à poursuivre une soirée de fêtes et d'abus dés qu'ils auraient rejoint le club le plus proche.

Non loin de là, dans un bar relativement cosy à l'ambiance tamisée, une jeune femme les observait rêveusement. Vêtue d'une robe noire légère qui lui arrivait à mi cuisse, tenant en place grâce à de fines bretelles reposant sur ses épaules nues, elle balançait pensivement sa cheville, son escarpin pendu au bout de ses orteils.

Evie repiqua une de ses longues mèches bouclée d'un noir sombre derrière son oreille, se tournant vers la jeune femme blonde à ses côtés qui s'esclaffait bruyamment. De nature souriante avec un visage presque enfantin illuminé par des yeux noisettes pétillants, la jolie jeune femme aux cheveux corbeaux répondit d'un coup de coude taquin à son amie, suivant le regard de cette dernière.

Un jeune homme au teint hâlé, visiblement adepte des salles de sport, vêtu d'une chemise bleue moulant ses biceps leur adressa un sourire charmeur en retour.

Evie pouvait presque sentir son amie dandiner sur son tabouret et pouffa discrètement. Elle connaissait Marissa depuis l'école primaire. Cette dernière, plutôt timide dans ses jeunes années, avait changé du tout au tout quand la puberté l'avait doté d'arguments très généreux, surtout en terme de décolleté. Bien plus fougueuse qu'Evie, elle s'était habillée pour sortir en conséquence, sa minuscule robe blanche échancrée peinant à retenir son opulente poitrine. Le beau brun était visiblement sensible à ses atouts et n'en perdait pas une miette.

Evie se pencha vers son amie, un sourire au coin des lèvres.

" Je sens que je vais encore rentrer seule à l'hôtel ce soir. "

Marissa gloussa.

" Rien ne t'empêche de venir t'amuser avec nous. Ça ne te ferait pas de mal... "

Evie, s'empourprant, toussota, non sans conserver son sourire.

" Une autre fois peut être et... "

Les doigts fureteurs de Marissa descendant le long de son dos et s'arrêtant sur ses fesses achevèrent de la rendre écarlate, la coupant net dans ses propos.

Son amie blonde éclata de rire avant de se lever et de lisser sa robe, bien décidée à rejoindre le jeune homme qui ne s'arrêtait plus de la dévorer des yeux. Elle pris toutefois quelques instants pour chuchoter malicieusement à l'oreille de la petite brune.

" Tu finiras vieille fille... "

Evie roula des yeux, amusée et reporta son attention sur son verre.

Elle trainait sur internet avec son téléphone depuis une dizaine de minutes, jetant un œil de temps à autre au couple d'un soir qui se pelotait allègrement, quand soudain l'air devint glacial et tout le monde se figea. Une série de détonations, suivies de cris de panique, venait de rompre l'ambiance fêtarde qui régnait dans le quartier.

On pouvait entendre le claquement des semelles de passants courant à toute allure au loin, de nouvelles détonations provoquant une nouvelle vague de hurlements.

Tout se passa très vite, la jeune barmaid souffla aux quelques clients qui n'avaient pas pris leurs jambes à leur cou de se cacher et sans vraiment s'en rendre compte, Evie se retrouva au sol, derrière le bar, côte à côte avec Marissa et son prince charmant du moment. Tout le monde semblait effrayé, chacun s'évertuant à faire le moins de bruits et de mouvements possible à mesure que les vagues de coup de feu se rapprochaient. Evie sursauta en sentant des doigts enserrer les siens et croisa le regard terrorisé de Marissa. Elle serra sa main en retour, forçant un sourire à destination de son amie.

La barmaid au cheveux noirs, couverte de tatouages, se leva d'un bond, semblant soudain particulièrement inspirée et murmura vaguement quelque chose à propos de la grille, s'élançant au dessus du bar. Le compagnon de Marissa tenta de l'intercepter mais en vain. Elle s'avança dangereusement vers une des cloisons attenantes à la rue et commença à se débattre avec l'interrupteur trônant au milieu du mur.

