Aquitania 02 - Fierebrace

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Le jeune guerrier qui venait de repousser un énième assaut avec ses hommes faillit lui répondre que c'était là la tradition des Sœurs-bergères mais cette pensée lui fut soudain insupportable. Sans mot dire, il la souleva dans ses bras puissants et l'emmena jusqu'à l'Autel où la Bergère menait la prière d'avant-coucher. Il n'hésita pas à interrompre le rituel

« Bergère! Sur le Livre de l'Amour, Arminia de Thouars et moi, Erik de Maupertuis vous déclarons solennellement notre désir commun d'enfanter. Je vous réclame donc la suspension de ses devoirs de Sœur jusqu'à ce qu'elle soit grosse! »

« En tant que Bergère, je dois vous faire part de mon mécontentement mais en tant qu'Adepte, je ne puis que me réjouir de voir réuni un bien joli couple et fort amoureux de surcroît! Allez et baisez en paix , mes enfants, je ne vous hait point!»

Quelques semaines passèrent et l'armée de Francie, affamée et décimée par les affections respiratoires, leva enfin le siège.

« Poursuivons-les » s'écria le Comte-Duc de Poitiers, Guillaume « Tête d'Etoupe » qui assumait le commandement en l'absence du Connétable cloué au lit par ses articulations. « Lothaire de Francie et son Duc Hugues se souviendront des Poitevins! »

« Ne pourrions-nous pas attendre les Bretons et les Normands » demanda timidement Erik qui songeait à sa douce Minia qui attendait déjà famille

« Allons Erik, foin de cette pusillanimité qui ne te ressemble guère. Sus aux Barbares du Nord » s'écria Fierebrace

Le soir même, mêlé à la troupe -- non le troupeau -- de l'armée Poitevine en retraite, il regrettait de ne pas avoir eu la bonne idée d'écouter la prudence de son compagnon d'armes. Une fois de plus, la redoutable infanterie des Francs avait brisé l'ardeur des méridionaux avant de les bousculer et de les repousser brutalement, mettant même la cavalerie de Guillaume en déroute totale. Erik et Guillaume qui étaient restés aux côtés de la piétaille perdirent leurs chevaux tués sous eux et continuèrent le combat à pied.

Les fuyards hâtaient le pas pour rejoindre l'abri des murs de Poitiers mais la cavalerie franque leur taillait des croupières et Erik se demandait combien d'entre eux parviendraient à rejoindre la protection des murailles de la ville. Tout d'un coup, alors qu'ils gravissaient une des dernières collines qui les séparaient de Poitiers, il entendit un grondement d'orage devant eux et comprit tout de suite que c'était une unité de cavalerie qui leur arrivait en pleine face. Les Francs les avaient tournés!

Il s'apprêtait à défendre chèrement sa vie lorsqu'il reconnut le cavalier de tête à la longue chevelure blanche et dont la grande hache dressée lançait des reflets de sang dans les dernières lueurs du couchant. Les cavaliers les dépassèrent et se précipitèrent sur l'avant-garde de l'armée d'Hugues.

« Grand-Père! Le Connétable est revenu » cria t'il à ses hommes exténués. « Dépêchez-vous, nous pouvons encore rejoindre Poitiers avant les Francs »

Le lendemain matin, un émissaire de Lothaire avec une garde d'honneur leur ramena la dépouille du Vieil Erik de Maupertuis, le Connétable du Poitou. L'émissaire remis à Guillaume Tête d'Etoupe une offre de trêve portant le sceau d'Hugues.

« Au moins, nous savons qui est le vrai Roi de Francie » commenta Guillaume Fierebrace

« Dommage que Grand-Père ne soit plus là pour voir cela « regretta Erik « Mais il a dû être heureux de trouver assez de forces pour finir en héros sur le champ de bataille plutôt que grabataire même si Arminia et moi aurions bien voulu qu'il soit là pour bénir la prochaine génération des Ragnarsen!«

Les années passèrent. La paix armée entre l'Aquitaine et le Royaume de Francie perdura.

Arminia et Erik eurent quatre enfants et la Bergère finit par renoncer à la compter parmi ses Sœurs. En 962, Gerloc mourut et l'année suivante, Guillaume Tête d'Etoupe marqua les esprits en abdiquant en faveur de son fils en l'Abbaye de Saint-Cyprien, devant une foule hétéroclite d'Adeptes et de fidèles papistes. Lothaire venait enfin de le reconnaître Duc d'Aquitaine et il eut la fierté d'entendre le titre en tête de la litanie des charges qu'il transmettait à son fils Guillaume IV que nul n'appela de son surnom 'Fierebrace' durant la cérémonie.

