Carole

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Carole est éprise de son corps.
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Carole est éprise de son corps. Souvent, je l’observe, à la dérobée, qui cherche son reflet dans le moindre miroir. Elle sait sa beauté et comment en user pour aguicher, tenter, séduire, exciter. Et si parfois elle cache ses formes sous des tenues ordinaires, c’est pour mieux se dévoiler à elle-même. Car je sais son secret. Moi, l’infortuné, qui convoite son corps sans pouvoir la toucher. Comme à tous ceux qu’elle attire dans les rets de sa séduction, elle me refuse le plaisir de lui en donner. C’est une solitaire. Elle seule est à ses yeux digne de lui prodiguer les caresses qui la transportent.

C’est un jeu, érotique, pervers, empreint de désir, de jouissance et de frustration auquel nous nous livrons. Entièrement vêtue, elle m’accueille et lentement, incidemment, elle s’effeuille au fil de la conversation. Assise face à moi, elle croise et décroise ses jambes, m’offrant des visions éphémères de son intimité. Plus tard, elle s’approche de moi, lève les bras comme pour s’étirer. Mais c’est pour mieux me faire admirer la perfection de ses seins.

Tout ce manège sans cesse renouvelé, aiguise notre désir. Le mien pour elle, le sien pour elle-même. Et puis vient le moment où, lassée du jeu ou trop excitée, elle me laisse là, sans explication, en s’arrangeant toujours pour me laisser croire qu’elle va revenir à l’instant suivant. Après de longues minutes, qui me paraissent plus longues encore, je m’aperçois à nouveau qu’elle m’a dupé.

Je me lève et je la cherche. Elle semble prendre un malin plaisir supplémentaire à s’isoler chaque fois dans un endroit différent. Assise sur le siège des toilettes, la porte grande ouverte ; flottant dans un bain de mousse ; appuyée contre un chambranle… Je n’ai pas à aller bien loin car je la découvre occupant le centre de la table de la salle à manger. Allongée, presque nue, bras et jambes écartés comme pour s’accrocher aux bords qu’elle peut à peine atteindre.

Une fois, essayant de lui résister, je m’étais assis à sa tête, au bout de la table. Elle ne fit qu’en sourire et m’ignorer de plus belle. Elle ne me jeta un regard qu’une fois son désir assouvi, fait de dédain et de moquerie mêlés.

Cette fois, je me place à ses pieds, le regard attiré par son sexe. Ses seins se dressent fièrement et j’en imagine la dureté des pointes sous mes doigts. Les yeux fermés, sans esquisser le moindre mouvement, elle pourrait sembler dormir s’il ne se dégageait de son corps une tension érotique, une pulsation sourde et lente, palpable dans l’air qui l’environne. Un frémissement parcourt son ventre, une ondulation imprécise qui peu à peu prend la forme d’un mouvement lent et rythmé. Elle roule son pubis d’avant en arrière et de bas en haut et je visualise en esprit le fantasme qui occupe le sien, le sexe tendu auquel elle offre sa vulve. A mesure qu’il la pénètre, l’excitation la gagne. Son souffle s’accélère, ses ongles acérés semblent vouloir s’enfoncer dans le bois vernis. Son corps s’échauffe peu à peu et je vois l’empreinte laissée par ses fesses lorsque son bassin se soulève. A présent, les lèvres de son sexe s’écartent, lentement, et, comme l’écluse, laissent sourdre l’humeur huileuse de son plaisir. Gémissante, Carole subit les assauts d’un esprit invisible qui la plaque à la table de tout son poids, repoussant ses mains et les baisers de sa langue suppliante.

Soudain, son corps se cambre et devient rigide et un seul cri s’échappe de sa bouche. Une goutte, fruit de son orgasme, perle entre ses cuisses et tombe sur la table. Pendant quelques longues secondes, elle gît suspendue, tétanisée par le plaisir. Puis, elle retombe au ralenti. Toujours écartelée, elle reprend son souffle, tremblante, et soudain se redresse et bondit à mes cotés. Je sens la chaleur irradiée par son corps alors qu’elle me dévisage, souriante et faussement surprise de me trouver ici.

- C’était bon, dit-elle.

Je ne réponds pas, incapable de soutenir son examen.

Suivant mon regard, elle découvre la goutte de nectar sur la table. D’un geste gracieux, elle la recueille sur un doigt. Puis, toujours plus aguichante, elle le porte à sa bouche et la déguste comme de la confiture volée.

- C’est très bon, ajoute-t-elle insistante.

Je n’en peux plus. Sans dire un mot, je me lève et me sauve, poursuivi par un ricanement moqueur.

Quelques jours plus tard, alors que je me rends chez elle, je me retrouve bloqué dans un embouteillage. Trois heures plus tard, j’arrive finalement chez elle, m’attendant à trouver porte close ou à subir ses sarcasmes sur mon retard.

Elle ouvre la porte. Ses yeux sont rouges d’avoir pleuré. Ses mains tordent un mouchoir souillé. Elle se jette à mon cou.

- Où étais-tu? me dit-elle, visiblement inquiète. J’ai cru que tu ne voulais plus de moi.

Elle m’embrasse, couvre mes lèvres, mes joues de baisers enflammés. Elle pleure mais de joie de m’avoir retrouvé.

- Viens. Fais moi l’amour…

Elle m’entraîne vers sa chambre, le seul endroit où jamais elle ne s’est exhibée…

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  • COMMENTAIRES
Anonymous
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1 Commentaires
AnonymousAnonymeil y a plus de 15 ans
Enfin

Ca change, c'est bien écrit, pas misogyne, un peu sentimental mais pas trop, crédible, je m'attendais a une fin un peu crue mais finalement j'ai été agréablement surpris par la chute.

Bref je suis conquis, félicitations !

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