Un grincement sourd brisa le silence forcé du bar tandis que les grilles métalliques commençait à descendre laborieusement pour condamner l'accès au bar. La barmaid, surexcitée, s'acharnait sur l'interrupteur, espérant peut être accélérer la lente descente de la grille.

Elle poussa un long soupir, soulagée, tandis qu'il ne restait qu'une trentaine de centimètres d'ouverture, se tournant vers les clients inquiets qui avaient jugés préférable de rester à l'abri derrière le bar. Elle leur jeta un regard emprunt de fierté qui semblait dire " Vous voyez... " mais son enthousiasme se transforma en incertitude quand la cacophonie de la descente de la grille mua en un grincement sourd.

Marissa étouffa un cri d'effroi tandis qu'Evie la forçait à se baisser derrière le bar. La main, impossiblement massive, couverte d'une mitaine de cuir noire, qui avait agrippé et stoppé la grille dans sa descente était entrain de la remonter.

De là où elle était, cachée, Evie voyait vaguement la scène dans le reflet d'une des bouteilles présente derrière le bar. Son cœur sembla s'arrêter dans sa poitrine tandis que la barmaid frappait de son talon la colossale main exposée. Les escarpins de la barmaid, couplés à un sursaut d'adrénaline lié à la peur, résultèrent d'un bruit mat et d'un grognement sourd tandis que la main lâchait hâtivement la grille métallique. Rassérénée par son succès, la jeune femme se jeta sur la grille, la tirant vers le bas pour tenter de la fermer pour de bon. Evie ne put que la voir soudain happée sous la grille, hurlant. Il y eut un craquement dont l'origine ne pouvait qu'être sinistre, puis plus rien. De longues minutes de silence où chacun des réfugiés cachés derrière le bar se jetait des regards lourds d'angoisse.

Marissa, pressant toujours la main d'Evie dans la sienne, sortit petit à petit de sa torpeur, jetant un regard aux alentours, suspicieuse. Elle se figea, l'œil hagard, tandis que son prince charmant de quelques heures prenait la tangente en rampant vers la porte des toilettes située de l'autre côté du bar.

" Stop! Tu va attirer..!! "

Evie plaqua sa main contre la bouche de son amie, l'interrompant et croisa son regard, secouant la tête, visiblement effrayée. Marissa allait se rebiffer quand un crissement métallique violent les figea sur place. Un bref coup d'œil au reflet dans les bouteilles confirma que la grille métallique n'empêchait plus personne d'entrer.

" Mon père a de l'argent! Énormément! Laisse moi juste partir, je te donnerai ce que... "

Le flirt de Marissa qui roulait des mécaniques un peu plus tôt n'en menait pas large. Il n'avait visiblement pas eu le temps d'atteindre les toilettes et suppliait désormais qu'on le laissa vivre. Tremblantes, paralysées par la peur, aucune des deux filles n'osa jeter un œil à la scène, tandis que les pas lourds continuaient d'avancer inlassablement dans le bar.

Le jeune homme qui n'en avait pas fini de négocier, semblait de plus en plus fébrile, voir terrorisé.

" Attend! Attend! Ho bordel c'est quoi ce... T'es... NON, NON, NON!! "

Des pas claquèrent sur le sol, suivi d'un grincement de caoutchouc, probablement une tentative désespérée de prendre la fuite en courant. Evie ne put empêcher Marissa de jeter un œil par dessus le comptoir lorsqu'un bruit de chaises renversées et un claquement sec leur parvint. Alors qu'elle tentait de la forcer à se baisser, elle nota la pâleur extrême de son amie et ne put se retenir de suivre le regard de son amie.

La forme massive et sombre de ce qui semblait être un homme de corpulence exceptionnelle, vêtue de cuirs et de tissu noirs couverts de poussière et de boue, était penchée au dessus du corps inerte du prétendant de Marissa. L'homme leur tournait partiellement le dos. Ses longs cheveux noirs particulièrement sales et emmêlés semblaient impossible à distinguer d'une épaisse barbe fournie et masquaient particulièrement bien son visage.