Tête d'Etoupe se retira dans le Temple du Dieu d'Amour caché au sein de l'Abbaye et y coula des jours heureux jusqu'à sa mort en 969, entouré de l'affection des Sœurs-Bergères.

En 968, ce fut au tour de Guillaume Fierebrace de se marier à Emma, fille de Thibaud de Blois, un des plus fidèles alliés d'Hugues le Grand tandis que l'année suivante, il donnait sa sœur Adélaïde en mariage au fils d'Hugues, Hugues Capet. La diplomatie Aquitaine semblait avoir triomphé ; les ennemis héréditaires des Ramnulfides étaient maintenant leurs parents les plus proches!

Mais les meilleures intentions dynastiques ne peuvent rien contre la volonté du Dieu d'Amour. La nuit de noce de Guillaume tourna au désastre. En bonne papiste, Emma était aussi étroite de corps que d'esprit et, non seulement s'avéra incapable d'accueillir le sceptre géant de son nouveau Seigneur et Maître mais refusa tout de go de le soulager de l'infernale pression qui lui échauffait les sangs.

Pour se calmer sans déclencher de scandale auprès des invités de la noce Robertiens, il prit son cheval et galopa vers Thouars, espérant que la Bergère du Vicomte pourrait lui faire oublier sa déconvenue. Il ne fut pas déçu ; commisérant à sa détresse, Herbert lui offrit la couche de sa fille aînée, Aldéarde, qui, en bonne Adepte, s'avéra parfaitement à même de le satisfaire à plusieurs reprises au cours de la nuit et de la journée suivante.

Il lui fallut presqu'un an pour réussir à enfin pénétrer la Bigote Pleureuse comme il surnommait Emma mais dès que cette dernière fut grosse , elle se refusa à nouveau à lui et il reprit le chemin de Thouars. Au fil du temps, il ne se donna même plus la peine de camoufler ses aventures amoureuses qui le menaient d'un Temple du Dieu d'Amour à l'autre. A la naissance de son fils Guillaume qui serait un jour appelé « Guillaume V, il était en train de perforer le doux vagin d'une Sœur du Temple d'Aurillac.

« Ces femmes du Nord ne sont pas pour nous » confia t'il à son fidèle Erik de Maupertuis qui avait repris le titre de Connétable de son grand-père. « Elles sont froides comme leur hiver. J'aurais dû épouser une Thouars comme toi »

« En quelque sorte, c'est ce que tu as fait .. Aldéarde est ton épouse devant le Dieu d'Amour » rétorqua Erik « Enfin, elle et quelques autres ... »

« Que veux-tu, même depuis qu'elle a mis bas et qu'elle est beaucoup plus large du conduit, Emma se refuse à moi sous prétexte que je lui fais mal. Il faut que je lui entonne une barrique de vin pour qu'elle m'accepte comme amant! Avec mon Priape qui me démange tout le temps, il faut bien que je trouve d'autres exutoires!»

« Mais je dois te prévenir, ne t'essaye pas auprès de ma fille Erika ; elle est encore trop jeune et sa mère te trancherais les testes si elle te trouvait trop près de sa couche! »

« Mais elle est plus âgée qu'Adélarde »

« Notre décision est irrévocable Guillaume ... et je te rappelle que je l'ai entraînée à l'Art de la Lice et qu'elle est redoutable à l'estoc! »

« J'en suis conscient mon ami. D'ailleurs cette petite aura de la peine à se trouver un mari ... elle en a déjà terrifié plus d'un en duel sans parler de son habileté à l'arc! »

« Héhé ..Je n'ai point de fils mais ma petite Erika me le fait régulièrement oublier »

« Et si nous allions égayer les Sœurs du Temple comme au bon vieux temps, Erik? »

« Ce sera sans moi Guillaume.. Au contraire de ton Emma, mon Arminia veille à ce que mes testes soient vides avant de me laisser quitter notre foyer. De plus, demain à matines, je pars inspecter les garnisons qui font face aux chiens d'Anjou qui nous ont pris Loudun. »

« Hum ... Thouars est en première ligne ; je ferais peut-être bien de leur porter mes encouragements »