Evie eut du mal à reconnaitre les sons parvenant à ses oreilles de prime abord ; du tissu déchiré peut être? Elle reconnut toutefois les suivants, avec horreur : L'homme mastiquait quelque chose. Son regard suivi les bras massifs jusqu'au main couverte d'un liquide rouge poisseux et de morceaux de chair.

Quelque chose en elle voulait hurler, se jeter hors d'ici à toute allure, mais une peur bien plus primaire, instinctive, qui lui gelait la colonne vertébrale, la força à se rasseoir derrière le bar. Elle tira Marissa vers elle, la serrant aussi fort qu'elle pouvait, son amie visiblement tout autant en état de choc.

Les quelques autres clients encore présents se faisaient tout autant invisibles, certains semblant prier, d'autre se contentant de fixer le sol, secoués de tremblements.

Les minutes que l'homme, si il y eut quoique ce soit d'humain chez cette chose, prit à festoyer semblèrent interminables. Une idée horrible se frayait un chemin dans l'esprit d'Evie et elle ne douta pas que d'autres avaient la même ; aussi horribles et insupportables que ce soit ces bruits, que se passerait il quand il aurait terminé? Qui serait le suivant?

Un grognement la figea net. Le bruit qui l'accompagna ne lui laissa aucun doute, l'homme s'était déplacé, rapidement, et ne semblait plus bouger. Elle avala sa salive et du se faire violence pour jeter un œil dans le reflet flou que lui offrait la rangée de bouteille.

Il s'était rapproché de la grille métallique et semblait observer l'extérieur, comme à l'affut. Son cœur s'emballa et elle se sentit mourir quand il tourna la tête vers le bar et sembla la fixer en retour au travers des bouteilles. Ses yeux étaient à la hauteur de l'horreur que lui évoquait cet être ; rouge, noir, elle n'était plus en état de le dire, elle n'y voyait que la haine et une faim, une faim dévorante, insatiable, folle. Il balaya le bar des yeux, lentement, comme si l'épais panneau de bois était translucide, et elle sut. Il savait qu'ils étaient là. Et pourtant... Il hésitait. Il jeta un nouveau regard à l'extérieur, redressant la tête, humant l'air.

Chaque inspiration lui brûlait les poumons, elle pouvait presque se sentir tomber dans les vapes et devait se concentrer pour garder une vision clair tant son angoisse était à son comble.

Quand la chose se redressa brusquement, tendant tout les muscles de son corps et bondit dans la ruelle pour quitter son champ de vision à une vitesse vertigineuse, Evie laissa échapper un hoquet de stupeur, n'osant dire ou bouger d'avantage. Il lui fallut quelques minutes supplémentaires pour accepter qu'il avait bel et bien pris la fuite. Elle se laissa pratiquement choir contre Marissa et chuchota faiblement : " Il est parti... "

Marissa, visiblement en état de choc, chercha le regard de son ami, chacun de ses gestes restant exagérément long. Elle ouvrit la bouche comme pour parler mais se contenta simplement de hocher la tête lentement.

Evie flottait dans un étrange brouillard, appuyée contre le mur extérieur du bar. Les bras croisés, frottant ses biceps, frigorifiée, son regard suivait le contour des pavés de la ruelle. Elle sursauta quand Marissa l'approcha. Son amie avait les yeux rougis et l'air épuisée. Elle opina faiblement, incertaine.

" Ils ont dit... Qu'ils nous recontacteraient... Si besoin. " Marissa désigna les agents de police encore agglutinés devant le bar.

" ... Très bien... Rentrons...? "

Les deux jeunes femmes échangèrent un regard angoissé qui se mua en un faible sourire.

Cette nuit là aucune d'entre elles ne trouva le sommeil, elles restèrent silencieuses, réfugiées dans le lit de Marissa, sursautant à chaque bruit un peu plus bas dans la rue ou au moindre grincement de bois dans le vieil appartement.

Evie s'étira, parcourue d'un frisson. Son pyjama de soie beige, composé d'une camisole fine qui lui arrivait un peu au dessus du nombril et le petit short bordé de dentelles, n'était pas de taille face à la température particulièrement basse de cette matinée.

Pivotant légèrement, elle jeta un œil à Marissa qui portait un grand t-shirt blanc, les cheveux en bataille et semblait s'être finalement endormie. Redoublant de prudence, elle s'extirpa du lit sans réveiller son amie et quitta la chambre à pas de loup.

Entrant dans la pièce à vivre qui faisait office de salon / cuisine et tout autre usage qui s'imposait dans le petit appartement qu'elles partageaient pour quelques jours, la jolie brune se figea quand son regard se posa sur le manteau abandonné sur la table du salon. L'espace d'un instant son esprit fut submergé par le souvenir de cet homme immense, penché au dessus du corps sans vie de sa victime, mastiquant. L'image se dissipa assez rapidement, mais les bruits de mastication continuaient de la hanter inlassablement.

Rejoignant le frigo, elle y jeta un œil incertain avant d'en claquer la porte. Son estomac noué lui en rendait le contenu peu inspirant. S'attardant prêt de l'évier, elle attrapa une bouteille de vin blanc qu'elle avait ouverte avec Marissa quelques jours plus tôt. Elle laissa échapper un soupir et retira le bouchon partiellement mis en place.

" Pourquoi pas après tout... Au point où j'en suis... "

Portant le goulot à ses lèvres, elle laissa une longue rasade de l'alcool sucré et sirupeux couler entre ses lèvres, avalant le liquide enivrant sans trop d'hésitation avant d'essuyer d'un revers de la main le filet qui s'écoulait au coin de sa bouche.

Sans se défaire du précieux breuvage, elle se dirigea au centre de la pièce où trônait un canapé de tissu et leur table basse de verre couverte de magazines et de babioles.

Jetant un œil vers la porte de la chambre de Marissa, elle attrapa l'ordinateur portable qui reposait au milieu de la table de verre et s'installa dans le canapé, ramenant ses longues jambes nues contre elle avant de les couvrir du plaid roulé en boule à l'autre extrémité du canapé.

Reprenant une rasade de réconfort, elle ouvrir l'ordinateur portable sur ses genoux et entreprit de se rendre sur internet.

Evie commença par regarder les actualités, poussée par un besoin de réponses. Rien... Ce n'était pas étonnant, il était encore tôt et il y avait fort à parier que les médias n'avaient pas encore pu s'emparer de l'histoire. Elle et Marissa seraient probablement déjà poursuivi par des journalistes autrement. Elle grimaça un instant, pensive puis reporta son attention sur le moteur de recherche, mordant sa lèvre inférieure.

Les mots qui traversaient son esprit se transformaient en termes de recherche et liste de résultats sur l'écran brillant de l'ordinateur. Cannibalisme, meurtres sanglants, attaques nocturnes, victime dévorée...

Ses yeux ne clignaient plus à mesure qu'elle lisait les articles les uns après les autres et abreuvaient son esprit déjà secoué par des images les plus horribles les unes que les autres. Un frisson glacial semblait ne plus pouvoir quitter sa colonne vertébrale, du haut de sa nuque au bas de son dos. Comme prise de frénésie elle suivait un lien, puis l'autre, fébrile.

La jolie brune sentit son cœur quitter sa poitrine et une vague gelée la submerger alors qu'on frappait à la porte d'entrée.

Poussant l'ordinateur sur le côté, elle jeta un coup d'œil hésitant vers la porte de la chambre où Marissa semblait toujours dormir, puis, surmontant l'angoisse qui pesait sur sa poitrine, elle commença à avancer sur la pointe des pieds vers la porte métallique à l'autre bout de l'appartement. Elle se sentait soudainement trop peu vêtue et particulièrement vulnérable. Elle appuya son oreille contre la porte, retenant sa respiration, ses sens à l'affut. Le sol gelé sous ses orteils ne l'aidait pas à dissiper l'angoisse qui l'étreignait. Tout était silencieux, pas un raclement de gorge, pas la moindre quinte de toux ou un semblant de bruit de pas.