« Amuse-toi bien Fierebrace ... et mes compliments à Adélarde! »

Les deux hommes auraient été bien étonnés de voir Erika au même moment. Elle avait fait une course dans les bois de plus de deux lieues et nageait maintenant dans l'eau froide du Clain . Nue comme au jour de sa naissance, elle voulut récupérer ses légers vêtements mais s'aperçut qu'ils avaient disparu. Elle entendit une voix ironique qui parlait d'un ton étrange en utilisant des phrases curieuses

« La Bergère nageait toute nue

Dans l'eau d'un frais ru

Le vent vint à se lever

Et ses atours furent enlevés »

Elle se tourna en direction de la voix et découvrit un garçon un peu plus âgé qu'elle, vêtu d'une tunique de laine rouge et d'une cape noire. Il tenait à la main sa tenue de coureuse des bois et la défiait du regard de venir les chercher.

Il fut le premier surpris de la voir marcher vers lui, insouciante de sa nudité, au lieu de pousser des cris d'orfraie comme les filles de son pays. Arrivée à une coudée de lui, elle tendit la main en lui intimant par geste l'ordre de lui tendre les vêtements. Moqueur il tendit le bras vers le haut, les mettant hors de portée de la fille nue, plus petite que lui d'au moins d'au moins trois paumes.

Sans qu'aucun muscle du visage de l'adolescente ne bouge, elle donna un coup de pied magistral entre les jambes écartées du garçon et percuta ses testes avant qu'il n'ait eu le temps d'esquisser le moindre geste de défense. Il poussa un hululement sinistre avant de se plier en deux sous la douleur qui avait explosé dans son bas-ventre.

Sans ménagement, elle le fit choir et se laissa tomber sur son cou, écartant les cuisses pour que son pubis fasse pression sur sa carotide tandis que deux de ses fins doigts relevaient les narines du garçon , les tirant vers ses sourcils .

Entre l'agonie de son bas-ventre, l'étouffement du bassin pointu qui lui écrasait la gorge et la douleur de ses narines prêtes à se déchirer, le garçon était totalement à la merci de cette fille à l'apparence menue qui s'avérait être une redoutable combattante. Même la sensation de sa petite grotte d'amour contre sa peau ne lui était d'aucun réconfort.

« Qui es-tu, d'où viens-tu et pourquoi t'en prends-tu à la fille du Connétable de Poitou? » demanda t'elle d'un ton glacé.

« Je m'appelle ...eurk..Richard le Gleeman, ...eurk.. fils d'Edgar le Gleeman, ...eurk..ménestrel du Duc de Normandie » parvint-il à coasser

« Tu es Saxon? » demanda t'elle? « Que fais-tu en Aquitaine? Tu espionnes pour préparer une invasion? »

« Eurk eurk ... non ... il n'y a qu'une ... eeurk ... place de Gleeman à la cour de.. eurk... Robert de Normandie ... eurk... et c'est celle de mon père. Je dois trouver ... eurk ... un autre protecteur... »

« Et c'est en volant mes vêtements que tu comptes t'installer en Poitou? »

Le visage du garçon commençait à prendre une teinte grisâtre

« Eeurk ... non ...farce .. eurk .. respirer ... eurk ... plaît! »

Erika récupéra ses fripes , s'éloigna de quelques pas et se rhabilla tandis que le garçon reprenait péniblement son souffle et ses esprits. Mais avant qu'il ait pu se relever, elle était revenue vers lui pour attacher ses mains avec la bande de tissu qui soutenait sans doute sa petite poitrine.

« Je suis Erika de Maupertuis, Richard Gleeman et on ne me fait pas de farce! »

« Eurk .. ça je crois que je l'ai compris, O ma Walkyrie ... Mais Gleeman n'est pas mon nom ; c'est mon métier! Je suis un Gleeman , un poète itinérant. Cela fait longtemps que je n'ai plus utilisé le nom de ma famille ; c'est Wudkind . Richard Wudkind. »

« Tu parles bien Occitan » remarqua t'elle

« Un Gleeman doit s'adapter à son public . Avec mon père, j'ai appris le Saxon, le Normand et le Francien. J'ai appris par moi-même l'Occitan à Bordeaux. C'est là qu'on m'a parlé du Duc d'Aquitaine qui réside à Poitiers »

« Il n'est pas à Poitiers pour le moment ; il est à Thouars. Suis moi à Maupertuis, nous t'hébergerons jusqu'à son retour pour qu'il puisse te questionner »

« Peut-être que ma présence est importune et que je devrais repartir vers le nord? »

« Parce que tu crois que je vais laisser un espion Saxon rejoindre les Chiens d'Anjou? Passe devant moi sans te rebeller ou je te fais tâter de ma fronde»

Elle lui montra une lanière de cuir déjà lestée d'un caillou. « Je t'assure que je sais m'en servir »

Il déglutit péniblement « Je vous crois sur parole O ma Furie! »

Dix jours s'écoulèrent jusqu'au retour d'Erik en compagnie de Guillaume et de la cousine Adélarde. Dix jours au cours desquels Erika s'emporta à plusieurs reprises à l'encontre de ses jeunes sœurs et de sa mère Arminia, toutes les quatre sous le charme du Gleeman qui poussait la chansonnette à toute heure du jour et parfois de la nuit. Elle voulut le faire emprisonner dans la cave de leur demeure mais Arminia s'y opposa fermement

« Rika, ce garçon ne ferait pas de mal à une mouche. Laisse-le nous chanter ses ballades ; c'est un changement tellement agréable aux beuglements guerriers de nos hommes! Il me rappelle mes jeunes années quand j'ai séjourné chez le Comte de Toulouse avec mes parents »

« Qu'il arrête de vous faire les yeux doux à vous toutes, femelles enamourées! Wudkind n'est pas de notre Foi et il n'est nul besoin de l'accueillir dans votre couche! »

« Mais aucune d'entre nous ne lui a ouvert sa couche, Rika! Quoiqu'il soit fort joli garçon ... et ta sœur Rolande qui l'a vu au sortir du bain m'a assurée que le Priape de Richard était plus qu'honorable »

« Que Rolande garde ses yeux baissés et quant à vous mère, prenez garde! Ce joli damoiseau a certainement des intentions charnelles quand il chante

« Arminia, Arminia

Je te veux si tu veux de moi «

« Mais tu connais ses chants par cœur ma fille. Regretterais-tu qu'il ne t'en ait dédié aucun? »

« Ha ... il n'oserait point! »

Pour se calmer, Erika redoubla d'efforts lors de ses courses quotidiennes ; elle avait besoin de refroidir ses humeurs échauffées par le comportement débile des femelles du Manoir envoûtée par le Gleeman. Elle fut dès lors fort surprise de le voir l'accompagner dès le troisième matin, courant presque sans effort à ses côtés. Elle s'en réjouit. Au moins elle ne devrait pas s'inquiéter des torts qu'il pouvait causer à sa maisonnée en son absence! Il s'avéra moins bon nageur que coureur et elle prit sur elle de lui montrer la nage Viking que son aïeul Ragnar avait laissé en héritage à sa descendance. Elle dut reconnaître bien malgré elle qu'une fois nu, il n'était pas mal fait de sa personne. Plus musclé que son soi-disant métier aurait pu le laisser supposer et doté d'un Priape fort avenant qui ne manqua pas de la troubler . Elle était heureuse de nager en eau froide pour calmer son conin fort échauffé par la vision de l'homme nu ...

Lorsqu'elle arriva à Maupertuis, Adélarde passa sa première nuit dans le lit d'Erika pendant que les mâles festoyaient et faisaient honneur aux vins de leur vignoble. Les deux filles échangèrent de tendres confidences tandis que dans la pièce principale, Richard faisait aux hommes la démonstration que son répertoire de chansons guerrières ou paillardes valait bien celui de ses chansons d'amour.

« Ma cousine » lui dit Adélarde « tu ne sais pas comme je suis heureuse de passer une nuit avec toi. J'aime Guillaume mais me faire monter par lui et son vit géant toutes les nuits est fatiguant pour mon puit d'Amour «

« Je ne l'ai jamais vu ... est-il aussi imposant qu'on le dit? »

« Mets ta main dans ma chatte et compare avec ton petit conin vierge, tu seras vite édifiée ... »

Curieuse, Erika s'exécuta et dut bien admettre que la chattoune de sa cousine ressemblait à celle d'une femme qui a mis bas tellement elle était ouverte ... et mouillée.