# Tout va bien... Respire Evie... Peut être juste une erreur... Et ils sont partis... # Les battements de son cœur lui martelait les tempes, elle se força à prendre de petites inspirations et à expirer lentement. Retombant doucement sur ses talons, elle jeta un nouveau coup d'œil vers l'embrasure de la porte de chambre de Marissa et écarquilla les yeux en voyant la jeune femme blonde, visiblement encore mal réveillée qui titubait vers le salon, la saluant nonchalamment.

Evie voulut lui mimer de rester silencieuse mais déjà son amie lui retournait un regard perplexe.

" Qu'est ce que tu...? "

Evie fit un bond en entendant marteler furieusement contre la porte, la poignée tournant frénétiquement d'un côté et de l'autre alors qu'on tentait désespérément d'ouvrir la porte. Marissa tomba à genoux, en état de choc, prenant sa tête entre ses mains, se mettant à hurler, en larmes.

Evie, se sentant submerger à son tour, jeta un regard paniqué aux alentours, avant que ses yeux ne se posent sur la commode bordant la porte d'entrée. Elle se précipita derrière et, mue par la force du désespoir, poussa le meuble en bois d'un petit mètre de haut devant la porte.

" On a appelé la police, ils seront là d'un instant à l'autre! " Elle tremblait, mais, tant bien que mal, parvint à garder un ton convaincant. Marissa leva vers son amie des yeux rougis de larme et sembla s'extirper de sa torpeur, hochant vivement la tête avant de se précipiter vers la chambre. Evie sentit un sursaut de réconfort voyant que son amie reprenait quelque peu ses esprits.

L'assaut contre la porte stoppa durant quelques secondes, puis fut suivi de deux violents coups, comme si quelque chose se jetait contre la porte, faisant trembler la commode. La porte tint bon et provoqua un grognement de frustration.

Des bruits de pas résonnèrent et, après de longues minutes, Evie et Marissa eurent la sensation que c'était terminé.

Le passage de la police s'avéra infructueux. Loin d'apporter aide ou réconfort, ils insistèrent lourdement sur le sens de l'appel de Marissa, s'interrogeant sur ce qui s'était vraiment passé. Peut être ne s'agissait il que d'un livreur un peu trop zélé, ou simplement d'un voisin agacé. Ce qu'elles avaient vécu la veille était terminé, elles devaient passer à autre chose et ne pas s'imaginer le pire à chaque fois. Les forces de l'ordre avaient bien mieux à faire.

Evie et Marissa échangèrent plusieurs regards lourd de sous entendu, hébétées par les propos qu'elles entendaient. La porte refermée derrière eux, Evie lissa son jeans gris qu'elle avait accompagné d'un pull beige fin, se mordant la lèvre, songeuse. Marissa, dont la robe courte de cuir affriolante n'avait eu raison de l'humeur moribonde des agents, laissa échapper un juron et se frotta le visage.

" Je peux pas rester Evie... Je peux pas... Ils veulent pas... Je peux pas... "

Evie pinça sa lèvre un peu plus fortement entre ses dents et releva la tête vers son amie, hésitante.

" Je... C'était pas les vacances dont on avait rêvé..."

Elle força un sourire amer à l'attention de Marissa qui avait déjà mis la main sur l'ordinateur portable qui était resté sur le canapé. La blonde souffla sur ses cheveux pour repousser une mèche, non sans se départir de son air angoissé et pianota pendant quelques secondes sur l'ordinateur. Elle releva les yeux vers Evie, visiblement mal à l'aise.

" Le prochain vol pour Phoenix est dans deux jours au mieux... Ils limitent encore le trafic avec les incendies... "

Evie se mordit la lèvre, fixant son amie.

" Deux jours de plus ici... Dans ces conditions... "

Marissa fut prise d'un frisson et secoua la tête avant de tapoter sa tempe de l'index pensivement. Son visage arbora une moue étrange et elle reporta son attention sur Evie, pinçant ses lèvres.

" J'ai un... Hum... Ami... A Inyokern. Il pourrait venir nous chercher et de là on pourra toujours reprendre l'avion ou.... "

" ... Un ami? " La jolie brune passa sa main dans ses cheveux, roulant des yeux avec un air narquois.

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