« Hum ma cousine ... est-ce que tu ne veux pas que je comble l'absence de ton Seigneur d'Amour? »

« Oh Erika, tu veux bien? Tu n'as pas encore été initiée .. »

« Pas par le Berger. Mais la Bergère de Maupertuis m'a déjà enseigné l'Art d'Amour entre femmes... »

Elle troussa la robe de nuit d'Adélarde et vint embrasser le conin -- non le con ... c'était une vraie femme à présent -- de sa cousine qui haleta très vite

« Ooh Rika ... que c'est .. uuh ... bon ooh , ta langue si... douce ...oooh... Mets-moi aussi tes doigts ... ooh .. comme ça .. ouiii ... Rika ... aaahh ... si bon... RIKA ... «

Avec une impatience qu'elle ne se connaissait pas, Erika laissa à peine à sa cousine le temps de savourer son offrande au Dieu d'Amour qu'elle chevauchait déjà le bouche de sa cousine. Les paupières fermées, elle oublia qu'elle partageait son lit avec une fille mais elle rêva qu'elle était avec Richard au bord du Clain . Derrière ses yeux fermés, elle vit défiler le torse, le fessier et.. le Priape du garçon ...et jouit! Trop vite son gré ...mais néanmoins intensément. »

« AAAHHH ... C'EST BON ... RIC ... RIC ...! »

Lorsqu'elle se fut calmée, Adélarde lui demanda « Qui est Ric? »

« Tais-toi et recommence ma cousine... mes sens sont trop en émoi .. J'ai besoin de ta gente langue! »

A la surprise générale -- mais au grand plaisir des Dames -- Guillaume s'attacha les services du Gleeman ; non seulement en tant que Ménestrel comme il se plaisait à l'appeler mais aussi en tant qu'émissaire particulier. Les nombreuses langues pratiquées par le jeune Saxon pouvaient se révéler un atout précieux dans les négociations avec les Duchés avoisinants.

« Wudkind n'en reste pas moins un étranger. Méfiez-vous de lui mes sœurs .. et vous aussi Mère » trancha Erika

« Oui Erika ... nous prendrons garde ... tu es la seule à pouvoir veiller à ce qu'il ne quitte point le droit chemin » répondit sa mère mais son ironie fut perdue pour sa fille aînée.

Erika ne vit pas beaucoup Richard au cours des mois qui suivirent ; Guillaume semblait s'ingénier à l'envoyer successivement auprès des autres Duchés et Comtés, de Toulouse à Angers sans parler des Vascons, des Bretons, des Normands et même à la Cour de Francie où les talents du jeune homme furent fort appréciés.

Malgré ses pérégrinations, il trouvait cependant toujours le temps de faire un détour par Maupertuis où il était accueilli avec enthousiasme par Arminia et ses filles cadettes sous le regard courroucé d'Erika. Ses visites suivaient un rituel immuable : il saluait d'abord respectueusement Erik à qui il faisait rapport de ses missions puis régalait les occupants du Manoir de ses nouvelles balades. Le lendemain matin, il accompagnait Erika par tous temps dans ses courses et avait même commencé à prendre auprès d'elle des leçons au maniement des armes, s'avérant particulièrement doué un arc à la main. Cela n'empêchait pas Erika de continuer à l'appeler par son patronyme, Wudkind alors que toute sa famille l'appelait Richard et les autres habitants du manoir, Gleeman ou Ménestrel.

Et il repartait, la laissant dans un état d'énervement que même la Bergère ne parvenait plus à lui faire passer par ses caresses. Et ses Parents ne contribuaient pas non plus à calmer son émoi par leurs conversations emplies de la franchise sensuelle des Adeptes.

« Crois-tu que le jeune Richard a eu beaucoup de succès auprès des donzelles de Bourgogne? » avait demandé Arminia à son époux

« Il ne s'en est pas ouvert à moi mais je pense qu'elles ont dû faire la file au pied de sa couche. Sa dernière balade « Ma Mie , elle joue pas les Princesses» les a certainement fait pleurer autant que nos filles » avait-il répondu

Erika avait prétexté une indisposition pour quitter la table tandis que ses géniteurs retenaient à grand peine un énorme éclat de rire.

« Il faudrait quand même faire quelque chose pour elle » dit Arminia

« J'étais justement en train de me remémorer l'histoire du mariage de Grand-Père avec Grand-Mère Isa répondit son mari.

« Cela ne marchera pas ; elle l'aura dépecé avant que nous ne puissions intervenir »

« J'ai peut-être une idée ... »